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Des animaux en captivité Recueil de textes contre les zoos et l’industrie qui va avec.

mis en ligne le 9 décembre 2019 - dauphins libres , zoos-de-france

Les zoos en questions

 Tiré du site zoo-de-france.com, page consultée en juillet 2019

Panthère tachetée, zoo d’Ozoir-la-Ferrière, en août 2014

Qu’est-ce qu’un zoo aujourd’hui ?

Aujourd’hui, en France, il existe plus de 200 zoos ou assimilés, détenant entre 60 000 et 100 000 animaux ; on en compte 1 500 en Europe et plus de 10 000 dans le monde, parmi lesquels seulement 500 enregistrent leurs animaux dans des bases de données.

Qu’est ce qu’un zoo ?

Un zoo, un parc ou un jardin zoologique : quel que soit le nom qui lui est donné, c’est avant tout un endroit dans lequel sont enfermés des animaux, exotiques en majorité, dans un but commercial et de divertissement. Le zoo est un vestige de l’époque coloniale. Et seule l’espèce humaine enferme de la sorte toutes les autres espèces.

Face à la critique, les zoos ont depuis longtemps tenté de donner une image plus positive : passant d’un établissement détenant des animaux captifs à des fins mercantiles à un établissement œuvrant pour la sauvegarde des espèces et ayant un rôle culturel et pédagogique. Si, pour nombre de personnes, ce rôle semble être désormais une évidence, la réalité est toute autre.

Les zoos d’aujourd’hui ne sont-ils pas plus conformes aux besoins des animaux qu’hier ? N’est-ce pas un réel progrès ?

Il est indéniable que la majorité des zoos ont évolué. Mais cette évolution reste partielle et ne saurait faire oublier la raison d’être de ces établissements : enfermer des animaux, loin de leur biotope d’origine afin de divertir la foule et de gagner de l’argent.

La critique de la captivité en soi des animaux n’est jamais abordée. Beaucoup de sous ont été mis dans la communication sur la prétention d’améliorer les conditions d’enfermement des animaux. La grande évolution des zoos réside dans l’image qu’elle donne : l’impression de liberté est plus importante aujourd’hui pour les visiteur.euses que pour les animaux eux-mêmes. Fosses et cages ont laissé place aux îles, aux plexiglas, aux plantes en plastique : toute une mise en scène qui sert le public « client », et non les animaux « objets ».

L’espérance de vie des animaux n’est-elle pas plus élevée dans les zoos qu’à l’état sauvage ?

En moyenne la longévité des animaux n’a pas évolué au fil de l’évolution des zoos.
Nombre d’animaux meurent avant leur première année, car ils ne s’adaptent pas (enclos trop petits, stress, maladie, etc.). Selon l’International Zoo Yearbook [1], forum mondial d’informations sur le rôle des zoos, 17 % du « stock » total des animaux meurent chaque année dans les zoos.

De plus, ne confondons pas reproduction et naissance : la reproduction implique une natalité qui l’emporte sur la mortalité et une croissance de nouveaux individus jusqu’à l’âge de se reproduire. Mais la majorité des espèces captives n’atteignent pas cet âge, derrière leurs barreaux.

Qu’appelle-t-on « dérive génétique » ?

Du fait d’une absence de compétition sélective, alimentaire, sexuelle ou territoriale maintenant le caractère de l’espèce, il s’effectue une dérive génétique. Si elle ne modifie pas le code génétique, elle rend pourtant les espèces captives inaptes à retourner dans leur environnement naturel. A cela, s’ajoute un problème de consanguinité, malgré les politiques d’échanges d’animaux entre zoos.

Qu’est-ce que la stéréotypie, qui frappe les animaux enfermés ?

