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Ordre répressif en Suisse

mis en ligne le 17 janvier 2005 - Collectif

Sommaire

Répression et criminalisation en Suisse et à Lausanne.
Texte de la conférence de presse du Groupe Anti-Répression (GAR)
à Lausanne, le 29 janvier 2004, pour dénoncer la répression
durant le WEF 04 (World Economique Forum) et particulièrement à
Landquart. Un seul journaliste présent...
http://switzerland.indymedia.org/fr/2004/05/22753.shtml

Etat d’urgence
Texte paru dans T’Okup n°45 (mai 2004) : Agenda - journal
interstitiel de la mouvance anarch@-altern@-intersquat-féministeantifa-
précaires, etc. (Lôzane et ailleurs)
http://www.indymedia.ch/fr/2004/01/18473.shtml

Entretien avec Olivier de Marcellus
Olivier de Marcellus, fonctionnaire au Département de la jeunesse
de Genève, co-organisateur de la manifestation anti-G8 et porteparole
du Forum Social Lémanique. Inculpé.
http://www.indymedia.ch/fr/2004/03/20436.shtml

Répression et criminalisation en Suisse et à Lausanne

Un projet de société ?

Les conditions de vie de la majeure partie des habitantEs de ce pays se dégradent
sur fond de privatisation des services publics, de précarisation de l’emploi, de
mise sous condition des assurances sociales et de spéculation sur un marché du
logement déjà tendu. Cette situation s’accompagne d’une offensive sécuritaire
et d’une tentative de restreindre les droits sociaux qui s’affichent désormais
sans fard. L’Etat suisse ne fait bien entendu pas cavalier seul et des tendances
similaires sont observables dans tous les pays qui nous entourent et bien au-delà.
Les gestionnaires de l’Etat s’avèrent être clairement au service de la défense
des intérêts privés des puissants. Contrôle et répression représentent eux aussi
des débouchés pour de juteux profits et permettent de contenir et prévenir des
potentielles foudres populaires.

Mondialisation de la répression

Les polices aussi se mondialisent et le G8 de Gênes a passablement changé
la donne. A Gênes, les forces répressives ont en définitive démontré qu’elles
pouvaient, en Europe, faire ce qu’elles voulaient des manifestantEs. En Suisse
de nombreux flics semblent prendre les événements de Gênes comme point de
référence. Nombre de cadres des polices cantonales y étaient présents en tant
qu’observateurs indépendants ou envoyés officiels.

Tournant dans la répression en Suisse

En Suisse un seuil a été franchi dans la
répression en 2003 lors des manifestations
contre le World economic forum (WEF).
Pour la première fois la manif devant se
dérouler à Davos avait été autorisée. Du
moins sur papier, car sur le terrain les
cerbères de l’Etat exigeaient que chaque
manifestantE passe dans un sas de sécurité
installé dans un bled entre Landquart et
Davos afin d’être fouilléE, enregistréE et
filméE. Un tri entre le bon grain et l’ivraie
des manifestantEs devait y être effectué. La
victoire du mouvement avait alors résidé dans un refus solidaire de se prêter à ce
jeu-là et ce malgré les tentatives de division du Parti socialiste qui en bon parti
gouvernemental n’y voyait pas de problèmes. Ce jour là, on passa de l’obligation de
demander une autorisation de manifester octroyée collectivement, déjà discutable
en soi, à une autorisation accordée individuellement.

Il y a eu ensuite l’agression par les forces anti-émeute, en gare de Genève, de
manifestantEs voulant prendre le train après la manif contre l’OMC du 29 mars
2003. Si l’affaire de la balle marquante, tirée à bout portant sur une syndicaliste a
fait grand bruit, la terreur ordinaire que les flics ont fait
régner a quant à elle eu beaucoup plus de peine à sortir au
grand jour. La syndicaliste gardera à vie des éclats de la
balle, incrustés dans la peau du visage. Cet épisode s’est
déroulé quelques mois avant le sommet du G8 d’Evian et
peut être compris comme une opération pour dissuader
les manifestantEs de revenir dans la cité du bout du lac à
cette occasion de même que comme une ultime répétition
générale.

