C


Contre les Jeux Olympiques de 2010 à Vancouver Pas de Jeux Olympiques sur les terres autochtones volées !

mis en ligne le 15 octobre 2009 - anonymes


Les Autochtones et 2010


Les Jeux Olympiques de 2010, par bien des aspects, ont un impact qui nuit à la population dans sa globalité : problèmes de logement et gentrification, répression policière, etc. Et les peuples indigènes — déjà plus attaqués au quotidien — les ressentent d’autant plus...

Background

Vancouver est une ville maritime située dans la province de la « Colombie-Britannique », l’une des dernières régions d’Amérique du Nord à avoir été colonisée par les Anglais à partir de la fin des années 1770. La ville est nommée ainsi en l’honneur d’un officier de marine qui aida à en faire l’investigation et à juger de la valeur de la côte pendant cette période. À l’époque, la région comprenait plus de 40 nations indigènes différentes. C’est sur la côte nord-ouest que se trouvait l’une des plus fortes densités de peuples autochtones en Amérique du Nord, dû à l’abondance de fruits de mer et du climat doux de l’hiver. Cette région maritime est formée d’une forêt tropicale humide tempérée qui reçoit la plus grande quantité de précipitations en Amérique du Nord, il ne gèle ou ne neige que rarement.

La côte est séparée du plateau intérieur par la Coast Mountain Range. Quand des nuages se forment au-dessus de l’Océan Pacifique et se dirigent vers l’intérieur, ceux-ci se heurtent aux montagnes et laissent tomber la plupart de leurs eaux. La région de l’intérieur est, en conséquence, l’une des plus sèches de l’Amérique du Nord ; certaines régions sont même désertiques.

Peuples indigènes

On estime la population précédant le « contact » en Colombie-Britannique à environ 250 000 personnes. En un siècle, ce nombre était réduit à environ 25 000 dû à l’expansion coloniale, à la guerre et aux épidémies. La Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) fut l’un des acteurs principaux du colonialisme. Elle forma aussi le premier gouvernement colonial au milieu des années 1800 et c’est aussi elle qui, aujourd’hui, est l’un des principaux commanditaires des Jeux Olympiques de 2010.

La CBH, l’une des plus vielles corporations du monde, a établi plusieurs des premiers forts et postes de traite en Colombie-Britannique, avec l’aide de son concurrent North West Company (les deux fusionnèrent en 1821). Les bateaux de la CBH étaient utilisés pour bombarder des villages autochtones et des haut-placés de la CBH supervisèrent plusieurs exécutions de chefs et de « guerriers ». En 1849, la CBH fut engagée par l’Angleterre pour gouverner la colonie de l’île de Vancouver.

Vers 1850, des gunboats (bateaux munis de canons) de la Marine Royale étaient stationnés sur la côte : armés de canons, de roquettes et de marins, l’armée navale était utilisée pour mater toute attaque contre les colons ; ils bombardèrent des villages et détruisirent des maisons, des canoës et des provisions de nourriture.

En 1858 eut lieu la ruée vers l’or dans la Vallée Fraser qui déclencha son invasion par des dizaines de milliers de colons du lower mainland (région basse-continentale). Elle fut alors déclarée nouvelle colonie (« British Colombia » — en 1866, les deux colonies seront unies en tant qu’une seule colonie, la Colombie-Britannique). En 1862, cet afflux de colons, une épidémie dévastatrice de petite vérole fit des ravages.

L’épidémie se propagea d’abord à Fort Victoria ; les officiers coloniaux commencèrent par mettre les autochtones atteints de la maladie en quarantaine, mais, bien vite, ils déci-dèrent plutôt de les chasser, les menaçant de leurs fusils. Des centaines d’autochtones firent alors le voyage de retour jusqu’à leurs villages en suivant la côte vers le Nord. Ils propagèrent la petite vérole (conséquence évidente que les officiers coloniaux n’ignoraient certainement pas à l’époque) et l’on estime qu’un autochtone sur trois mourut au cours des années suivantes.

En 1871, la Colombie-Britannique devint une province du Canada. En 1874, le gouvernement provincial fit passer le B.C. Lands Act (loi sur les terres de la Colombie-Britannique) pour ouvrir plus de terres à la colonisation. Cependant, l’année d’après, le gouvernement fédéral décréta une « Duty of Disallowance » (Non-autorisation), déclarant l’acte illégal dû au fait que la Colombie-Britannique n’avait pas réussi à obtenir le renoncement légal des terres indigènes comme le réclamait la Proclamation Royale de 1763. La Colombie-Britannique menaça de se retirer de la confédération. En 1876, le gouvernement fédéral fit passer le Indian Act [1] (Loi sur les indiens), imposant un contrôle fédéral sur toutes les personnes et les terres indigènes. L’occupation illégale par la Colombie-Britannique de terres indigènes fut permise et elle se poursuit encore aujourd’hui. En 1884, le Indian Act fut amendé pour bannir les Potlachs, les Sundances et autres cérémonies. C’est aussi à travers le Indian Act que les enfants autochtones furent mis de force dans des pensionnats que dirigeait l’Église – en contrat avec l’État. Des générations de jeunes autochtones furent enlevés à leurs familles et forcés d’intégrer la culture, la langue, la religion, etc., européenne et britannique. Une véritable coercition mentale, physique et sexuelle...

Résistance anticoloniale

Dès les années 1880, les peuples indigènes de la Colombie-Britannique se mirent à protester contre le vol des terres et ressources. Contrairement à ce qui se passa dans d’autres régions du Canada, les autorités britanniques (et, plus tard, canadiennes) ne réussirent pas à établir des traités cédant la terre à la Couronne. À l’exception de quelques petits traités signés sur l’île de Vancouver (les traités Douglas, 1850-54) et d’une portion du Traité numéro 8, la Colombie-Britannique demeure un territoire autochtone, souverain et non cédé. En conséquence, les peuples indigènes de la province ont toujours montré une forte disposition à la résistance au colonialisme et au vol ininterrompu des terres et des ressources. En 1927, l’Indian Act a été amendé pour rendre illégales les organisations qui luttent autour des réclamations de terres.

Aujourd’hui, la résistance anti-coloniale s’exprime régulièrement à travers des manifestations et des actions directes : blocages de routes, occupations de bureaux gouvernementaux, etc. Durant la « Crise d’Oka », en 1990, des personnes indigènes de Colombie-Britannique démontrèrent une grande solidarité avec les Mohawks – au centre de cette lutte –, notamment par le blocage de routes et de voies ferrées. Plusieurs de ces actions de solidarité soulignaient la souveraineté indigène et appuyaient les luttes autochtones locales. Suite à la « Crise d’Oka » et de manière plus générale à la lutte perpétuelle pour les terres et la justice en Colombie-Britannique, les gouvernements provincial et fédéral entamèrent, en 1992, un nouveau processus de traité moderne (sous le gouvernement du Nouveau Parti Démocratique, social-démocrate). La raison d’être du B.C. Treaty Process est de légitimer le vol originel des terres et des ressources, permettant ainsi de pacifier la zone pour faciliter le développement économique et étatique. Ainsi, le B.C. Treaty Process élimine les titres et les droits des autochtones, utilisant les conseils de bandes du Indian Act (subventionnés par l’État) comme interlocuteurs. L’une de ses fonctions politiques est évidemment de saper le mouvement autochtone radical.
En 1995, un « face-à-face armé » d’une durée d’un mois a eu lieu à Gustafsen Lake/Ts’Peten dans le sud de la Colombie-Britannique (territoire Secwepemc). Il y avait quelques 450 agents de la GRC [Gendarmerie Royale du Canada], armés jusqu’aux dents, avec l’assistance des Forces Canadiennes (nécessitant des transports de troupes Bison). La police tenta à plusieurs reprises de tuer des résistants à l’aide d’armes automatiques, de tireurs de feu (sniper fire) et de dispositifs explosifs. Ce siège des flics, le plus grand déploiement paramilitaire de la GRC dans l’histoire du Canada, fut approuvé par le NPD.

En 1996, un petit groupe de personnes du Native Youth Mouvement (NYM) s’établit à Vancouver. Le groupe s’impliqua dans de nombreuses occupations et blocages de routes au cours de la fin des années 1990, incluant deux occupations des bureaux du B.C. Treaty Commission. À partir des années 2000, un groupe Secwepemc du NYM s’y établit aussi ; ce groupe continua à lutter contre l’expansion de la station de ski Sun Peaks (près de Kamloops, région que l’on nomme aussi Skwelkwek’welt). Ils lancèrent également, de 2001 à 2005, une campagne d’actions directes.

Un autre projet de centre de ski à Cayoosh Creek a rencontré, depuis 2000, la résistance de radicaux St’at’imc près de Mount Currie. Cette lutte se concrétisa notamment par l’établissement d’un campement d’occupation permanent connu sous le nom de Sutikalh (qui existe encore aujourd’hui, en 2008). C’est à ce moment-là que le Liberal Party remporte les élections provinciales en Colombie-Britannique ; et c’est l’ancien maire de Vancouver Gordon Campell qui devint le Premier Ministre. Les libéraux continuèrent à imposer la politique néo-libérale assurée précédemment par le NPD et l’élargirent tant que faire se peut. Ils favorisèrent le développement d’« industries de ressources » au profit de certaines grosses entreprises : avec comme résultat plus de minage, plus d’extraction d’huile et de gaz et plus de projets de stations de ski. Les libéraux donnèrent aussi suite au processus de Bid (candidature) pour les Jeux Olympiques de 2010, commencé sous le gouvernement NPD.

À partir de 2005, les nations indigènes du nord de la province commencèrent à sentir les impacts des industries du minage, de l’huile et du gaz. Certains y répondirent par des contestations légales, ou des blocages de routes, des occupations et des manifestations. Les Tahltan, près de Telegraph Creek, s’opposèrent à plusieurs projets de grande envergure de minage et d’extraction de gaz sur leur territoire, notamment contre celui qui devait se faire à proximité d’une importante source d’eau alimentant quatre grandes rivières. L’objectif de « développement » des terres ancestrales Tahltan, devait se concrétiser dans l’extraction de cuivre, d’or, de charbon et de gaz naturel. Les Tahltan occupèrent un bureau du conseil de bande durant plusieurs mois pour s’opposer aux accords qu’établissaient les conseils de bandes avec les corporations. Plusieurs aînés (elders) ont aussi été arrêtés au cours de blocages de routes, ce qui entraîna une couverture médiatique plus importante. Ces évènements, ainsi qu’un certain nombres d’autres actions à travers la province, causa, avec le temps, une instabilité économique peu propice à la nécessité de développement des grosses compagnies. Ce problème est publiquement et régulièrement discuté par des institutions financières, des business think-tanks (groupes de réflexions d’affaires) et des bureaucrates gouvernementaux de la province. La recherche d’une plus grande sécurité financière est l’une des raisons d’être du B.C. Treaty Process. Et il est certain que ces problématiques ont dû être prises en considération par ceux qui voulaient promouvoir et organiser les Jeux Olympiques de 2010 – qui ne sont, en définitive, rien d’autre qu’une plateforme pour l’investissement et le développement des multinationales dans la région.

Cooptation des autochtones aux jeux olympiques

« Vancouver 2010 a reconnu tôt dans le processus de Bid [mise en candidature] pour les jeux d’hiver de 2010 que l’appui et la participation active de ces nations [indigènes] enrichiraient le Bid et les Jeux d’Hiver…Cette condition a été reconnue par le CIO (comité international des Olympiques) comme étant un facteur important dans l’emportement du Bid. »
(Bulletin d’information, Vancouver2010.com)

Compte tenu de l’histoire importante de la lutte anticoloniale des indigènes de la province et du grand potentiel de désordre qui en découle, les entrepreneurs des Jeux Olympiques de 2010 ont tout de suite saisi la nécessité d’« intégrer » les peuples indigènes (et d’inclure des « collaborateurs » autochtones) dans le processus de candidature et dans la préparation des Jeux. Ils virent aussi les avantages à exploiter l’art et la culture indigène pour promouvoir les jeux, comme cela avait été le cas pour les Olympiques de Sidney en 2000. Dès le début, le gouvernement et les organisateurs de 2010 s’unirent pour présenter les peuples indigènes comme étant leurs égaux et d’actifs participants aux Jeux, en tant que « partenaires officiels ». Leurs principaux interlocuteurs furent les conseils de bandes des quatre territoires traditionnels sur lesquels doivent se dérouler les Jeux Olympiques, c’est-à-dire les Squamish, Musqueam, Tseil-Watuth et Lil’wat/St’at’imc. Dès le début du processus de candidature, Gibby Jacobs (chef Squamish à cette époque) et Lyle Leo (un conseiller de Lil’Wat et homme d’affaires) faisaient partie du Vancouver Bid Corporation. Ces deux conseils de bande sont ceux qui ont le plus profité du projet olympique : la plupart des constructions liées aux Jeux Olympiques sont situés sur leurs territoires traditionnels. Gibby Jacobs est maintenant membre du comité directeur du VANOC (VANcouver Organizing Committee).

