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Un corps de femme Brochure pour celles qui sont en âge d’aller au collège (et plus)

mis en ligne le 31 mai 2019 - gangstars

Sommaire

1. Qu’est ce qu’un corps de femme ?
2. Le corps d’une femme dans notre société
3. Les femmes et le poids
4. Anatomie des organes génitaux
5. La puberté
6. La « toilette intime » : quelques conseils
7. La masturbation
8. Les règles
9. Les seins
10. Les soutien-gorges
11. Les poils
12. Aimer son corps
13. Premier RDV gynéco
14. L’hymen
15. Les sexualités
16. Le consentement
17. BONUS : coloriages de grandes filles
18. 2 témoignages

QU’EST-CE QU’UN CORPS DE FEMME ?

On ne dirait pas comme ça, mais c’est une question très difficile. Tout le monde est différent. Toutes les femmes sont différentes.

Un corps de femme, c’est le corps de quelqu’un-e qui se définit comme femme.

La plupart du temps, les personnes qui sont des femmes sont nées avec un vagin : les médecins ont alors annoncé que c’était des filles et elles n’ont pas remis cette idée en question. Bon. Mais certaines femmes sont nées avec un pénis, et là les adultes ont déclaré que c’était des garçons. Mais voilà, elles ont su, elles, qu’elles étaient des filles.1 Et puis, certaines personnes sont nées avec un sexe que les médecins ne savaient pas identifier comme pénis ou comme vagin, et certaines d’entre elles sont des femmes.
Bref, en fait toutes les femmes sont différentes, et toutes les femmes n’ont pas forcément de vagin ou d’utérus, ni de règles, ni de seins.
La seule personne qui puisse affirmer que tu es une femme ou non, c’est toi-même. Personne ne peut le faire à ta place, aucune caractéristique physique ne fait de toi une femme. C’est uniquement une question de ressenti, de se reconnaître dans une identité, ou non.
Dans cette brochure, on va parler du corps des femmes qui sont nées avec un vagin. Mais sache qu’il existe d’autres corps de femmes…

(De la même façon, cette brochure pourra aussi intéresser des garçons qui ont un vagin...)

LE CORPS D’UNE FEMME DANS NOTRE SOCIETE

Dans notre société, on ne considère pas de la même façon le corps des femmes et celui des hommes. On entend souvent que le corps d’un homme est fort, robuste, résistant. Et que celui d’une femme est fragile, petit, fin. Donc les garçons que l’on a toujours félicité d’être si forts prennent facilement les rôles de chefs. Evidemment, si on nous répète depuis toute petite de faire attention, que l’on va tomber, etc., on reste plus passive, à suivre derrière les autres.
Cette société nous apprend que notre corps est faible et qu’il a besoin de quelqu’un d’autre pour le protéger. C’est faux !
Cette société utilise aussi énormément le corps des femmes pour vendre des choses (à peu près tout et n’importe quoi). Dans la plupart des publicités, il y a une femme. On appelle cela l’objectivisation du corps de la femme. Ça veut dire qu’on le considère comme un objet vendeur. La femme que l’on voit dans les publicités (et aussi dans les films, les magazines, etc.) est une femme qui est reconnue comme séduisante. Elle répond à des critères physiques stricts (comment sont ses cheveux, ses habits, sa taille, son poids, ses ongles, ses poils, etc.).
Qui a décidé qu’une femme, pour être considérée comme séduisante, devait : être très grande, être très mince, avoir de grosses lèvres, une grosse poitrine et pas de hanches ? Et bien ce sont les images sur les affiches, dans les films, à la télévision, dans les magazines ! Ce sont les médias et les publicitaires (c’est eux qui payent les médias pour diffuser leurs pubs) qui ont imposé ce modèle. Cette image est un exemple révélateur parmi des milliers d’autres :

C’est une pub qui a été affichée dans le métro à Londres et Paris : Votre corps est-il prêt pour la plage ? D’après cette publicité, avoir un corps acceptable à montrer à la plage veut dire : être blonde, blanche, très fine voire maigre, avoir aucun poil, et de gros seins (tout en étant maigre…).
Et si on ne répond pas à TOUS ces critères ? On devrait avoir honte de montrer son corps à la plage ?
Pour se faire du bien, voici deux réponses à cette pub (trouvées sur internet) :
Comment avoir un corps pour la plage

1. avoir un corps
2. aller à la plage

100 % prêtes pour la plage

Ces critères de beauté n’existent pas depuis toujours ! A d’autres époques, la beauté était définie selon des critères différents. Il n’y a pas de science de la beauté, c’est une question subjective…
En tout cas, ces images que l’on voit depuis que nous sommes nées ont un fort impact sur nous. Elles nous persuadent que pour se sentir bien dans notre peau, à l’aise avec notre corps et l’image qu’il renvoie aux autres (dans la rue, dans la cour, dans sa famille…), on doit ressembler au modèle des médias ! Et même si on n’a pas fait le rapprochement entre nos désirs et ces images, il y a quelque chose qui nous dit qu’il faudrait qu’on ait une certaine taille de soutien-gorge ou de hanches… mais ….C’est faux ! La féminité et la beauté sont multiples, et ne dépendent pas de critères physiques que l’on pourrait mesurer.
La beauté, c’est différent pour chacun. Pour moi, c’est se sentir bien dans sa peau, être heureuse, être en colère, être solidaire … et sûrement pas une taille de soutien-gorge ou une french manucure…
De la même manière, la féminité c’est un ensemble de comportements que la société associe aux femmes : c’est un ressenti personnel de voir comment tu t’y identifies ou non. On ne peut pas décider à ta place à quel point tu te sens féminine ou non.

LES FEMMES ET LE POIDS

Il y a un critère imposé aux femmes pour juger l’image de leur corps qui a particulièrement d’importance dans notre société : le poids.
Être considérée comme grosse est mal vu par notre société. C’est une pression énorme que certaines connaissent depuis qu’elles sont petites. Si on est perçue comme grosse par les autres, alors certaines personnes nous prennent pour des fainéantes, sans volonté, voire stupides...
_Tout ça car les autres pensent que l’on est incapable de contrôler la quantité de nourriture que l’on mange. Le problème… c’est que c’est faux ! En moyenne, les personnes grosses mangent les mêmes quantités et les mêmes types de nourriture que les personnes minces. Parfois, elles mangent même moins (parce-qu’elles sont complexées par leur poids, elles ont peur d’être jugée si on les voit manger comme les autres)2. Certaines personnes ont l’air de penser que si on se décidait à suivre un régime amaigrissant équilibré, on ne serait plus grosse. Et là encore… c’est faux ! Quasiment tout le temps, les personnes qui réussissent à perdre du poids en suivant des régimes reprendront tous le poids perdu en quelques années. Souvent même encore plus…
_Au final, la paresse, la volonté ou l’intelligence n’ont rien à voir avec notre poids !
Les personnes grosses sont victimes de discrimmination, il arrive donc qu’elles soient isolées et se sentent mal dans leur peau à cause des jugements des autres. Nous subissons toutes une grosse pression d’un idéal de minceur qu’on nous transmet dans les médias. Prenons l’exemple de Barbie :

Le corps d’une Barbie n’est tellement pas naturel, que si elle existait pour de vrai, elle ne pourrait pas survivre !
Son cou est par exemple 2 fois plus long qu’une femme moyenne. Il ne pourrait pas supporter le poids de sa tête, qui serait obligée de pencher toujours en avant ! _ Sa taille est tellement petite qu’elle ne pourrait contenir que la moitié d’un foie et quelques dizaines de centimètres d’intestins seulement...
Un artiste a fabriqué une « Barbie » avec les formes moyennes d’une femme de 19 ans, : sur la photo on peut comparer les deux poupées.
Tout ça pour dire que Barbie est très loin de la réalité… ...donc pas de raison de se comparer à elle ou à un modèle dans son genre.
Pour mieux pouvoir nous défendre face à la pression sociale exercée sur nos corps, voici des extraits de l’émission de radio « Un podcast à soi »3 en compagnie du collectif Gras Politique4 : une émission bourrée d’armes pour nous défendre contre ces normes qui nous emprisonnent :

« Aussi loin que je me souvienne, ma famille a toujours surveillé mon alimentation, même quand ma courbe de poids était « normale ». Parce que je viens d’une famille de femmes qui sont pas minces, pas grosses, mais pas minces, et ça les a toujours complexé. C’est quelque chose qu’on m’a tout de suite inculqué : fallait pas trop manger, pas trop reprendre ni de salé, ni de sucré… Il y a pas très longtemps, ma mère m’a raconté de manière totalement décontractée qu’à 4 ans j’ai pris un bout de pain dans la corbeille sur la table, je l’ai regardé, je l’ai reposé et je me suis mise à pleurer. Elle m’a demandé : « Qu’est ce qu’il y a ? » et j’ai dit « Si je mange, je vais grossir... ». Et elle me racontait ça comme si c’était normal, alors que c’est elle qui, à 4 ans quand même, m’a fait conscientiser que si je mangeais trop j’allais grossir, et que si je grossissais c’était mal. Je me dis : c’est tôt pour avoir intégré ces codes et ces violences...
J’avais un visage un peu rond, j’étais potelée, mais voilà, j’étais juste pas mince et ça faisait peur quoi… que je sois pas une fille comme il faut : jolie, bonne à marier, etc... A force d’intégrer tout ça, j’ai fini par faire mon premier régime pendant les vacances d’été entre la 6e et la 5e. J’ai perdu 11 kilos pendant les 2 mois d’été, sous un tonnerre d’applaudissements général de toute ma famille. J’ai vu que le regard de tout le monde à changé, tout le monde me félicitait… J’étais partagée : j’étais contente de me sentir plus jolie dans le regard des autres, mais moi je me voyais pareil, finalement… Dans l’année qui a suivi j’ai eu mes premières règles, donc avec les hormones j’ai repris du poids et je me suis stabilisée jusqu’à environ mes 15 ans. Là j’étais ce que l’on pourrait appeler « ronde » et ma mère a recommencé à me faire du chantage pour que je perde du poids. Tout le temps la bouffe, le poids, l’apparence… Je le vivais comme une injustice puisqu’il n’y avait pas de risque pour ma santé : j’étais pas spécialement grosse, je devais faire un 40… »