Ces comportements déviants sont la conséquence d’une incapacité pour l’animal d’exécuter une fonction habituelle. Les stéréotypies sont un comportement de substitution. Ainsi, on peut observer dans nombres de zoos, des ours, félins, loups ou éléphants répétant constamment « à vide » le même comportement : balancement, allers et retours, apathie, léchage compulsif, etc. La prochaine fois que vous visiterez un zoo, prêtez attention à ces phénomènes : ils sont majoritaires.

Les zoos jouent-ils un rôle pédagogique ?

Dans un pays où les enfants sont désormais incapables, pour la plupart, d’identifier la moindre des espèces locales, qu’elles soient volantes, rampantes ou à quatre pattes, cet argument pédagogique est utilisé par les enseignants, oubliant au passage les centaines d’espèces végétales et animales que l’enfant côtoie chaque jour sans les connaître.

Il est vrai qu’il n’est pas pareil de voir un animal « en vrai » que de le voir en vidéo. Mais voir un animal en vrai, c’est le voir dans son écosystème, c’est-à-dire dans son milieu, entouré des espèces de ce milieu, selon ses rythmes et ses comportements, ce qui n’est pas le cas dans un zoo.

Par exemple, qu’apprendra l’enfant face à un ours blanc dans une piscine de verre, une fausse banquise en béton, par 30 °C à l’ombre, mangeant de la viande préparée ? Face aux grands singes confinés derrière des parois de verre, sans arbre, sans herbe, parfois même sans leurs congénères ? Face à une otarie dressée à faire tourner un ballon sur son museau ? L’enfant ne verra qu’une image faussée de l’animal, car dépouillée de son « animalité ».

De plus, le mélange constant entre les espèces dans l’aménagement des zoos perturbe la vision géographique de l’enfant. Et les panneaux explicatifs n’y changent rien : ce qui retiendra l’attention de l’enfant, c’est avant tout ce qu’iel verra et ressentira à proximité de l’animal. Une perception bien éloignée de la réalité.

Les zoos participent-ils à la conservation des espèces ?

Si les espèces sont en danger et disparaissent, c’est avant tout parce que l’être humain les a décimées. Le travail de sauvegarde des espèces ne peut se faire que sur le terrain. Par conséquent, utiliser à des fins commerciales des animaux et prétendre que cela permet de sensibiliser l’opinion à la conservation des espèces, c’est faire un grand écart quelque peu osé.

Dans notre société de consommation, voir un animal, c’est bien souvent vouloir le posséder (souvenons-nous des ravages qu’a entraîné le succès du film Le Monde de Némo sur la population de poissons-clown). L’être humain ne peut s’arroger le rôle bien présomptueux de « conservateur.ice des espèces », alors qu’iel est le/la plus grand.e destructeur.ice de la planète !

Enfin, la conservation des espèces ne saurait passer par la conservation d’un animal en tant qu’individu. De même, la préservation des animaux en voie de disparition ne saurait se faire au travers de la collection de quelques spécimens. Au mieux, cela représente un bel argument de vente.

Les réintroductions d’animaux captifs dans leur milieu naturel ne sont-elles pas un gage de ce travail de conservation ?

Au contraire, selon le International Zoo Year Book, forum mondial d’informations sur le rôle des zoos, les réintroductions illustrent assez bien l’échec de la politique dite de « conservation » des zoos. Un échec qui se décline en quatre constats :
1. les espèces les plus vulnérables sont sous-représentées dans les zoos car elles sont moins « vendeuses » (les batraciens par exemple, extrêmement menacés) ;
2. les espèces « stars » (tigres, éléphants, grands singes) ne font l’objet d’aucune mesure de réintroduction ;
3. les espèces pour lesquelles quelques réintroductions ont réussi sont principalement des espèces domestiquées ou semi-domestiquées (le cheval de Przewalski, le cerf du Père David, l’oryx d’Arabie, le bison d’Europe, l’oie Néné d’Hawaï) ;
4. la plupart des espèces sauvages effectivement réintroduites n’ont pas survécu. Par exemple, sur les 100 tamarins-lion (un singe d’Amérique du Sud) remis en liberté, on estime que 70 sont morts.