Au début de 2003, plusieurs mois avant que la décision concernant la candidature soit prise, les conseils de bande Squamish et Lil’wat réalisèrent un accord avec le gouvernement et la Bid Corporation qui leur promit 20 millions de dollars en argent et en terres, ainsi qu’un centre culturel Squamish-Lil’wat qui devait se construire près de Whistler. En 2007, le coût de la construction de ce centre culturel avait grimpé à 28 millions de dollars, financé par le gouvernement de la Colombie-Britannique, par INAC, Bell Canada et d’autres grosses entreprises. Cet accord favorisa évidemment l’engagement des deux conseils de bande à supporter et à participer aux Jeux de 2010.
En mai 2007, le gouvernement provincial conclut un accord avec les bandes de Squamish et de Mt. Currie leur promettant huit morceaux de terre dans la région de Whistler, d’une superficie de 122 hectares au total. Les médias s’empressèrent de rapporter que l’accord pourrait rendre les deux bandes parmi les plus « riches » de la province à cause de la valeur des propriétés situées dans la région des centres de ski de Whistler (où se trouve quelques unes des maisons les plus chères du Canada). Un seul morceau de terre, désigné pour le développement résidentiel, « pourrait valoir au moins 90 millions de dollars, en fonction du nombre et du type de maisons bâties dessus. En moyenne, une maison familiale à Whistler coûte 1,2 millions de dollars. » (« Olympic-sized land deal ‘a winner’ », par Clare Ogilvie, The Province, le 11 mai, 2007).

D’autres parcelles sont zonées pour usage industriel, comme ressources rurales ou pour les loisirs (ex : un terrain de golf). Les conseils de bande ont l’option de développer ces terres eux-mêmes, ou alors de les vendre. En échange, les deux bandes ont accepté de ne pas contester l’expansion des limites de Whistler sur leurs territoires traditionnels. Whistler, en retour, a également reçu 120 hectares de terres de la « Couronne » pour l’expansion de leur terrain. Des ententes semblables ont été faites avec les Musqueam, incluant la remise d’un terrain de golf au conseil de bande à l’automne 2007.

Les quatre premières nations hôtes (FHFN, Four Host First Nations)
En 2004, les quatre conseils de bande de la région (avec l’aide du gouvernement et du VANOC) ont établi les Quatre Premières Nations Hôtes (FHFN) en tant qu’organisations indigènes olympiques officielles. Selon un communiqué de presse datant du 24 novembre 2004, le FHFN a été établi pour « prendre avantage de toutes les opportunités, incluant les opportunités économiques, et établir une présence autochtone claire au sein des Jeux tout en protégeant les droits et les titres des aborigènes. » Cette référence à l’Indian Act et aux « droits et titres des aborigènes » représente implicitement la volonté d’utiliser ce levier politique et légal pour les négociations des chefs et des conseils de bande avec le gouvernement et les corporations. Cette façon de présenter les choses aide à présenter les chefs et les conseils comme étant des gens qui défendent les autochtones et « luttent » pour des gains positifs (droits, titres…). En réalité, bien sûr, ils participent activement à réduire et anéantir les droits et les titres.

En février 2006, les chefs des conseils de bandes des FHFN collaborèrent avec le VANOC à la cérémonie de fermeture des jeux d’hivers de Turin en Italie, « invitant le monde à les rejoindre en 2010 ». À travers les conseils de bande et les FHFN, les organisateurs des Jeux Olympiques ont pu entrer en contact avec des artistes et des groupes culturels, qui sont maintenant constamment employés à l’occasion d’évènements publics organisés par le VANOC pour accueillir officiellement des visiteurs (bureaucrates gouvernementaux et corporatifs, touristes, etc.). En février 2010, les FHFN et de nombreux groupes de performance autochtones seront mis en évidence durant les cérémonies d’ouverture et de fermeture. Les FHFN seront aussi responsables de la coordination du Aboriginal Trade Pavilion (Pavillon d’échange Autochtone), qui inclura une ‘maison du troc’ (boutique de cadeaux), un ‘Grand Hall’ (salle de banquet), une salle de spectacle, un restaurant et un centre d’affaires.

L’Assemblée des Premières Nations approuve les jeux de 2010
L’assemblée des Premières Nations (Assembly of First Nations, AFN) est une organisation nationale composée de chefs des conseils de bandes du Indian Act et est financée par le gouvernement du Canada. À son assemblée générale en juillet 2007 tenue à Halifax en Nouvelle-Écosse, l’AFN a signé un mémorandum d’entendement (Memorandum of Understanding) avec les quatre premières nations hôtes. Le ‘grand chef’ de l’AFN, Phil Fontaine, a déclaré : « Les jeux Olympiques de 2010 offrirons une opportunité unique aux Premières Nations et aux Canadiens de travailler ensembles, de partager l’héritage social et économique à long terme que procureront ces jeux historiques. » Ce mémorandum formalise une relation de travail entre ces deux instances, avec un engagement et un partenariat pour ce qui concerne les activités liées à 2010. Un membre officiel du VANOC y était un signataire témoin.

Les Autochtones et le Relais de la Torche
En janvier 2008, on annonça que le relais de la torche olympique mettrait principalement en vedette les peuples et la culture indigène : « les premières nations du Canada et de la Colombie-Britannique, les Métis et les Inuits joueront un rôle majeur dans le relais de la torche. Ils seront non seulement porteurs de la torche quand la flamme olympique traversera le Canada au cours de la montée en puissance menant à février 2010, mais leur histoire et leur culture serviront également de guide au trajet emprunté par la torche. » (extrait de « Aboriginal groups to lead Games torch relay », par Damian Inwood, The Province, le 18 janvier 2008). D’après l’article, le VANOC devait engager un consultant pour encourager la participation autochtone ; son rôle inclura la formation de coordinateurs des trajets régionaux de la torche « pour assurer une conscience culturelle » dans la planification d’évènements et de faire un «  inventaire des artistes aborigènes…une carte aborigène virtuelle sera créée qui inclura histoire, sports, développement économique et tourisme, arts et culture… » Les organisateurs des Jeux Olympiques et le gouvernement planifient non seulement d’exploiter les peuples indigènes et leurs cultures, mais aussi d’utiliser le relais de la torche (et les Jeux Olympiques) comme occasion de répandre leur propagande.

Financement gouvernemental et Jeux de 2010
Mis à part les FHFN et l’élite capitaliste autochtone, la cooptation aux Jeux implique un grand nombre de groupes autochtones de Vancouver – financés par le gouvernement. Certains sont directement impliqués dans des évènements reliés au Jeux Olympiques ; d’autres se contentent de garder le silence sur les impacts sociaux et humains de 2010. Parmi eux, des organisations politiques (l’Union de la Colombie-Britannique des chefs indiens, les Native United Nations), le Vancouver Aboriginal Friendship Center (centre d’amitié aborigène de Vancouver), des organisations de jeunes (notamment Knowledgeable Aboriginal Youth Association, Urban Native Youth Association), etc. Leur dépendance financière vis-à-vis du gouvernement est un facteur qui contribue grandement au manque d’opposition (et même de conscience) au sein de ces groupes concernant 2010. Et ceci, alors que certains d’entre eux participent, dans le même temps, à des campagnes contre le « sécuritaire », contre la brutalité policière, la disparition et les meurtres de femmes, la fermeture de services pour les autochtones, etc. La résistance autochtone principale aux Jeux de 2010 a donc émergé de mouvements indigènes radicaux.

opposition et résistance des autochtones aux jeux de 2010
En juin 2002, des « représentants radicaux » des St’at’imc et des Secwepemc firent une déclaration officielle à la Commission Internationale Olympique soulignant les abus contre les droits humains qui ont lieu au Canada et sur leurs territoires pendant les luttes à Sutikalk (contre la construction d’une station de ski) et Skwelkwek’welt (contre l’expansion de la station de ski Sun Peaks). Ils déclarèrent leur opposition à la mise en candidature de Vancouver pour 2010 et demandèrent au CIO de ne pas remettre les jeux à Vancouver-Whistler : « Même si le Canada se vante d’être l’un des pays avec les standards de vie les plus élevés du monde d’après l’index de développement humain des Nations Unies, quand les mêmes indicateurs sont appliqués aux peuples indigènes par le département fédéral des affaires indiennes et du nord, nous arrivons en 47ème position. La même chose est vraie concernant la déclaration selon laquelle Vancouver est la ville avec les meilleurs standards de vie au monde ; nos peuples sont les plus pauvres en ville, plusieurs vivent dans l’East Side dans des conditions sociales et économiques déplorables. C’est ça qui arrive quand nous, les aborigènes, perdons notre lien à la terre ; l’alcoolisme et les jeunes qui se suicident ne sont que les signes de problèmes plus profonds… En tant que peuples indigènes, nous devons nous opposer à la candidature de Vancouver-Whistler tant et aussi longtemps que les pratiques et les politiques environnementales régressives et destructives qui ne reconnaissent pas les droits autochtones sont en place. » (Déclaration au CIO de Sutikalh et Skwelkwek’welt, 30 juin 2002)

En mars 2003, un « jeune » et un « aîné » Secwepemc voyagèrent jusqu’aux quartiers généraux du CIO en Suisse et firent encore une fois une déclaration formelle, demandant que Vancouver-Whistler n’obtienne pas les jeux Olympiques de 2010. Même si le CIO a une politique officielle selon laquelle les jeux ne doivent pas se tenir dans un pays où les droits humains sont violentés, les violences commises par les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Canada furent ignorées.

En mai 2006, deux douzaines de manifestants furent arrêtés à Eagleridge Bluffs à Vancouver Nord pour avoir bloqué l’expansion de l’autoroute Sea-to-Sky. Alors que la plupart des manifestants étaient des blancs issus de la classe moyenne, la première personne arrêtée fut l’« aînée » Pacheedaht (des Nuu-Chah-Nulth) de 71 ans, Harriet Nahanee, qui était reliée par alliance aux Squamish. C’était une activiste et une combattante pour la souveraineté autochtone de longue date. Le 23 janvier 2007, Nahanee fut condamnée à 14 jours de prison, même si son avocat et ses soutiens avertirent la juge, Brenda Brown, qu’elle souffrait de sérieux problèmes de santé. D’autres condamnés non-autochtones reçurent des amendes et des heures de travail communautaire. Nahanee fit sa peine au centre de prison préventive de Surrey. Peu de temps après sa sortie de prison, elle fut admise à l’hôpital St-Paul de Vancouver, souffrant d’une pneumonie. Des marches furent organisées en solidarité avec Nahanee à l’extérieur de l’hôpital. Elle est morte le 24 février 2007. Des centaines de personnes assistèrent aux funérailles, où émergea la nécessité d’une demande d’investigation concernant son emprisonnement. Les mystères que les activistes de la communauté cherchèrent à élucider sont les suivants : « Pourquoi l’aînée autochtone Harriet Nahanee a été envoyée en prison malgré les indications claires de la part de la Cour Suprême du Canada qui énoncent que l’emprisonnement devrait être le dernier recours pour les personnes aborigènes ? », « Pourquoi Madame ‘Justice’ Brown n’a pas pris en considération la santé fragile de Mme Nahanee ? », «  Pourquoi Madame ‘Justice’ Brown a refusé d’entendre la défense de la souveraineté autochtone de Mme Nahanee ? », « Pourquoi Mme Nahanee a été incarcérée au centre de prison préventive de Surrey, dans des conditions aussi inappropriées ? » (« Pourquoi la Colombie-Britannique a condamné une aînée autochtone à mort ? », 28 février 2007, communiqué de presse)

Le 12 février 2007, des manifestants anti-Olympiques perturbèrent une cérémonie du VANOC tenue au centre-ville de Vancouver pour célébrer le compte à rebours de trois ans jusqu’aux Jeux Olympiques, au cours duquel le « Countdown Clock » (cadran de compte à rebours) fourni par Omega (sponsor et chronométreur officiel pour les Jeux de 2010) fut dévoilé à la galerie des arts de Vancouver. L’événement était diffusé en direct par CTV (un autre sponsor). Alors que commençait l’événement, un autochtone masqué monta sur scène, s’empara du micro et scanda « Fuck 2010 ! Fuck your corporate circus ! » avant d’être arrêté. Un membre du APC (comité anti-pauvreté) monta aussi sur scène, hurlant « Homes not Games ! » (« des maison pas des jeux ») avant d’être lui aussi arrêté. Après ça, il y eut un peu de pagaille entre les manifestants (80 environ) et la police, qui demanda d’urgence des renforts. À la fin, plus de 60 policiers étaient déployés et 7 personnes furent arrêtées (trois autochtones, quatre membres d’APC). Il s’agissait là de la première attaque directe dirigée contre un événement du VANOC et les Jeux de 2010, et cette attaque prit les organisateurs et la police par surprise. Ceux-ci déclarèrent par la suite leur intention de renforcer la sécurité pour les évènements à venir. Depuis, les évènements publics du VANOC se sont toujours déroulés sous forte présence policière (police anti-émeute, installation de clôtures pour contrôler la foule, équipes de chiens et hélicoptères – tout ceci, coûtant des centaines de milliers de dollars).