« Ce sont les mères qui s’occupent principalement des pratiques alimentaires des enfants et des pratiques de santé des enfants. Du coup, les mères retraduisent parfois leur propre insatisfaction corporelle et elles vont contrôler l’alimentation de leurs filles. Elles vont les mettre au régime quand elles prennent un peu de poids, par exemple. Et ça peut être dramatique parce que ça va conduire à un contrôle de l’alimentation de l’enfant. Et à un moment donné, l’enfant va soit complètement lâcher prise et prendre beaucoup de poids en opposition à ce contrôle permanent, soit au contraire essayer de continuer ce contrôle et entrer dans des régimes sans fin avec toutes les conséquences négatives que ça peut avoir. Il faut vraiment comprendre que ce contrôle des mères sur l’alimentation de leurs filles, c’est un comportement qui traduit des normes sociales….
Il y a une norme de minceur qui est particulièrement forte en France et qu’on peut tout simplement constater en ouvrant un magazine féminin, où tous les modèles de femmes proposés sont extrêmement minces. C’est d’ailleurs peu courant de voir à la télé des femmes qui sont de corpulence juste moyenne. Donc ce sont des normes esthétiques et sociales qui différencient vraiment les hommes et les femmes sur cette question.
Et qui a des conséquences importantes puisque les femmes font beaucoup plus de régimes que les hommes et sont beaucoup plus insatisfaites sur leur rapport au corps et leur rapport à leur corpulence. On imagine des jeunes garçons qui vont manger des pizzas et les jeunes filles qui vont manger des salades. C’est caricatural et très révélateur de notre société, où on va trouver normal qu’une fille mange une salade et dise : « Non, non j’ai pas faim... », et au contraire on va considérer qu’un homme doit manger de la viande, des aliments solides, doit manger beaucoup et gras. En tout cas ca va être considéré moins grave s’il le fait. Alors que l’idéal de la féminité qui existe dans notre société ne correspond pas avec manger un gros burger à la mayo.
Les femmes sont censées se contrôler, doivent aussi contrôler leur corporalité. Elles doivent être moins bruyantes, moins ... prendre moins de place.. ! C’est vrai que dans l’espace public une femme qui est très grosse, elle prend beaucoup de place, elle est très visible. Et ça c’est quelque chose qui est mal vu... Un homme dans notre société a beaucoup plus de place dans l’espace public de manière générale : on l’écoute plus, il a plus le droit d’interompre quelqu’un qui parle, plus le droit de s’exprimer, d’être bruyant, d’avoir des comportements visibles.... Du coup un homme qui est en surpoids, il est visible, certes, mais c’est perçu comme moins choquant chez lui... ».5

« Les femmes grosses sont à l’intersection de deux formes de discrimination : le sexisme et la grossophobie.
Une femme grosse doit en faire plus, elle doit obligatoirement rentrer dans des canons d’hyper-féminité. Il faut qu’elle mette ses seins en avant parce qu’elle est censée avoir des gros seins puisqu’elle est grosse… Il faut qu’elle soit très féminine… On a l’image de la grosse pin-up, qui est un peu une grosse acceptable. Si moi je mets juste un jean et un t-shirt on va me dire : « Oh la la, tu pourrais faire un effort, déjà que t’es grosse... ». Mais en fait non ! Pourquoi ? Alors que sur une personne mince on dirait : « Oh la la, un rien l’habille ! ». Moi j’ai pas le droit de ne pas « m’habiller », parce qu’aux yeux de la société je passe pour une « grosse souillon ». Donc c’est extrêment violent !
Et puis, les femmes sont soumises à un diktat de la beauté, de la minceur, de l’épilation, du maquillage, de la manière d’être en société, et chez les grosses et bah tout grossit ! Donc on est encore plus impactées par ce diktat puisqu’on ne rentre pas dans les cases dans lesquelles on nous demande de rentrer : on déborde de ces cases !
Si on fait tout pour coller à l’image de la norme, on n’arrive jamais à y coller à 100 %, et du coup on peut être en lutte avec nous-mêmes toute notre vie… à surveiller tout ce qu’on bouffe, prendre des compléments alimentaires, se forcer à faire du sport même si on y trouve aucun plaisir, à adopter toutes les modes et rester toujours à la recherche de nous-mêmes et de l’amour de nous-mêmes. Moi je pense qu’il n’est pas à chercher dans la norme, l’amour de soi… ».

ANATOMIE DES ORGANES GENITAUX

Comme expliqué au début de cette brochure, toutes les femmes sont différentes. Il est impossible de faire un dessin ou une description qui représente exactement le corps de toutes les femmes. Les schémas et explications suivants sont donc forcément généraux et ne peuvent pas correspondre à toutes les femmes.
Beaucoup de femmes ne connaissent pas bien leur corps. Surtout les parties qui sont cachées sous leurs habits. Pourtant notre corps nous appartient, et même plus : il est nous. Apprendre à se connaître, c’est apprendre à la fois à se protéger, à se sentir forte, à s’aimer, à se procurer du plaisir.

Les organes génitaux externes : ceux que je peux voir

LA VULVE
C’est la partie extérieure des organes génitaux (celle qui est visible).

Sur ces pages, il y a des images de vulves pour te donner une première idée de ce à quoi elles ressemblent. Il est rare de voir des images de vulves, alors qu’il arrive plus souvent de voir des dessins de pénis (sur les murs, dans les toilettes publiques…) !
Notre vulve nous appartient, elle nous sert à beaucoup de choses. Depuis que tu es petite tu la laves, tu l’essuyes aux toilettes, tu la protèges avec une culotte, peut-être que tu la touches parfois dans ton lit, mais l’as-tu déjà regardée ? C’est curieux non ? Une partie de notre propre corps (comme le nez, la main, etc.).. que l’on connaît si peu qu’on ne l’a jamais vue !

Les différentes parties de la vulve :

Si tu as envie d’apprendre à te connaître et de découvrir à quoi ressemble ta vulve en chair et en os... c’est une très bonne idée ! Je te conseille de prendre un miroir et de te regarder dedans !

Et pourquoi pas chercher toutes les parties qui sont indiquées sur l’image du dessus… C’est une expérience très utile, on se sent plus forte et plus sûre de soi lorsque l’on se connaît soi-même.
Les vulves n’ont pas toutes la même couleur ni la même forme, mais elles sont toutes belles et aimables. La preuve :

Voilà des moulages de vulves de femmes volontaires dans du plâtre, et leur admirable diversité :

LE CLITORIS

Le gland du clitoris est visible sur l’image de la vulve dans les pages précédentes de la brochure. Le clitoris tout entier est bien plus grand (le gland est la petite partie du clitoris qui ressort, le reste du clitoris se trouve à l’intérieur du corps). Le clitoris, c’est un organe destiné à l’excitation et à la jouissance sexuelle. En un mot, au plaisir.

Le clitoris est le tissu le plus sensible qui existe. Il comporte plus de terminaisons nerveuses à son extrémité (le gland) que n’importe quel autre organe (et donc plus de terminaisons nerveuses qu’à l’extrémité du pénis par exemple6). Les terminaisons nerveuses réagissent au toucher, ce sont elles qui nous permettent de sentir.

Le clitoris mesure en moyenne 8 cm (mesure de la partie intérieure et extérieure). Quand le clitoris est excité, il se gonfle de sang, il double de volume, se tend et se raidit. Cet afflux de sang le rend encore plus sensible et la sensation lorsqu’on le touche de la bonne façon peut être très agréable.

Les organes génitaux internes (à l’intérieur du corps)

LE VAGIN

Le vagin, c’est l’organe qui fait la jonction entre l’intérieur et l’extérieur. C’est une sorte de porte aux pouvoirs exceptionnels. Le corps peut s’approprier des choses de l’extérieur en passant par lui, c’est ce qu’il fait par exemple avec le sperme, ou se débareasser de choses prêtes à sortir, comme les règles ou un bébé. Il a aussi un rôle de protection : ne passe pas par le vagin qui veut ! La plupart du temps, il est fermé !

Le vagin, c’est quoi ? D’abord, ce n’est pas un trou, non, pas du tout. Il est composé de tiss
us souples qui s’étendent et se distendent lorsqu’il y a excitation sexuelle. Le reste du temps, les parois se touchent et le vagin est fermé. Puisqu’il s’agit de tissus élastiques, on peut rentrer des choses dedans, que les parois vaginales vont entourer. C’est-à-dire qu’on peut rentrer un truc tout petit (comme un tout petit doigt) et qu’il sera en contact avec les parois vaginales, tout comme un truc plus gros (comme plusieurs doigts, un pénis ou autre).
Il mesure entre 7 et 12 cm de long, et est constitué de muqueuses et de tissus musculaires. Si l’on est debout, il se dirige depuis la vulve vers le haut et l’arrière du corps.

Les muqueuses sont des membranes qui tapissent les cavités du corps en continuité avec la peau (par exemple l’intérieur de ta bouche, de ton nez ou ton vagin sont tapissés de muqueuses).
La spécificité des muqueuses est d’être en permanence humide ou humidifiée. Elles sont beaucoup plus perméables que la peau à l’eau et à de nombreuses substances.

La flore vaginale :
Dans le vagin vivent des êtres vivants microscopiques (des bactéries). L’ensemble de ces bactéries forment la flore vaginale. Elles sont très bénéfiques puisqu’elles protègent le vagin contre les micro-organismes responsables des infections

Les pertes ou sécrétions vaginales :
Les sécrétions vaginales sont des liquides normaux produits par le vagin. Les sécrétions sont normales lorsqu’elles sont inodores, de couleur claire ou laiteuse, qu’elles ne provoquent ni irritation ni brûlure et ne raidissent pas le linge. Elles servent à nettoyer le vagin, en particulier des cellules mortes sur sa paroi, afin qu’il reste propre. La quantité et la couleur des sécrétions varient selon les moments du cycle menstruel.

L’UTÉRUS

Il a la forme et la grosseur d’une poire. C’est l’utérus qui accueille le futur bébé le temps de la grossesse. De la puberté à la ménopause, l’endomètre (la paroi de l’utérus) se développe chaque mois pour accueillir un potentiel ovule fécondé. Si l’ovule n’est pas fécondé, l’endomètre est évacué : c’est les règles.

1) utérus après les règles
2) utérus avec endomètre prêt à recevoir un futur ovule fécondé (par un spermatozoïde)
3) les règles : l’ovule n’est pas fécondé, alors l’endomètre est évacué via le vagin

Le col de l’utérus est
le passage entre l’utérus et le vagin :

LES OVAIRES

Ils sont deux et reposent de chaque côté de l’utérus. Les trompes de Fallope les relient à l’utérus.
Les ovaires produisent et émettent un ovule par mois, chacun leur tour. Ils sont gris-rose en forme d’amande et mesurent environ 3 cm. En plus de leur rôle de producteurs d’ovules, les ovaires produisent les hormones oestrogène et progestérone.

