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Pédés et féminisme Autour des liens entre une position sociale et des idées

mis en ligne le 11 juillet 2017 - p.

INTRODUCTION

Dans le cadre d’une dynamique naissante de rencontres en non-mixité pédé, on avait constaté à quelques uns que le féminisme n’avait pas la même importance pour tous les pédés qui se retrouvaient. Nous avions eu envie donc de nous retrouver entre pédés qui ont en commun le fait que le féminisme occupe une place importante dans nos parcours de vie et dans nos pratiques et expériences politiques. On trouvait en effet que notre rapport au féminisme faisait partie intégrante de notre façon d’être pédé.

On s’est donc retrouvés un week-end (en 2012) pour se questionner sur la position qu’on occupe en tant que pédés par rapport au patriarcat, échanger autour de nos expériences au sein de groupes féministes et discuter des raisons de notre proximité avec les idées féministes. À cette occasion, on avait fait le constat qu’on ne connaissait pas spécialement de textes écrits par des pédés sur ces questions dans une « optique pédé ». Constat qui n’a pas beaucoup changé suite à des petites recherches historiques sur des revues et fanzines. On a donc eu envie d’essayer de formuler par écrit, et un peu collectivement, certaines de nos réflexions et questionnements.

Finalement, le texte qui a été entrepris par ce groupe est resté à l’état d’ébauche.
Quelques années après, la volonté du départ restant présente dans ma tête, l’écriture de texte a repris, mais avec la volonté de questionner un peu différemment les liens entre le fait d’être pédés et de s’inscrire (ou non) dans des perspectives féministes. Comme cette nouvelle optique a pris de la place dans ce que le texte est devenu, j’ai décidé qu’il soit à la première personne, même si certaines parties ont été écrites collectivement.

Le point de départ du texte sont les questions politiques que ça me pose le fait d’être parfois, ou d’avoir été, partie prenante de groupes ou d’actions politiques féministes, notamment par rapport à mon statut social, ou encore à ma place et ma légitimité dans ces milieux et ces luttes. Mais j’avais envie aussi de réfléchir, plus en général, autour des liens qui existent entre une condition/place sociale et des idées politiques et de comment c’est possible et/ou pertinent de lutter depuis une place de dominant.

Par ce texte je voudrais donc essayer d’expliciter comment le féminisme a été et reste important pour moi dans ma construction politique, et partager des bouts de réponses et de réflexions autour de tous ces questionnements.

1 - QUELQUES DÉFINITIONS PRÉALABLES

« Qu’on sache ce qu’était être pédé à Buchenwald, et pas gay, pédé, car « pédé » porte en lui les coups reçus, les crachats, la haine assénée, gay, c’est si gentil, plein d’illusions, et on t’a battu il y a trois mois, parce que tu étais un pédé, pas un gay, tu étais à faire disparaître, gay c’est plein de compromission, j’étouffe dans ce mot, je ne suis pas ce mot, je ne vis pas avec lui » - un écrivain homosexuel

J’utilise le terme de « pédé » comme une identité politique : se réapproprier et revendiquer cette insulte, c’est une façon d’affirmer politiquement une identité sexuelle hors de la norme hétérosexuelle. Mais ça exprime, pour moi, aussi autre chose qu’une simple orientation sexuelle ou une sexualité ; c’est en partie une façon de se positionner par rapport à une oppression subie (même si une identité ne résume pas l’entièreté d’une personne et de ses idées). Si ce mot est utilisé aussi par d’autres personnes qui n’y mettent pas les mêmes significations, pour moi c’est aussi une manière de se différencier de l’identité « gay ». Celle-ci renvoie en effet à une dimension commerciale et à une aspiration à l’assimilation et à l’intégration dans cette société. Une aspiration à la normalité qui passe par la revendication d’égalité et des mêmes droits que les hétéros et à une recherche de reconnaissance sociale par l’argent et la capacité de consommation.

Dans le texte je parlerai aussi d’ « hétéro-patriarcat  ». C’est un système politique qui instaure une hiérarchie entre les sexes-genres, où le masculin l’emporte sur le féminin, et où l’hétérosexualité est la norme dominante. Des féministes ont analysé et expliqué avant moi comment le genre des individues se construit en fonction de normes qui s’inscrivent dans un « système de genre ». Ce système a été façonné historiquement aussi en fonction des besoins du Capitalisme et de consolidation de l’État-Nation (mais ce n’est pas là-dessus que j’ai eu envie de me pencher dans ce texte). Il reconnaît l’existence de seulement deux sexes (mâle et femelle) et il divise donc les êtres humains en ces deux catégories, en fonction de leurs « organes génitaux » présumés . À chaque sexe correspond un genre (homme et femme), c’est à dire un rôle social, avec des attitudes, comportements et caractéristiques spécifiques. Il nous dit que les hommes sont supérieurs aux femmes (patriarcat) et comment les deux sexes-genres doivent aller ensemble, hiérarchisés et complémentaires (hétérosexualité obligatoire). Les deux catégories sont donc construites dans des rapports de domination et d’exploitation de l’une sur l’autre, et avec des places et fonctions différentes dans les rôles de production et de reproduction du système.