Le 6 mars 2007, alors qu’une équipe d’évaluation du CIO arrivait pour constater l’avancement des projets du VANOC, le grand drapeau olympique flottant à la façade de l’hôtel de ville fut volé. Les cambrioleurs brisèrent le panneau d’accès au mât du drapeau, coupèrent le câble et arrachèrent le drapeau. Trois jours plus tard, alors que la tournée du CIO tirait à sa fin, des membres de la Native Warrior Society firent paraître un communiqué avec la photographie de trois personnes masquées debout devant le drapeau olympique, tenant une photo d’Harriet Nahanee et un drapeau Warrior. Ils revendiquèrent l’action en l’honneur de Harriet Nahanee et en opposition aux jeux de 2010. Dans le communiqué, datant du 7 mars 2007, les « guerriers » déclarèrent que «  tôt le matin du mardi 6 mars 2007, nous avons retiré le drapeau olympique de son mât à l’hôtel de ville de Vancouver. Nous avons brisé le panneau d’accès avec un pied-de-biche et, avec un coupe-boulon, nous avons coupé le câble de métal ; le drapeau tomba donc au sol. Nous revendiquons cette action en l’honneur de Harriet Nahanee, notre aînée warrior, qui fut condamnée à mort pour son courage dans sa défense de la Terre Mère. Nous sommes solidaires de tous ceux et celles qui se battent contre la destruction causée par les jeux Olympiques d’hiver de 2010. Pas de Jeux Olympiques sur les terres autochtones volées ! La Native Warrior Society. »

Le 12 mars, un autre événement « compte à rebours 2010 » fut tenu par le VANOC : il s’agissait d’une cérémonie d’illumination du drapeau à l’hôtel de ville. Après s’être procuré un nouveau drapeau olympique, le VANOC et les représentants de la ville ont tenu leur événement au milieu de plus de 200 manifestants bruyants (un nombre beaucoup plus grand que le nombre de gens venus assister à l’événement), qui réussirent à perturber la cérémonie en hurlant et en utilisant des cornes de brume. La police installa un cordon autour de l’hôtel de ville et fouilla toute personne qui entrait dans cette zone. Plusieurs autochtones participèrent à cette manifestation. Le 29 mars 2007, même s’ils n’ont aucun lien avec la Native Warrior Society, les bureaux du DERA (Downtown Eastside Residential Association) ont été envahis par la police de Vancouver qui pensait avoir un « indice » laissant croire que le drapeau volé se cachait là. Après une heure de recherches, la police repartit les mains vides.

En octobre 2007, des autochtones de la Colombie-Britannique assistèrent au rassemblement soulignant les 515 années de résistance indigène à Vicam (Sonora) au Mexique, tenue par les zapatistes et le congrès international indigène. À cette occasion fut entériné la création d’un mouvement indigène intercontinental anti-2010 avec l’appui officiel des organisateurs de la rencontre.

En novembre 2007, des membres des Secwepemc protestèrent contre l’arrivée de l’équipe olympique autrichienne qui venait s’entraîner à la station de ski de Sun Peaks.

En décembre 2007, la Native Anti-2010 Resistance fut créée en tant que groupe radical autochtone ayant pour objectif d’organiser l’opposition autochtones aux jeux d’hiver. Avec le réseau No-2010, le groupe organisa une marche contre un lunch entre sponsors olympiques au centre-ville de Vancouver le 11 février 2008.


Sans conclusion - Tentatives anarchistes récentes dans le sud de la côte pacifique du Canada


Cet article, écrit par des anarchistes vivant à Vancouver, est un aperçu de certaines activités anarchistes et du contexte dans ce qui est nommé “Colombie-Britannique, Canada” . Beaucoup de choses qui pourraient y être inclues ne le sont pas, surtout en ce qui concerne le contexte. Nous nous concentrons surtout sur l’année 2006 et celles qui suivent. Pour remonter plus loin dans le temps, allez voir : http://geocities.com/insurrectionar... et A Murder of Crows issue #1 (Insurrectionary Anarchist Projects and Social Conflict in Vancouver).

Les anarchistes en Colombie-Britannique expérimentent constamment. Différentes actions prennent place, de l’organisation de manifestations publiques aux moments d’information et de solidarité, en passant par la publication et la diffusion d’analyses. En plus de leurs propres projets, les anarchistes s’impliquent dans des luttes dont le cheminement est proche ou qui font face à des forces d’exploitation similaires. Une stratégie générale peut être entraperçue : favoriser la transmission des pratiques de luttes déjà existantes et de moyens plus directs vers la réalisation de leurs objectifs, dans l’espoir que ces derniers puissent éventuellement s’élargir et que des changements à tous les niveaux de la société puissent émerger. Essentiellement, tenter d’élargir socialement les conflits pour opérer leur dépassement, tout en les enrichissant d’exemples d’auto-organisation et d’action directe.

Les jeux olympiques

La « Grande Idée des Patrons », les Jeux Olympiques, ainsi pertinemment nommés par des anarchistes grecs durant les mois précédents les Jeux Olympiques de 2004 à Athènes, s’en vient à Vancouver en 2010. Nous disons qu’elle est déjà ici. Avant de devenir officiellement la ville hôte en 2003, le développement urbain, le tourisme et l’exploitation des ressources naturelles étaient fortement mis en avant dans le but de vendre la Colombie-Britannique à un niveau international. Plus qu’un simple événement, les Jeux Olympiques servent à commercialiser ce territoire par l’entremise des stations de ski, des mines, des ports maritimes, des autoroutes et de la sécurité, pour catalyser et assurer les projets des patrons. Les Jeux Olympiques servent à renforcer l’exploitation et le contrôle social en Colombie-Britannique qui serviront, dans plusieurs cas, à intégrer et soutenir l’infrastructure capitaliste mondiale.

Initialement, pour participer aux efforts anti-Olympiques, les anarchistes en Colombie-Britannique se sont inspirés de l’incessante résistance indigène contre les centres de ski et le développement, qui détruisent leur territoire et leur mode de vie. Continuant les luttes pré-existantes, la résistance indigène est le fer de lance du combat anti-Olympiques.
Le sentiment anti-Olympiques s’est répandu chez les personnes directement affectées par la gentrification, le développement et la destruction écologique. Au début, à Vancouver, l’organisation anti-Olympiques la plus en vue était le Comité Contre la Pauvreté (Anti-Poverty Commitee, plus communément APC) qui faisait pression sur le gouvernement pour que ce dernier construise plus de logements sociaux et dépense moins pour les Jeux : « Des maisons, pas de Jeux ! », criaient-ils. Mais la construction de plus de logements sociaux signifie plus d’exploitation des terres et plus de main-d’œuvre pour la construction et, en pratique, plus de gestion gouvernementale dans la vie des exclus. Depuis, ce groupe est devenu moins prééminent. Plusieurs de leurs membres ont joint le Réseau de Résistance Olympique (Olympic Resistance Network, ORN), un groupe d’organisation ouvert, initié par des organisateurs indigènes et des groupes activistes.

En 2006, un camp fut établi par des habitants de Vancouver Ouest afin de stopper l’expansion de l’autoroute olympique à Eagle Ridge Bluffs. Malheureusement, aucun anarchiste de Vancouver ne fréquenta le camp qui était situé dans le quartier le plus riche de Vancouver. Quand eut lieu l’expulsion du camp, une « aînée » et « guerrière » indigène, Harriet Nahanee, fut arrêtée. En février 2007, peu de temps après avoir été relâchée de la prison où elle fut enfermée pour avoir refusée de quitter le camp ou de reconnaître l’autorité des Cours, elle mourut d’une pneumonie aggravée par son séjour en prison.

En mars 2007, le gigantesque drapeau des Jeux Olympiques, fut dérobé de la façade de l’Hôtel de ville de Vancouver six jours seulement avant la cérémonie officielle d’illumination du drapeau. L’action fut revendiquée par la Société Guerrière Autochtone (Native Warrior Society) « …en l’honneur de Harriet Nahanee… ». Le jour de la cérémonie du drapeau, l’Hôtel de ville fut complètement entourée de policiers. Certains anarchistes qui s’étaient pointés à cette manifestation planifiée pour perturber la cérémonie du drapeau décidèrent de ne pas passer à travers la fouille policière des sacs et de se tenir plutôt un bloc plus loin. Ils furent tout de même chassés par de fervents policiers...

Le 15 mars 2007, des anarchistes de Vancouver organisèrent une manif contre la police et les Jeux Olympiques, promue comme une « action de rues contre les policiers » (Street Action Against the Cops) dans le cadre de la Journée internationale contre la brutalité policière. C’était la cinquième année consécutive que des anarchistes organisaient cette manif à Vancouver. Avec, cette année-là, un nombre de flics en civil vraiment important, un intense contrôle policier au sol et des hélicoptères au-dessus de nos têtes, la manif prit littéralement place dans une cage avec des flics comme murs et des flics à l’intérieur.

Une contribution des anarchistes de Vancouver aux efforts anti-Olympiques, dont la réussite est discutable, fut l’initiation d’une campagne d’attaque contre la Banque Royale du Canada (RBC) (un des sponsors principaux) et un appel à tous à se mettre au « vandalisme amateur ». Ce qui est incontestable, c’est que les communiqués sur internet encouragèrent à ce que les fenêtres des RBC se fassent péter à travers le Canada. Quoique cette destruction de la propriété n’ait pas semblé se propager à l’extérieur de cercles radicaux, le soutien public, pour ce genre de sabotage, a augmenté. La vague de vandalisme coûte à RBC de plus en plus d’argent pour de nouvelles fenêtres, de nouveaux guichets automatiques et l’intensification de la sécurité (évidemment, cette somme est une goutte d’eau dans la mer pour des compagnies qui font des millions de profits tous les ans). Au-delà des coûts pour RBC, le vandalisme sert aussi à endommager la sacralité de la propriété.

Parmi d’autres actions directes anti-Olympiques en Colombie-Britannique on peut citer l’incendie de véhicules appartenant à Kiewit and Sons (la compagnie qui construit l’autoroute principale des Jeux Olympiques), le cimentage des toilettes du McDonalds (sponsor), le bombardement de peinture des panneaux d’affichage olympiques de Vancouver. D’autres attaques furent rapportées par les médias corporatifs : 50 000$ de dommages à de l’équipement de construction d’une entreprise participant au chantier des Jeux Olympiques, seulement quelques jours après la mort d’un travailleur sur ce chantier. Ce vandalisme ciblé et de nombreuses autres actions anti-Olympiques signifient que l’action peut vouloir dire destruction et sabotage de la propriété.

Comment la lutte anti-Olympique peut contribuer à créer une révolte sociale plus généralisée ? Cette question devint un fil conducteur central de discussion parmi les anarchistes de Vancouver. Pour les anarchistes, un aspect important de la lutte anti-Olympique fut la question : comment communiquer que le problème n’est pas seulement les Jeux Olympiques mais le système tout entier ? Les anarchistes ont bombardé, de façon répétitive, la ville de graffitis, ont réalisé de nombreuses publications à petite échelle, créé des blogs ainsi qu’écrit des communiqués internet d’actions directes expliquant leurs motivations avec des degrés divers d’analyse. À l’intérieur de la question de comment communiquer existe la question d’avec qui communiquer. Une critique principale de la communication actuelle au sein du mouvement anarchiste est qu’ils/elles visent de façon trop exclusive les autres anarchistes – d’où la question, est-il important d’encourager plus d’anarchie ou plus d’anarchistes ? Nous ne disons pas qu’il n’est pas important de communiquer avec les autres anarchistes, mais que si l’intention de certaines communications est de contribuer à élargir la lutte sociale, il serait plus futé de diffuser l’information et les analyses de façon à ce que ce soit plus accessible aux personnes qui ignorent l’existence des blogs anarchistes.
Les anarchistes de Vancouver participent aux manifestations anti-Olympiques et aiment à perturber certains événements olympiques ; néanmoins, l’important reste de perturber certains projets capitalistes qui sont accélérés par le « carburant olympique ». Comme stratégie, attaquer uniquement les Jeux Olympiques fait que les développements de ces projets capitalistes sont laissés invisibles. Mais attaquer le spectacle peut aussi créer un climat social instable pour l’investissement...

Développement

« Depuis que Vancouver-Whistler a été nommée ville hôte des Jeux Olympiques d’hiver en 2003, la ville a expérimenté les expulsions à grande échelle et pratiqué le déplacement de la pauvreté urbaine. Des centaines de logements à prix modiques, des “single room occupancy” (SRO), ont été perdus dans le Downtown Eastside (DTES), le quartier le plus pauvre de Vancouver et un “corridor” important pour les médias olympiques et les touristes. La plupart étaient des hôtels forcés de fermer leurs portes soit parce que leurs propriétaires voulaient les détruire ou les rénover en des hôtels haut de gamme pour l’industrie olympique/touristique ou par le conseil de ville qui forçait la fermeture des immeubles qui violaient les normes d’incendie, de santé et de sécurité. »
extrait de Homelessness 2010 – Background.

Le développement est publicisé comme une amélioration nécessaire, la fille innocente du progrès, alors que ce n’est pas moins que l’imposition de la volonté du profit sur nos vies. Le développement est un processus enraciné dans l’occupation et l’exploitation de la terre et des peuples, afin d’extraire des ressources (matières premières et territoires) pour qu’elles soient reconstituées en blocs de construction pour la gestion de l’espace.

Le développement et le déplacement dans le Downtown Eastside sont communément promus comme processus de revitalisation. Ce quartier est l’axe principal de circulation des visiteurs et des médias olympiques. Aussi, il est stratégiquement important pour l’assaut de la gentrification : il est situé entre des zones touristiques et économiques clées. L’usage non dissimulé de la drogue, la pauvreté et les crimes mineurs sont prépondérants dans ces rues ici et considérés comme un obstacle à la confiance des investisseurs. La « revitalisation » est réellement une collaboration entre diverses puissances économiques : galeries d’art, universités, constucteurs de condos, services sociaux et municipaux qui encouragent l’élargissement de la gentrification déjà en place dans les quartiers avoisinants et, surtout qui déplacent les éléments indésirables. Cette « revitalisation » est un autre aspect de l’assujettissement des peuples indigènes, puisqu’un pourcentage significatif des résidents du DTES sont des indigènes qui ont été déplacées de leurs propres territoires.