LA PUBERTE

La puberté est une période durant laquelle chacun-e subit de grands changements.
(Mais toute la vie est une suite de changements et d’étapes, il ne faut pas dramatiser non plus.)

Faire sa puberté c’est :

avoir un pic de croissance (on grandit d’un seul coup)
devenir fertile (on devient capable de faire des enfants)
connaître le développement de ses caractères sexuels (les seins, la vulve et les poils se développent)
avoir un plus grand besoin de sommeil (on dort plus)

Chez la femme, la puberté démarre entre 9 et 16 ans et dure habituellement environ 3 ans (attention ce sont des moyennes, cela change beaucoup d’une personne à l’autre).
L’arrivée de la fertilité se voit chez la femme avec début des menstruations (des règles).
La puberté est contrôlée par des hormones : des substances chimiques naturellement produites par le corps (dans le cerveau et les ovaires). Ces hormones sont l’oestrogène et la progestérone, elles donnent le signal au reste du corps d’activer les changements qui se produisent pendant la puberté.

Ces changements n’arrivent pas d’un seul coup mais sur plusieurs années, petit à petit. Les seins mettent par exemple plusieurs années à se développer. On peut s’apercevoir que l’on a des poils sous les aisselles et attendre encore plusieurs mois ou années avant d’avoir ses premières règles.

Il est normal et sain de prendre du poids pendant la puberté (souvent au niveau des hanches et des cuisses). On grandit de 5 à 20 cm ou même plus. En général on arrête de grandir environ 2 ans après les premières règles.
Il faut s’attendre à transpirer plus, et à ce que la voix mue pour devenir un peu plus grave.
Il y a aussi de fortes chances que l’on ait de l’acné : des boutons qui sont causés par une trop grande production de sébum (une matière grasse qui sert à protéger la peau) par les pores de la peau. Sûrement provoqué par les hormones, 85 % des gens ont de l’acné pendant leur puberté, un phénomène qui s’arrête la plupart du temps tout seul après cette période.

Bien sûr tout ce qui est dit là varie beaucoup d’une personne à l’autre.

Les vergetures :
Avec le pic de croissance, il se peut que l’on grandisse vite d’un coup, et parfois la peau n’a pas le temps de s’adapter. Surtout que les hormones en rajoutent une couche en rendant la peau moins élastique à la puberté...
Des vergetures peuvent donc apparaître particulièrement à cette période, souvent aux endroits qui se modifient le plus comme les hanches, les cuisses, les fesses, la poitrine, le ventre... Elles vont former de petites cicatrices qui resteront souvent blanches.
Cela arrive aux filles comme aux garçons et la plupart des gens en ont ! On peut aider la peau à rester élastique et à cicatriser en buvant suffisament d’eau et en hydratant sa peau avec des crèmes ou des huiles.
Et surtout, ces petites cicatrices ne sont pas forcément moches : les zébrures, les marbrures, ça peut être beau aussi !

La ’TOILETTE INTIME’
…quelques conseils

Il ne vaut mieux pas faire trop de zèle !
L’idéal est de se laver une fois tous les 1-2-3 jours.
Ne pas essayer de laver l’intérieur du vagin : cela détruit la flore vaginale.

On conseille de laver la vulve avec les doigts et sans savon ! Laver entre les lèvres, nettoyer les plis et le capuchon du clitoris, bien sécher avec une serviette pour ne pas que la vulve reste humide.

Aux toilettes, il est recommandé de s’essuyer avec un geste d’avant en arrière (de la vulve vers l’anus, pour ne pas ramener les saletés de l’anus vers le vagin).

Essayer de ne pas porter de vêtements serrés et de privilégier les sous-vêtements en coton.
Mieux vaut ne pas garder son maillot de bain humide trop longtemps et ne pas utiliser de parfum, de déodorant, etc.

Encore une pression s’exerce sur nous par rapport à nos odeurs... On doit toujours sentir bon de partout, même après une journée de vélo ! Et attention, « bon », c’est bien sûr la rose, le shampoing à la pêche, le déodorant aux fleurs d’été...
Là encore, une femme qui sent ses propres odeurs se fait regarder bizarrement par tout le monde, alors qu’un homme, c’est qu’il travaille avec son corps, alors ce serait normal.. !
Nous avons toutes des odeurs différentes. Elles dépendent de tout plein de facteurs divers. On peut les apprécier, aimer celles des autres, en aimer certaines et pas d’autres…

LA MASTURBATION

Dès les premiers mois de leur vie, les bébés explorent leur corps, s’amusent avec leur sexe.

Beaucoup découvrent donc très tôt dans l’enfance que se toucher là, entre les jambes, procure d’agréables et de chaudes sensations. D’autres ne l’apprendront que plus tard. D’autres encore n’apprécieront jamais cela, et ne se masturberont pas. Chacune son truc. Cela dit, il est intéressant d’en parler ici, pour ne pas se sentir coupable si c’est le cas, ou pour donner l’envie d’essayer pour savoir si on aime ou pas.
Il y a une infinité de manières de se masturber, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de le faire, chacune peut expérimenter et trouver ce qui lui convient.
Lorsque l’on connait mieux son propre corps, qu’on a appris ce qui nous donne du plaisir, on peut vivre une relation plus épanouissante en expliquant à l’autre qu’on aime ceci et pas cela, ou qu’on préfère quand c’est fait comme cela... Savoir se donner du plaisir, c’est aussi avoir les clés pour prendre du plaisir avec d’autres.
Mais la masturbation, c’est surtout un bon moment passé en tête à tête avec soi même, et même de la détente quand par exemple le fait que la position dans laquelle on est assise frotte agréablement sur notre clitoris.
Beaucoup de filles se masturbent parce que c’est agréable, cela peut aussi être un moyen d’évacuer des tensions, de l’angoisse, des conflits, ou de l’ennui ! Bref, ça peut être utile et bénéfique.

LES REGLES

Les règles (ou menstruations) font partie du cycle menstruel. Ce cycle permet d’être fertile (= possibilité d’avoir des enfants). Les cycles débutent avec la puberté et s’achèvent à la ménopause (vers 50 ans, lorsque la femme cesse d’être fertile).

Les règles commencent donc à la puberté (environ entre 9 et 16 ans), reviennent par cycles, et finissent par ne plus revenir aux alentours de 50 ans (c’est la ménopause).

Un cycle menstruel, c’est le temps qui sépare le premier jour des règles du premier jour des règles suivantes. Certaines femmes ont des cycles courts (21-23 jours), d’autres longs (35 jours), d’autres un cycle de 28 jours, d’autres un cycle irrégulier et imprévisible. On retient généralement 28 jours comme moyenne (comme le cycle de la lune !).

Voici, dans les grandes lignes,
ce qu’il se passe pendant le cycle menstruel :

1° Pendant la première partie du cycle (14 jours) les hormones fabriquées par l’ovaire préparent l’ovulation et épaississent l’endomètre (la paroi intérieure de l’utérus, au cas où un futur bébé viendrait s’y loger)

2° Le 14ème jour, c’est l’ovulation. Si l’ovule ne se féconde pas avec un spermatozoïde présent dans l’utérus à ce moment là, alors l’ovule meurt après seulement une journée.

3° Au bout de 14 nouveaux jours, l’ovaire cesse d’émettre des hormones. Comme il ne reçoit plus d’hormones, l’endomètre se "détache" et est évacué : ce sont les règles.

Pour découvrir ton cycle menstruel tu peux utiliser ce calendrier en écrivant chaque mois la date de début et de fin de tes règles :

Comment se sentir à l’aise pendant ses règles ?
Comment gérer le sang menstruel qui s’écoule de son vagin pendant plusieurs jours...

> les moyens classiques

1) les serviettes jetables :
Ce sont des autocollants que l’on colle au fond de sa culotte et qui absorbent le sang grâce aux produits chimiques qu’elles contiennent. C’est le même concept que la couche, mais c’est beaucoup plus petit et il n’y a que la partie entre les jambes. Il y en a de plus ou moins épaisses, qui peuvent absorber plus ou moins de sang (on choisit en fonction de son « flux », soit de la quantité de sang que l’on perd en un temps donné. Si on a un petit flux, cela veut dire qu’on perd peu de sang).
Les serviettes sont pratiques car elles ne nécessitent pas de rentrer quelque chose à l’intérieur de son vagin quand on n’en a pas envie. Elles sont jetables, donc il faut juste bien penser à en avoir acheté d’avance et quand la serviette est pleine, on peut la jeter dans la poubelle des toilettes.

2) les tampons
Ils mesurent environ 3 cm de long et 1 cm de large et ils sont à insérer dans le vagin avec son doigt ou un applicateur en carton. Ils ont une petite ficelle au bout qui permet de les ressortir plus facilement du vagin (en poussant doucement en même temps comme si on faisait pipi) après quelques heures. Pour les mettre, c’est plus facile si on connaît son corps et qu’on a une idée de ce à quoi il ressemble ! Ça fait moins peur, on est en terrain connu… La meilleure position est accroupie, c’est comme ça que le vagin est le plus détendu.
L’avantage, c’est que le sang reste à l’intérieur de soi, donc ça ne sent pas mauvais, il n’y en a pas qui coule partout, notre vulve n’est pas humide et pleine de sang pendant les jours de règles. Comme les serviettes hygièniques, c’est jetable (le plus souvent directement dans la cuvette des toilettes, sauf quand les toilettes ont une fosse sceptique). Par contre, ça peut être impressionant au départ de devoir mettre ce petit objet dans son vagin, il faut se sentir prête. Et puis on introduit encore un produit chimique cette fois directement à l’intérieur de soi..
> les moyens alternatifs

1) les serviettes lavables

C’est le même concept que les classiques serviettes hygiéniques que tu peux acheter au supermarché. Sauf qu’elles ne sont pas jetables, elles sont faites en tissu. Les serviettes en tissu sont aussi absorbantes que les jetables, voir plus. Elles sont constituées d’un emballage (en contact avec la peau et la culotte) et d’un insert (la partie intérieure absorbante).
C’est sûr que le gros point négatif c’est qu’il faut les laver, donc avoir de quoi les faire tremper à l’eau froide en attendant le passage à la machine, puis les faire sécher… Pourtant on lave bien ses chaussettes tous les jours, pourquoi pas ses serviettes après tout ?.. Bien sûr cela ne dépend pas de toi seule, il faut que cela soit accepté là où tu habites...
Mais le fait qu’elles soient lavables constitue aussi leur point positif : d’abord c’est très économique (on peut récupérer de vieux vêtements pour les coudre donc elles ne coûtent rien, alors que les paquets de serviettes jetables sont chers). Et écologiques : les protections hygièniques représentent une très grande quantité de déchets qui sont difficiles à traiter. En plus de cela, beaucoup de femmes disent qu’elles sont plus agréables à porter que des serviettes synthétiques, leur contact et plus agréable et le tissu « respire », contrairement au plastique.