G8 dans l’arc lémanique

Nous ne nous attarderons pas ici sur la période G8, si ce n’est pour dire que la
répression s’était mise sur son trente et un et que depuis les forces anti-émeute se
croient plus souvent qu’auparavant obligées de sortir dans leurs nouvelles tenues
d’apparat comme s’il fallait justifier les dépenses engagées alors. Rappelons tout
de même l’utilisation, pour la première fois en Suisse romande, de grenades
détonnantes lors des blocages à Lausanne le 1er juin 2003, suivie d’une arrestation
de masse au camping de la Bourdonnette mis à disposition par les autorités. A
Genève, il y a eu une tentative similaire sur un pont, des razzias dans les rues, des
blessés graves et bien sûr le raid sur l’Usine procédé par des flics en civil déguisés
en « black bloc ». Au bout du lac, les arrestations et inculpations pour émeutes se
poursuivent à ce jour. Sur son site internet, la police genevoise a publié des photos
de ce qu’elle a nommé des « casseurs avérés » en en appelant à la délation publique.
Le nombre d’arrestations et d’inculpations post-G8 qui se poursuivent avoisinent
actuellement la centaine. Deux activistes avaient été suiviEs durant deux mois puis
embastilléEs durant une dizaine de jours. Elle et il sont toujours inculpéEs. Il nous
faut encore mentionner le fait que la police a sectionné la corde au bout de laquelle
deux activistes étaient suspenduEs afin d’opérer un blocage sur le pont d’autoroute
de l’Aubonne. Un des activistes a été grièvement blessé en faisant une chute de
vingt mètres. Il passera, avec trois autres activistes en procès à Nyon le 28 juin
2004.

Manifs de plus en plus improbables

Depuis le G8, il devient de plus en plus difficile de s’exprimer publiquement dans
la rue. Ainsi à Genève, le 12 décembre 2003, la dispersion et la répression d’un
rassemblement en zone piétonne d’une cinquantaine de personnes opposées au
Sommet mondial de la sociétés de l’information (SMSI) révèlent l’acharnement
des autorités sur la liberté d’expression. Des amendes viennent récemment de
tomber.

Les blesséEs sont de plus en plus nombreux/ses lors des manifs. Des blesséEs et
des arrestations, il y en a eu également lors de la grève d’Allpack dans le canton de
Bâle-Campagne, lorsque le piquet de grève a été attaqué par les flics anti-émeute.
Les ouvrières ont été menottées et embarquées.

Le 16 décembre 2003, un défilé singeant la cérémonie d’intronisation d’Armée
XXI a également été agressé par les forces de l’ordre tirant une fois de plus des
balles en caoutchouc à bout portant. Un des manifestants n’a, à l’heure actuelle,
toujours pas retrouvé l’usage de son oeil touché.

Cette année encore, les mobilisations contre le WEF ont donné lieu à des
débordements policiers. La répression s’est abattue sur les manifestantEs lors des
manifs contre le sommet de Davos du 10 janvier à Winterthour, du 17 janvier lors
de la manif Fribourg - Berne - Burgdorf - Langenthal, atteignant son apothéose le
24 janvier à Landquart lors du retour de la manif de Coire. A cette occasion, plus
de mille manifestantEs de retour de cette manif tranquille se sont faitEs terroriser,
tabasser et humilier durant sept heures dans la neige et le froid. Ils/elles ont été
fichéEs unE à unE dans le parking mis à disposition par la Coop. Le communiqué
officiel du canton des Grisons ainsi que celui du Conseil fédéral diront que tout
s’est bien passé lors du WEF 04.

Généralisation de la répression

Si jusque-là l’attitude des autorités communales vis-à-vis des manifestations variait
passablement d’une ville à l’autre, on observe de plus en plus une uniformisation
des pratiques. Elles vont dans le sens d’un traitement répressif du mécontentement
social qui passe par des tentatives de criminalisation des mouvements et
d’acharnement sur certainEs militantEs. A ce propos, l’inculpation à Genève
d’Olivier de Marcellus pour incitation à la désobéissance civile, émeute, dommage
à la propriété et violation de domicile durant le G8, alors qu’il était porte-parole du
Forum social lémanique qui appelait à un « défilé pacifique », à des « sit-in ou autres
types de blocage non-violent » et s’opposait « à toute atteinte aux personnes et aux
biens » est révélatrice.

Soulignons que, si l’Etat tente de diviser les mouvements sociaux sur la question
de la violence, le fait de parsemer les appels d’adjectifs tels que « non-violent » ou
« pacifique » ne met aucunement à l’abri de poursuites et de la violence autrement
plus réelle de l’Etat. Se déclarer pacifiste et non-violentE est une obligation, une
tentative de soumettre les gens à l’ordre établi, comme à une autre époque le devoir
de saluer le chapeau du bailli perché en haut d’un mât relaté dans un des mythes
fondateurs de ce pays où il était question d’un certain Guillaume. La violence
de l’Etat n’a donc aucunement besoin de la violence du mouvement social pour
s’abattre sur celui-ci. D’ailleurs, si cette dernière n’existe pas, l’Etat l’invente en
assimilant par exemple quelques sprayages à des saccages.