C’est l’héritage de ce féminisme qui m’a permis de mieux comprendre en quoi la norme hétérosexuelle qui m’opprime, mon oppression « spécifique », s’inscrit dans quelque chose de plus large et a aussi une origine commune avec l’oppression patriarcale. Et que, donc, dans l’état actuel de notre société, les deux oppressions sont strictement liées. Je précise ici que je suis conscient qu’il n’y a pas qu’un seul féminisme. Celui dont je parle dans ce texte et dont je me sens proche s’appuie sur des analyses matérialistes de la société, critique radicalement et ouvertement la norme hétérosexuelle et vise à la destruction du système de genre.

2 - LE CUL ENTRE DEUX CHAISES

Le fait d’être un pédé cisgenre [1] blanc définit une place particulière par rapport à l’hétéro-patriarcat, que je pense partager avec une bonne partie des personnes qui se trouvent dans cette « condition » .
Je vais donc faire des généralisations pour essayer d’analyser la construction et le statut social qui vont avec, tout en ayant en tête que la réalité sera toujours plus complexe que les constats que je peux faire. Et en ayant en tête aussi les limites posées par le fait de ne pas prendre en compte dans mon texte tous les rapports d’oppression existants.

CONSTRUCTION MASCULINE

D’un côté, en tant que pédés cisgenres, nous avons été éduqués et construits socialement comme garçons. Même si parfois on nous considère comme des « sous-hommes » du fait de ne pas correspondre à la norme de la masculinité, notre construction sociale de genre reste quand même, en bonne partie, celle d’un homme, avec tout ce que cela implique comme rapport au monde, à nous-mêmes et aux autres. On a été éduqués comme garçons et cela a déterminé à quoi on a eu accès, comment on nous a habillés et nourris, ce qu’on nous a appris, comment on nous a valorisés, comment on nous a porté attention, dans quels domaines on nous a encouragés, etc. Même si parfois les résultats n’ont pas été ceux espérés par nos parents ou par la société, il n’empêche que ça nous a construit d’une certaine façon plutôt que d’une autre. Nous tirons avantage de cette construction : elle nous donne des atouts et elle implique des comportements et des attitudes oppressantes pour d’autres, qui participent de la domination masculine.

À cette construction sociale, ce « dressage » par lequel on est passés, s’ajoute la place que la société et les gentes nous donnent en fonction de comment on est perçus. Nous sommes très souvent vus dans la vie quotidienne comme des hommes blancs. Et rien que cela, qu’on le veuille ou non et même sans poursuivre notre avantage volontairement et activement, dans une société patriarcale et raciste, nous accorde et fait bénéficier d’emblée de certains privilèges. Comme par exemple le fait d’être plus écoutés, entendus et pris en compte, de ne pas nous faire régulièrement accoster, solliciter ou harceler sexuellement dans la rue, d’avoir des salaires plus importants quand on travaille, d’accéder plus facilement à des positions de responsabilité et de pouvoir, etc.
Notre place dans le patriarcat est donc, de ce point de vue, celle de dominant/oppresseur.

CONSTRUCTION DE PÉDÉ(S)

De l’autre coté, notre construction sociale n’est pas exactement la même que celle des hommes hétéros cisgenres. Comme nous sommes nés avec une bite entre les jambes, nous avons été poussés dans la norme de la masculinité. Puis, si on ne correspondait pas, ou pas assez (ou si on ne voulait pas correspondre) à cette norme, nous avons été considérés comme des « sous-hommes », comme « différents », comme « pas normaux ». Selon la manière dont on était plus ou moins perçus comme différents, nous avons été rabaissés, humiliés, insultés et/ou rejetés, et on n’a pas forcément reçu le même apprentissage de la masculinité. Mais c’est aussi la manière dont on se percevait nous-mêmes comme différents qui a pu nous conduire à ne pas nous approprier certaines prérogatives de la masculinité.

Comme la sexualité et le désir entre hommes sont vus comme pervers, honteux et dégoûtants dans notre société, à partir du moment où on a été conscients de notre orientation sexuelle, cette représentation négative a influencé comment on pouvait exister socialement, quelle image on avait de nous-mêmes et quelle image les autres avaient de nous. Et tout ça aussi, ça a bien marqué notre rapport au monde, à nous-mêmes et aux autres.
En plus, le fait d’être perçus comme pédés et de ne pas nous comporter en tout point comme des mecs hétéros fait que nous ne bénéficions pas de certains des privilèges accordés aux hommes. Par exemple, dans l’espace public, le fait de ne pas être perçus comme des mecs « normaux » nous expose à des agressions ou des insultes liées à l’expression de notre genre. Ou bien, le fait de ne pas trouver notre place dans la sociabilité masculine (ou de ne pas vouloir nous y intégrer) nous met de fait en dehors des complicités et solidarités entre hommes que cela crée dans beaucoup de situations (et c’est tant mieux !).