Ce bilan macabre résulte de l’impossibilité de la réintroduction d’espèces autrefois sauvages, ayant été au contact de l’être humain, ayant vécu hors de son espace naturel, séparées des leurs, donc incapables de se comporter comme elles auraient appris à le faire dans la nature.

Au total, moins d’une vingtaine d’espèces (la plupart semi-domestiques) ont été réintroduites par des structures adjacentes aux zoos. Car si certains zoos financent des programmes locaux de conservation, ils n’en sont ni les acteurs ni les commanditaires.

Que faire alors pour sauvegarder les espèces menacées ?

Si l’on veut réellement s’investir pour la sauvegarde des espèces, c’est en le faisant sur le terrain, au travers de programmes de réintroduction in situ, de protection des espaces, de mesures contre le braconnage et par un investissement pour une nouvelle considération de l’animal en tant qu’être à part entière et non en tant qu’objet au service de l’humain.

Les cinq libertés

L’Organisation mondiale de la santé animale retient cinq libertés comme standards minimaux applicables à la garde d’animaux :
1. être épargné de la faim et de la soif (approvisionnement en eau et en nourriture) ;
2. être épargné de l’inconfort physique (fourniture d’un environnement approprié) ;
3. être épargné de la douleur, des blessures et de la détresse physique (par la prévention et la fourniture de soins sanitaires appropriés) ;
4. être libre d’exprimer des modes normaux de comportement (fournir un espace approprié et des établissements convenables) ;
5. être épargné de la peur et de la détresse morale (garantir que les conditions ne causent pas de souffrance mentale).

Ces cinq critères sont utilisés par Endcap, coalition européenne pour mettre fin à la captivité des animaux sauvages, pour évaluer le respect des directives européennes de bien-être dans les zoos de l’Union.

* * * * *

Les articles qui suivent proviennent du site dauphinlibre.be qui se définit comme :

Présent sur le front des combats depuis 1997, Dauphins Libres s’est - enfin ! - constitué en ASBL le 28 février 2018.

Son concept est né d’une lutte désespérée pour sauver deux dauphins : Ivo et sa mère Iris, morte d’épuisement au Zoo de Duisburg en 2003.

Au fil des ans et des réflexions, son action s’inscrit aujourd’hui dans le courant le plus radical de la pensée antispéciste, considérant qu’il n’existe aucune "exception humaine" et que tout être vivant doté de conscience propre et de sensibilité se doit d’être traité comme une personne non-humaine. [Et non pas comme une masse]

Jardins zoologiques, cirques et safari parcs. 10 vérités bonnes à savoir !

 Tiré du sité dauphinlibre.be, article écrit le 19 mai 2012

Un grand singe au Zoo d’Anvers : quelle vie offre-t-on à ces êtres de culture et d’intelligence ? Rien à faire de toute la journée…

Les faits relatés ci-dessous impliquent principalement les zoos de Grande Bretagne.
Mais tout porte à croire que ces pratiques sont également répandues dans le reste de l’Europe et du monde. Notons également que la plupart des griefs adressés aux zoos par le présent document valent bien évidemment pour les delphinariums [2], où le taux de souffrance est plus élevé encore.

Macaque en surplus envoyé au labo

1. Les zoos fournissent des animaux aux laboratoires pour la vivisection

En 1990, un institut de recherche dépendant d’un zoo anglais a participé à des recherches sur les primates et les wallabies (petit marsupial herbivore). L’une des expériences impliquait des petits singes ouistiti dont les centres de l’odorat étaient brûlés à l’aide de petites sondes chirurgicales et des techniques chimiques.
L’objet de la recherche consistait à savoir si le taux de reproduction de ces singes allait augmenter. Lors d’une autre expérience, des wallabies pleinement conscients étaient décapités.

Le même institut de recherche a collaboré avec des compagnies telles qu’ICI lors de tests sur les rats, nourris de force avec des substances chimiques utilisées dans les plastiques, les teintures et les explosifs pour juger de leurs effets sur la fertilité.