L’Etat semble ne vouloir accepter plus que les manifestations qui ne remettent pas
en cause l’ordre social, telles que le salon de l’auto, le comptoir suisse ou encore la
foire au oignons. Les autorités communales cherchent toutes à restreindre les droits
démocratiques et notamment celui de manifester. A Genève un nouveau projet de
loi particulièrement liberticide, mais qui reflète bien la tendance nationale, a été
déposé par la droite et l’extrême-droite. Au menu de ce dernier nous trouvons
par exemple : l’obligation de demander une autorisation 30 jours à l’avance,
l’interdiction et la répression des manifs qui n’ont pas fait l’objet d’une demande
d’autorisation ou qui n’ont pas été autorisées, le refus de délivrer une autorisation
en fonction du thème de la manif, l’obligation pour les organisateurs/trices de
contracter une assurance responsabilité civile, la mise sur pied d’un service
d’ordre subordonné à la police. Ce projet de loi institue également la responsabilité
personnelle des organisateurs/trices en cas de dommages matériels causés lors de la
manif. A Neuchâtel, où des jeunes avaient appelé le 24 janvier à un rassemblement
contre le WEF, les autorités avaient dans un premier temps demandé à ce qu’une
assurance de responsabilité civile soit contractée. A Lugano, où les gens luttent
pour la stabilisation du centre social « il Molino » les autorités ont saisi le prétexte
de leur implication dans les luttes contre le WEF pour augmenter les pressions sur
le centre. Quant à Berne, cela fait maintenant plusieurs années que la Ville tente
d’imposer des parcours de manifs qui évitent le centre ville arguant des nuisances
que celles-ci représentent pour le commerce et les affaires.

Polices et armée en Suisse

En Helvétie, les expérimentations policières, en matière de nouvelles armes
notamment, semblent encore facilitées du fait qu’elles relèvent de l’autorité des
polices cantonales. Il y a bien, au niveau fédéral, une commission technique de la
police mais celle-ci a pour seule tâche de tester les nouvelles armes et de donner
des conseils sur leur utilisation ou non. Il en résulte une très grande marge de
manoeuvre des cantons qui semblent faire entièrement confiance aux hiérarchies
policières qui ont ainsi les coudées franches. Les parlementaires fédéraux
s’accommodent fort bien de cette situation puisque cette année encore, ils/elles ont
refusé une proposition de loi fédérale sur les armes de la police. C’est le primat de
la police sur le politique. Le domaine où l’arbitraire et l’expérimentation policiers
peuvent s’exprimer le plus librement est indéniablement celui qui touche les
réquérantEs d’asile et les immigréEs.

A cela, il faut ajouter le rôle de plus en plus prépondérant que joue l’armée.
Rappelons qu’en 1991 les troupes avaient été mobilisées aux frontières pour
repousser une supposée invasion de réquérantEs d’asile. Aujourd’hui, les troupes
sont dotées de tâches de police comme durant le G8 ou autre WEF. Même l’aviation
y participe pour mieux nous suggérer un danger imminent, alors que les premiers
dangers sont justement ces polices et cette même armée.

La situation lausannoise

Récemment il nous a été donné d’assister à un déploiement ubuesque de flics antiémeute
cantonaux et municipaux à Lausanne lors d’une ballade à vélo de cent
cinquante personnes protestant contre l’évacuation des squats.

La situation à Lausanne montre que la couleur politique d’une ville importe de
avoir, suite à cet épisode, modifié quelque peu le parcours de la manif du 1er mai
de la même année pour manifester devant l’entreprise en question. Verdict : quatre
syndicalistes condamnéEs de 3 à 5 jours de prison avec sursis ainsi qu’à 8’000fr.
de dédommagement aux Transports lausannois (TL). Il est à noter que des flics
se sont rendus au siège du syndicat Comedia pour exiger la remise des procèsverbaux
relatifs à la préparation du 1er mai, sans quoi ils menaçaient de revenir
avec un mandat de perquisition. Bien leur en a pris, puisque aussi incroyable que
cela paraisse, le responsable syndical a obtempéré. C’est semble-t-il sur la base de
ces PV que les condamnations ont été prononcées.

Il nous faut ici également relever le rôle que jouent les TL dans la répression des
manifestations. Régulièrement les TL qualifient les manifs de « prise d’otage « des
usagers. Il y a quelques années, les TL ont été jusqu’à tenter d’extorquer 10’000 fr.
aux deux personnes ayant déposé la demande d’une manifestation de la fonction
publique en guise d’une sorte de droit de passage du Grand Pont.

Mentionnons encore la chasse aux africains à laquelle s’adonne la police depuis
quelques années au prétexte de lutter contre les dealers. Trois zones d’interdiction
ont été créées à l’usage des « requérants d’asile dealers » : St Laurent, la gare, la
place de la Navigation. Pour être interdit de ces zones nul besoin d’être arrêtéE
en possession de quelques substances illicites. Il suffit d’être contrôléE quatre fois
dans les zones en question !

Les videurs et autres services d’ordre qui fleurissent de nuit devant les pubs et autres
bars sont également à mettre à l’actif de prescription émanant de la municipalité.
C’est tellement plus sympa de se faire fouiller avant d’aller boire un verre.