Certains anarchistes de Vancouver ont participé au squat Woodwards de 2002 en bordure du DTES. Le squat, dont les participants furent évincés après une semaine, fut rasé pour permettre son re-développement en moins d’un an. La ville se servit des demandes de logements sociaux faites par des activistes de gauche présents au squat Woodwards pour promouvoir le redéveloppement, promettant des logements à marchés mixtes (quelques logements à prix modiques dans une mer de sales riches ; la “diversité”). Ces quelques logements publiques sont aussi problématiques car seuls peuvent y loger ceux et celles qui peuvent se conformer à la bureaucratie, aux listes d’attentes et aux standards gouvernementaux concernant l’espace. La reconstruction du Woodwards fut à la tête du processus de « revitalisation », qui prit de la vitesse quand la ville paya plus que leur valeur marchande l’achat d’environ une douzaine d’hôtels SRO, et quand les constructeurs commencèrent à démolir des bâtiments et à construire des condos coûteux à la place (un processus qui n’est toujours pas terminé). La reconstruction du Woodwards fut le cheval de troie de la gentrification, comme l’agent immobilier “roi du condo” Bob Rennie l’indiquait dans sa promotion du Woodwards : « soit audacieux ou déménage en banlieue. » L’audace consistant à vivre dans le même bâtiment (quoique séparés par des mesures de sécurité) que les personnes qu’ils exploitent !

En novembre 2008, quelques artistes se firent offrir l’accès gratuit à un espace d’organisation dans le DTES pendant un an. L’espace, appartenant à des slumlords de grande renommée, devait être dirigé par des artistes locaux (qui invitèrent des anarchistes à participer) et contribuerait à la revitalisation du voisinage. Trouvant une solution aux “problèmes” que représentaient la présence de squatters drogués et un bâtiment sur le point d’être condamné, les propriétaires s’en tireraient avec l’image de bienfaiteurs généreux, avec tout le crédit politique censé leur apporter. Le développement de cet espace pour vendre de l’art n’aurait été vitalisant que pour les artistes, leurs clients (les riches), et les développeurs et agents immobiliers qui se serviraient de cet espace comme panneau publicitaire pour vendre le quartier comme expérience culturelle enrichissante.

Un autre développement colossal à l’horizon est la transformation de Little Mountain, le plus ancien HLM de Vancouver. Le projet d’habitation fut bâti en 1954 après la pression exercée par des vétérans de la 2nde guerre mondiale qui squattaient un hôtel et des dortoirs militaires inutilisés. Certaines familles vivent à Little Mountain depuis plusieurs générations. Le projet d’habitation a été traité de « gaspillage d’espace » parce qu’il y a de grandes zones d’herbe entre les bâtiments. La valeur de l’espace social où les enfants jouent et les voisins se partagent de la nourriture a été quantifiée. Les occupants de 210 appartements sur 224 ont déjà été expulsés. Bien qu’il soit prévu que les bâtiments soient démolis et la zone développée en un mélange de logement à marchés mixte et de logements sociaux, semblable au modèle du Woodwards, les résidents de 14 appartements refusent de partir et, accompagnés d’organisations activistes, ils ont créé une campagne pour sauver leurs domiciles. Le développement à Little Mountain est suspendu dû à l’effondrement économique forçant le développeur, le Holborn Group, à admettre qu’il ne commencera pas à construire avant 4 ans au minimum.

Les anarchistes n’avaient pas de contacts personnels avec les résidents intransigeants mais, inspirés par leur refus de quitter l’endroit, ils leurs rendirent visite et discutèrent avec eux de stratégies. Les anarchistes firent des invitations pour une rencontre de résidents, avec deux propositions :
1. Squatter un immeuble d’appartements condamné afin de soutenir la résistance et possiblement de l’utiliser comme un centre d’information à propos du développement et de la gentrification de la ville.
2. Organiser une manifestation devant un autre projet de développement du groupe Holburn.
Ces propositions ont été rejetées lors de la rencontre par les résidents ainsi que par les activistes, qui soutenaient qu’elles n’étaient pas stratégiques à ce moment-là. Cependant, chose plus importante, des débuts de relations furent créés et un dialogue ouvert, permettant des collaborations futures.

Une autre fois, des anarchistes tentèrent de se connecter à des luttes locales après avoir appris que les résidents de Tsawwassen, une petite ville au sud de Vancouver, avaient utilisé leurs voitures pour bloquer la circulation sur l’autoroute 17 en juin, et qu’en juillet ils avaient manifesté devant l’école avec leurs enfants et bloqué l’accès à leurs propriétés aux travailleurs de la B.C. Transmission Corporation (BCTC). La BCTC remplaçait et actualisait les lignes de haute tension qui passaient par les cours arrières des résidents. En juillet, trois résidents furent arrêtés. Le premier aurait interféré dans le projet en s’asseyant sur le sommet d’un poteau, un support pour une tour de transmission, et arrachant des poteaux d’inspection. Le second se serait servi d’un grand miroir pour faire refléter de la lumière sur deux travailleurs dans un camion, et le troisième fut arrêté, mais sans accusations. BCTC déclara également qu’ils avaient trouvé de profondes coupures dans des poteaux, que des travailleurs avaient été menacés, dont un par un homme tenant un pied de biche, et que quelqu’un avait versé de l’urine par la fenêtre ouverte d’un véhicule inoccupé appartenant à un employé de la BCTC. En août, des anarchistes se pointèrent aux procès des deux résidents ayant reçu des charges et, à deux reprises, visitèrent des résidents de Tsawwassen pour ouvrir le dialogue. Malheureusement, les lignes de haute tension furent installées.

Espace

Les anarchistes de Vancouver sentent souvent un manque d’espace à partir duquel s’organiser. Il existe quelques espaces comme des librairies ou des cafés qui supportent les événements anarchistes, mais il ne s’agit pas de bases consistantes pour des projets. De manière temporaire, des anarchistes squattent des espaces pour des soirées d’information au sujet de prisonniers (particulièrement John Graham, Gabriel Pombo da Silva et José Delgado), pour des projets, des échanges de savoirs-faire et pour mépriser ensemble la signification assignée à l’espace. Cependant, ces espaces manquent de continuité à partir de laquelle développer une révolte sociale et des relations au-delà du “milieu” anarchiste.

Des anarchistes pensent ouvrir un lieu à l’été 2009. Cet espace sera utilisé pour des projets sociaux, des événements de solidarité et, avec les Jeux Olympiques qui s’en viennent, l’espace accueillera sûrement des visiteurs/visiteuses ayant l’intention de déranger le statu quo. Puisque Vancouver est une nouvelle ville, il y existe très peu d’espaces inoccupés. Elle grandit encore et ce qui est temporairement vacant est gardé et converti pour les intérêts financiers de la propriété. Les squatteurs n’ont pas de droits au Canada et même si le squat secret à plus long terme est possible, les squats publics sont plutôt immédiatement évincés par les flics. Même si cet espace était loué, les projets et les actions qui s’y dérouleraient n’adhèreraient pas aux limites imposées par la légalité : l’objectif ne sera jamais uniquement de préserver, en toute légalité, l’existence de cet espace. Ce n’est pas cet espace à l’intérieur du capital qui est désirable, mais le fait d’en faire une véritable une piste d’envol pour le conflit continuel avec l’État et le capital. Un espace qui ne peut pas être marchand, dont l’intention est d’être une véritable menace aux patrons en tant que site ingérable et d’instigation. L’espace n’est pas un but en soi. Fondamentalement, l’espace doit se dépasser.

Récemment, des anarchistes venus d’ailleurs au Canada ont emménagés à Vancouver et ont ouvert un espace/projet semi-public, Le Maquis, dans le Downtown Eastside.
Extrait de leur texte “autour du maquis” :
« …Nous avons été inspirés par plusieurs formes de connexions et d’organisations qui ont émergées dans ce contexte ; camps pour protéger les montagnes… les actions directes et autonomes, des fenêtres qui pètent aux feux qui prennent, la ténacité des bums du Downtown Eastside à occuper les rues et les parcs… Ils/elles luttent tous les jours contre la répression policière, la privatisation de l’espace, le mépris des riches…
Malgré cette résistance inspirante, nous avons remarqué un manque flagrant d’espace pour la politisation, le développement de liens et l’organisation basée sur l’objectif de contrer la domination sous toutes ses formes et par laquelle la lutte puisse grandir… Nous construisons un espace pour la recherche, la créativité, la subversion du quotidien, la communisation des sensibilités… dans le but d’encourager une réappropriation radicale du territoire ici.
 »

Des groupes et des individus lancent une invitation à la révolte dans les rues de Vancouver contre la gentrification, le contrôle social et les Jeux Olympiques. Plus formellement, le ORN (Réseau de Résistance aux Jeux Olympiques) appelle à une convergence à Vancouver contre les Olympiques durant le déroulement des jeux en février 2010. Un appel informel est lancé internationalement à collaborer à un “Carnaval de la Révolte”, qui veut faire de la place à l’art de la rue et au graffiti. Les gens sont invités à pousser leurs passions et leurs critiques sur les murs de leurs mondes. Cette invitation à remplir les murs de messages et d’images, qui s’inscrit dans le cadre du renversement des significations assignées à nos espaces, a pour but d’inspirer les gens au-delà de la soumission, d’interagir avec leurs peurs et de manifester les émotions en actions.

Solidarité avec les autochtones

La résistance des autochtones à la colonisation est une source d’inspiration dans la lutte anarchiste locale contre l’industrialisme, le capitalisme et l’État. L’institution de la colonisation existe seulement en Colombie-Britannique depuis 150 ans, mais son impact fut rapide et brutal. L’Indian Act, passé en 1876, confina les peuples indigènes aux réserves et aux abusives écoles résidentielles chrétiennes et fit passer des lois contre l’usage de leurs langues et de leurs modes de vie. Dès le début de la colonisation, il exista une rigoureuse résistance armée de la part des nations autochtones, qui ralentit vers 1890. L’État canadien, qui cherche à sécuriser l’approvisionnement de ressources pour l’expansion du capital, est encore engagé dans une guerre contre la révolte des autochtones. Dans les années 1960, il y eut une résurgence dans la résistance indigène sous la forme de sociétés guerrières et d’organisations radicales qui se concentrèrent particulièrement sur la réoccupation des terres et les luttes pour les modes de vie traditionnels.

La “Colombie-Britannique” est presque entièrement composée de terres non cédées. Cela signifie qu’aucun traité n’a été signé et que les indigènes sont légalement en possession de ces terres. Le processus du traité de la Colombie-Britannique a débuté peu après la crise d’Oka en 1990. Au cours de cet été et de cet automne, le plus grand nombre jamais vu de blocages de routes et de chemins de fers en solidarité avec les Mohawks eurent lieu en Colombie-Britannique. Le processus du traité de la Colombie-Britannique avait plusieurs buts : légitimer le vol des terres indigènes ; présenter le gouvernement comme étant juste et honorable de corriger les « injustices historiques » ; fournir une garantie économique aux corporations (les industries minières, de foresterie, d’extraction d’huile et de gaz, les stations de ski, etc) ; et assimiler les peuples autochtones.

Les touristes débarquent en Colombie-Britannique séduits par des histoires de magnifiques terres intouchées et d’aires de récréation. Les parcs ont comme fonctions principales d’être des réservoirs de devises et, originellement, d’empêcher les peuples indigènes de vivre de façon autonome. La Colombie-Britannique est encore promue comme “frontier” (terre intouchée, frontière) pour le capitalisme et la colonisation.

Quelques insurrections autochtones plus récentes : à partir de 2006, réoccupation de terres urbaines par des personnes des Six Nations, en Ontario, qui empêcha un gros projet de développement d’empiéter sur la réserve ; Sutikalh, réoccupation toujours en cours sur le territoire St’at’imic pour arrêter le développement d’un centre de ski ; persistance des personnes autochtones à se nourrir de la terre, notamment en pêchant sur le territoire Cheam malgré les charges et les amendes administrées par le Département de Pêche et des Océans et en faisant la cueillette de baies et la coupe d’arbres dont elles se servent pour construire des structures sur des terres qu’elles ont fait leurs.

À plusieurs endroits en Colombie-Britannique, les stations de ski qui se développent ou que l’on prévoit développer (entre autre en vue des Jeux Olympiques) font face à la résistance des peuples Nlaka’pamux, Secwepmec et St’at’imic.

Cet été, des anarchistes visitèrent le campement Nlaka’pamux, établi dans les montagnes Coquihalla pour attiser la résistance contre la signature approuvant la construction d’un centre de ski sur les terres de ces derniers. Le campement fut monté là où des gens campent, cueillent des baies et amassent des herbes médicinales depuis des milliers d’années.

Les anarchistes en Colombie-Britannique contribuent au support de la lutte des Secwepmec pour leur terre depuis le face-à-face à Gustafsen Lake, en 1995. Un “siège” armé d’un mois eut lieu entre la police et le peuple indigène sur leur terre ancestrale. Le conflit est né quand un propriétaire de ranch du coin se mit à exiger qu’un campement de la Sundance Secwepmec quitte une terre dont il se déclarait propriétaire. Le campement était composé d’hommes, de femmes, d’enfants et d’aînés. La Gendamerie Royale du Canada (GRC) tira des milliers de cartouches de munitions en direction du campement. Les anarchistes supportèrent les défenseurs de la terre Ts’peten, les Secwepmec de la région de Gustafsen Lake, en soutenant certains “warriors” ayant à comparaître au tribunal ou à faire des peines de prison, en diffusant de l’information, en créant des sites webs et en faisant des collectes de fonds. En 2005, les anarchistes de Vancouver assistèrent à l’anniversaire de dix ans du “stand-off” à Ts’peten.