2) les éponges de mer naturelles

C’est une petite éponge naturelle qui s’insère dans le vagin à la manière d’un tampon. On peut la tailler sur mesure pour la porter confortablement. Il faut la rincer lorsqu’elle est pleine (toutes les 2 ou 3 heures) et on peut la réutiliser immédiatement. Sa durée de vie est d’environ 6 mois.

3) les coupes menstruelles

Il s’agit d’une coupe souple en forme de cloche, que l’on porte aussi à l’intérieur du vagin. Elles sont en caoutchouc naturel ou en silicone, des matériaux très souples. Elles ont une petite tige au bout sur laquelle tirer pour pouvoir la retirer. On la vide de 2 à 4 fois par jour, elle peut rester toute la nuit (jusqu’à 8 heures d’affilée), on la rince à l’eau et on la replace
Une fois à l’intérieur, on ne la sent pas du tout. Il en existe des tailles différentes, la marque Meluna en propose une de taille courte spécialement conçue pour être utilisée à partir de 12 ans 7.
L’intérêt de ces coupes est qu’elles protègent l’humidité naturelle du corps, puisqu’elles n’absorbent pas et se contentent de recueillir le sang. Elles ont une contenance plus grande qu’un tampon, on a donc besoin de les vider moins souvent. Elles ont une durée de vie de plusieurs années, ce qui les rend économiques.
L’inconvénient, c’est qu’elles sont plus larges qu’un tampon à insérer dans son vagin. Pour les rentrer, il faut les plier comme ça :

Malgré tout, cela peut être un peu difficile à insérer au départ, quand on n’a pas encore l’habitude. Une fois dans le vagin, cela ressemble à ça :

Le syndrome pré-menstruel et les douleurs
Plusieurs jours avant le début de leurs règles, certaines femmes ont un syndrome pré-menstruel. Certain-e-s disent même qu’il toucherait environ 80 % des femmes de différentes manières8. Car le syndrome prémenstruel (ou SPM) correspond à une liste de symptômes qui ont pour point commun d’apparaitre une semaine environ (mais cela varie) avant le début des règles et de disparaître avec elles.
Parmi ces symptômes, il y a des maux de ventre, à la poitrine, des migraines, des changements d’humeur, de la fatigue… Tous ces symptômes apparaissent lorsque la production d’hormones cesse pour préparer les règles. Ce changement hormonal influe sur tout notre corps – et par rebond notre esprit ! Pour certaines c’est franchement désagréable, d’autres ne le ressentent pas du tout ou à peine.

Les règles sont parfois douloureuses, surtout au début… Les douleurs durent en général 1 ou 2 jours. Elles sont causées par les contractions de l’utérus pour évacuer l’endomètre. Elles sont donc situées dans le bas du ventre et peuvent être modérées ou intenses.

Dans tous les cas, pas de panique, cela évolue avec le temps, il est très fréquent d’avoir des règles douloureuses à l’adolescence et la plupart du temps les douleurs disparaissent avec les années. Il faut savoir que ces douleurs peuvent s’accompagner de migraines, nausées, diarhées, fatigue et malaises.
Le plus efficace pour lutter contre ces douleurs parfois intenses reste la chaleur ! Elle permet tout simplement de décontracter l’utérus. Placée sur le bas du ventre, la bouillotte pleine d’eau chaude soulage rapidement.
Un autre moyen naturel et efficace : l’infusion de feuilles de framboisier (trouvable dans tout magasin bio ou l’été au bord des chemins !)9.

Les règles, ce n’est pas qu’une galère !

Dans notre société, on nous pousse vers la négation de notre propre corps et à ne pas accepter ce qu’il est, ce qu’il vit. Les règles sont devenues à nos yeux un passage obligé, contraignant, douloureux, sale et honteux. Notre sang doit être caché : quand on emprunte une serviette à quelqu’un on le fait le plus discrètement possible, on ne parle pas de nos règles parce que c’est « dégoûtant », les publicités pour les serviettes nous font des démonstrations avec des liquides bleus, et non pas rouges…

Les règles existent depuis que les êtres humains existent.. À beaucoup de périodes et d’endroits, elles sont considérées comme sacrées, propices aux rituels, témoignent du pouvoir de créer la vie… La période des règles peut être appréciée comme moment d’introspection, de rapport à notre corps, et aux forces de vie qui nous entourent et font partie de nous.
Chaque personne est menstruée à sa façon : sa couleur, son odeur, sa chaleur, ses douleurs. C’est aussi formidable de remarquer que lorsque l’on vit ensemble, on développe une synchronisation des règles (on a nos règles en même temps).

LES SEINS

Il existe énormément de formes et de tailles de seins et d’aréoles, toutes sont absolument normales.
Les seins sont pour beaucoup de femmes très sensibles et donc agréables à caresser.

LES SOUTIENS-GORGE

« Faut-il porter un soutien-gorge ? »

C’est une question de choix et de confort ! Ce n’est en rien obligatoire, et si on fait attention on peut s’apercevoir que beaucoup de femmes n’en portent pas.

Certaines se sentent mieux avec une meilleure tenue de leur poitrine, elle ont l’impression de pouvoir faire plus de mouvements, elles se sentent plus libres. Pour d’autres c’est l’inverse : le soutien-gorge les enserre, elles se sentent comprimées, et beaucoup plus libres sans ! Il y a aussi des solutions intermédiaires, comme les brassières ou les soutiens-gorge sans baleines (la tige dure cousue dedans).

L’idéal c’est essayer plusieurs solutions, prendre celle avec laquelle on se sent mieux, sans oublier de re-tester de temps en temps. Nos goûts et nos perceptions évoluent…

Dans un article scientifique11 on peut lire :
Une étude menée sur 15 années semble montrer que les soutiens-gorge ne sont pas aussi utiles qu’on nous l’a fait croire pour lutter contre le mal de dos ou favoriser la posture. Bien au contraire.

Dans la suite de l’article, on nous explique que les personnes (de 18 à 35 ans) qui ont fait partie de cette étude et arrêté de porter des soutiens-gorge ont vu leur seins remonter chaque année. L’article précise que leurs seins se sont aussi raffermis et que les vergetures se sont estompées.
D’après cet article, le fait de soutenir les seins par un sous-vêtement dès qu’ils commencent à pousser aurait tendance à détendre les tissus suspenseurs des seins. Ils ont pour rôle d’être comme un élastique qui maintient les seins à leur hauteur : si le tissu se distend, le sein descend. Comme le tissu devient de moins en moins efficace, notre dépendance au soutien-gorge s’accroit, ce serait donc un cercle vicieux…

Mais l’article précise aussi qu’il n’y a pas de solution unique, et que particulièrement pour les seins volumineux, le soutien-gorge peut être confortable…

C’est une question de goût, il faut essayer pour savoir ce qui nous convient à nous !

L’Histoire du soutien-gorge en occident

Il ne faut pas oublier que l’Histoire du soutien-gorge représente une toute petite partie de l’Histoire de l’humanité. La plupart des femmes n’en ont jamais porté de leur vie.

En Grèce antique, -400 avant J.-C., apparaissent les premiers vêtements conçus pour emprisonner les poitrines. Les femmes de l’époque ne portent pas encore de véritables soutiens-gorge mais plutôt des brassières ou « mastodeton » faites avec des grandes bandes de tissu qui sont enroulées autour de la poitrine.
C’est assez troublant de voir les représentations de l’époque, car les images de sous-vêtements ressemblent beaucoup aux images que l’on connaît aujourd’hui :

Au Moyen-Âge, quelques siècles plus tard, les poitrines se libèrent et un corsage lacé dans le dos appelé « gourgandine » sert à réhausser les seins au maximum et laisse pratiquement déborder les tétons (on le voit souvent dans les films qui se passent au Moyen-Âge).
Au 16e siècle arrive le corset, qui va emprisonner le corps et la liberté des femmes pendant plusieurs centaines d’années. Le corset est censé « dessiner » la forme du buste en serrant la taille au maximum pour la rendre très très fine. En gros, moins on respire, plus on est considérée comme jolie. Les premiers corsets sont en tissu renforcé de pièces en bois, puis de tiges de métal, véritables harnachements allégés petit à petit jusqu’à l’apparition des baleines au 17e siècle.

En opprimant le corps des femmes, c’est aussi leur liberté de mouvement et leur place dans la société qui sont restreintes. Au début du 19e siècle, à l’apogée du corset, celui-ci descend très bas sur les hanches, comporte des bretelles et englobe les seins. Les canons de l’époque se doivent d’être douces, pâles et mélancoliques, de marcher à petits pas et de parler très peu..

Le mot « soutien-gorge » apparaît en 1904 dans le dictionnaire Larousse. Il a progressivement remplacé le corset au passage entre le 19e et le 20e siècle.

En 1968, une image marque tout le monde : aux USA, des féministes qui se battent pour la fin de la domination des hommes sur les femmes jettent leurs soutiens-gorge dans « une poubelle de la liberté » pendant une manifestation. Pour elles, c’est un geste symbolique : le soutien-gorge représente à leurs yeux l’emprisonnement des femmes par une société dirigée par des hommes.

LES POILS

Les poils, c’est comme tout, on aime ou on n’aime pas. Mais pourquoi n’aurait-on pas le droit de les aimer ?
On peut choisir de les garder parce que ça fait partie de nous, parce que c’est contraignant de les retirer, parce que ça fait mal, parce qu’on ne veut pas qu’une norme sociale nous explique qu’on ne doit pas en avoir, par rébellion, parce qu’on aime bien jouer avec, et tout ça confondu.
On peut aussi vouloir s’en débarrasser parce qu’on les trouve moches, parce qu’on aime la peau douce, ou pour plein de raisons. Mais gardons en tête que les poils ne correspondent pas à un idéal de beauté.