En 1992, l’Union Britannique pour l’Abolition de la Vivisection (BUAV) a découvert que le Safari Park de Longleat et le Woburn Wild Animal Park (Closer than death !) [3] livraient régulièrement leurs primates excédentaires à Shamrock GB Limited, le premier fournisseur anglais en animaux de laboratoire.

2. Les zoos fournissent des animaux à certains restaurants exotiques.

Un zoo a ainsi vendu de manière publique ses surplus en autruches vivantes à des fermes d’élevage. Un autre zoo a fourni de la même manière ses bisons excédentaires à une ferme d’exploitation pour le marché de leur viande.

3. De nombreux animaux de zoos terminent leur carrière au cirque

Au cours de ces dernières années, des animaux en provenance de zoos ont été vendus à des cirques ou à des firmes vendant des animaux de cirque.

Une jeune otarie du nom de Orry, venue d’un « parc de vie sauvage » sur l’Île de Man, s’est ainsi retrouvée en France, dans le camion d’un cirque itinérant. Orry a heureusement pu être récupérée et vit aujourd’hui dans un zoo anglais. Un autre zoo détient un éléphant qui provient, lui, du monde du cirque. Le même zoo a livré un bébé ours et plusieurs serpents à un revendeur d’animaux de cirque dans les années 80.

4. Les animaux sont expédiés vers d’autres zoos ne respectant pas les normes d’accueil

En 1993, un zoo « parc à thèmes » a vendu ses deux ours polaires au Zoo de Zagreb en Croatie, à quelques kilomètres de la zone des combats ! En 1989, deux ours polaires du nom de Pipiluk et Mosha, ont été expédiés depuis un zoo anglais au Zoo de Katowice en Pologne. Un visiteur qui les a revus là-bas a déclaré que leur situation était « déplorable et inadéquate ».

En 1993, un zoo a expédié son orang-outan vers un établissement de Tenerife.
Le zoo anglais n’a assuré aucun suivi ultérieur de l’animal ni vérifié les conditions d’accueil prévues pour ce grand singe. L’orang-outan, dont le nom était Jimmy James, a été envoyé seul par bateau sans le moindre accompagnement. Une équipe d’investigation du CAPS l’a visité dans sa nouvelle « demeure » et a été frappé des conditions d’accueil déplorables qui régnaient dans ce zoo. Jimmy James a survécu tout seul dans sa cage pendant quatre ans, puis il est mort.
Un autre zoo anglais a envoyé deux ours polaires au Japon et en Belgique.
Le second est mort au Zoo d’Anvers en 1994.

5. Les animaux meurent prématurément en captivité

Knut, ours polaire vitrine d’un zoo de Berlin

En 1991, 25 lions d’Asie naquirent dans plusieurs zoos du monde. 22 d’entre eux moururent peu après. La même année, 166 naissances de panthères furent enregistrées dans les zoos. 112 d’entre ces animaux sont morts.
Knut [4] vient de mourir à 4 ans en mars 2011, alors que les ours polaires sont supposés vivre trente ans et plus !

6. Le surplus d’animaux nés captifs est détruit ou vendu

Certains animaux ont tendance à se reproduire facilement en captivité et leurs jeunes sont extrêmement attractifs pour les visiteur.euses du zoo. On se presse nombreux pour voir le nouveau lionceau ou le bébé chimpanzé. Mais que deviennent-ils quand ils grandissent ?

Les jeunes animaux en surplus, tels que ceux du lion ou du waterbuck (sorte d’antilope africaine) sont simplement euthanasiés.

D’autres sont orientés vers le marché de l’animal de compagnie. En 1992 une équipe d’investigation du CAPS a trouvé deux petits singes « Goeldi’s marmosets » dans un magasin d’animaux. Ils avaient été vendus par un zoo. Cette espèce de primate est pourtant l’une des plus rares du monde.