Des personnes Secwepmec, dont certaines présentes au face-à-face de Gustafsen Lake, se battent contre le centre de ski Sun Peaks depuis 1997. En 2004, elles lancèrent un appel à une convergence à Sun Peaks, à laquelle se présentérent des défenseurs de la terre autochtones et des supporteurs non-autochtones, incluant des anarchistes. Ce jour-là, une structure fut bâtie avec du bois venu du terrain de golf de Sun Peaks. Les Secwepmec occupèrent la structure pour surveiller la destruction de leurs terres par la station de ski, pour affirmer leur possession du territoire et pour répandre de l’information. Le camp, qui dura un mois avant que ses occupants ne soient expulsés, était composé majoritairement d’autochtones ; quelques anarchistes et activistes y contribuèrent également. Sun Peaks est un site d’entraînement olympique pour l’équipe de ski autrichienne.

Une “guerrière” du Native Youth Movement (NYM) Tselletkwe, de la nation Secwepmec, fut arrêtée au cours d’une manifestation perturbatrice qui interrompit la cérémonie du dévoilement du “count down clock”, un cadran affichant un compte à rebours jusqu’aux Jeux Olympiques. Elle fit cette déclaration au moment de sa remise en liberté : « Notre terre n’est pas à vendre, nous sommes toujours en guerre avec le KKKanada, nous n’avons jamais cédé nos terres. Nous voulons que le monde entier sache de ne pas venir dans notre pays et de boycotter le KKKanada et les Jeux Olympiques de 2010. Le tourisme n’est pas le bienvenu ici. »

En mai 2000, des personnes de la nation St’at’imic bâtirent un campement dans les montagnes, à quatre heures au nord de Vancouver, pour arrêter le développement d’un centre de ski. Le campement, qui porte le nom de Sutikalh, continue avec succès d’empêcher la construction du centre et sert de point de rencontre pour se rassembler dans un contexte de résistance et de subsistance. Les St’at’imic qui vivent à Sutikalh voient également le campement comme une protection de l’eau pure des sources des montagnes et comme un défi au système de réserves, encourageant les gens à réoccuper les terres traditionnelles et à vivre activement avec la terre. Les anarchistes de la Colombie-Britannique ont supporté et se sont sentis supportés par Sutikalh au cours des années ; ils ont créé des liens, fourni du matériel et des fonds, ont bâti et jardiné. À la fin de chaque été depuis cinq ans, les anarchistes se rassemblent pour récolter et faire des conserves de baies, pour s’entraîner physiquement et pour discuter.

La lutte à Sutikalh n’est pas finie ; les Jeux Olympiques d’hiver de 2010, qui doivent avoir lieu non loin de là, à la station de ski de Whistler, augmentent la menace envers la région en stimulant les marchés des actionnaires (par exemple, certaines compagnies seront peut-être plus tentées d’investir au vu des conditions favorables créées par 2010). Pour ces raisons, Sutikalh demeure un point de convergence important pour la résistance en communauté contre n’importe quel centre de ski potentiel. Après 9 ans, Sutikalh continue d’être une expression de souveraineté St’at’imc et du désir de ce peuple de protéger leur territoire et leur mode de vie. Sutikalh a résisté aux attaques de milices de colons et aux descentes de la police et continue à recevoir le support d’autres communautés St’at’imc.

La solidarité est un concept répandu autant chez les anarchistes qu’au sein de la résistance autochtone. Quand un site de résistance est menacé, il est fréquent que d’autres nations à travers le pays répondent en bloquant des autoroutes, des ponts et des lignes de trains ou en occupant les bureaux des conseils de bande. Les anarchistes à travers le Canada, et en particulier en Colombie-Britannique, participent parfois aux mouvements de solidarité avec les luttes autochtones.

En 2006, des anarchistes de Vancouver visitèrent un site de projet de développement occupé près de Six Nations, en Ontario, et restèrent quelques jours durant au conflit. De retour à Vancouver, ils organisèrent une soirée d’information au sujet de la lutte à Six Nations et contre le développement, et participèrent à une manifestation de solidarité menée par des autochtones qui bloqua partiellement un gros pont du centre-ville. À Courtney (Colombie-Britannique), il y eut une autre manifestation de solidarité initiée par des anarchistes qui créèrent de nouveaux liens avec des autochtones de la région. Ils bloquèrent temporairement un pont et accrochèrent d’immenses bannières sur lesquelles on pouvait lire « Six Nations you do not stand alone » (« Six Nations vous n’êtes pas seuls »), et « Solidarité avec les warriors des Six nations ».

Le 25 avril 2008, la police provinciale de l’Ontario (PPO) encercla les carrières de gravier réclamées en 2007 par des autochtones de la réserve Tyendinaga (nation Mohawk). Des Mohawks qui occupaient un site de développement près de là se retirèrent dans la carrière menacée d’invasion. La police, brandissant leurs fusils, exigea la capitulation des Mohawks qui occupaient, puis attaqua et arrêta nombre de Mohawks. En réponse, une route fut creusée près de la carrière et le feu fut mis à un champ afin d’éloigner la police ; les gens des Six Nations bloquèrent le pont de l’autoroute 6 près de Caledonia. Des anarchistes de l’Ontario se rendirent sur les sites occupés à Six Nations et à Tyendinaga.
En solidarité avec la lutte à Tyendinaga et Six Nations, le 28 avril 2008, à Vancouver, une centaine d’autochtones et de supporteurs non-autochtones, incluant des anarchistes, bloquèrent une route principale de transport par camion de l’Est de Vancouver. La marche qui précéda le blocage fut menée par des aînés autochtones et soutenue par des warriors et des soutiens ; ils bloquèrent une intersection majeure pendant trois heures à l’heure de pointe, causant de gigantesques bouchons de circulation qui s’étendirent jusqu’à la frontière américaine.

Un communiqué anonyme d’une action de solidarité avec la lutte anti-développement des Six Nations de Bratford, Ontario, dit : «  dans la nuit du lundi 14 juillet 2008, à l’est du pont Abbotsford-Mission (près de Vancouver), d’épais fils de cuivre furent placés en travers des chemins de fer, connectant deux rails pour imiter un blocage et, on l’espère, déranger le trafic des trains pendant des heures. L’endroit choisi est stratégique parce qu’il s’agit d’un goulet de trois lignes de trains majeures. Si notre solidarité est expansive, turbulente et ciblée, nous pouvons faire avancer notre propre lutte pour la liberté tout en en renforçant d’autres. »

Des anarchistes de Vancouver se sentent solidaires avec le guerrier autochtone John Graham depuis le début de ses audiences d’extradition en 2004. John vivait à Vancouver depuis plusieurs années au moment de son arrestation. Des anarchistes apprirent que le gouvernement états-unien menait une enquête sur John Graham par l’entremise du Native Youth Movement local, d’amis communs et de la famille de John. Le FBI prétend que John Graham aurait, en 1975, tué Anna Mae Pictou Aquash, son amie et camarade du American Indian Mouvement (AIM). John Graham est présentement enfermé au Dakota du Sud, en attente de son procès.

Inspirés par la résistance de John au minage d’uranium, à l’exploitation de la terre et à la colonisation, des anarchistes de Vancouver (et, à certains moments, des anarchistes d’ailleurs en Colombie-Britannique) ont assisté à ses appels au tribunal, lui ont rendu visite alors qu’il était sous arrestation à domicile ou en prison, ont organisé des ateliers, des évènements d’informations et des levées de fonds, ont fait de l’affichage, produit des tracts et supporté les évènements tenus pour John par le Native Youth Mouvement ou par ses filles. Il existe aussi une campagne de graffiti en solidarité avec lui à Vancouver.

La solidarité anarchiste avec John Graham signifie continuer la lutte contre le développement, contre le minage d’uranium, contre la police, contre toutes les prisons. Comme Anna Mae Pictou Aquash elle-même le disait après avoir été arrêtée et menacée par le FBI en septembre 1975, « les prisons ne sont pas une solution aux problèmes. »

Contrôle et coercition dans la prison ouverte

Le contrôle social et la coercition existent à une myriade de niveaux en Colombie-Britannique ; ils semblent avoir un costume pour chaque occasion. Sous le prétexte d’améliorer la sécurité, il pousse des yeux et des oreilles au contrôle sous la forme de caméras, que l’on installe à tous les coins de rues et sur les murs des boutiques. Le département de police de Vancouver (VPD) tente de recruter en affirmant sa prétendue multiculturalité, mais le contrôle fut débarrassé de son apparence illusoire lorsqu’un livreur de journaux fut battu brutalement et volé par trois policiers qui lui dirent en lui donnant des coups de pieds « on aime pas les gens bruns, buddy (pote). » L’un de ces trois connards était auparavant bénévole du centre de police communautaire et est en charge de la formation des policiers sur l’usage de la force. Dans plusieurs quartiers, le contrôle est costumé en flic beat sympathique dans des centres de police communautaires à but non lucratif. Le contrôle apparaît le visage nu sous la forme des mitrailleuses, des masques à gaz et des hélicoptères, tandis que des milliers de troupes canadiennes se préparent pour les Jeux Olympiques avec des opérations militaires nommées bronze, argent et or. Tragiquement, le contrôle prit la forme familière du bourreau lors de l’assassinat récent de Robert Dziekanski, un immigrant polonais qui mourut après avoir été électrocuté plusieurs fois avec un taser par la GRC (la police nationale du Canada). L’un des agents de police responsable pour la mort de Dziekanski, Monty Robinson, qui était aussi impliqué dans l’affaire Sun Peaks, fait maintenant partie de l’unité de sécurité intégrée des Jeux Olympiques, et a causé la mort d’un jeune motocycliste en conduisant en état d’ébriété.

La GRC table aussi sur l’intimidation en frappant aux portes d’anarchistes, d’activistes et d’autochtones souverainistes pour tenter de leur soutirer de l’information sur des « perturbations ou actions directes » anti-Olympiques, ou sur des personnes qui supportent ces activités. Un corps olympique de la GRC a tenté d’organiser des rencontres avec des personnes qui ont été surprises à faire des graffitis anti-Olympiques.

Réponses directes

En 1995, un Centre de police communautaire (CPC) fut construit dans le parc Grandview dans la région de la « promenade commerciale » de l’est de Vancouver. Depuis son implantation, il a fait face à une opposition considérable : écriture de lettres, manifestations publiques et attaques faites au bâtiment lui-même. En 2005, après plusieurs vitres cassées, attaques de bombe à la peinture, tentatives d’incendie et perturbations lors d’évènements de recrutage du CPC, il fut déplacer du parc Grandview.

En novembre 2008, à son nouvel emplacement sur la « promenade commerciale », des pierres furent lancées dans trois des cinq fenêtres du CPC le même soir que les serrures de deux autres CPC et d’un Poste de probation furent enduites de colle. Le coût du remplacement des vitres fut de 2 740$ et, en janvier 2009, le CPC fit un appel aux dons pour payer leur remplacement. Le même mois, les fenêtres du CPC furent pétées à nouveau. L’appel aux dons grimpa jusqu’à 6 000 $. En février, le CPC reçu un don de pierres qui cassèrent les deux fenêtres qui restaient et leur porte de vitre. Maintenant entièrement couvert de contreplaqué, le CPC a annoncé publiquement qu’il y aurait désormais besoin de 16 000 $ pour remplacer la vitre et installer des volets de protection en métal. Il a même été déclaré que « Si nous fermons nos portes, ils/elles gagnent. » Trois affiches furent collées abondamment dans le quartier expliquant la situation et encourageant d’autres actions anti-CPC. Une des affiches déclarait que le CPC est une « institution de contrôle social travaillant dans l’intérêt des riches et qui encourage la gentrification dans la région de la promenade Commerciale. Ils tentent de projeter une image amicale et communautaire dans le but de masquer la vraie nature de leurs activités. » Le CPC répliqua avec des articles dans les médias de masse traitant les lanceur/euses de pierres et les poseur/euses d’affiches de paranoïaques, de peureux, et déclarant : « Nous sommes assommés. Ce n’est pas du vol, ce n’est pas du méfait. Ils/elles sont carrément des anarchistes. »

Le Poste de probation (PP) sur la promenade Commerciale a aussi eu le privilège d’être la cible répétée d’actes hostiles. Le soir de l’extradiction du guerrier indigène John Graham, le 7 décembre 2007, les serrures du PP furent couvertes de colle et leurs murs furent taggués. En juin 2008, le poste fut couvert de graffitis qui disaient « Fuck la probation », « Détruisons les prisons maintenant ! », « Solidarité au-delà des frontières », et « La liberté est notre crime ! ». Le même soir, deux caméras de sécurité de l’autre côté de la rue furent obscurcies avec de la peinture. Cette action fut revendiquée dans le contexte de la semaine de “Solidarité sans frontières”, due aux arrestations et à l’emprisonnement de 5 anarchistes en France. L’action fut décrite comme étant « une négation et une étreinte ». Refusant le contrôle de la caméra et de la loi sur nos possibilités, cette action veut la solidarité avec tou-te-s les autres qui se battent pour la liberté dans la destruction des prisons et de cette société de prisons. En août 2008, la fenêtre du PP fut cassée en solidarité avec des centaines de prisonnier/ières en Europe qui participaient à une grève de la faim massive du 1er au 7 août, en particulier avec les anarchistes Gabriel Pombo da Silva, Jose Fernandez Delgado et Amadeu Casellas.
Le 6 août, un communiqué internet se déclarait responsable de bombes ayant causé des dommages à deux véhicules appartenant au VPD, la camionnette du shériff et une voiture de police, dans le Downtown Eastside. Les raisons données dans le communiqué étaient « la police et la sécurité privée, les tribunaux, les shériffs et les juges continuent de renforcer la circulation ordonnée et légale de marchandises et d’argent avec un contrôle social sans limites. Leur complicité est présente dans l’exemple du développement, de la répression policière et des prisons. Ils/elles ne devraient attendre rien de moins que des véhicules en flammes et des expressions créatives de notre mépris. » L’action fut aussi revendiquée en solidarité avec les prisonniers en grève de la faim en Europe et avec les trois mêmes anarchistes mentionnés plus haut, plus Marco Camenisch.