Sur le front du logement, des squats et autres espaces culturels autonomes la
municipalité a également innové cette année. Nous assistons à un véritable
nettoyage de la ville, la municipalité ne se gênant plus désormais d’expulser en
plein hiver, et le fait qu’aucun projet concret n’existe sur les maisons en question
n’y change rien. Elle se permet aussi de couper eau et électricité (Rôtillon). Jusqu’à
présent, la municipalité se refusait de procéder à des expulsions si aucun projet
n’existait sur une maison occupée. La nouvelle ligne semble être de prétexter la
séparation des pouvoirs entre le judiciaire et l’exécutif. On peine a y croire lorsque,
comme dans le cas du Puits, c’est la ville elle-même qui dépose plainte puis procède
à l’évacuation du lieu culturel. Lors de la dernière manif pour le droit au logement
du 27 mars les manifestantEs se sont vuEs encadrer par les flics anti-émeute sous
le regard éberlué des badauds.

Ce texte est loin d’être exhaustif. Partout la tactique policière semble être d’isoler
non seulement politiquement les personnes qui s’opposent collectivement aux
coupes réglées du capitalisme, mais également physiquement en déployant des
dispositifs policiers énormes, non pas - comme l’affirme le cdt Hagen[b]locher - pour ne pas avoir à utiliser la force, mais bien pour séparer, isoler, couper les
manifestantEs du reste de la population. La force, les flics lausannois ne se sont
guère privés d’en faire usage, lorsqu’à l’abri des caméras, ils ont eu l’occasion de
tabasser les squatters de la Riposte lors de la deuxième évacuation. N’ayant pas
de dangereux terroristes islamistes à brandir, il semble que les milieux gravitant
autour de l’Espace autogéré fassent amplement l’affaire. A la question du pourquoi
de tels déploiements policiers posée par une membre du Groupe anti-répression,
le syndic a répondu qu’il en serait désormais ainsi lorsque les gens de l’Espace
autogéré descendent dans la rue car depuis le G8 on ne peut plus s’y fier ! On
ne résiste pas ici à citer le cdt Hagen[b]locher : « Personne ne peut savoir si une
manifestation sera pacifique ou non. Qui plus est lors d’un défilé non autorisé (...)
qui soutient une action illicite, à savoir l’occupation d’habitation. On est loin d’un
contexte pacifique » (24H 17.2.04). Le fait que le même dispositif a été déployé
lors de la manif suivante qui elle était autorisée suffit à souligner l’ineptie des
propos. D’autre part, on attend toujours que les autorités nous dressent la liste
de ces effroyables saccages qui auraient eu lieu ces dix dernières années. Mais la
question n’est pas là, la Municipalité et ses flics veulent mettre la ville au gardeà-
vous : une ville moderne, où tout se paie, où même s’amuser à un prix, où ne
reste plus que le droit de consommer pour celles et ceux qui en ont les moyens.
Mais certainEs l’entendent d’une autre oreille. Les mauvaises herbes, quand on les
arrache, ça repousse toujours !

Paru dans T’Okup’ n°45, mai 2004,
Espace autogéré Lausanne


Etat d’urgence

Interventions policières durant la semaine de mobilisation
contre le WEF à Davos

La tenue du WEF a suscité à nouveau de nombreuses manifestations et actions
dans tout le pays, à Genève, Lausanne, Berne, Neuchâtel, Fribourg, Burgdorf,
Langenthal, Coire, Davos, Zurich, Lugano, Locarno, etc.
Le groupe anti-répression de Lausanne a suivi notamment les actions Zug um Zug
(samedi 17 janvier 2004), une action de blocage à Zurich (mercredi 21 janvier) et
la manifestation à Coire (samedi 24 janvier), ainsi que le retour...
Nous livrons ici nos observations et critiques.

Samedi 17 janvier 2004 - Zug um Zug (De train en train)

La manifestation itinérante prévoyait des actions dans quatre villes. A Fribourg,
lorsque les manifestant-e-s sont sorti-e-s de la gare, la police en tenue anti-émeutes
les a immédiatement encerclé-e-s, conduit-es jusqu’à la place Python, puis
reconduit-es à la gare. La police, par sa présence massive et un encadrement sans
brèche, a de fait empêché toute manifestation en ville et rendu difficile le contact
avec la population.

Arrivé-e-s à Berne, les manifestant-e-s ont pu sortir de la gare. Le lieu de rendez-vous
a également été encerclé par les anti-émeutes et des canons à eau. Les seules
issues laissées étaient soit la gare, soit la Reithalle. Ici encore toute manifestation a
été empêchée. Les manifestant-e-s ont donc repris le train.

Le train a été arrêté entre Berne et Burgdorf pour permettre aux anti-émeutes de
rejoindre Burgdorf avant les manifestant-e-s.