Si tu essaies de les enlever une fois pour voir, il existe deux principales façons de le faire : l’épilation et le rasage. La première fait mal et la seconde pas. Pourtant, de nombreuses femmes s’épilent car il existe une rumeur qui dit qu’avec le rasage, les poils repousseraient plus foncés, plus durs et plus nombreux. Il s’agit pourtant d’une rumeur que des études scientifiques ont déjà réfutée14.
Voici la preuve que le rasage n’influence pas la couleur, la dureté ou la quantité de poils (avec un schéma pour mieux comprendre) :
Les poils et les cheveux se forment dans la couche interne de la peau, là où se situe leur racine. La tige qui en ressort et qui est coupée lors d’un rasage est en fait biologiquement morte. Couper ou raser ce brin n’a donc pas le moindre impact sur la constitution du poil, car la partie à l’intérieur de la peau qui le fabrique n’est pas touchée.
Comme le poil est rasé au ras de la peau, la repousse sera par contre plus rapidement visible que s’il est arraché. De même, un poil qui pousse naturellement aura une pointe effilée, alors que le rasage lui donne une forme en « brosse ». Il semblera donc plus dur au toucher, ce qui n’a rien à voir avec une variation d’épaisseur.
Pour que la structure du poil change, il faudrait que le bulbe interne soit modifié. C’est notamment ce qui se produit à la puberté : suite à l’action des hormones, la pilosité croît, fonce et s’épaissit. Comme ce phénomène coïncide avec le début du rasage, certain-e-s confondent les causes et pensent à tort que cette pratique est responsable des effets perçus.
Ce qu’il faut savoir, c’est que homme ou femme, nous sommes égaux face aux poils : tout le monde a environ 4 millions de poils sur le corps (les filles comme les garçons). Ils nous servent à réguler notre température et à nous protéger face aux aggressions extérieures (aussi bien des frottements que des microbes)15. Ils sont doux au toucher, et s’ils retiennent nos odeurs corporelles, c’est pour nous rendre plus désirables. Les poils sont sensibles et peuvent communiquer nos émotions.

Et pourtant : la peau lisse est partout !
Dans notre société, le poil est considéré comme dégoûtant. Les sécrétions qui restent attachées aux poils comme la sueur, ou sur certaines parties du corps les excréments, en font le symbole de la saleté, des mauvaises odeurs…
On nous transmet une représentation de l’épilation comme d’une mesure d’hygiène, comme si le fait d’enlever le poil rendait la peau plus propre. Le rejet du poil est en fait une construction de l’industrie cosmétique pour gagner plus d’argent : lorsque les aisselles sont lisses, les poils ne sont pas là pour retenir la transpiration, celle-ci est donc plus visible sur les vêtements, etc. Et cela créé artificiellement en nous le besoin de produits cosmétiques (déodorant...) qu’on va alors acheter et ainsi enrichir leurs fabriquants.
Les poils sont aussi symboliquement reliés à la saleté du « sexuel ». Les difficultés qui concernent la question du poil sont des difficultés à se confronter à des questions qui concernent la sexualité. Le poil représente la sexualité parce que c’est au moment de la puberté que les poils apparaissent, c’est eux qui viennent marquer le fait que les relations sexuelles sont désormais possibles.
Certain-e-s expliquent même la question de l’épilation par la volonté de domestiquer le sexe féminin et de le rendre inoffensif pour l’homme. On serait donc poussées à éliminer nos poils, « sales » (tiens sales pour les femmes, mais pas pour les jambes ou les aisselles des hommes... ?), afin de ne pas représenter une menace (celle d’une sexualité féminine sauvage, symbolisée par la toison pubienne) pour l’éventuel prétendant masculin. Donc en suivant cette hypothèse on ne s’épilerait pas vraiment pour nous-mêmes mais pour arranger ou satisfaire d’éventuels partenaires sexuels...

Ça fait réfléchir sur le sens d’une action aussi annodine qu’un coup de rasoir… Ce qu’il faut retenir c’est que chacune peut choisir ce qui lui convient le mieux : garder ses poils, les raser, les épiler... Et surtout on peut essayer différentes approches. Aimer avoir des poils sous les aisselles et se sentir mieux les jambes lisses, ou l’inverse,. Ou parfois avec et parfois sans... Tout est possible !

Les poils sur le corps féminin ont été un tabou en occident à de nombreuses époques.
Quasiment toutes les œuvres d’art représentent les femmes nues sans aucun poil sur le pubis ou les aisselles. Les poils ont été cachés par les hommes collectionneurs d’art qui voulaient voir une image désexualisée de la femme. Probablement car ils se sentaient menacés par leurs propres pulsions sexuelles. Un problème qui concernait donc les hommes (se sentir menacé par ses pulsions sexuelles) a été déplacé sur les femmes : c’est les images de leurs corps qui ont été modifiées...
Le tableau L’Origine du monde, peint par Courbet en 1866, est le premier de l’époque moderne en Europe à représenter le sexe de la femme de façon réaliste. On peut le voir aujourd’hui au musée d’Orsay à Paris.

AIMER SON CORPS

Pour les filles et les femmes, au cours de chacune des phases de nos vies, notre apparence est jugée et critiquée. Elle est comparée avec celle de nos amies, nos sœurs, de celle des femmes médiatiques ou d’idéaux imaginaires. Personne ne nous a jamais demandé si on avait envie de participer à cette compétition à vie : être une femme fait de nous des compétitrices d’office, sujettes à une observation constante.

Vouloir se sentir bien dans son corps et sûre de son apparence est naturel. Pourtant, beaucoup de femmes se sentent insatisfaites de leur apparence, et beaucoup d’entre elles en souffrent. Elles se sentent trop grosses, trop maigres, trop petites, trop grandes, etc. Tout ça à cause de la pression exercée par la société, qui dicte quels sont les canons de beauté et nous met en concurence. Cette pression nous encourage à ne pas aimer notre corps, or c’est important d’apprendre à s’aimer !

Pour apprendre à apprécier son propre corps, il est important d’avoir conscience de l’image du corps de la femme que la télé et les magazines ou les publicités nous montrent tous les jours. Avoir décrypté cette image et l’avoir critiquée. Pouvoir prendre de la distance par rapport à ces images et trouver d’autres modèles, d’autres critères.

Apprendre à connaître et aimer son corps et les réactions qu’il suscite chez les autres. Accepter que notre regard sur notre propre corps n’est pas le regard de l’autre, et que ce que nous n’apprécions pas chez nous le sera par quelqu’un-e d’autre.

Premier rdv gyneco

A un moment, quelqu’un-e (un-e autre médecin, un parent…) pourrait te conseiller de prendre « ton premier rendez-vous gynéco ». Es-tu obligée de le faire ? Dois-tu te déshabiller ? Est-ce que ça fait mal ? Qui le fait ? Comment cela se passe-t-il ? Quand le demander ou l’accepter ? Le site de l’hôpital de Nantes16 et celui du docteur Winckler17 répondent à ces questions :
On a toujours le droit de dire NON à tout acte médical. Le médecin ne peut pas nous imposer un examen gynécologique, surtout si on n’a jamais eu de rapport sexuel. Sache que l’examen de tes organes sexuels n’est pas utile pour une première prescription de pilule ! On peut se faire prescrire la pilule sans se faire examiner (le seul examen médical nécessaire avant prescription d’un contraceptif hormonal est la mesure de la tension artérielle).

Quand demander ou accepter un examen ?

Il n’y a pas d’âge pour le faire réaliser. En général, on peut choisir de se faire examiner en cas de problèmes, par exemple :
règles douloureuses, ou qui disparaissent ;
douleurs du bas ventre, gêne lors des rapports sexuels ;
démangeaisons, boutons, brûlures ;
saignements, pertes anormales.

En dehors de tout problème, on peut choisir de se faire examiner pour détecter les cancers du col de l’utérus et du sein. En matière de dépistage du cancer du col de l’utérus, les recommandations internationales et nationales préconisent d’effectuer des frottis tous les 3 ans à partir de 25 ans quand on a déjà eu des rapports sexuels. Tout frottis avant cet âge, et plus fréquemment, n’est pas nécessaire (sauf dans le cas d’antécédents familiaux ou personnels spécifiques). En ce qui concerne l’examen des seins (palpations avec les mains), on le préconise seulement à partir de 30 ans… Donc, a priori, si tout va bien, pas besoin de se poser de question avant d’avoir 25 ans…

Qui peut le pratiquer ?
La ou le gynécologue, c’est un-e médecin qui est spécialisé-e dans les organes sexuels dits « féminins » (le vagin, l’utérus, etc.). La sage-femme est une profession de santé médicale qui prend en charge une personne enceinte avant, pendant et après l’accouchement mais aussi le suivi gynécologique tout au cours de la vie (en dehors des maladies). Un rendez-vous gynécologique peut donc se faire chez un-e médecin (généraliste ou spécialisé gynéco) ou chez une sage-femme (si on est en bonne santé). Tou-te-s ces praticien-ne-s sont tenu-e-s au secret médical.
Elles font régulièrement ce type d’examen, qu’elles doivent réaliser avec douceur, respect de notre pudeur et sans nous faire mal.

Comment se déroule l’examen ?
La consultation commence par un échange oral. L’examen physique ne doit pas être systématique. On a toujours le droit de poser des questions et de décider de ne pas faire un examen physique (ou de le repousser à la prochaine fois, pour prendre le temps d’être sûre de son choix).
Si on décide (personne n’a à nous obliger) de nous faire examiner, il est possible de ne dénuder que le bas du corps pour l’examen gynécologique, puis de se rhabiller et de dénuder le haut du corps pour l’examen des seins (aucun examen gynéco ne nécessite la nudité complète). La plupart du temps, on doit s’allonger sur la table d’examen, les pieds posés dans des étriers pour que les jambes soient écartées et fléchies (voir schéma).

Voici la procédure la plus courament effectuée :
La ou le praticien-ne examine la vulve et l’entrée du vagin. Puis elle introduit un spéculum (petit instrument en métal ou en plastique étroit et long permettant d’écarter les parois du vagin) dans le vagin. Ainsi elle peut voir les parois vaginales et le col de l’utérus, et pratiquer éventuellement des prélèvements (notamment un frottis : prélèvement de cellules au fond du vagin à l’aide d’une spatule).
Elle effectue un toucher vaginal : après avoir mis un doigtier (gant en latex), elle introduit un ou deux doigts dans le vagin, l’autre main posée sur le ventre. Ce toucher vaginal permet d’apprécier la taille, la sensibilité et la mobilité de l’utérus et des ovaires.
Éventuellement, elle palpe les seins, prend la tension artérielle et nous pèse.