SANS CONCLUSION...


Riot 2010 ? Riot now ! - Attaquer les Jeux Olympiques et leur projet : Canada, Grèce et Italie (Extraits)


[...] Dans la vie et dans la mort, les personnes sont au service de la voracité du capital. Dans l’urgence de bâtir l’infrastructure des Jeux Olympiques de 2010, deux travailleurs sont morts au travail et un autre en rentrant chez lui tôt le matin après avoir travaillé pendant l’horaire de nuit.

Le 12 juin 2006, Mike Greer, un artificier expérimenté de 45 ans, est mort dans un accident de travail à l’explosif lors de la construction d’une route vers le site olympique de la vallée Callaghan près de Whistler qui allait uniquement servir à la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) et au personnel de sécurité et d’urgence. Mike Greer avait travaillé 10 à 11 heures par jour, 6 jours par semaine. Le 15 juin 2006, des dégâts d’une valeur de 50 000 $ ont été fait à 5 véhicules sur cette même route. En 2007, Construction Murin a reçu une amende de 216 000 $ pour « grossière négligence » en relation avec sa mort.

Le 21 janvier 2008, Andrew Slobodian, âgé de 22 ans, qui provenait de l’Ontario, Canada, est mort pendant qu’il travaillait sur le projet Canada Line Rapid-Transit à Vancouver pour les Jeux Olympiques de 2010. La grue qu’il opérait s’est retournée sur elle-même et l’a écrasé au milieu du pont qui traverse la rivière Fraser, de Vancouver à Richmond.
En 2006, il fut révélé par une pétition supportée par un syndicat que les travailleurs-euses étrangers-ères qui travaillaient pour les entrepreneurs de Canada Line Rapid-Transit étaient payé-e-s moins de 4 $ de l’heure par SNC Lavalin et autres, représentés par la compagnie joint venture InTransitBC. [...]

Ces entreprises exploitent et maintiennent la précarité de travailleur-euses étranger-ères afin de les payer le moins possible, de continuellement réduire leurs salaires et de les renvoyer dès qu’ils-elles ouvrent leurs gueules. C’est ce qu’elles ont fait récemment quand des travailleurs-euses impliquées dans l’organisation syndicale se sont fait renvoyer sous prétexte que leurs services n’étaient plus requis. Leurs visas ont été annulés, ce qui a rendu leur existence au Canada illégal.
Après ces Jeux Olympiques, le projet du capitalisme, de colonisation et de contrôle social continuera très probablement. Nos luttes précèdent les Jeux de 2010 et ne s’y arrêteront pas.

Les Jeux Olympiques ne sont qu’un masque de plus que portent les patrons, un spectacle qui nous encourage à célébrer et à payer le prix d’entrée de notre propre exploitation. Nous ne nous délectons pas de leur mascarade ; nous célébrons par notre rébellion.

Résistance au projet olympique en Grèce

Les Jeux Olympiques devaient avoir lieu à Athènes, en Grèce, à l’été 2004. Cependant, des anarchistes grec-ques ont lancé un cri d’appel qui résonna dans les voix de plusieurs autres : « Pour que les Jeux Olympiques meurent sur la terre où ils sont nés ! »

En novembre 2003, des anarchistes ont attaqué trois banques d’Athènes avec des bombes à gaz artisanales pour exprimer leur solidarité avec sept anarchistes emprisonnés et leur opposition à l’arrivée du chef du FBI Robert Mueller, qui venait inspecter les mesures de sécurité prévues pour les JO. Les sept anarchistes étaient en prison pour leur participation à des manifestations au sommet de l’UE à Thessaloniki en juin 2003, durant laquelle des commerces, des banques et des voitures avaient subi des dégâts.

Des dizaines d’autres actions ont été faites en solidarité avec les prisonniers, incluant des grèves de la faim dans d’autres prisons, la réquisition de stations de radios commerciales, des attaques incendiaires contre l’infrastructure étatique, le sabotage de 70 entrées de stations de métro à Barcelone et le déploiement de bannière à un événement olympique. En poussant les actions au-delà d’une simple réponse à la répression, la solidarité devient une attaque qui renforce d’autres aspects de la lutte. Les actions se faisaient écho : « La solidarité est notre arme ! »

En février 2004, deux camions du gouvernement ont été brûlés avec des bombes à gaz artisanales durant une série de rencontres du Comité International Olympique (CIO) à Athènes. La revendication de l’acte était signée par les mascottes olympiques. Afin de compléter l’infrastructure olympique à temps, les travaux se sont effectués sans pauses et plusieurs travailleurs-euses temporaires étrangers-ères ont été engagé-e-s. Dans la ruée, des douzaines de travailleurs-euses sont mort-e-s. Il n’y a pas de chiffres officiels. Certains disent que jusqu’à 150 travailleurs-euses ont trouvé la mort sur des sites de construction reliés aux Jeux Olympiques en Grèce.

Le 25 février 2004, devant le ministère du travail de Grèce, une manifestation anti-olympique a eu lieu. Elle dénonçait aussi les conditions de travail au site du village olympique où cinq travailleurs-euses étaient déjà mort-e-s. À la manifestation, certainEs ont lancé des pierres et de la peinture rouge et ont affronté la police.
Les mesures de sécurité des Jeux impliquaient la construction de nouvelles prisons, des systèmes de sécurité de l’OTAN, les services secrets américains, britanniques, israéliens et australiens et l’installation de centaines de caméras de surveillance publique de la police.

Exactement 100 jours avant les Jeux, 3 bombes à gaz ont explosé causant des dégâts à une station de police. Le 22 juillet 2004, des engins incendiaires ont été jetées au bâtiment du ministère de la culture et au quartier général de l’Olympiade culturelle occasionnant des dégâts structurels. Durant une manifestation anti-olympique tenue plus tard ce soir là, les anarchistes ont lancé une bombe incendiaire sur le bâtiment du ministère de l’intérieur et ils ont recouvert de peinture les caméras de surveillance installés pour les Jeux Olympiques.

Le 27 août, une émeute eut lieu à Athènes contre la visite prochaine du secrétaire des États-Unis, Colin Powell, aux Jeux Olympiques, détruisant et arrachant les caméras de surveillance, attaquant les bureaux de l’Association des Industriels et tagguant « contre les Olympiques de la répression » sur un panneau d’affichage. Colin Powell annula sa visite en Grèce.

Les Jeux Olympiques sont finis en Grèce, mais les caméras de surveillance continuent à être attaquées. Des douzaines de caméras ont été détruites durant des manifestations de jour, des attaques de nuit ou en sabotage simultané de différents endroits.

À Athènes, en novembre 2005, la circulation a été bloquée par une bannière disant « Sabotez les systèmes de contrôle social », pendant que des camarades mettaient le feu aux boîtiers des caméras. C’est la deuxième fois que ces caméras étaient détruites.

Résistance au projet olympique en Italie

Les Jeux Olympiques qui ont succédé à Athènes ont été ceux d’hiver à Turin en Italie en 2006. À temps pour les Jeux, les patrons ont décidé d’hâter la construction d’une ligne de train haute-vitesse (TAV) allant de la France à l’Italie malgré la résistance active à la construction des TAV depuis la fin des années 90. Un anarchiste de Carrare a décrit le mouvement anti-TAV comme étant un obstacle au processus de restructuration qui a comme résultat la destruction de l’environnement de la région, le renvoi de milliers de travailleurs-euses et la surexploitation des travailleurs-euses des chemins de fer au profit d’une clique de spéculateurs-trices et de businessmen.

En mars 1998, la police italienne a arrêté 3 anarchistes sous les accusations sérieuses d’« association subversive dans le but de constituer une bande armée ». Ils ont été accusés d’actions directes variées liées à la lutte populaire contre la construction d’une voie ferrée de haute vitesse traversant le Val di Susa dans la région Piemonte.

Deux des anarchistes arrêté-e-s, Edoardo Massari, 38 ans originaire d’Ivrea, et Maria Soledad Rosas, 22 ans originaire d’Argentine, se sont suicidé-e-s pendant leur déténtion. Des anarchistes ont qualifié leur suicide de meurtre. Le soir suivant la mort de Maria, plus de 100 personnes se sont rassemblées au centre de Turin. Une barricade de vieux meubles, de bois et de matelas, bloquait la rue. Un barrage de bombes fumigènes et d’explosions de lumières transformaient la scène. Des graffitis sont apparus « ceci est la première riposte à la mort de Soledad ». 10 voitures ont été incendiées à l’ambassade italienne à Athènes et aux agences appartenant aux compagnies italiennes Fiat et Alpha Romeo comme geste de solidarité.

En 2005, la construction du TAV était en cours sur le site olympique pour les sports de montagne, Val di Susa. À l’hiver 2005, des résident-e-s de Val di Susa et d’autres personnes se sont rassemblées afin d’empêcher le train à grande vitesse en occupant un site de construction. Des résident-e-s de la vallée manifestaient, bloquaient des rues et déclenchaient des grèves de plusieurs semaines contre des projets de chemin de fer. Des graffitis contre la ligne de chemin de fer et l’occupation policière du Val di Susa, se sont répandus à travers la région.

En décembre 2005, le camp a été violemment expulsé par la police paramilitaire. Pour essayer de garder la police dehors des résident-e-s ont bloqué l’autoroute principale qui traverse Val di Susa et ont barricadé des rues dans la ville de Bussoleno. Des travailleurs-euses se sont mis-es en grève à Turin en solidarité avec la lutte.

Le lendemain de l’expulsion, une manifestation de masse comprenant des blocages, une bataille avec les flics et le sabotage d’équipements sur le site de développement du TAV a été tenue à Val di Susa. Des maires de la région ont tenté d’arrêter des anarchistes et des autonomes anti-capitalistes de charger la ligne de flics, mais ont raté.
Lors d’une manifestation de solidarité contre le TAV à Turin, des personnes ont bloqué un dépôt de chemin de fer, attaqué deux voitures de police et la voiture du Président de la région Piemonte, attaqué une banque et un magasin olympique et ont allumé un bûcher dans les rues. Des graffitis dans les rues ont dénoncé les jeux olympiques et la ligne de train à grande vitesse.

La route planifiée de la torche olympique a dû constamment changer à travers toute l’Italie. À Gênes, le 18 décembre 2005, un blocage a forcé la procession de la flamme à arrêter et la flamme à être transportée en voiture. À Trento, le 23 janvier 2006, la torche a été volée par des anarchistes, qui ont couru avec elle soixante mètres. À Bergamo, le 29 janvier, des conflits ont obligé la flamme à contourner la ville. À Cuneo, le 3 février, le parcours de la flamme a été retardé de quarante minutes dû à un câble tendu à travers la route par des anarchistes. À Val di Susa, le 5 février, des personnes ont envahi le défilé et ont essayé d’éteindre la torche avec un drapeau anti-TAV.

Pour être intervenu dans la course de la torche et avoir dérobé la torche à Trento le 23 janvier, Juan Sorroche et un autre anarchiste ont reçu des sentences d’emprisonnement qui ont été substituées par des amendes. Un autre des anarchistes arrêtés, Massimo, a affirmé au tribunal que la perturbation était en réaction à l’exploitation des travailleur-euses immigrant-es dans le projet de construction d’un chemin de fer haute vitesse lié aux Jeux Olympiques.

En juin 2006, à Rovereto, après que les évènements olympiques aient pris fin, Juan Sorroche et trois compagnons anarchistes ont refusé de présenter leurs papiers d’identité aux flics. Ils ont résisté aux tentatives des flics de les emmener à la station de police et quand les policiers ont appelé des renforts, ils ont résisté à l’arrestation, endommageant une voiture de police et obligeant six policiers à avoir recours aux premiers soins. Pendant qu’ils étaient en prison pour ces actions, Juan et un compagnon, Mike, ont fait paraître une déclaration exprimant que leurs action avaient été un acte de solidarité avec les immigrant-e-s et autres illégaux-ales « …qui, contrairement à eux, n’ont pas la possibilité de choisir mais sont condamnés à se sauver pour échapper à l’emprisonnement ». Ils encouragent la diffusion de la résistance au contrôle d’identité et appelle cela « solidarité active ». Affirmant que leurs actions reflètent leurs cœurs, ils refusent de se repentir.
Après avoir fait une partie de sa condamnation de neuf mois en prison, Juan a été relâché par un juge à la condition qu’il demeure dans une ville particulière et qu’il ne retourne pas à Rovereto. Il est parti quand même et il a été arrêté en Espagne sous plusieurs accusations, incluant celle d’avoir incendié trois wagons de trains appartenant à Trentalia, une action faite à cause de l’implication de la compagnie dans la déportation des immigrant-e-s.

En interagissant avec des luttes sociales dans d’autres endroits, nous voyons que le projet de domination sociale est global. Partout dans le monde, le capital a comme but d’avancer, restreignant l’accès aux moyens de survie, canalisant les populations dans la production et la consommation, et raffinant les méthodes de contrôle social.
Internationalement, le contrôle social (systèmes d’immigration, police, bien-être social, travail, technologie, prison…) est appliqué et exploré sous différentes facettes. La technologie de surveillance d’hier à Londres est celle d’aujourd’hui à Vancouver.

En commençant par véritablement s’engager dans nos propres luttes et en approfondissant nos relations ici, nos luttes peuvent s’intensifier en se déployant vers l’extérieur, vers d’autres qui partagent nos aspirations. La solidarité peut être une arme et un catalyseur de relations sociales subversives.