OPPRIMÉS...MAIS AUSSI DOMINANTS

On a vu donc que notre place par rapport à l’hétéro-patriarcat est assez particulière et contradictoire.
Nous subissons l’oppression hétéro-patriarcale, même si seulement en partie, et différemment que les femmes, les gouines et les trans. En même temps, nous faisons partie aussi de la catégorie des dominants.

Cette position complexe vis-à-vis du système hétéro-patriarcal peut amener certains pédés, proches de milieux féministes et/ou queer, à prendre en compte qu’un seul des deux aspects dont on vient de parler, et à sortir des discours du style « nous, on est des pédés, on n’est pas des hommes » (en sous-entendant qu’ils ne reproduisent pas le patriarcat), ou « je ne suis pas misogyne (ou sexiste), je suis pédé ». À part le fait que, malheureusement, il n’y a pas besoin d’être un homme pour reproduire le patriarcat, ni pour être sexiste, ces discours mettent en avant le fait d’être opprimé, et que cette oppression les ferait totalement sortir des rapports de domination homme-femme. Je trouve ça « logique », c’est sûr que la place de victime, d’opprimé est plus facile et valorisante à porter que celle de dominant/oppresseur dans les milieux politiques critiques des systèmes d’oppression et d’exploitation. Mais pour moi c’est une façon de nier et s’extraire de la réalité sociale matérielle, de ne pas prendre en compte la place qu’on a dans cette société et d’oublier un peu trop vite les privilèges qui nous sont donnés en tant qu’hommes.

Alors voilà, je sentais le besoin d’être clair là-dessus, et sur le fait qu’apporter de la complexité dans l’analyse de notre construction sociale en tant que mec et de notre place sociale ne veut absolument pas dire que je cautionne des positions de ce type, qui font l’impasse sur nos responsabilités et privilèges là-dedans. Et c’est d’ailleurs une des raisons qui m’a poussé à écrire ce texte.

3 – QUELS LIENS ENTRE UNE CONDITION ET DES IDÉES ?

Après avoir esquissé ma (notre) construction sociale et la place que j’ai (on a) par rapport à l’hétéropatriarcat, je vais maintenant essayer de creuser la nature de mon lien avec les idées féministes. Ce qui va m’amener à questionner, plus généralement, les liens qui existent entre une condition/place sociale et des idées politiques.

LA CONDITION D’OPPRIMÉ

Le fait de vivre une oppression à la première personne, dans sa chair et à travers son quotidien, donne un point de vue « avantagé » pour l’analyser, pour en parler et pour l’appréhender dans toutes ses subtilités. Autant ça pourrait être facile même pour un observateur superficiel d’être conscient de l’existence de la norme hétérosexuelle dans notre société, autant la compréhension de la profondeur et de l’extension de l’oppression qui va avec (comme de toutes les autres) dans nos vies est un processus long et laborieux, jamais terminé, qui implique une analyse aiguë de nos vies et de la société dans laquelle nous vivons. C’est un processus qui a tendance à gagner en justesse et finesse en devenant plus collectif. Et, surtout, il s’agit d’un processus qui est dynamique et en évolution, dans le sens que, même une fois qu’on est conscient de subir une oppression, on n’en voit pas d’emblée et définitivement toutes les facettes et dimensions. Plus on avance dans la prise de conscience, plus on en découvre des nouveaux aspects et et des nouvelles subtilités.

Néanmoins, les personnes qui subissent une même oppression ne constituent pas une catégorie homogène. Ce n’est pas possible, pour moi, en effet, de réduire l’individu seulement à sa position sociale par rapport à cette oppression, ni à sa place dans un rapport social donné.
Cela est dû, en partie, au fait que nous sommes tou-te-s pris-es dans d’autres systèmes d’oppressions, dans lesquelles nous n’avons pas forcement la même place ni les mêmes intérêts. Ce qui fait, entre autre, que l’expérience personnelle de la même oppression ne soit pas exactement la même d’une personne à une autre. Par exemple, venir d’un milieu bourgeois ou ouvrier n’implique pas le même vécu entre deux pédés ; ou encore, un pédé blanc n’aura pas la même expérience de l’oppression qu’un pédé racisé.
Mais les individues ne se résument pas non plus à leur place dans les différents rapports de domination. Nous sommes aussi autre chose et bien plus que ça. On est aussi fait de notre histoire de vie, de rencontres, de situations vécues, etc...

Cette condition d’opprimé détermine par contre un potentiel conflictuel, parce que le fait de subir quelque chose devrait/pourrait créer logiquement un intérêt direct à le faire cesser, un intérêt direct à vouloir se battre contre cette oppression.