7. Les animaux des zoos sont des vecteurs de maladies

Les animaux élevés en captivité peuvent être un vecteur de maladie pour les espèces en liberté lorsqu’on tente de les réintroduire en milieu naturel.
Ce fut le cas lors de la remise en liberté de singes tamarins à tête de lion mais aussi avec le rhinocéros noir (porteur d’anémie hémolytique) ou l’oryx d’Arabie (TB).
Les animaux du zoo peuvent être porteurs d’une variété d’encéphalite spongiforme (ESB), la rage survient chez les furets à pattes noires en cage. Les éléphants captifs peuvent abriter des souches de TB tandis que d’autres sont morts d’une entérite causée par la salmonelle.

Dans les zoos anglais ou étrangers, des antilopes, autruches et grands félins ont été trouvés porteurs d’une forme de maladie de la vache folle. Il est clair que dans ces conditions, relâcher pour « réintroduction » un animal de zoo en pleine nature n’est sûrement pas sans risque pour le reste de la faune.

8. Les animaux des zoos sont toujours capturés dans la nature

De jeunes éléphants [5] ont été transportés d’Afrique du sud jusque dans des cirques et des zoos de Grande Bretagne.
Ces éléphanteaux avaient préalablement assisté à l’abattage systématique de toute leur famille et avaient été attachés au corps de leur propre mère en attendant qu’on les vende à des intermédiaires et qu’on les emmène.

Entre 1984 et 1991, 32 rhinos de Sumatra on tété captures en Indonésie aux fins de renouveler les collections des zoos américains. 9 de ces rhinocéros sont morts pendant ou peu après leur capture.

En 1992, neuf autres rhinocéros noirs ont été capturés au Zimbabwe à la demande d’un zoo australien. Ces animaux étaient destinés à un programme d’élevage en captivité. L’un des mâles est mort pendant sa quarantaine et un autre en chargeant une barrière en métal du zoo, de sorte que les femelles se sont retrouvées seules et qu’il n’y a pas eu de reproduction.

9. Le manque de diversité génétique est le principal problème des animaux nés au zoo

Nous pensons qu’en Grande Bretagne, la réduction de ce « pool génétique » a conduit à la naissance de jeunes léopards gravement frappés de difformités congénitales. Voir aussi : le tigre blanc [6]

Tigre blanc victime de la consanguinité imposée par les zoos.

10. La plupart des zoos se soucient d’attirer leurs clients et non de préserver la faune sauvage

La plupart des zoos se souviennent fort peu de la conservation des espèces réellement en danger. Ils préfèrent exposer des animaux qui font venir le public en masse, à savoir girafes, éléphants lions, etc. Ces animaux sont des « attracteurs de foule » et ne servent donc qu’ à alimenter les caisses du zoo lui-même !

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Le vrai visage de l’Industrie de la Captivité

Gorille sous le volcan à Pairi Daiza

Le vrai visage de l’industrie de la captivité se dévoile quand elle monte en puissance. Elle traîne alors en justice ses contradicteur.euses, elle tient la presse sous son joug et entend imposer à tous sa seule vision du monde.

On est prié de croire à ses mythes et répéter après elle que les zoos sauvent la nature sauvage en exhibant des enclos pandas, éléphants, rhinocéros ou gorilles, dont certains sont prélevés dans leur habitat d’origine, et en sensibilisant le grand public aux périls qui les menacent. Car derrière ces jardins riants d’une biodiversité sous cloche, la machine doit faire du profit.

Dans le texte qui suit, cosigné par la Dre Lori Marino [7], au-delà de la logique commerciale de ces entreprises qui se déploient d’autant plus que le monde se meurt, c’est aussi une terrible souffrance qui est décrite, celle de ceux qui sont « dedans » face à ceux qui sont « dehors », comme des papillons épinglés dans une boîte.