Même si nous pouvons apprendre des méthodes et des analyses de rébellion en Italie, en Grèce et dans tant d’autres endroits, nos propres méthodes doivent naître de notre entourage et des contextes que nous générons. Expérimentons et poussons-nous au-delà de nos propres limites.

Les systèmes de contrôle social grandissent, cultivées par des projets comme les Jeux Olympiques, mais ils sont attaquables. Car ils dépendent aussi de notre soumission continuelle. Nous leur refusons cette nécessité à travers notre rébellion perpétuelle.
Nous nous adressons aux compagnons toujours inconnus dont les cœurs se rebellent, les propulsant vers le conflit, la joie et la dignité, maintenant.


Frapper l’entièreté de la cible olympique (Juin 2009)


Comme nous le savons, les Jeux Olympiques sont bien plus qu’une semaine d’événements…

Les Jeux Olympiques sont utilisés comme projet pour accélérer le développement des infrastructures et de l’investissement économique. Alors que les appareils de contrôle social, tels que les caméras de surveillance et le flicage grandissant, s’implantent pour sécuriser ces investissements, l’infrastructure pave elle-même la route pour plus d’exploitation et de destruction écologique, ce qui lui permet plus d’efficacité. Les Jeux Olympiques sont une grosse machine de propagande et de publicité qui vend la Colombie-Britannique pour son développement économique.

Dans chaque ville où ils se sont tenus, les Jeux Olympiques sont un outil du capitalisme, ils poussent encore plus loin l’exploitation des gens et de la terre, au détriment, bien entendu, des pauvres et des exclus. La société ne bénéficie pas du développement économique, mais elle produit et soutient plutôt une élite. [...]

Pour saper le projet des Jeux Olympiques, les attaques et les interruptions doivent continuer d’aller au-delà du spectacle des Jeux.

Développement économique

Généralement, l’opposition aux Jeux Olympiques va au-delà de l’idée que les Jeux ne seraient qu’un simple événement : il ne s’agit pas juste de sites ou de villages pour les athlètes. Un certain nombre de personnes savent que l’élargissement de l’autoroute Sea-to-Sky de Vancouver à Whistler, et les autoroutes en général, est motivé par l’accroissement des possibilités de transporter des matériaux-ressources et des biens de consommation. Hausser la vitesse du transport contribue à augmenter le profit, tant localement qu’internationalement, ce qui attire l’investissement. Ce qui veut dire plus de minage, de coupes, de tourisme, de destruction de la terre et des territoires indigènes non cédés.

Pour donner une idée de comment ce projet de développement existe en Colombie-Britannique sur une plus grande échelle, l’autoroute 97 en est un bon exemple actuel. Le projet surnommé « Cariboo Connector Strategy » veut entre autres élargir l’autoroute 97 de deux à quatre voies entre Prince George (nord) et Cache Creek (sud) et connecter le pont Simon Fraser à Prince George. Ceci est absolument nécessaire à la connexion du nouveau port d’expédition qui est en construction à Prince Rupert, avec le sud de la Colombie-Britannique et le reste de l’Amérique du Nord.

«  Le Cariboo Connector va ouvrir le Nord, de la même façon que la Coquihalla a ouvert l’Intérieur. »
Kevin Falcon, ministre des Transports.
« Le Cariboo Connestor strategy fait partie du plan global de transport du ministère afin d’assurer que la circulation des gens et des biens soit efficace, ouverte et sécuritaire.  »
Ministère des transports.
« Le Cariboo Connector strategy va supporter tellement d’entreprises dans la région, de la foresterie au pétrole et au gaz au tourisme au minage  »
Pat Bell, Membre de l’Assemblée Législative de Prince George

Contrôle social

Ceux qui extraient les ressources et exploitent le travail humain utilisent les prisons, la police, la sécurité privée et les autres systèmes de contrôle social afin de protéger leurs investissements. Ils ont besoin de cette protection, puisque leurs intérêts sont en contradiction avec les nôtres. Pas parce qu’on veut de meilleurs salaires, ou une plus grosse part de la tarte, mais parce qu’ils nous contrôlent et détruisent les conditions de notre existence. Nous voulons détruire l’esclavage salarié, l’exploitation des ressources et toutes les formes de subordination. Nous sommes en faveur de la libre interaction des volontés, en faveur de l’accès direct aux moyens de nos vies.

Une fois les événements olympiques finis, nous serons pogné-es avec les caméras de surveillance, le contrôle social et la restructuration de l’architecture (comme la loi municipale Civil City), plus de police, de sécurité privée et d’entraînement à travers le pays des forces de sécurité aux mesures contre-insurrectionnelles.

Parce que plus de systèmes de contrôle social ont été installés, il devient plus difficile d’agir contre cet ordre d’exploitation et d’autorité. Comme à chaque fois dans l’histoire, le meilleur moment pour agir continue d’être maintenant. Nous devons agir maintenant. Alors qu’une forteresse est bâtie autour de nous et entre nous, nous devons agir pour saboter ses fondations profondes.

Action directe

Les interruptions de la cérémonie de l’horloge olympique et du Train de l’esprit olympique sont deux bons exemples qui discréditent le spectacle olympique et sa propagande progressiste. À la cérémonie de l’horloge, les reportages diffusés en direct ont été interrompus quand quelqu’un prit possession de la scène et, s’appropriant le micro, a gueulé « Fuck 2010 ! Fuck the Corporate Circus ! ». Aussi, durant les voyages du Train de l’Esprit à travers le Canada, des manifs perturbatrices eurent lieu à chaque arrêt.

De toute façon, si nous voulons détruire le projet des Olympiques, la perturbation doit continuer afin de se prolonger au-delà du spectacle olympique.

Dans le but d’interrompre le Train de l’Esprit en Ontario, il y a eu un acte de sabotage contre les voies ferrées. Des poteaux de téléphone ont été abattus pour être placés à travers les rails. Une pile d’arbres morts a également été placée en travers des rails et enflammée. Le communiqué de l’action fait état de «  … le Train de l’Esprit comme tout train répand « l’esprit olympique », ou plus exactement l’esprit du capitalisme : matériaux de construction, équipement militaire, produits de consommation inutiles, touristes… C’est d’la merde tout ça… Ce système de rails a été développé et utilisé pour servir nos exploiteurs et ennemis. Tant que les exploiteurs existent, l’infrastructure sera toujours leur arme. Alors, nous voulons tout détruire… leurs chemins de fer, leurs autoroutes, leurs caméras, leurs télécommunications, tout cela sert les maîtres et leur police. Nous ne sommes pas intéresséEs à exprimer notre insatisfaction contre une partie symbolique du problème. Nous voulons réellement détruire le système tout entier… »

Ce n’est pas un mythe que ces compagnies engagées dans le développement économique sont aussi investies dans le contrôle social. Par exemple, Peter Kiewit and Sons, la compagnie qui élargit l’autoroute Sea to Sky, construit aussi des installations militaires américaines.

À Vancouver, deux véhicules appartenant à Peter Kiewit and Sons ont été brûlés. Selon un communiqué, cela a été fait en partie parce que Peter Kiewit and Sons a fait émettre une injonction pour expulser les gens du campement à Eagle Ridge Bluffs, mis sur pied pour lutter contre l’élargissement de l’autoroute. Ultimement, l’injonction provoqua l’emprisonnement et la mort de la Warrior indigène et ainée Harriet Nahanee pour avoir défendu la terre traditionnelle. Le communiqué fait aussi état de « Peter Kiewit and Sons construisent des espaces qui logent plusieurs institutions tant de contrôle physique que social incluant des centres opérationnels de la force aérienne et navale, mines, barrages, autoroutes et installations pour les expérimentations de l’industrie nucléaire. Cet acte… était une attaque contre la répression et contre ceux qui construisent ses systèmes  ».

Nous voulons détruire tout ce système ! Des développeurs qui construisent pour les riches dans les rues de Vancouver aux compagnies de technologies de l’information créant l’équipement de surveillance de fine pointe, les stations de ski, la police et toutes les prisons, l’exploitation et la répression sont inter-reliées. Les attaques contre les Jeux Olympiques doivent s’étendre au-delà des commanditaires, à chaque institution qui perpétue ce système.

«  La route qui mène aux Jeux Olympiques sera salie des ordures
de leur monde que nous aurons saboté ! 
 »


Sports Action : actions directes contre les Jeux Olympiques


2006

17 avril-25 mai
Blocage des véhicules et engins de chantier du bétonneur Peter Kiewit and Sons sur le chantier de l’expansion de l’autoroute Sea-to-Sky. Une centaine de personnes s’y sont relayées. Le 25 mai les flics arrêtent 24 personnes dont la warrior Harriet Nahanee.

15 juin
Plus de 50 000 $ de dégâts causé à 5 engins de chantier du Sea-to-Sky appartenant aux entreprises Kiewit, Murrin Construction et Pacific Site Concrete.

23 octobre
Le comité anti-pauvreté (APC) occupe un hôtel abandonné dans le Downtown Eastside à Vancouver pour souligner les problèmes de logements que rencontrent un nombre croissant de personnes. 6 arrestations.

31 octobre
L’APC occupe un immeuble vide à Vancouver. Expulsion suivie de 7 arrestations.

20 novembre
L’APC interrompt le conseil municipal de Vancouver où la question du budget alloué aux Jeux Olympiques était à l’ordre du jour. Les flics gazent et arrêtent 3 personnes.

2007

12 février
La cérémonie du « compte-à-rebours » organisée par le VANOC, le gouvernement et les sponsors et couverte par les grands médias à Vancouver est interrompue par 80 personnes. 7 arrestations.

6 mars
Vol du gigantesque drapeau olympique lors de l’arrivée du CIO à Vancouver. Les autochtones de la Native Warrior Society revendiquent l’action : « No Olympics on Stolen Native Land ! »

12 mars
L’horloge du « compte-à-rebours » est vandalisée à la peinture en solidarité avec Betty Krawczyk, une activiste environnementaliste de 78 ans, qui s’est pris 10 mois de prison pour le blocage du Sea-to-Sky.
D’autre part, l’événement de l’illumination du drapeau olympique organisé par le VANOC à Vancouver est interrompu par plus de 200 personnes venues gueuler. 100 flics sont déployés pour disperser cet affront.

24 avril
A Halifax, la présentation officielle du VANOC de ses projets est bousculée par une douzaine de manifestants qui prennent la parole sans autorisation.

19 août
Un groupe d’anarchistes attaquent à Ottawa un bâtiment de Bell Canada Enterprises en en éclatant les vitres.

29 septembre
Les vitres d’une agence de la Royal Bank of Canada (RBC) à Vancouver tombent suite à l’action d’un groupe anarchiste. L’action est dédicacée à un certains nombres de prisonniers en révolte en Europe.

22 novembre
A Guelph, Ontario, les pneus de 3 engins de chantiers sont crevés.

8 décembre
Quelques anarchistes attaquent une agence RBC à Vancouver en détruisant les fenêtres et proposent d’ajouter ce sport d’un type nouveau aux épreuves des Jeux Olympiques !

9 décembre
Vancouver : nouvelle attaque contre RBC. John Groves raconte dans un communiqué : « J’ai été réellement inspiré par l’action du 8 décembre et par l’annonce de la nouvelle discipline olympique, à savoir l’extension du vandalisme amateur contre la RBC. La seule chose que j’ai alors pensé à faire, ça a été de lancer des pierres pour briser les vitres de la RBC au croisement des rues Hastings at Nanaimo... »

10 décembre
Les vitres d’un bureau de l’entreprise Re/Max sont brisées à Vancouver en solidarité avec la lutte des autochtones Secwepemc contre l’implantation sur leur territoire d’une station de ski à Sun Peaks.

12 décembre
2 véhicules de Bell Canada sont incendiés à Guelph, notamment en solidarité avec les emprisonnés états-uniens pour « éco-terrorisme ».

24 décembre
Une agence RBC vandalisé à Victoria.

2008

27 janvier
Ottawa. « Des briques trouvent leur chemin à travers les vitres de l’agence RBC de Elgin Street [...] »

3 février
A Guelph, 4 différentes usines du secteur de la sécurité et de la construction sont tagguées, recouvertes d’affiches et voient leurs serrures engluées

6 février
A Ottawa, interruption de l’événement « compte-à-rebours » organisé par le VANOC par 25 manifestants.

12 février
A Guelph, au petit matin, le jour de l’ouverture du nouveau Delta Hotel flambant neuf, les 6 grandes baies vitrées ont été brisées. Contre la gentrification, contre les Jeux Olympiques.

14 février
Nouvelle attaque de la RBC à Ottawa : vitres défoncées !

17 février
L’horloge « compte-à-rebours » à Vancouver est vandalisée à la peinture durant une manifesation de l’APC.

18 février
Des membres du Native 2010 Resistance viennent interrompre une rencontre officielle de l’Assembly of First Nations (AFN) et du Four Host First Nations (FHFN) à Vancouver. Ces deux organisations autochtones institutionnelles collaborent directement avec le gouvernement et le VANOC...

22 février
Des membres de l’APC portant des masques ont attaqué avec des seaux de peinture la porte et la façade du bureau du premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell. Pas d’arrestations.

26 février
3 panneaux de « Bienvenue olympique » à l’entrée de la ville de Vancouver ont été recouverts de tags.

1er mars
Ottawa : nouvelle attaque d’une agence de la RBC.

5 mars
Ottawa : encore une agence RBC prise pour cible avec... un bloc de glace !

10 mars
L’horloge olympique d’Ottawa est vandalisée à la peinture.