A Burgdorf, des policiers-ères en civil ont copieusement photographié les
manifestant-e-s à la descente du train. La manifestation, toujours encadrée par
les anti-émeutes, s’est déroulée sur quelques centaines de mètres. Sans aucun
motif et sans sommation, un barrage d’anti-émeutes a tiré des salves de balles en
caoutchouc sur les manifestant-e-s à une distance de quelques mètres. Plusieurs
personnes ont été blessées au visage et ont dû être hospitalisées. Une personne
chargée des premier secours, facilement identifiable comme telle, a subi des tirs
au dos alors qu’elle pansait des blessé-e-s. En substance, la police a tiré « dans le
tas » sans raison et sans discernement. Les manifestant-e-s, qui ont toujours gardé
leur calme, sont à nouveau retourné-e-s à la gare... sans avoir eu la possibilité de
manifester, une fois de plus !

A Langenthal, étonnament au vu des événements de la journée, la présence policière
était discrète... et la manifestation a pu avoir lieu comme prévu.

Mercredi 21 janvier 2004 - Actions de blocage

Globalement, l’intervention de la police a été « modérée ». Reste à signaler la façon
musclée utilisée pour emmener les manifestant-e-s, en les traînant par les pieds
sur le goudron, alors qu’ils/elles n’opposaient aucune résistance. La majorité des
manifestant-e-s a été retenue, puis relâchée assez rapidement. Toutes et tous n’ont
pas subi un contrôle d’identité. La journée s’est soldée par deux arrestations.

Notons que les actions de blocage se sont déroulées autour de l’aéroport de Kloten,
sous les yeux des différentes délégations se rendant au WEF et de passablement
de représentant-e-s des médias. Ceci aurait-il modéré les ardeurs que la police a
montrées le samedi précédent ?

Nous apprenons aujourd’hui qu’une personne a gravement été blessée. Elle a
dû subir plusieurs interventions chirurgicales, ainsi qu’une greffe osseuse ( http:
//blutgeil.com/
).

Samedi 24 janvier 2004 - Manifestation à Coire

Les manifestant-e-s ont pu se rendre sur place sans encombre. Durant la
manifestation, la présence policière a été discrète. Des policiers-ères et des antiémeutes
étaient visibles, mais sans ostentation. A la fin de la manifestation, une
personne a été arrêtée sans motif fondé, dans des circonstances suggérant un délit
de faciès.

La dissolution de la manifestation laisse pour l’instant des zones d’ombre. Vers
15 heures, les manifestant-e-s ont été invité-e-s, dans une précipitation peu
compréhensible, à prendre place dans deux trains prévus à cet effet par les CFF et
censés partir sans délai.

Le premier train, bondé de manifestant-e-s, a été arrêté à trois reprises par des
personnes qui ont tiré les freins d’urgence en gare de Coire : nombre de personnes
pendaient aux fenêtres dans la tentative d’y prendre place.

A la gare de Landquart, le train s’est arrêté comme prévu dans son itinéraire
régulier. Les raisons pour lesquelles il n’en est pas reparti demeurent peu claires :
plusieurs hypothèses circulent sur cet arrêt. Les circonstances suggèrent fortement
une opération organisée par la police compte tenu de son état de préparation.

La police a forcé les manifestant-e-s à descendre du train, allant jusqu’à lancer des
gaz lacrymogènes à l’intérieur des wagons. Des balles en caoutchouc, des grenades
assourdissantes et des gaz lacrymogènes ont été tirés sans aucun motif et toujours
sans sommation. Des tabassages ont eu lieu. Les manifestant-e-s ont alors été
encerclé-e-s et enfermé-e-s dans un enclos en plein air. Les canons à eau ont été
utilisés contre les manifestant-e-s bloqué-e-s. Les personnes sont restées longtemps
mouillées dans le froid (certaines jusqu’à 23 heures 30)... Les manifestant-e-s
n’avaient aucune échappatoire. En effet, au delà des lignes de policiers-ères antiémeutes,
un groupe de fascistes trônait de façon menaçante à la sortie de la gare, ce
qui amusait les policiers-ères.

Pendant ce temps, la police emportait les manifestant-e-s par groupes de cinq
personnes, menotté-e-s, pour effectuer des contrôles d’identité et des fouilles. La
police a proféré de nombreuses insultes au cours de cette opération. Des centaines
de manifestant-e-s rentrant d’une manifestation autorisée se retrouvent ainsi fichée-
s.

Une personne a été gravement blessée à l’œil suite à un coup de matraque et a dû
être hospitalisée. Les conséquences en terme de santé pour les autres manifestante-
s ne sont pas encore connues.

Enfin, les manifestant-e-s ont été séparé-e-s en plusieurs groupes pour retourner à
Zurich.

A la gare de Zurich, des manifestant-e-s ont été sauvagement attaqué-e-s par un
groupe de fascistes, sous le regard de la police massivement présente !

Quelques réflexions

Droit de manifester Depuis quelques années, mais particulièrement suite à la tenue du G8 à Evian, le
droit de manifester est soumis à de fortes pressions politiques et policières, qui
le restreignent progressivement : refus d’autorisation, mise en place de conditions
difficilement réalisables (voir à Genève), intolérance face aux rassemblements
annoncés qui n’ont pas demandé d’autorisation, répression brutale des participante-
s, dissuasion, intimidation, etc.