L’industrie de la captivité [8]

Chaque année, des millions de personnes visitent les zoos, les parcs marins et les aquariums. En apparence, ces lieux offrent à chacun l’occasion de se connecter par le regard avec les animaux et d’apprécier leur beauté et leur comportement. Tout le monde est attiré, en effet, par la majesté et le mystère de ces êtres qui vivent si différemment de nous, mais néanmoins nous semblent si semblables.

Mais il se passe dans ces lieux plus de choses qu’il n’y paraît. Que sommes-nous sensé.es apprendre au zoo à propos des autres animaux ? En quoi le fait de s’y trouver n’est-il pas ressenti de la même manière par les animaux et par les visiteur.euses ? Et que pouvons-nous découvrir sur nous-mêmes en examinant plus attentivement le fonctionnement de ces institutions ?

La plupart des visiteur.euses du zoo ne réfléchissent pas ce que peut signifier pour les animaux exhibés devant eux, le fait d’être retirés de leurs habitats d’origine.
Et lorsqu’ils y pensent, ils en viennent souvent à la conclusion que la captivité est un mal nécessaire. Les zoos et les aquariums sont à leurs yeux indispensables, car il est important que les gens puissent regarder des animaux sauvages et parce que cette expérience humaine aide réellement ces derniers. Dès lors, le prix que nous payons pour cela – ou plus exactement, le prix que paient les animaux – se trouve justifié.

Mais cette rationalisation élude une question fondamentale : pourquoi les zoos existent-ils ? Comment ont-ils commencé ? Pourquoi les zoos perdurent-ils avec ténacité dans la culture occidentale, du fait de leurs origines historiques ?

L’exhibition d’animaux captifs remonte à l’Antiquité.

Mais les zoos tels que nous les connaissons, avec des visiteur.euses, ont vu le jour au début du XIXème siècle pour exposer les trophées vivants de la conquête impériale. Les grandes puissances européennes engagées dans le commerce, colonisait la planète, capturait les animaux presque comme un passe-temps et commença bientôt à les exhiber dans des zoos publics, afin de faire participer le grand public aux butins et produits de l’impérialisme.

Un éléphant majestueux enfermé derrière les barreaux, un tigre hargneux qui tourne en rond, menaçant, dans sa cage, une autruche exotique, un python sinueux et un koala timide symbolisent toutes les conquêtes de l’Empire britannique (ou hollandais ou français ou autre), qui s’étendait alors sur la planète.

Au fil du temps et de l’expansion des empires coloniaux, la mode des zoos européens a été adoptée avec enthousiasme par d’autres cultures.
En 1860, le premier zoo des États-Unis, le Central Park Zoo, s’est ouvert au public à New York.
Le premier parc marin aux États-Unis était le Marine Studios. Ce delphinarium (aquarium pour dauphins) a ouvert ses portes en 1938 à St. Augustine, en Floride, et porte le nom aujourd’hui de de Marineland Florida.

D’autres formes de confinement des animaux, telles que des ménageries foraines, sont apparues en Europe dès le début du XVIIIe siècle. C’étaient les précurseurs de nos cirques modernes, qui exhibaient non seulement des animaux, mais aussi des « monstres humain.es ». Il n’était pas rare que les zoos et que les grandes expositions universelles montrent au public des collections ethnographiques intégrant des êtres humains dans des cages avec d’autres animaux.

Les « spécimens » les plus populaires de variété humaine comprenaient les Aïnou japonais, les Kwakiutl amérindiens, des Igorot philippins, et d’autres cultures dites « primitives ». Suite à de nombreuses luttes, les zoos ne présentent plus aujourd’hui de membres de notre propre espèce en cage [9] .

Les animaux non-humains continuent d’être capturés, d’être « acclimatés » pour en faire des objets visuels pour flatter les caprices des humain.es.
Par définition, le confinement subordonne ses captifs au / à la spectateur.ice, qui dispose d’un pouvoir complet sur eux.