11 mars
RBC ‘trashé’ à Ottawa.

13 mars
6 voitures de flics sont brûlées à Montréal. Le Collectif Ton Père revendique l’action.

15 mars
Attaque de la Banque Nationale à Montréal : 3 distributeurs automatiques sont fracassés puis incendiés. Le Collectif Ton Oncle termine son communiqué par : « Même si la Banque Nationale n’est pas partenaire officiel (comme la Banque Royale), une banque c’est une banque !  »

25 avril
Guelph : 3 véhicules de Bell Canada voient tous leurs pneus lacérés.

7 mai
Un engin de chantier de Kiewitt & Sons est incendié à Vancouver.

12 mai
Vancouver : une agence RBC éclatée.

31 mai
3 Mc Donalds de Victoria voient les canalisations de leurs toilettes cimentées... Tout le système de tuyauterie est à changer.

16 juin
Des anarchistes attaquent la Banque de Montréal à Halifax en engluant les serrures et tagguant la façade. « Class war now »

24 juin
« Canada out of Canada ! » Plusieurs véhicules de l’armée canadienne sont incendiés à Vancouver au moyen de cocktails molotov. « Destroy the Military Olympic Police State. Fuck 2010. »
Cette même nuit à Toronto, 13 véhicules d’un concessionnaire General Motors sont endommagés ou détruits par les flammes.

22 juillet
Nouvelle attaque incendiaire contre un engin de chantier de Peter Kiewitt and Sons à Vancouver.

23 juillet
« Dans la nuit du 23 juillet, nous avons joyeusement éclaté les 10 vitres d’une agence RBC à Vancouver. C’est tellement évident pourquoi nous avons fait cela. C’est une banque. Mort au marché et au système de répression ! »

24 août
Un McDonalds vandalisé à Guelph : ses toilettes cimentées !

25 août
Le sponsor officiel McDonalds encore attaqué, mais cette fois, c’est à Santa Cruz en Californie.

21 septembre
La cérémonie de lancement du « Train de l’Esprit Olympique » (train devant sillonner le Canada pour faire de la propagande pro-Jeux) est gachée par la présence de 60 personnes venues faire du bruit pendant
2 heures.

27 septembre
Le ‘Spirit Train’ de passage à Edmonton, Alberta, est chahuté par une trentaine de personnes.

5 octobre
Des anarchistes à Halifax ont attaqué dans la même nuit 2 locaux des partis libéraux et conservateurs en tagguant et brisant leurs vitres. Le communiqué fait une référence très claires aux Jeux Olympiques.

12 octobre
Le ‘Spirit Train’ est bloqué près de Toronto, Ontario, par 20 personnes pendant 2 heures.

13 octobre
Sabotage près de Toronto sur les voies de chemins de fer où devait passer le ‘Spirit Train’.

18 octobre
Le train est bloqué à Montréal par plus de 100 personnes.

8 novembre
A Victoria, une agence RBC est engluée et des slogans hostiles sont peints sur la façade.

22 novembre
Encore à Victoria, une agence RBC se fait éclater les vitres.

29 novembre
A Guelph, 3 grandes vitres d’un McDonalds sont brisées : les dégâts sont estimés à 5 000 $.

13 décembre
A Vancouver, nouvelle attaque contre RBC, les vitres sont défoncées. « Solidarity means attack » est inscrit sur la façade.

2009

12 février
Dans le centre de Vancouver, 200 personnes participent à une manifestation intitulée « Anti-Olympic Torch Light Parade » pour marquer le fait qu’il reste un an avant le début des Jeux.

18 février
Sabotages anti-olympiques à Chicago. Une grande bannière pro-olympique « Imagine » a été détournée en « Imagine (A) Social War ». 30 parcmètres et 2 distributeurs de banques ont été défoncés. Deux magasins Chipotle et T-Mobile ont eu leurs serrures engluées.

20 avril
Les vitrines de deux sponsors officiels, RBC et General Motors, ont été eclatées à Vancouver.

12 mai
Une agence RBC a été bloquée pendant plusieurs heures à Kingston, Ontario.

Fin juin
Attaques à la bombe des gazoducs d’EnCana au nord de la Colombie-Britannique. Six explosions ont ciblé les gazoducs de l’entreprise EnCana dans les environs de Dawson Creek, BC. Les deux premières bombes explosèrent en octobre 2008, une troisième explosa en novembre, une quatrième en janvier de cette année et deux de plus fin juin. Ces gazoducs à gaz acide, contenant du gaz naturel ayant un haut niveau de sulfure d’hydrogène, sont controversés dans la région, ce qui a provoqué des manifestations organisées par les communautés non-autochtones ainsi qu’un blocage de deux jours organisé par la Nation Cri de Kelly Lake en 2008. Une lettre manuscrite fut livrée à EnCana un jour avant la première attaque à la bombe disant : «  Nous ne négocierons pas avec des terroristes, ce que vous êtes en continuant de mettre en danger nos familles avec votre développement de malade des puits de gaz mortels dans nos terres natales.  » La lettre donne à EnCana une heure et une date limites, midi le 11 octobre, pour que la compagnie ferme toutes opérations dans la région. La première explosion fut constatée le 12...

A suivre...


Sponsors, supporters, fournisseurs des Jeux Olympiques de 2010


Créé en 1985, le Comité International Olympique (CIO) désigna un groupe de multinationales pour financer les Jeux Olympiques en tant que « partenaires olympiques » (TOP, The Olympic Partners) : des entreprises qui paient des dizaines de millions de dollars pour mettre en évidence leurs produits et/ou services en les associant avec les Jeux. Ces multinationales gagnent des droits exclusifs de commercialisation mondiale aux Jeux Olympiques d’été et d’hiver pendant une période de temps spécifique. À compter de 2008, ces partenaires Olympiques sont :

Coca-Cola
La plus grosse compagnie de breuvages et de boissons gazeuses. Boissons en bouteilles, Coke, Sprite, Fanta, Powerade, Minute Maid, Five Alive, Dasani Water, etc. Les usines de Coca-Cola en Amérique Centrale et du Sud ainsi qu’en Inde ont participé à l’engagement de groupes para-militaires afin de réprimer violemment les organisateurs-trices de syndicats en kidnappant, torturant et assassinant. Aussi, les usines Coke épuisent la terre, l’eau et causent de la destruction environnementale.

General Electric
Un des plus gros fabricants de produits et d’appareils électriques, de technologies de systèmes de sécurité, de contrats pour la police, les prisons et l’armée, de systèmes d’armes (INC, armes nucléaires). GE est secrètement impliqué dans les tests concernant le nucléaire qui exposent des milliers de personnes aux radiations, font des expérimentations sur les prisonniers-ières, jettent des déchets toxiques, fournissent de l’équipement militaire à Israël.

Atos Origin
Une entreprise d’information, de technologie et de communications basée en Europe qui fournit des vidéos et des systèmes d’information technologiques (IT systems) pour les Jeux Olympiques.

Johnson & Johnson
Une des plus grosses compagnies pharmaceutiques au monde. Elle fournit aussi des appareils médicaux, des produits de santé et des services biotechnologiques.

Kodak
Un des plus vieux et des plus gros fabricants et fournisseurs de caméras, d’imprimantes, de systèmes de communication graphique, etc. Un vieux fournisseur des Jeux Olympiques.

Lenovo
Un des plus gros fabricants d’ordinateurs personnels (PC) en Chine.

Macdonalds
Un des plus gros restaurants de fast food dans le monde, une cible contre laquelle manifester et à attaquer partout dans le monde à cause de son exploitation des travailleurs-euses, de sa destruction des forêts tropicales pour le bétail industriel, de ses transgressions des droits humains et parce que c’est un symbole renommé de l’avarice et du consumérisme capitaliste.

Omega
Une division de Swatch fabricant de montres, chronométreur officiel pour les Olympiques depuis plusieurs décennies.

Panasonic
Un des plus gros fabricants de produits électriques, de télévisions, de caméras vidéo, de lecteurs DVD, etc.

Samsung
Le troisième plus gros fabricant de téléphones mobiles ainsi que de lecteurs DVD, d’enregistreuses vidéos, d’ordinateurs, de machines à laver et à sécher, de réfrigérateurs, etc. Fournisseur aux Jeux Olympiques d’équipements de télécommunication sans-fil.

Visa
La plus grande compagnie de cartes de crédit au monde. En plus, il y a des commanditaires d’entreprises nationales et des fournisseurs officiels, constitués d’entreprises qui payent des millions de dollars et/ou fournissent des produits et des services au CIO, CNO et aux comités organisateurs locaux.

Sponsors à l’échelle nationale

Bell Canada (télécommunications. 200 millions $) — Hudson’s Bay company (vieille compagnie de traite de fourrures, ancien gouvernement colonial, propriétaire de La Baie, magasins à département Zellers et Fields, fournisseurs d’uniformes et de vêtements à l’équipe canadienne olympique de 2010, un commanditaire de 100 millions $) — Banque royale du Canada (groupe financier RBC, 110 millions $) — General Motors du Canada (fabricant de voitures/camions, le plus gros entrepreneur militaire au Canada, inc., producteur de véhicules légers armés, 53 millions $) — Pétro-Canada (Une des plus grosses entreprises canadiennes de pétrole et de gaz, exploitant et détruisant des terres indigènes entre autres par l’extraction du pétrole dans les sables bitumineux en Alberta, 62,5 millions $) — Rona (entreprise/quincaillerie fournisseur de matériaux de construction, 68 millions $)

Supporters officiels

Air Canada (compagnie aérienne officielle de 2010) — BC Lottery corporation (Jeux de loterie, entreprise appartenant au gouvernement) — BC Hydro (producteur d’électricité) — Canadian Pacific Railroad (fret, ressources prises des terres indigènes, facteur de colonisation) — Insurance Corporation of BC (entreprise appartenant au gouvernement, fournisseur d’assurances-auto) — Jet Set Sport (accueil des entreprises) — RICOH (communication et service d’imprimerie) — Royal Canadian Mint (fabrique des pièces de collection, des médailles, etc.) — Teck Cominco (entreprise de minage, exploitant et détruisant les terres indigènes, destruction environnementale) — Bombardier (le deuxième plus grand entrepreneur au Canada, fabrique des trains et des avions, fournit du support et de l’entraînement aux forces militaires autour du monde ainsi que des systèmes de sécurité basé à Montréal et Berlin)

Fournisseurs officiels

3M — Birks (diamants, y compris les ‘blood diamonds’ minés dans les pays africains déchirés par la guerre) — Dow (une des plus grosses entreprises de produits chimiques au monde, responsable de la destruction écologique massive. Fabricant d’Agent Orange pour la guerre chimique au Vietnam. En tant que propriétaire actuel de Union Carbide, il refuse de dédommager les victimes du désastre à Bhopal en 1984) — Epcor (entreprise de pétrole et de gaz exploitant et détruisant des terres indigènes, y compris les sables bitumineux au nord de l’Alberta) — Haworth (fourniture modulaire et design intérieur) — Nortel (télécommunications) — Transcanada (grosse entreprise de pétrole, de gaz et d’énergie avec plus de 59 000 km de pipelines au Canada et et dans les États-Unis) — Vincor Canada (fournisseur de vin) — Weston (pains et produits cuits) — Workopolis (centre d’emploi recrutant pour 2010) — Moving Products, Inc. (fournit des vêtements de coutumes, des uniformes, des cadeaux, etc. pour les Olympiques. Cette compagnie a été contractée pour 10 Jeux Olympiques consécutifs – comprenant Atlanta ’96, Sydney 2000, Salt Lake City 2002, Showroom situé au 495 railway St., Vancouver, BC. Tél : 778-785-2010) — Acklands Graniger (distributeur de pièces industrielles) — Aggreko (climatiseurs, compresseurs, génératrices) — Aquilini Investment Group — Britco (construction modulaire) — Post Canada — Deloitte (gestion du personnel) — Garrett (détecteurs de métal et de sécurité) — General Mills (bouffe) — Purolator (courrier) — Sleep Country (matelas) — Saputo (produits laitiers) — Sun Microsystems (ordinateurs) — Tickets.com (fournisseurs de billets) — Wrigley Canada (chewing-gums)


Infos & ressources


contre les jeux olympiques
http://no2010.com
http://contrelesolympiquesde2010.anarkhia.org

action & analyses
 Site anarchiste insurrectionnaliste de Colombie-Britannique & Vancouver
 Informations sur le conflit social au Canada

résistance autochtone à la colonisation
 Soutien au prisonnier warrior John Graham : ici ou
 Défense des terres indigènes
 Actions & solidarités autochtones

et aussi :
 http://warriorpublications.com

[1Indian Act, ou Loi sur les indiens : une loi passée en 1876 imposant un contrôle fédéral sur tous les peuples autochtones,
établissant le système de réserves, les conseils de bande, et le statut de bande. Une série séparée de lois, règles et régulations pour les peuples Indigènes (en d’autres mots, l’apartheid). Une façon de criminaliser les cérémonies et les formes traditionnelles d’organisation sociale, la langue et la culture, ainsi que d’imposer les écoles résidentielles, d’interdire l’organisation politique (comme en 1927, quand la loi a été amendée pour criminaliser la collecte de fond pour la réclamation de terres). Le but de cette loi sur les indiens était d’assimiler les peuples indigènes, et a toujours été vu comme une législation temporaire, nécessaire seulement jusqu’au jour où l’assimilation serait totale.


)



ce texte est aussi consultable en :
- PDF par téléchargement, en cliquant ici (2.5 Mo)
- PDF par téléchargement, en cliquant ici (2.7 Mo)