CONFLICTUALITÉ POTENTIELLE

Je parle de conflictualité potentielle parce que, même si l’intérêt direct de ne plus subir personnellement une oppression peut être un des moteurs de l’aspiration à ce qu’elle n’existe plus, la réalité n’est pas aussi simple. Toute personne opprimée ne se bat pas contre l’oppression qu’elle subit, voire même peut participer à la reproduire.
Que ce soit clair : cela ne veut pas dire que je mets sur le même plan des opprimé-es et des oppresseur-euse-s qui véhiculeraient ou reproduiraient l’oppression en question. Sans pour autant vouloir justifier qui que ce soit là-dedans, je pense que ce parallèle est une erreur. En effet, pour un-e oppresseur-euse, cela fait partie de l’oppression exercée, alors que pour un-e opprimé-e cela vient souvent de l’intériorisation de l’oppression, c’est-à-dire c’est une conséquence de l’oppression subie.
Donc, je veux juste dire que la condition d’opprimé n’est pas suffisante à elle seule à déterminer ce qu’on fait ou ce qu’on veut faire de cette condition.

Déjà, se défaire de l’intériorisation de l’oppression est un préalable pour des envies de changement de sa propre situation. Cela implique la nécessité de se sentir opprimé-e, c’est-à-dire d’avoir une certaine conscience de l’oppression qu’on subit, chose qui n’est pas évidente ni automatique. En effet, un des principes communs à tous les systèmes d’oppressions est de présenter l’état du monde dans lequel on vit comme inéluctable et relevant de l’ordre « naturel » des choses, et donc de ne pas laisser imaginer que ça pourrait être autrement.

En plus, même quand on est conscient de l’oppression subie, la marge de manœuvre n’est pas la même pour tout le monde en fonction des contextes et des situations de vie. On peut ne pas avoir le courage, la force, la possibilité, l’ambition, ou tout simplement la volonté d’avoir une prise sur l’état des choses et donc se résigner à ce qu’elles restent ainsi. Ou à l’inverse, essayer de bousculer des trucs là-dedans et dans nos vies, seul-es ou en cherchant des complices.

AU-DELÀ D’UNE CONDITION – LES IDÉES ET L’ÉTHIQUE

Par ailleurs, la volonté d’agir face à une même oppression subie varie d’une personne à une autre et peut prendre différentes formes et s’inscrire dans différentes perspectives.
On voit bien autour de nous que toutes les personnes qui ont envie d’agir sur leur propre condition n’ont pas forcément la même « solution au problème », ne pensent pas la même chose, ne constituent pas un groupe homogène. Entre les homos qui quémandent à l’État l’intégration et les mêmes droits que les hétéros et celleux qui pensent que l’État a un rôle central dans la dépossession de leurs vies et que donc aucune libération n’est possible au sein de cette société, on voit bien que les perspectives de lutte peuvent être complètement différentes.

Tout cela pose donc la question du lien qui existe entre une position sociale, une condition et des idées et perspectives politiques.
Est-ce qu’il y a un lien direct et automatique entre les deux ?

Si je prends en compte ma condition (dominant/opprimé) dans le système de domination hétéropatriarcal et mon rapport aux idées féministes, je peux résumer schématiquement les choses ainsi :
 par rapport au fait d’être pédé, je suis opprimé par l’hétéro-norme. Je devrais donc avoir des intérêts directs, que je partage avec un certain féminisme, qui consistent dans le fait d’en finir avec la norme hétérosexuelle et les normes des genres qui vont avec.
 par rapport au fait d’être un homme, je suis dominant dans le patriarcat. Je devrais donc avoir, théoriquement, des intérêts opposés à ceux du féminisme, du fait que la remise en question de ma place voudrait dire aussi perte de pouvoir et de privilèges.
Et pourtant... c’est aussi, entre autre, à la fin du système de genre et du patriarcat que j’aspire.

Je pense, en effet, qu’il n’y a rien d’automatique dans ce lien, ni d’évident, ni de systématique.
C’est pour cela que les liens que je fais entre le fait d’être pédé et de s’inscrire (ou non) dans des perspectives féministes ne peuvent pas se limiter à la conséquence d’une condition, d’une place sociale et d’intérêts. Il y a autre chose.
En partie, c’est des intérêts et objectifs communs qui me rapprochent du féminisme, et en partie c’est mes idées qui font que je trouve certaines perspectives féministes pertinentes. En effet, le féminisme n’est pas une place sociale par rapport au patriarcat ou à l’hétéro-patriarcat, mais des analyses, des idées et des volontés d’émancipation de ces systèmes d’oppression.

Avec cela je ne veux pas dire que le fait de subir ou de bénéficier d’une oppression ne fait aucune différence. Ni qu’être féministe serait juste une question de déclaration de principes et d’idées. Ni qu’il suffirait juste de bonnes intentions ou de bonne volonté pour se défaire des conditionnements sociaux. Bien évidemment c’est plus compliqué que ça, vu qu’il s’agit de pertes de pouvoir et d’avantages confortables, même lorsqu’ils ne sont si pas forcément souhaités. En plus du fait que, bien sûr, les idées et les intentions ne font pas disparaître les structures et constructions sociales ni les privilèges, qui ont une incidence matérielle et des effets concrets dans la réalité.