Idéalement, le fait d’interagir avec d’autres animaux devrait améliorer notre compréhension de l’interconnexion des formes de vie qui se partagent la planète, mais la conception même des zoos empêche toute idée de ce genre : Nous sommes dehors. Ils sont dedans.

Un statut précaire 

Il y a peu de protection juridique réelle pour les animaux enfermés dans les zoos, les cirques, les delphinariums et les aquariums.
Ces établissements sont certes régis par les règlements généraux de protection animale et sont régulièrement inspectés pour vérifier qu’ils s’y conforment. Mais les sanctions en cas d’infraction sont légères et les agences chargées de telles inspections sont extrêmement pauvres en personnel, au regard du nombre d’établissements à contrôler.

L’Association Mondiale des Zoos et Aquariums (WAZA) est une organisation professionnelle « parapluie » dont les membres comprennent des zoos et des aquariums de premier plan.

Elle décerne son accréditation sur base d’une inspection.
Plus grave encore, la WAZA étant constituée par des professionnels de la communauté des zoos et des aquariums, elle a tout intérêt à maintenir et à encourager l’existence de telles institutions. Cette situation met intrinsèquement en conflit cette organisation avec les intérêts réels des animaux.

Une okapi au Zoo d’Anvers. Photo Dauphins Libres

Il existe également des réglementations limitant la capture et le transport des animaux sauvages. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) est le fruit d’un accord international entre les pays membres. Son objectif est d’assurer que le commerce international de spécimens d’animaux et de plantes sauvages ne menace pas leur survie. Mais la CITES repose sur l’adhésion volontaire et il s’agit essentiellement d’un gentleman’s agreement entre les pays membres à insérer dans leurs propres lois nationales souvent très différentes.

Des sanctions sont prévues contre les nations qui violeraient l’accord, mais elles sont très rares.
En outre, toutes ces lois, traités et directives ne prennent jamais en compte l’hypothèse que les zoos et les parcs marins pourraient être intrinsèquement préjudiciables aux animaux. Aucune réglementation ne laisse entendre que la pertinence de la captivité elle-même devrait être mise en question. Les animaux sont donc très seuls face aux impératifs des organisations de contrôle ayant un intérêt financier dans le maintien de leur captivité.

Camion publicitaire au Monde Sauvage d’Aywaille. Photo Dauphins Libres

Le mythe de la sensibilisation

À l’époque moderne, la raison d’être coloniale des zoos a pris le pas sur d’autres modes de pensée jugés d’abord politiquement incorrects mais qui ont amené le grand public à prendre conscience de la nature et des questions environnementales.

Les zoos se sont adaptés à ce changement de cap politique en se faisant passer pour d’importants acteurs de la préservation des espèces et de l’éducation du public, en se présentant comme les arches de Noé des temps modernes.

Ce nouveau message imprègne chaque aspect de l’expérience des zoos et des parcs marins : l’exhibition de nouvelles espèces animales, le type d’articles vendus dans les boutiques de cadeaux, le langage utilisé dans les messages publicitaires, les scientifiques et les soigneurs, et même la manière dont les activités des visiteur.euses sont décrites.

Par exemple, sur son site Web, le zoo du Bronx – qui s’appelle désormais la Wildlife Conservation Society – qualifie certaines de ses exhibitions de « salles de classe vivantes ».

Même l’apparence physique des zoos a été conçue pour remplacer l’ancienne atmosphère de ménagerie de cirque par des « éléments naturels », tels que des arbres, des rochers et de l’eau.

On peut se demander si tous ces changements dans le discours des zoos et des aquariums implique un réel changement dans leurs motivations ?

Quelle est la réalité derrière tout ce battage publicitaire ? Y a-t-il une preuve que les visites au zoo et au delphinarium présentent le moindre caractère éducatif ou aient quelque impact sur la conservation ?