Nous ne sommes pas obligé-e-s de nous peser, ou de prendre connaissance de notre poids. Un-e praticien-ne n’a pas à émettre de jugement de valeur sur notre apparence physique, notre poids ou autre.
Si tu décides (tu es la seule à pouvoir décider) de prendre rdv chez un-e gynécologue ou une sage-femme, tu as le droit de décider qui consulter. Es-tu rassurée d’aller chez la même praticien-ne que ta mère ou préfères-tu aller chez quelqu’un-e qu’elle ne connaît pas ? Est-ce important pour toi que ce soit une femme ? etc. Il existe un site qui recense les gynécos et sage-femmes respectueuses, sur lequel on trouve les coordonnées des praticien-ne-s recommandé-e-s par d’autres patient-e-s18.

L’HYMEN

Il y a un mythe d’après lequel, une fille vierge (c’est à dire dans ce cas qui n’a jamais connu de rapport sexuel avec pénétration) a toujours son hymen. Et que lorsqu’on a un rapport avec pénétration pour la première fois, l’hymen se déchire, ça saigne et ça fait mal. Il y a même des gens qui disent qu’on peut vérifier si une fille est vierge ou non en regardant si elle a encore son hymen ! Et bien ce n’est pas vrai19 :

L’hymen, c’est une membrane, le plus souvent très fine, qui ferme en partie seulement l’orifice du vagin chez le nouveau-né.

L’aspect et la taille de l’hymen change avec la croissance, au point d’avoir le plus souvent quasiment disparu à la puberté. Il est en effet constitué d’un tissu souple, dénué de fibres sensitives et de vaisseaux sanguins – et donc peu susceptible de saigner. Ce qui explique aussi qu’il puisse être modifié sans douleur ni autre symptôme chez les petites filles sous l’effet d’activités courantes – la course, le saut à la corde, le balancement sur sa chaise, la masturbation… - et, chez les adolescentes et les femmes adultes, par l’utilisation de tampons ou d’une coupe menstruelle (même si on peut aussi utiliser des tampons et toujours avoir son hymen..).

L’hymen n’a pas de fonction biologique connue : on ne lui a trouvé aucune utilité pour le corps. Il est là, mais inutile.

Ne plus avoir d’hymen ne signifie pas qu’un premier rapport sexuel ne fera pas mal, mais que lorsqu’il y a douleur lors d’un premier rapport sexuel avec pénétration, elle n’est pas liée à la « rupture de l’hymen ».

La douleur parfois ressentie lors de la première pénétration (d’un pénis dans le vagin par exemple) s’explique par le stress parfois ressenti dans ce contexte. On contracte alors par réflexe les muscles autour de notre vagin, rendant ainsi la pénétration plus difficile.

Personne ne peut prouver ou non la « virginité » d’une femme en se basant seulement sur l’examen visuel de son hymen.

Les sexualitEs

La sexualité, c’est quelque chose que tu n’as peut-être pas encore partagé avec une autre personne, et c’est normal. Il faut en avoir envie, et cela n’arrive pas au même âge pour tout le monde. Les premières expériences sexuelles peuvent arriver au collège, mais aussi bien plus tard !
Tu n’as peut-être pas l’habitude que l’on t’en parle, et peut-être même que cette question te paraît très loin de tes centres d’intérêt ! Avec la puberté, il est possible que cela change à un moment, peut-être que c’est déjà le cas, peut-être que cela arrivera bientôt, peut-être bien plus tard ou bien jamais.
Mais dans tous les cas, il vaut mieux avoir appris des choses sur cette façon d’échanger avec une autre personne avant de faire ses premières expériences. Oui, car partager des expériences sexuelles avec une autre personne c’est partager une intimité, exposer son corps, ce qui en fait une expérience forte mais pas anodine.

D’abord, la sexualité, qu’est ce que c’est ?

C’est ressentir du plaisir avec son corps. Et cela peut arriver de beaucoup de manières : comme en s’embrassant, en se caressant les épaules et la taille à travers les vêtements… cela peut déjà être une forme de sexualité. Il n’y a pas de définition stricte de ce qui fait partie de la sexualité ou pas : à chacun-e d’inventer la sienne !

Ensuite, ce qu’il est important de savoir, c’est que notre image de la sexualité est, comme celle de notre corps, construite par la société. Depuis que nous sommes petites, nous développons notre rapport à la sexualité. Ce rapport est influencé par le monde qui nous entoure : nos parents, ce que disent les autres dans la cour de l’école, ce qu’on trouve dans les livres, les films, ce que disent les magazines pour ados, pour adultes, ce que nous racontent les filles de notre collège...
On nous transmet une image de la sexualité. Et cette image est fermée, réductrice. Elle est partout la même et définit pour nous ce qui est bien ou mal dans le domaine de la sexualité. Elle nous dit que la sexualité serait à l’intérieur d’un couple, entre un homme et une femme, qui serait dirigée par l’homme.

… Hmm… N’importe quoi ! Le sexe, c’est très différent de ça ! Ça peut être un moyen extraordinaire d’entrer en contact avec soi-même et/ou avec d’autres personnes, et de connaître un immense plaisir.

Pour casser l’image de la sexualité qui nous est renvoyée par la société, qui cache des dizaines d’autres façons de vivre sa sexualité de manière heureuse, voici 8 critères FAUX que l’on nous renvoie tous les jours, et leur critique20 :

1) Le sexe, c’est l’amour.
Mais non ! Le sexe c’est la satisfaction. Que l’on soit amoureux ou pas. On peut avoir envie de relations sexuelles avec des personnes dont on est pas amoureuse et trouver ça excitant, chaleureux, … Ca ne fait pas de nous des salopes. Juste des filles qui décident de faire ce dont elles ont envie.

2) Le sexe, ça se fait à deux.
Pour ressentir du plaisir sexuel, pas besoin d’être à deux. Toute seule, se caresser et en ressentir un grand plaisir, c’est déjà du sexe. L’avantage c’est que l’on peut le pratiquer quand on veut, on ne dépend de personne. Et puis, cela permet de connaître son corps, d’apprendre ce que l’on aime, on préfère, quoi toucher, comment… Pour beaucoup de femmes, le ressenti de la masturbation est aussi plaisant, voire même des fois plus, que celui du sexe avec un ou une partenaire. Et puis… le sexe, ça peut aussi être à 3, à 4, à 5… tout est possible !

3) Le sexe, c’est le plaisir de l’homme.
Bien sûr que non ! Si l’on a l’impression d’être dans une relation sexuelle dans laquelle seulement les plaisirs de l’autre sont satisfaits, c’est qu’il y a un – gros – problème ! Le sexe, c’est le plaisir de tous les partenaires. Parfois il y en a un-e qui a un pic de plaisir et pas l’autre, mais cela doit s’équilibrer ! Sinon, on est juste utilisée comme un moyen pour l’autre de satisfaire son désir. Or le sexe à plusieurs, c’est un échange !

4) Le sexe, c’est la pénétration.
Le sexe, c’est tout ce qui m’excite, me donne du plaisir. Pour avoir une relation sexuelle, pas forcément besoin de pénétration (du pénis dans le vagin). On peut se caresser, s’embrasser le corps… Il y a des tonnes de façon de ressentir du plaisir sexuel. Avec autant de sensations à découvrir, se restreindre à la pénétration serait vraiment du gâchis. D’ailleurs, certaines personnes ont une relation pendant des années avec des rapports sexuels épanouis sans apprécier la pénétration !

5) Le sexe, c’est un homme et une femme.
Ou une femme toute seule, ou deux femmes entre elles, ou deux personnes qui ne sont pas fixées sur leur genre… Lorsque le sexe se pratique entre une femme et un homme, on dit qu’il est hétérosexuel. Lorsqu’il se pratique entre femmes (ou entre hommes), on dit qu’il est homosexuel. Chaque personne a des envies et des désirs différents, qui évoluent parfois avec le temps… A certains moments on peut avoir envie de découvrir le sexe avec un homme, et puis plus tard désirer des femmes… Ou bien l’inverse ! Ou bien tout en même temps ! Ou bien, désirer toute sa vie les femmes… ou les hommes… ou les deux… il n’y a pas de règles, que des désirs…

6) Le sexe, c’est l’homme qui gère.
Hahaha ! C’est la femme qui connaît son corps et ses désirs. Ils sont différents pour chaque femme, et même si l’autre personne a plus d’expérience, elle ne connaît pas ton corps et tes envies. C’est autant à toi qu’à l’autre de communiquer ce dont vous avez envie. Il n’y a aucune raison que l’autre décide de tout ce qui se passe pendant la relation sexuelle. Il n’en a pas le pouvoir. Prendre des initiatives, essayer des choses, jouer à dominer son partenaire, c’est aussi excitant !

7) Le sexe, on n’en parle pas.
Erreur fatale ! Le meilleur conseil pour avoir des relations sexuelles épanouissantes c’est justement de parler. Parler de ce que l’on aime, de ce que l’on voudrait essayer, de ce que l’on vient de faire ou s’apprête à faire. Dire à l’autre ce qui était ou serait bien. C’est seulement en disant ou montrant que l’autre peut savoir ce que l’on aime et comment faire pour nous donner du plaisir. La parole, c’est le secret du sexe réussi.

8) Le sexe, c’est obligatoire.
Le sexe, ce n’est jamais obligatoire. Même quand on est amoureuse. Même quand refuser pourrait blesser l’autre. Même quand on veut impressioner ses copines. Même quand on l’a déjà fait. Même quand l’autre insiste ou fait du chantage. On a toujours le choix, on doit toujours se demander si on veut et pouvoir dire NON.
Le consentement

Quand je fais quelque chose avec
une autre personne :

J’ai le droit de dire « non ! »
Si je dis « non ! », l’autre doit arrêter tout de suite.

Je dois respecter les « non ! » des autres : Non c’est non.
Si je joue, je fais une blague, je touche une personne qui me dit « non ! », je dois arrêter ce que je suis en train de faire.

Cela s’appelle le consentement : pour participer à quelque chose à deux, il faut que les deux personnes concernées soient d’accord.