Je suis conscient et convaincu que notre place sociale et la façon dont nous avons été construit-es jouent un certain rôle dans nos idées, dans notre volonté d’agir et de lutter. Mais je pense que ces dernières ne sont pas uniquement déterminées par ça. Elles, ainsi que notre rapport au monde, sont déterminées aussi par l’éthique que nous avons forgée (et continuons de forger) dans nos parcours de vie.

CE QUE LE FÉMINISME NOUS APPORTE [encart separé]

Je crois qu’il est temps maintenant de faire une petite parenthèse pour essayer d’expliciter pourquoi le féminisme est important dans mon rapport politique au monde et dans ma façon d’être pédé, et pourquoi je verrai des raisons à ce qu’il le soit aussi pour tous les pédés.
Déjà, j’ai en tête que le parcours de prise de conscience de ma place d’homme dans cette société et dans la reproduction de la domination masculine a été favorisé par le féminisme, mais je ne vais pas m’attarder là-dessus, vu que d’autres textes ou écrits existent à ce sujet.
De la même manière, je suis conscient que le féminisme a joué et joue un rôle important dans la compréhension de ma propre oppression liée au fait d’être pédé et dans mon parcours d’émancipation.
Pour montrer un peu l’apport et l’héritage du féminisme dans mon parcours politique de pédé, j’avais envie de détailler quelques idées, analyses, pratiques politiques qui me viennent de là et qui continuent d’être importantes pour moi.

- « Le personnel est politique » :

Ce slogan féministe exprime l’envie-besoin que des réalités comme les rôles de sexe, la personnalité, l’organisation familiale, les tâches domestiques, la sexualité, le corps, qui jusqu’alors étaient communément tenues hors du politique, soient discutées, mises en questions, critiquées, et ce aussi collectivement. L’envie de faire de la politique à partir de son vécu.
La politisation de l’espace privé, de l’intime, de l’individualité, signifie la nécessité de regarder et d’analyser tout ça comme le produit de constructions sociales, de rapports de force et de conflits, à l’intérieur de rapports de pouvoir et de systèmes de domination.

En tant que pédé, ça veut dire la possibilité d’analyser les insultes ou les violences subies, le sentiment de honte, de rejet, d’anormalité, que la plupart de nous vivent ou ont vécu, comme étant le produit de la volonté d’imposition de la norme hétérosexuelle et des rôles de genre qui vont avec. Ça veut dire la prise de conscience que ce vécu particulier est ce qu’on pourrait appeler « l’expérience individuelle de l’oppression ». Et qu’il ne s’agit pas d’un vécu singulier, mais qu’il est collectivement partagé, même si de différentes manières et sous différentes formes en fonction des parcours individuels et de nos places sociales. Ça veut donc dire comprendre la nature politique et collective de cette « expérience ».
Cela peut impliquer, déjà, de pouvoir avoir un regard différent sur nos désirs, nos relations, nos sexualités. Mais aussi d’avoir la rage et de vouloir se battre contre tout cela.

- Autodétermination :

C’est la capacité de choix autonome et indépendant de l’individu.
Se définir soi-même ; décider soi-même ce qui est bien pour soi ; ne pas permettre à d’autres de nous imposer quoi faire de notre corps et de nos vies.
Ça signifie prendre la liberté de choisir soi-même vers qui diriger nos désirs et avec qui vivre nos sensualités/sexualités, en dehors de toute norme ou ordre moral qu’on voudrait (nous) imposer.
Ça signifie prendre la liberté d’imaginer et de vivre nos vies et nos liens affectifs en dehors des schémas étriqués de la famille nucléaire et reproductive.

- Non-mixité politique :

Prendre des espaces-temps entre personnes qui subissent une même oppression, en dehors du regard du dominant par rapport à cette oppression. Pour partager du vécu, discuter, analyser, tisser des liens. Se donner de la force, se confronter et s’organiser. Pour lutter.
Aussi quand on est pédé ça peut avoir du sens de se retrouver et de s’organiser à partir de ce vécu particulier. Pour se défaire des manifestations de l’oppression liée à la norme sexuelle, tout en prenant aussi en compte que cette oppression ne s’exprime pas pour les gays/pédés de la même manière que pour les lesbiennes/gouines. Ça permet donc de pouvoir se concentrer, et creuser, sur notre vécu spécifique de pédé.
Sans oublier que ces espaces-temps peuvent constituer déjà des moments de rencontre qui permettent de sortir de l’isolement que l’on peut vivre dans nos vies ou réseaux politiques.

4 – LUTTER DEPUIS UNE PLACE DE DOMINANT

En reprenant le fil de la réflexion d’avant la parenthèse sur l’héritage du féminisme, je voudrais continuer avec quelques considérations autour du fait de lutter depuis une place de dominant.