Est-il nécessaire de rappeler que « manifester dans la rue est une des formes de
l’exercice des libertés d’opinion, d’expression et de réunion. Ces libertés font
parties des droits fondamentaux garantis par la Constitution fédérale..., par les
constitutions cantonales..., par la Convention européenne des droits de l’homme...
ainsi que par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de
l’ONU... » (Manifester : vos droits, J.-M. Dolivo, Ch. Tafelmacher, Editions d’En
Bas, Lausanne 2003).

Il est indispensable de défendre ce droit fondamental, en refusant de se laisser
entraîner dans les manipulations fondées sur le prétexte constamment mis en avant
par les autorités politiques et policières des risques de dommages matériels.

Répression Récemment encore, la répression des manifestations était surtout orientée contre
les milieux autonomes. Depuis quelques années, elle s’élargit et s’approfondit à
l’encontre de tout mouvement de résistance. Dans le cadre des manifestations de
cette semaine, nous pouvons poser les constats suivants :

Utilisation accrue d’armes Des armes dites non-létales sont utilisées de plus en plus couramment, et, fait
gravissime, dans l’indifférence générale, des médias en premier. A titre d’exemple,
le fait qu’il y ait des blessé-e-s par balles en caoutchouc dans une manifestation
reconnue sans heurt comme celle du samedi 17 janvier décrite ci-dessus, devrait
pour le moins soulever des interrogations, mais il n’en est rien !

Quant à l’utilisation massive d’armes en tout genre contre une foule impuissante,
les faits qui se sont déroulés à Landquart sont scandaleux, voire criminels. Il est
consternant qu’ils ne soulèvent si peu de commentaires et de critiques !

Proportionnalité L’intervention de la police devrait respecter le principe de la proportionnalité. La
présence policière a été massive et constante, disproportionnée par rapport aux
événements se déroulant sur le terrain. Les armes ont été utilisées à tout propos
sans fondement et toujours sans sommation. Des centaines de personnes ont été
fouillées et fichées sans raison. Il est dès lors flagrant que la police n’a pas respecté
le principe de proportionnalité qui devrait mener son action.

Respect des droits humains Au-delà du fait que le contrôle de centaines de personnes (1082 selon les sources
de la police) ayant participé à une manifestation ne se justifie pas, la façon dont il
s’est déroulé viole de toute évidence les droits humains.
Il a été entaché de mauvais traitements physiques et psychiques, suivant une
logique de terreur et d’abus de pouvoir :
 la police a agi sans donner de consignes, semant la panique au milieu des
manifestant-e-s qui ne savaient pas ce qui se passait ;
 elle a lancé des gaz lacrymogènes dans les wagons, lieu fermé s’il en est ;
 elle a durement frappé des manifestant-e-s à coups de matraque ;
 elle a séquestré des manifestant-e-s durant des heures, les a mouillé-e-s avec des
lances à eau et les a laissé-e-s attendre dans le froid et l’obscurité, sans boissons ni
nourriture ni sanitaires à disposition ;
 elle a insulté et humilié des manifestant-e-s ;
 elle a manqué à son obligation d’assistance aux blessé-e-s.

Aucun argument ne peut justifier qu’un contrôle d’identité s’effectue dans de telles
conditions.

Fichage Photos, films, contrôles d’identité nourrissent des fichiers
de police, dont la police seule sait ce qu’elle en fait !
L’exercice de droits démocratiques est traité comme un
délit ou du moins comme un indice de délit potentiel.
Nous assistons à une banalisation du fichage politique et
rien ne garantit la destruction des données récoltées.

Conclusion La tenue du WEF a occasionné la mise en place de mesures sécuritaires considérables
et coûteuses. Nous ne serions pas étonné-e-s que toutes ces opérations policières et
notamment les événements de Landquart aient été menés pour justifier l’entier du
dispositif. Cela permet de poursuivre l’œuvre de criminalisation des mouvements
de résistance à la mondialisation néo-libérale.
La police met tout en place pour intimider les participant-e-s et ainsi les dissuader
de poursuivre leurs combats, y compris des tactiques caractéristiques des régimes
totalitaires, telles que l’imprévisibilité de ses interventions.

Le groupe anti-repression continuera à observer et dénoncer les dérives sécuritaires,
convaincu que si nous ne réagissons pas fermement aujourd’hui, les droits
fondamentaux seront gravement et durablement « atteints ». Dans l’histoire, cela
s’est déjà vu...

Répression àLandquart
Lesystème policier mis en place à Landquart marque une étape significative dans
la répression et la criminalisation des mouvements sociaux en Suisse. Nous avons
assisté ce weed-end à la mise en place d’une structure de fichage individuel d’une
envergure inconnue jusque là dans notre pays. Le dispositif de contrôle de masse
est efficace, réfléchi et sophistiqué. Ce dispositif, le nombre de policiers-ères
présent-e-s, ainsi que le matériel mis en place pour bloquer le pont à la sortie de la
gare, avant même l’arrivée du train, nous permettent de penser que tout cela avait
été planifié de longue date.