Si l’on joue ensemble, les deux personnes qui jouent doivent être d’accord pour jouer à ce jeu. Si l’une était d’accord à un moment, et dit « non ! » ensuite, c’est son droit, il faut arrêter le jeu, quel qu’il soit, tout de suite.

Le consentement c’est :

 quand on joue
 quand on touche quelqu’un d’autre
(sa main, son bras, sa taille…)
 quand on se fait des câlins, s’embrasse...
 quand on a des rapports sexuels
 ...

Si je dis « non ! », c’est parce que :

 j’ai pas envie
 ça m’est désagréable, j’ai mal
 ça me rend triste, en colère,
c’est violent pour moi
 j’ai besoin d’être seule
 ça va trop loin pour moi à ce moment là
 je ne me sens plus en sécurité
 ...

Comment dit-on « non ! » ?

 Stop.
 Attends.
 J’ai besoin d’une pause…
 Arrête !
 J’en ai assez…
 Avec son visage, ses mains, ses bras, ses pieds…
 ...

On a toujours le droit de dire « non ! ». Tout le temps. Même quand tout le monde trouve que le jeu est marrant, même quand j’aime beaucoup la personne qui me fait une blague ou qui me touche le bras, même quand on s’est déjà embrassé...

Respecter l’autre, c’est faire attention à son consentement quand je fais quelque chose avec elle/lui, être sûr qu’il/elle dise toujours « oui ! ».
Comment dit-on « oui » ?

 Oui.
 Ok !
 D’accord.. !
 ...
Si on n’est pas sûr-e, on peut demander :

 Ça va ? Tout va bien ?
 Tu veux continuer ?
 Tu aimes bien ? Tu as envie de ... ?
 Tu veux qu’on fasse autre chose ?
 …

« Le consentement, c’est connaître et respecter ses limites personnelles et sexuelles, et apprendre, connaître et respecter les limites de sa ou son partenaire . »21

Si l’autre n’a pas dit un « oui » clair, on ne peut jamais être sûre que l’on a son consentement. Il faut toujours s’assurer que l’on ne fait pas participer quelqu’un à quelque chose qu’il/elle n’a pas envie de faire.
Pour pouvoir donner son consentement, il est important de réfléchir à ce que l’on apprécie et à ce qui nous déplait avec quelqu’un d’autre. Où sont nos limites ? C’est une question compliquée ! !
Nos limites dépendent de tant de choses, de notre humeur, d’à quel point on connait la personne en face (tu peux ne pas vouloir que cette fille que tu viens de rencontrer te prennes dans ses bras mais pour autant aimer prendre tes meilleures amies dans tes bras !)...
Les limites, comme le consentement, ne sont pas figées, données pour toujours. Un consentement peut être donné à un certain point et repris à tout moment. Par exemple, on peut donner son accord pour faire quelque chose et en commençant à le faire se rendre compte qu’en fait on n’en a pas envie. C’est alors tout à fait normal de retirer son consentement, même après quelques secondes ou quelques minutes.
Si on s’écoute et qu’on prend confiance en nous, on se rend compte qu’il y a des moments où on fait des choses qu’on ne voulait pas faire, qu’on accepte des remarques, des gestes qu’on n’a pas envie de subir… Et une fois qu’on se rend compte d’où sont ces limites, on peut les communiquer.
Mais voilà, dire « NON », stop ou merde, on a oublié de nous l’apprendre dans notre éducation de filles... Il faut donc apprendre à dire « NON !! » et aussi à le faire entendre et respecter.
Définir le consentement est un processus personnel, ça se fait en pensant aux situations dans lesquelles tu ne veux jamais te retrouver. Si jamais un jour tu te retrouves dans une situation comme celle-là, tu as le droit de te défendre, crier, t’échapper, repousser, frapper…

Souvent les gens qui forcent les limites des autres sont ceux qui sont dans une situation de pouvoir : par exemple, un patron sera plus à l’aise pour toucher son employée que l’employée pour toucher son patron. D’ailleurs les patrons ont souvent des accessoires comme les grands bureaux pour empêcher les autres de se rapprocher trop. Les hommes touchent aussi plus les femmes que ce qu’elles désireraient, et les adultes touchent (caressent, prennent dans les bras) les enfants sans se poser de questions.
Même si tu es face à une personne qui représente l’autorité pour toi (un adulte de ta famille, un prof, un petit ami…) tu as toujours le droit de dire NON !

COLORIAGEs de grandes filles

2 Temoignages

I : Ma puberté et mon rapport à mon corps

Chèr-e lecteur/rice,

Quel bonheur que cette brochure te soit tombée entre les mains, je me réjouis que tu aies fait ton chemin jusqu’à mon témoignage chaotique ! Ce que j’écris ici ne contient pas de vérités générales et ne correspond peut-être pas du tout à tes ressentis. Mais ce n’est pas grave... Je voulais juste écrire ici une ou deux choses qui sont restées un sujet tabou pour moi pendant longtemps, qui m’ont fait honte constamment – surtout lorsque j’y réfléchissais. En plus, je me suis souvent sentie seule avec tous ces nœuds et ces cercles vicieux qui tournaient en rond dans ma tête. Voilà pourquoi j’étais à chaque fois super contente et excitée quand quelqu’un-e parlait ou écrivait très ouvertement sur tous ces sujets, car j’avais alors accès à des idées et inspirations sans avoir à poser de questions explicites autour de moi...

A propos de la puberté…

Souvent, on aurait dit que ma puberté était pour mes parents quelque chose proche du religieux, de l’absolu, et qui pouvait plus ou moins tout expliquer. Ou bien simplement une maladie qui devait être endiguée et éradiquée au lit, plutôt que quelque chose qui devait sortir de moi et exploser. Si j’étais en colère, si je me sentais traitée injustement, c’était à cause de la puberté. La raison de mes idées noires, de mon chagrin d’amour ou mes mauvaises notes : la puberté. Elle représentait pour mes parents la source de chacune de mes réflexions, de mes sentiments ou de mes actions. Pourtant j’étais alors toujours moi- il se passait des tonnes de choses autour de moi et je cherchais des explications, de nouvelles inspirations, des contacts avec des gens qui me permettent de changer. J’ai vécu ça comme condescendant et super frustrant de toujours être placée dans la case « puberté ». J’étais après tout toujours moi !
Un exemple de la logique tordue de mes parents : lorsque je me sentais traîtée de manière injuste, ça n’avait rien avoir avec mon état pubère, mais très certainement plutôt avec le fait que je voyais la contradiction de faire des régimes absurdes pour m’autoriser et en même temps m’interdire d’aller danser toute la nuit ou juste de me sentir bien dans mon corps.

Peur panique de la piscine

Je ne me souviens plus bien quand ma peur de l’été, la grande « peur panique de la piscine » a commencé. Je devais avoir environ 13 ans. La nervosité et les mêmes pensées qui tournaient en rond dans ma tête apparaissaient toujours mi-avril, je commençais alors à suivre les bulletins météo en boucle, et je me sentais soulagée quand ils annonçaient de la pluie et du vent. Et pourquoi ? Et bien parce que l’été voulait dire pour moi devoir faire des discours pour justifier pourquoi je portais des t-shirts à manches longues malgré la météo. L’été voulait dire aussi devoir donner des raisons plausibles pour expliquer pourquoi je ne pouvais pas venir nager au lac ou à la piscine, et puis me sentir ensuite à la fois triste et exclue. Mais aller me baigner voulait dire que la couche de maquillage que j’appliquais minutieusement sur mon visage se dissolverait dans l’eau et que mes boutons (entre les sourcils, sur le menton, sous le nez….) seraient encore plus visibles pour tous.
Et puis il y avait aussi le reste de mon corps, dans lequel je ne me sentais pas vraiment bien. Se balader tranquillement en bikini était tout simplement impensable. Toujours ce sentiment inconfortable, ce besoin de me cacher, de m’enrouler dans ma serviette, de rhabiller mes jambes, de sauter aussi vite que possible dans l’eau (beaucoup me voient toujours aujourd’hui comme la fille super courageuse et téméraire lorsqu’il s’agit d’eau froide, alors que je cherche juste à être engloutie dans l’eau aussi vite que possible, à me rendre invisible). Mon ventre a toujours été bizarre (ou bien tout à fait normal, puisque qui peut dire ce qui est normal ou non ?). Avec des côtes saillantes, un creux, et enfin un bourrelet de graisse sous le nombril. Un paysage valloné. Oh et puis ces vergétures à l’intérieur et à l’extérieur de mes cuisses. Je me sentais comme un tigre ou un ballon de baudruche dégonflé.
Naturellement, je n’étais pas seule avec ces « problèmes », mais c’est comme ça que je l’ai vécu. Parce que je ne parlais jamais ouvertement de mon mal-être, de ma honte. Avec mes autres copines on ne parlait jamais des changements de nos corps, à part lorsqu’on parlait de maigrir. On se trouvait dans une compétition permanente à qui serait la plus cool.

Les régimes

Quand j’avais 14 ans, ma maman m’a invitée dans un café. Elle a dit qu’elle voulait me parler de quelque chose. J’étais super contente, car comme j’avais des petits frères et sœurs les moments intimes où on se retrouvait juste toutes les deux avec ma mère étaient plutôt rares. On s’est donc assises à une terrasse et on sirotait des cocktails sans alcool, lorsqu’elle m’a dit que j’étais devenue trop ronde et qu’elle voulait m’aider à « résoudre ce problème ». C’était donc la raison importante pour laquelle elle avait voulu avoir une discussion « entre femmes » avec moi.
A partir de ce moment, je n’ai plus bu que du thé aux fruits à la place du chocolat chaud pour le petit déj, de la salade à la place des pâtes au diner, tout ça pendant que mes frères se goinfraient comme des ogres et se voyaient félicités pour leur appétit. Le comportement alimentaire des filles et des garçons a été complètement contrôlé dans mon enfance. Les filles devaient bien aimer le sucré, mais juste assez pour qu’elles n’en prennent pas trop et les garçons devaient devenir « grands et forts » et pour cela avoir un gros appétit. Notre goût est une des nombreuses choses qui sont influencées par notre éducation.