PLACE et LÉGITIMITÉ

Une conséquence/implication du manque de lien direct et automatique entre une condition et des idées, est que des fois on peut sincèrement avoir envie de lutter contre quelque chose que non seulement nous ne vivons pas à la première personne, mais qui, de plus, nous apporte des privilèges et du pouvoir sociale..bref, lutter depuis la place de dominant.

Cela (me) pose donc certaines questions politiques, notamment par rapport à la légitimité à participer à ces luttes et à la place prise là-dedans.
Je crois que les différentes réponses apportées couramment à ces questionnements ne me conviennent pas complètement. Ni celles qui posent les rôles possibles dans la lutte contre une oppression en terme de « légitimité » des premièr-es concerné-es et de « soutien » des dominant-es dans l’oppression en question. Ni celles, vraiment plus néfastes, qui soit ne voient même pas l’intérêt de se poser la question, soit prétextent le fait de ne pas vouloir utiliser et renforcer des catégories créées par le pouvoir, et effacent donc d’un coup de baguette magique les asymétries et inégalités de condition sociale de départ et leurs effets concrets dans la réalité.

Comme exprimé plus haut, je pense que le fait de vivre une oppression à la première personne donne un point de vue « avantagé » pour en parler, pour l’analyser et pour l’appréhender dans toutes ses subtilités. Certes, le « savoir » et les analyses produites par les opprimé-es pourront être reprises et adoptées par les dominant-es ; mais ielles ne pourront le faire que d’une façon principalement intellectuelle, donc limitée, vu l’accès différent à la « connaissance » de l’oppression. Je partage donc l’idée que c’est aux opprimé-es, en tant que catégorie sociale, de définir leur oppression et que cette position donne aussi plus de billes pour lutter contre avec pertinence.

Je pense, néanmoins, que le fait de subir directement une oppression n’est pas et ne doit pas être LA condition nécessaire pour pouvoir lutter contre, se positionner, réagir contre des manifestations de cette oppression. On peut trouver horrible et se sentir concernés par ce qu’il se passe autour de nous ou par ce que d’autres personnes subissent même si nous n’en payons pas directement les frais.
Ça devient important, alors, d’être conscient-es et de prendre en compte les implications, limites et différences d’accès à la connaissance de l’oppression, liées à sa position et à son point de vue.

Je préfère donc poser ce qu’il se joue autour de ça en termes de place plutôt que de légitimité.
D’un côté, il y a l’enjeu de quelle place on prend dans la lutte. De l’autre, celui de la place depuis laquelle nous agissons. Je pense, effectivement, que c’est très important d’être conscients, clairs et honnêtes autour de ces enjeux et sur les motivations qui nous poussent à agir. Et, surtout, de prendre en compte tout cela dans la façon dont nous agissons. Pour ne pas déposséder une fois de plus les personnes qui subissent une oppression, ni leur enlever une fois de plus la parole ou la prise sur leurs parcours de libération, ni être dans des postures paternalistes.

Je tiens à préciser que je suis conscient que je touche là une question délicate. Que de poser les choses en ces termes, ça ouvre un espace glissant potentiellement rempli de mauvaise foi, de malhonnêteté, de recherche de valorisation, de faux complices, de positions de défense de privilèges et de reproduction des dominations existantes, de négation de la nécessité de la non-mixité et de refus des oppressions spécifiques et des mots pour en parler.
Je trouve important, donc, d’être clair sur le fait que je trouverais vraiment abusé que des personnes se permettent d’utiliser des réflexions ou arguments présents dans ce texte à ces fins. Elles n’auraient juste rien compris à l’ensemble du texte. Et ça serait à l’encontre de ma volonté et des visions et idées politiques que je porte.
Mais je pense qu’il est préférable de prendre le risque de voir la complexité des choses, plutôt que de tomber dans le dogmatisme et la sacralisation de L’OPPRIMÉ-E, qui amènent avec elles bien d’autres travers. Tout en laissant à l’intelligence et à la finesse de chacun-e le soin de se dépatouiller là-dedans et de démasquer les faux complices.

SOUTIEN OU COMPLICITÉ ?

Quand on décide d’agir ou de lutter contre quelque chose qu’on ne subit pas à la première personne et/ou depuis une position de dominant-e, et qu’en plus on veut essayer de prendre en compte notre place là-dedans, on peut être tenté-e de tomber dans le piège du soutien a-critique et inconditionnel de la « parole des premièr-es concerné-es ».
Le problème est que, comme on l’a vu plus haut, les personnes qui subissent une même oppression ne constituent pas une entité homogène et indifférenciée, et qu’en plus, la volonté d’émancipation d’une même oppression peut prendre différentes formes et avoir différentes perspectives politiques.