La répression a touché toutes les personnes présentes, y inclues celles restées sur
le quai ou dans le train en attendant que celui-ci reparte. Avant les contrôles, la
violence disproportionnée de la police s’exprime par une attaque des personnes
regroupées sur les quais : pas de sommation, puis les bombres lacrymogènes et
assourdissantes, les balles en caoutchouc, et les coups de matraque. La démarche
d’intimidation générale estclaire.

Le fonctionnement d’un tel « camp de fichage » est extrêmement fluide. Les
changements de structure sur ce point suite au G8 tiennent en deux points majeurs :
premièrement, une grande fluidité permet de contrôler 1082 personnes en six à
sept heures, et deuxièmement, les détenu-e-s sont privé-e-s de liberté le temps
d’un circuit, soit 20 à 30 minutes, la police n’arrête donc pas systématiquement les
personnes dont elle cherche à connaître l’identité. Pas de longs interrogatoires, mais
un fichage systématique et des comportements policiers pour le moins douteux :
 les personnes ayant des objets jugés compromettant (couteau de cuisine, par
exemple pour le pic-nic) se voient écrire un numéro sur l’avant-bras correspondant
au numéro du sac contenant l’objet incriminé.
 le numéro de téléphone privé, qui fait partie des indications que l’on n’a pas
l’obligation de transmettre lors d’un contrôle d’identité est demandé au même titres
que les autres données. Il s’agit d’un abus de pouvoir.
 Quant aux néo-nazis présents derrière les cordons de police, ils ne se voient pas
inquiéter par la police.

La police a annoncé qu’elle détruirait en juin le matériel de fichage recueilli ce
week-end. Nous suivrons de près la mise en œuvre de ces propos. La dégradation
des droits démocratiques est claire, très forte et rapide. Elle concerne tout-e un-e
chacun-e, même si l’on veut nous faire croire que seul-e-s quelques extrêmistes
sont visé-e-s. Nous nous y opposons et appelons toutes les personnes soucieuses
des libertés d’expression à se mobiliser !

Affaire à suivre !


Entretien avec Olivier de Marcellus

_Mais qui es-tu donc, Olivier de Marcellus ?

Je suis chercheur en pédagogie à
l’état à mi-temps et le reste du temps,
activiste.

_Quel a été ton rôle durant le G8 à
Genève ?

J’étais membre du groupe de
coordination et d’organisation des
manifestations contre le G8 et porte
parole du FSL.

_Qu’est-ce qui t’est reproché ?

On me reproche en tant que
fonctionnaire d’avoir incité à la
désobéissance aux lois selon un
article de loi datant de l’époque
fasciste (1942), époque où la gauche
avait été expulsée du gouvernement,
et d’autre part, la droite s’est piquée
au jeu : on m’a donc aussi reproché
l’incitation à l’émeute, dommage à
la propriété, violation de domiciles,
instigation à la désobéissance civile,
donc en fait, tous les troubles qui ont
pu avoir lieu durant le G8.

_Pourquoi toi et pas un autre ?

Sans doute parce que je suis fonctionnaire et aussi un militant activiste attaqué
depuis un moment.

_Pourquoi une attaque aussi longtemps après ces évènements ?

Bonne question... tout a commencé par une dénonciation pour incitation à la
désobéissance civile par l’UDC [1] le 11 juillet, rien ne s’est passé jusqu’à fin
novembre, quand monsieur Zappelli a décidé d’ouvrir une enquête suite à la victoire
UDC aux dernières élections. Début décembre, des commerçants ont été démarchés
pour porter plainte contre moi par le biais de formulaires pré-imprimés.

_Penses-tu qu’il s’agisse d’une attaque personnelle ?

Non, on voit bien que c’est une affaire qui participe à l’offensive de la droite
dure à Genève et pour faire passer cette loi anti-manif qui donc rendrait légitimes
les amalgames qu’on essaye de faire passer contre moi et notamment rendre
financièrement responsables les organisateurs de manifestations pour des dégâts qui
auraient lieu en marge de ces dernières.

_Est-ce selon toi une instruction partiale et objective ?

Elle l’est si peu que mon avocat a demandé l’inculpation du juge en charge de
l’affaire (Mr. Esposito) et de tous les juges d’instruction nommés par la droite qui
ont fait afficher les photos des « casseurs » sur le site internet de la police et qui
se sont déjà rendus coupables de plusieurs fautes durant l’instruction selon mon
avocat.

_T’attaque-t-on pour ta figure de militant connu et médiatisé ?

Ils ne m’aiment pas personnellement mais cela fait surtout partie de la campagne
de la droite destinée à attaquer la liberté d’expression et éliminer le droit de
manifester ; il y a eu ces derniers mois 6 personnes qui ont été gravement blessées
lors de manifestations pacifiques dans toute la Suisse, sans parler des déploiements
et répressions sans précédent à Davos.