La discussion avec ma maman a marqué la fin d’une relation vraie et saine avec mon corps. Au lieu d’apprendre à manger quand je ressentais la sensation de faim et de choisir pour moi ce qui me faisait du bien, apprendre à avoir plaisir à manger, etc., j’ai appris par coeur les tableaux de calories et je passais tout mon temps à les calculer. C’est allé si loin qu’au lieu de dormir je restais éveillée parce que j’avais lu quelque part que « chaque heure de veille consomme 100 calories ». Je suis toujours devenu plus mince seulement pour un temps limité.
Sinon, personne ne m’a jamais dit que j’étais « trop grosse », mais à chaque fois que je perdais quelques kilos, je recevais des compliments. C’est en fait le même principe, juste inversé. Souvent je perdais du poids dans des phases où je n’allais pas bien, où je me sentais très malheureuse. C’est quand même fou que pile à ces moments de tristesse, les gens me disaient : „hey, tu as l’air bien en ce moment, génial !“. Comment les gens peuvent-ils aussi peu réfléchir à ce qu’ils voient ?
Ce qui m’a vraiment aidé à me sentir bien et belle dans mon corps (du moins de plus en plus souvent) a été de me sortir de la manière de laquelle je le voyais. Je le vivais et l’observais toujours comme un étranger, comme s’il était toujours différent. Essayer de nouveaux mouvements et contacts, des vêtements différents, rasé/pas rasé, prendre une douche froide ou un bain chaud, tendu ou relaxé...

II : Je ne suis pas attirante, je n’existe pas physiquement.

Un jour, des filles de mon collège à qui je n’avais jamais vraiment parlé et qui n’étaient même pas dans ma classe m’ont coincé dans un coin de la cour le long du grillage pour me dire « t’as une tête de cheval ! ». Ma surprise (ah bon ? De cheval ? Pourquoi de cheval ? Moi qui pensais que j’avais une tête d’oiseau...) et puis surtout ma peine face à cette violence gratuite.

Mes yeux sont gros et globuleux, j’ai des poils qui poussent de partout (sur les jambes, entre les sourcils...), des dents énormes et en vrac - donc un appareil dentaire (avec des élastiques et tout le tremblement). Je suis maigre, je ne sais pas quoi faire de mes cheveux, je ne sais pas quoi faire de moi.

Je suis tellement maigre que j’ai des médicaments pour me donner de l’appétit. Ca ne marche pas bien sûr. Et ce n’est pas la bouffe de la cantine qui aide. Parfois j’ai l’impression que je n’occupe pas d’espace, que je pourrais m’évaporer.

Je suis amoureuse d’un garçon pendant ces quatre ans mais je n’essaie pas de sortir avec lui, ni même de lui parler. Ça ne me vient tout simplement pas à l’idée pendant toutes ces années ! C’est dire l’image que j’ai de moi-même, pour ne pas m’imaginer une seconde qu’il aurait pu être intéressé...
Je ne me reconnais pas dans les filles populaires. Je ne suis pas conforme aux attentes du collège : je ne me maquille pas, je n’ai pas de bijoux, pas de vêtements féminins comme des jupes ou autres. Je suis toujours en sweat avec un jean large, des cheveux longs et gras qui tombent de chaque côté de mon visage. Des baskets.

Une fois, je suis allée à une boum dans un garage. Souvenir d’énorme malaise. En plein après-midi d’été, enfermés dans le noir avec une boule à facette et des slows. Adossée le long du mur froid comme tous les autres. La déprime, ne pas savoir ce que je fais là et l’envie de fuir dans la forêt d’à côté, à l’air libre.

Je préfère être avec les garçons. Je joue au basket, j’échange des CDs de rap avec eux, mais il y a comme un interdit : on ne peut pas vraiment devenir amis, s’asseoir ensemble en classe ou nous inviter chez nous. On n’est pas du même monde. J’avais toujours joué avec les garçons en primaire, mais maintenant c’est impossible, il y a une frontière claire entre nous. Me voilà condamnée à la malveillance des filles. Parce que même si tout le monde subit cette loi implacable de l’apparence, les filles en sont les juges et les flics.

Au collège, pas le droit à l’erreur, toute ta physionomie est scrutée et la moindre chose qui dépasse est pointée du doigt. Même par tes amies.

Je ne parle de tout ça avec personne, sauf peut-être une copine que j’ai gardé de l’école primaire et qui n’est pas au même collège que moi. Une bulle d’air.
Mais parfois, elle aussi me joue des mauvais tours. L’impression qu’il faut se méfier de tout le monde, que l’on ne peut faire confiance à personne car tôt ou tard les autres dévoilent les secrets, violent l’intimité. Elle se moque de mes poils devant toute sa famille, et dit tout fort que mes poils sur mes jambes sont si longs que je pourrais me faire des tresses avec. La honte devant ses grands frères et sœurs. Je crois qu’elle a voulu me rabaisser devant sa famille car elle se dévalorisait par rapport à moi. Alors qu’il n’y avait vraiment aucune raison pour cela...

Moi aussi, j’ai été méchante, humiliante, faisant payer aux autres les humiliations que je subissais. Je crois qu’à chaque fois j’ai suivi des copines, bien que ça n’excuse rien. J’ai participé à un effet de groupe où tout le monde se moquait d’une fille parce qu’elle avait de gros seins (je suis persuadée que nous étions toutes jalouses d’elle qui faisait plus femme que nous et qui avait l’air de mieux vivre son collège, probablement complètement faux d’ailleurs). J’ai aussi ridiculisé un garçon qui m’avait écrit une lettre d’amour, obéïssant aveuglément à mes copines pour protéger ma crédibilité. Je m’en suis beaucoup voulu après.

Quelques années plus tard, j’ai essayé de me conformer à ces normes, pour me faire accepter, sentir que je plaisais, participer à des rites avec mes copines... Comme par exemple me maquiller avant de sortir faire la fête. Cela me donnait l’impression de faire partie de notre groupe de participer à ces choses. Parfois je trouvais même ça drôle de découvrir tout ça, les robes, les bijoux, les talons, comment mettre du eye-liner… Et j’arrivais enfin à séduire. Je me prouvais que mon corps pouvait être une source de désir, que je n’étais pas que cet être repoussant. Une victoire de l’ancienne moi sur le monde. Mais j’avais systématiquement l’impression d’être comme déguisée, une drag-queen en quelque sorte. Et puis ça a été aussi la période des mauvaises rencontres, où pour me prouver que je pouvais plaire à des garçons qui étaient socialement reconnus comme attirants, je me mettais en danger. J’acceptais des situations inaceptables, et parfois ces situations je ne les acceptais plus, mais alors elles m’étaient imposées. J’avais l’impression que je ne pouvais plus dire non, ou que quand je le disais on ne m’écoutait pas ou bien les autres me le reprochaient et me rejetaient.

Maintenant, ma relation à mon corps a beaucoup changé. Je ne me trouve toujours pas très belle mais je sais que d’autres peuvent me trouver attirante. Je n’ai rien à prouver ni à moi-même ni au reste du monde à ce sujet.

Je mets les vêtements qui me plaisent et qui sont confortables, et je ne ressens pas de pression à devoir avoir une apparence féminine. Je redécouvre avec délectation mes plaisirs et convictions d’enfance, quand je n’acceptais de porter que des joggings molletonés. De temps en temps j’essaie de remettre une jupe ou un collier, mais je les retire toujours en me regardant dans la glace, parce que le reflet que je vois ne correspond pas à moi. Elles sont belles pourtant ces jupes et ces robes, mais rien à faire, elles ne s’accordent pas avec moi.

Et puis, c’est la relation de mon corps aux autres et de moi aux autres corps qui a évolué. J’ai rencontré des personnes avec qui je me sens en sécurité, à qui je peux faire confiance, dont je suis sûre qu’elles ne me blesseront jamais avec des réflexions ou des remarques. Qui s’en fichent de voir mes poils sur mes jambes. Devant qui je peux louper une marche, avoir une sale tête ou un gros bouton et qui seront toujours bienveillantes. Qui ne scrutent pas ma coupe de cheveux ou le choix de mes habits, parce qu’il n’y a que moi qui peux juger si ça me convient. Cela m’a libérée et rendue plus sûre de moi.

J’ai commencé récemment à faire du sport, et ça m’aide à sentir que mon corps est fort, que j’existe physiquement et que je peux avoir une influence sur lui.

J’ai travaillé à ne plus m’attacher à des détails physiques, à ne plus remarquer les imperfections des corps, les braguettes ouvertes, le nombre de kilos. J’ai découvert des filles au style ultra-feminin, bas résille et talons hauts, qui ont réussi à me mettre très à l’aise et d’autres aux cheveux courts et en marcel qui étaient magnifiques. Au fond, on s’en fiche. Tous les corps de femme sont touchants, uniques et beaux.

Bibliographie / Conseils de lecture :

 Sexualités, corps et plaisirs de femmes (brochure dispo sur infokiosques.net, attention : contenu explicite sur la sexualité)
 Apprendre le consentement en 3 semaines (brochure sur le consentement dans un contexte sexuel : sur infokiosques.net)
 Pourquoi aimes-tu le rose ? (brochure qui pose la question : « qu’est-ce qu’une fille ? » : sur infokiosques.net)
 http://projetcrocodiles.tumblr.com/ (le harcélement de rue en bd et comment s’en protéger, attention scènes violentes)
 http://cafaitgenre.tumblr.com/ (la publicité sexiste)
 http://assigneegarcon.tumblr.com (l’histoire d’une fille née avec un pénis en bd)
 https://gynandco.wordpress.com/ (site qui recense des professionnelles de santé gynéco respectueuses)
 http://martinwinckler.com (Martin Winckler est un médecin, ancien chroniqueur sur france inter, qui répond à beaucoup de questions gynéco sur son site )


++ brochure réalisée à l’aide de nombreux supports,
tous le plus possible contrôlés et contre-vérifiés par mes soins ++


Gangstars Library
2016-2019

Appel à témoignages

J’aimerais publier un deuxième numéro de cette brochure basé sur des témoignages. Documenter nos rapports à nos corps de femmes à ce moment crucial dans l’histoire de ce dernier. Que se joue-t-il de social et de politique dans les regards que les autres et nous-mêmes posons sur nos corps pubères ? Comment nous soutenir les unes les autres ? Particulièrement les plus jeunes que nous, qui ont moins souvent l’accès à des réseaux et savoirs féministes et sont donc isolées face aux attaques patriarcales contre leurs corps et leurs personnes.
Si tu as envie de raconter l’histoire de ton corps à la puberté, tes combats, difficultés, souffrances, victoires, prises de conscience… Les mettre en miroir avec le rapport à ton corps que tu as aujourd’hui (parce que l’adolescence, ça ne dure pas toute la vie)… Alors écris moi à l’adresse suivante : gangstars@@@riseup.net



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