À partir de ce constat, on peut bien imaginer quelles limites et travers peut engendrer le fait de se poser seulement en position de soutien. Pour en citer quelques unes : le fait de retomber dans des généralisations et donc de ne pas prendre en compte les individualités ; la passivité dans les prises de décisions, la réflexion et l’action, ce qui implique aussi une déresponsabilisation ; des attitudes paternalistes et hypocrites dans les rencontres, où on met de coté une partie de nous-mêmes et de nos idées, avec le sous-entendu que les opprimé-es ne seraient pas capables de comprendre et/ou de penser les mêmes choses que nous ; la sacralisation des opprimé-es ; le fait d’agir par culpabilité plutôt que par conviction ; le fait d’utiliser la place d’opprimé-e comme un argument d’autorité et un levier de pouvoir, c’est-à-dire une application (mauvaise) de l’idée (juste) que ce sont les opprimé-es en tant que groupe social qui doivent définir leur oppression ; le fait de réduire les désaccords politiques systématiquement et automatiquement à la différence de position sociale (ce qui ne veux pas dire que ça puisse être effectivement le cas à plein de moments), qui va avec le fait de réduire les individues à une seule facette.

Ça me paraît donc plus intéressant que les rencontres et complicités potentielles se tissent à partir de ce qu’on est et de ce qu’on pense, tout en ayant en tête nos places respectives. Tout cela veut dire, entre autre, prendre en compte et prendre la responsabilité que parfois on pourra se planter et/ou reproduire des oppressions. Parce que, même avec toutes les meilleures intentions, un des principes communs à tous les systèmes d’oppression est que les dominant-e-s ne sont pas (toujours) conscient-e-s de la domination qu’ielles exercent. Alors, pour éviter de faire trop de merde, c’est important d’être ouvert à entendre les critiques et à se remettre en question.

Partir de sa place pour lutter contre des systèmes de domination peut vouloir dire, par exemple, bien choisir son angle d’attaque. Si on pense les oppressions comme quelque chose dont tout le monde est partie prenante (même si avec des places différentes), ça pourrait vouloir dire, quand on lutte depuis celle de dominant, s’attaquer déjà au bout qui nous concerne plus directement, aux structures, institutions, personnes et mécanismes par lesquelles les dominants maintiennent l’oppression en place et en bénéficient.
Par exemple, je ne souhaite ni que des hétéros me disent comment je devrais me libérer ou m’émanciper ou lutter, ni qu’ielles soutiennent des revendications de « mariage pour tous » juste parce qu’une bonne partie des homos demandent ça et qu’en tant que dominantes ielles ne pourraient que « soutenir » les désirs des opprimé-es. Par contre, je pourrais trouver pertinent qu’ielles critiquent et luttent contre l’institution du mariage tout court, qu’ils s’attaquent à un des symboles de leurs privilèges d’hétéros.

5 - ME DÉFINIR COMME PÉDÉ

Pour finir, j’ai envie de partager quelques considérations autour du fait de me définir « pédé ».

Comme j’ai essayé de le montrer dans ce texte, le fait de subir une oppression n’amène pas forcément à la conscience de ce qu’on subit, ni à la volonté de lutter contre. Ça ne laisse pas non plus présupposer des formes et des perspectives d’une potentielle révolte.
Une certaine « condition » commune n’est pas suffisante à elle seule pour créer des complicités et des affinités. Déjà, parce qu’une « condition » ne dit pas quel est ton rapport à cela, ni ce que tu veux faire de cette condition. Aussi, parce que ça touche seulement à un aspect de nous-même et de notre rapport au monde, et que donc notre vision politique du monde ne peut pas se réduire et n’être façonnée que par un seul aspect de ce qui nous constitue. Et enfin, parce que ce que nous sommes et ce par quoi nous sommes animés ne se réduit pas à des rapport sociaux de domination et à nos places là-dedans.

Ceci dit, pour moi l’identité « pédé » ne désigne pas seulement une condition sociale, une orientation sexuelle ou les termes de ma sexualité. C’est une identité politique qui exprime aussi en partie une certaine façon de me positionner par rapport à l’oppression que je subis. Cela dépasse une simple condition d’opprimé et ça implique aussi un rapport politique à la norme hétérosexuelle et à la société qui la produit et qui en tire profit.
Pédé exprime le refus de m’intégrer dans une société qui voudrait nous imposer avec qui nous devons baiser ou vivre nos amours et à quoi nous devrions ressembler et nous conformer.
Ça reste donc important pour moi de me définir comme pédé.

Mais je suis aussi autre chose que pédé. Ce qui me rebute ce n’est pas seulement l’oppression que je subi, mais l’existence même de rapports de domination/exploitation/oppression, quels qu’ils soient. J’aspire à la liberté pour tou-tes, et je suis conscient que nous ne serons pas vraiment libres tant que d’autres rapports de domination/exploitation/oppression existeront dans notre société. C’est pour cela que je vois du sens à lutter contre tous, et non seulement contre celui/ceux que je subis.