_Serait-ce donc une tentative d’attaquer et de dissuader le mouvement
contestataire ?

Oui, ce serait une tentative de museler toute opposition, les syndicats sont eux aussi
victimes. On a pu voir prononcer des peines de sursis à l’encontre des membres des
syndicats lausannois pour avoir sorti le cortège du 1er mai 2003 de son parcours
initial ainsi que des amendes de plus de 8000frs.- pour le retard occasionné au
transport public, ou encore les attaques contre des piquets de grève à Basel, ou
encore des poursuites en dommages et intérêts suite au manque à gagner d’entreprises
suite à des mouvements de grèves.

_Peut-on parler d’une affaire au niveau fédéral ?

Elle ne s’arrête pas au niveau fédéral, je dirais qu’elle dépasse le national et même
l’international : on voit qu’ils se concertent sur leurs tactiques (fichage préventif de
toute une manifestation à Davos... à un mois d’intervalle de celui de la manifestation
contre l’Ecole des Assassins en Géorgie, U.S.A .), donc une tendance internationale
partie des Etats Unis et arrivée en même temps en Suisse.

_Que penses-tu de la valabilité de ces attaques ?

Je pense que, de toutes façons, dans ce genre d’affaires, le jugement dépend du
rapport de force politique, a priori, ce sont des absurdité au niveau juridique,
mais c’est aussi possible que si ça ne marche pas, la droite justifiera le projet de
la nouvelle loi. Il est clair que les attaques de type : « violation de domiciles » et « 
incitation à l’émeute » sont totalement fortuites.

_Y’a t-il, selon toi, une tentative de manoeuvre politique derrière tout ça ?

Oui, la campagne de la droite qui s’étend et se durcit.

_Et quel serait son but ?

On voit que le pouvoir prend de plus en plus l’option droite extrême ou assimilée,
d’ailleurs aussi en Europe et sans doute parce qu’ils savent qu’ils n’ont pas de
réponses à la crise économique, ni aux revendications du peuple, ce serait une
façon de se prémunir de tous mouvements de mécontentement pouvant les
remettre en question.

_Qui en seraient les auteurs ?

Je pense que les idées et tactiques sont prisent lors de conventions et que c’est une
concertation d’un réseau.

_Qu’est-ce que tu risques ?

Ça peut aller d’une condamnation avec sursis jusqu’à être tenu financièrement
responsable des dommages, mais je pense qu’en fait, je ne risque rien de façon
personnelle, c’est surtout le mouvement et le peuple suisse qui risque quelque
chose si on ne monte pas une contre-offensive extrêmement large et suffisamment
tôt, car c’est très grave et si on ne veut pas perdre la liberté d’expression, quitte à
créer un bloc d’opposition, le risque est en effet énorme !

_Qui devrait également être nommé responsable ?

Mon avocat a demandé pourquoi le chancelier Hesner n’était pas aussi inculpé
pour avoir fait publier l’appel du FSL sur la Feuille d’Avis Officielle (F.A.O.). On
essaye de réécrire l’histoire ; ils n’ont pas pu interdire la manifestation qu’ils ne
souhaitaient pas, ils cherchent donc maintenant à nier le fait que le conseil d’Etat
l’avait acceptée telle qu’elle avait été annoncée. Je pense que les forces de « l’ordre
 » ont une part de responsabilité sur les dommages en ayant laissé faire et se servant
de ça pour justifier cette nouvelle politique par la suite.

_Que penses-tu du projet de la nouvelle loi sur les manifestations, actuellement en
commission ?

Ça légaliserait tous les abus et amalgames actuellement sur moi et notamment
en rendant les organisateurs responsables pour tous dommages en marge de la
manifestation et également un muselage total de la liberté d’expression politique.

_Et selon toi, la liberté d’expression est-elle en danger à Genève ?

Certainement.

_Penses-tu que les moyens disponibles actuellement sont suffisants pour se
prémunir de ce genre de menaces ?

Je pense, hmmm.... si on peut organiser une campagne d’information vraiment
large dépassant les milieux activistes pour expliquer les manoeuvres de la droite,
ce serait une possibilité pour arrêter la dérive sécuritaire, mais ce n’est pas gagné
d’avance !

_Serions-nous de retour aux lois restrictives des années 30/40 ?

Je pense que le parallèle est assez suggestif, ce n’est pas pour rien que l’on
m’attaque avec cette loi qui n’a jamais été utilisée depuis ces sombres années.

_Te sens-tu pessimiste pour la suite ?

Oui, je pense que les années à venir vont être très dures parce que les gens qui
tiennent le pouvoir n’ont ni perspectives politiques ou sociales, ni scrupules mais
doivent soupçonner que ce modèle de société va droit au mur à long terme.

[1Union Démocratique du Centre, parti d’extême-droite.


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