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Bruxelles : programme d’Acrata en octobre 2018

mis en ligne le 11 octobre 2018 - Lokaal Acrata

Acrata
rue de la Grande Ile 32
1000 Bruxelles, Belgique
acrata@@@post.com

Permanences chaque jeudi de 17h à 21h, et chaque samedi de 15h à 18h.

Jeudi 18 octobre – 19h30 – Discussion
Ni dictature ni démocratie, mort à l’État !
Le pouvoir se transforme sans cesse, s’adapte et se précise pour mieux asseoir
son existence. Les démocraties se donnent une façade d’immuabilité, rythmée par
la mascarade cyclique des élections. Depuis des décennies, elles prétendent
garantir une paix apparente qui passe pour éternelle, offrir la parole à qui
veut exprimer ses opinions, faire régner la loi de la majorité par le biais des
urnes… Et pourtant, elles évoluent. Schématiquement, on peut observer deux
tendances.
D’un côté, il y a un approfondissement de la logique démocratique, par
l’implication toujours croissante de tout un chacun dans le bon maintien de la
paix sociale. C’est par exemple l’invention du citoyennisme, et plus largement
l’idée que les sujets des États démocratiques peuvent participer directement aux
décisions qui les impliquent. Mais c’est aussi l’omniprésence de l’autocontrôle
par la technologie, où le moindre comportement déviant sera filmé par des
dizaines de smartphones et relayé partout sur internet. Ou encore l’autogestion
de la misère, où chacun peut louer sa chambre, sa voiture, son temps. En somme,
c’est le rêve d’un pouvoir qui n’a plus besoin de représentants pour se
maintenir, qui peut se passer de police, qui ne doit plus faire face aux
mécontentements de ceux qui crèvent de faim. Un régime qui aurait convaincu tout
le monde, qui aurait résigné tout le monde, qui fonctionnerait comme un
organisme parfaitement réglé où la force n’aurait plus de raison d’être. Une
sorte de démocratie totalitaire.
Et puis, d’un autre côté, et de manière (apparemment) contradictoire, les
discours sécuritaires, nationalistes et belliqueux connaissent un succès inédit,
et l’on en voit les conséquences tous les jours. Les flics et les militaires
pullulent, infestent les rues des villes et des villages, accompagnés de caméras
de surveillance, de tanks et de drones. La guerre est ici, mais elle est
ailleurs aussi, et les rescapés qui cherchent à traverser la Manche depuis la
Belgique sont le prétexte idéal pour ressortir le nationalisme du placard. Le
pouvoir s’impose par la force et se dispense même parfois ouvertement des lois
pour ce faire. Comme une dictature qui se dessinerait à l’horizon.
Entre ces deux tendances, il y a des ruptures et des liens. En tant
qu’anarchistes, nous voulons lutter contre le pouvoir, quel que soit son visage.
Pour ce faire, nous devons cependant comprendre les voies qu’il emprunte, les
stratégies qu’il échafaude. Lors de cette discussion, nous voudrions tenter de
dégager des pistes en ce sens qui puissent avoir des conséquences sur nos pratiques.

Jeudi 25 octobre – 19h30 – Discussion
À partir du livre Le pari de l’autonomie. Récits de luttes dans l’Espagne des années 1970
Regroupant différents textes et témoignages, ce livre revient sur le contexte de
luttes qui a secoué aussi bien l’appareil franquiste vieillissant que la jeune
démocratie chargée d’assurer une transition politique sans remous dans l’Espagne
des années 1970. Grèves générales, comités d’usines, mutineries dans les prisons,
mobilisations massives face à la répression, apparitions de groupes autonomes au
sein des conflits et prises en main de la vie de quartiers : de l’exploitation
salariée à la vie quotidienne, tout allait être remis en cause.
Dans une large mesure, ce mouvement refusait d’être dirigé. La méfiance envers
toute forme de représentativité était la règle plus que l’exception. La
solidarité, l’auto-organisation et l’action directe s’opposaient aux tentatives
de récupération ou de prises de pouvoir menées par les partis et les syndicats.
À travers les récits et les analyses rétrospectives de plusieurs protagonistes
de cette époque, ce livre participe au travail de mémoire et de transmission de
l’histoire des luttes autonomes. Loin de toute nostalgie envers une période
révolue, il offre des pistes de réflexion pour qui cherche aujourd’hui encore à
se confronter au pouvoir sous toutes ses formes.
(Le livre est disponible au local.)