Je continue de penser que les non-mixités sont nécessaires et importantes.
Je continue à chercher et à nourrir des complicités avec d’autres pédés, à construire et faire vivre des espaces et des dynamiques politiques entre pédés.
Mais c’est dans le partage d’un certain vécu social ET AUSSI d’idées et éthique politiques que je peux trouver des complicités et affinités plus profondes.

Cette exigence qui se précise et s’affine dans mon parcours est accompagnée par un fort sentiment d’isolement, par le constat de la rareté de ces rencontres, et donc par la difficulté à trouver et à imaginer des perspectives et des dynamiques de lutte dans lesquelles je peux exister entièrement.

Quelqu’une disait dans les années 70 : "vous dites que la société doit intégrer les homosexuel-les, moi, je dis que les homosexuel-les doivent désintégrer la société".
Avis de recherche.
À bon entendeur.

p – mars 2017


ANNEXE : LETTRE OUVERTE AUX MECS DU F.H.A.R

(texte paru dans la revue « L’Antinorm » n° 1 – janvier 1973)

Messieurs du F.H.A.R. à entendre nos professions de foi quotidiennes nous ne sommes pas phallocrates, d’ailleurs, c’est bien connu, nous sommes les alliés objectifs du M.L.F., du moins on le dit ; de plus, chez nous, dès qu’une fille parle, on se tait, pour qu’elle puisse se faire entendre avec sa petite voix...
Me permettez-vous de rire devant l’étonnement de certains, d’avoir été pris pour des mecs, pendant les journées des « crimes contre les femmes », organisées par le M.L.F. Petits êtres éthérés, nous sommes tombés de haut, et nos protestations : « On est pas des mecs, on est pédés », n’ont pas suffi à nier le fait suivant, que nous oublions si facilement, parce que nous n’avons jamais voulu en voir toutes les conséquences, à savoir que toutes les femmes sont opprimées en tant que femmes, parmi elles les lesbiennes le sont en tant que femmes et lesbiennes ; les pédés sont opprimés en tant que pédés et oppresseurs en tant qu’hommes ; non ne retenons bien sûr que l’aspect opprimé, ce qui est tellement plus commode...
Il est vrai que tous les hommes ne sont pas oppresseurs, de la même façon, certains même, hétéros (M.L.H.) ou homos essaient honnêtement d’être de moins en moins phallocrates, et ce n’est pas facile.
Il ne suffit pas de se proclamer non-phallocrate ni même de vivre en bons termes avec les filles, pour être libéré. Il faut en prendre conscience, car ce n’est pas seulement toute une façon de se comporter, mais toute une culture, si bien assimilée que nous ne nous en rendons même plus compte, ne serait-ce qu’au niveau du langage. Cette prise de conscience ne peut se faire qu’en acceptant d’être constamment remis en question par les autres (les filles en particulier) et de se remettre en question soi-même. Il s’agit avant tout d’éviter la conduite du « mec », à savoir l’autoritarisme, le désir de puissance, le dirigisme et toute attitude tendant à marquer la « suprématie du mâle ». Nous ne voulons pas reproduire les schémas traditionnels du pouvoir Mâle, ce qui est d’autant plus difficile que toute notre société repose sur une structure créée par et pour les hommes, rationnelle au point d’en devenir concentrationnaire et fascisante.
Cette structure mâle est, et sera de plus en plus, ébranlée par la force montante des femmes. Celles-ce démontrent déjà, par certains aspects de leur combat, qu’il est possible de lutter autrement qu’en reproduisant les schémas traditionnels, sans recourir aux dogmes ou toute autre « vérité supérieure » (Jésus ou Marx, y en a marre du père), ni à une quelconque volonté de puissance et de commandement pour éviter la pagaille et policer notre image de marque de groupe gauchiste réaliste. Après tout, reconnaissons que si nos divergences et nos divisions ne donnent pas une vision bien nette du F.H.A.R., elles en sont aussi la richesse et permettent peut-être d’éviter un bureaucratisme tout à fait phallocrate. Si nous comprenons peu à peu la nécessité de contrôler et de corriger notre attitude avec les filles, entre nous nous sommes plus « Mecs » que jamais : lutte pour le pouvoir et la dignité de notre combat (amen !). C’est à quel groupe vaincra l’autre, à qui aura SON journal (3 canards en voie de réalisation), SA plateforme, SON article (et vlan pour l’auteur de ces lignes), SON interview, etc., si bien que d’articles en articles, d’interviews en interviews, nous en oublierons une fois de plus le principal, à savoir : quelle alternative homosexuelle proposons-nous, qui ne soit pas la reproduction du ghetto, d’Arcadie ou des boites à fric, et qu’est-ce qui nous uni ? Quels sont nos rapports entre nous,et nos vécus quotidiens, etc. et puis MERDE, la révolution ce n’est pas une doctrine, y’a les gauchistes et le P.C. pour ça, c’est aussi la vie, et entre nos vies et notre théorie (tant soit peu qu’il y en ait une)... quel gouffre.

Helmut

[1personne dont le genre ressenti correspond à celui qui lui a été assigné à la naissance


)



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