Ces entreprises le proclament haut et fort dans leurs brochures et sur leurs sites Web, mais les preuves font défaut.
Nous avons ainsi analysé une étude majeure [10] menée par des membres de l’AZA et financée par le National Science Foundation. L’étude a été ensuite été largement promue par l’industrie des zoos comme la démonstration définitive que ses installations produisaient des effets à long terme sur l’attitude des visiteur.euses à l’égard des animaux.

Un communiqué de presse la qualifie même de « recherche pionnière » et affirme que « le fait de visiter des zoos accrédités a un impact mesurable sur les attitudes de conservation et de compréhension chez les visiteurs adultes ».

Ce communiqué cite le rapport de Cynthia Vernon, vice-présidente programmes de conservation pour l’aquarium de Monterey Bay :
« L’étude démontre que les zoos et les aquariums améliorent la compréhension du public à propos de la conservation de la faune sauvage et de ses habitats. Elle valide l’idée que nous exerçons une influence très forte sur nos visiteurs. »

Le président et chef de la direction d’AZA, Jim Maddy, déclare pour sa part que « pour la première fois, nous disposons enfin de données fiables validant le rôle positif des zoos et des aquariums qui changent les sentiments des visiteurs quant à la conservation. »

Est-ce à dire que cette étude est le Saint Graal que les zoos attendaient pour valider leur message d’éducation et de conservation et justifier ainsi le maintien des animaux en captivité  ?

Notre analyse de la méthodologie de l’étude de l’AZA [11] révèle en fait que l’étude manque de rigueur scientifique et qu’elle est extrêmement imparfaite. Ses conclusions sont injustifiées.

Par exemple, il faut dès l’abord souligner une faiblesse conceptuelle majeure qui mine l’étude depuis le début.
L’objectif déclaré des auteurs est en effet de déterminer si les expériences des zoos et des aquariums ont une incidence sur les connaissances des visiteur.euses.
Pourtant, la recherche ne se livre à aucune mesure directe de la connaissance elle-même. Sans mesures directes des changements réels à ce niveau, l’étude peut tout au plus évaluer ce que les personnes interrogées pensent savoir ou comprendre et non pas, comme annoncé en début d’enquête, ce qu’ils savent réellement.

De plus, comme Bob Mullan et Garry Marvin le rappellent dans une recherche sur les visiteur.euses de la « maison des reptiles » au Zoo National de Washington, le temps moyen enregistré par les personnes visitant l’ensemble du bâtiment est de 9,7 minutes, avec seulement 26 secondes en moyenne devant chaque vitrine. Il est difficile de voir comment un apprentissage significatif peut se produire dans des périodes aussi courtes.

Plus troublant encore est le fait que les croyances et les pratiques des zoos ont commencé à se propager vers d’autres entreprises d’autres sites, comme les delphinariums, qui favorisent désormais l’interaction directe entre visiteur.euses et dauphins. Beaucoup de gens cherchent ce type de rencontres, qui leur permettent de « mettre la main » sur les animaux.

Ce besoin d’une expérience plus « consumériste », plus tactile, a conduit à la croissance de l’industrie de la nage avec les dauphins. Ces programmes interactifs sont également liés au très lucratif business de la delphinothérapie [12], où un client paie pour nager ou interagir avec un dauphin captif tout en s’engageant dans un processus de guérison. Le patient est amené à croire que le dauphin est l’agent thérapeutique clé du processus.

Deux études de Lori Marino et de Scott Lilienfeld [13] sur la validité scientifique de ces programmes de Dolphin Assisted Therapy (DAT) ont démontré que ceux-ci se fondent sur des méthodes très imparfaites et qu’il n’existe aucune preuve que cette « médecine douce » soit capable de traiter quelque trouble que ce soit.

Visiteureuses et gorille au zoo d’Anvers. Elleux dehors, lui dedans… Photo Dauphins Libres

Le mythe de la conservation [14]

En affirmant que la captivité est nécessaire pour sauver la faune sauvage, un sérieux problème éthique est posé.
La souffrance prolongée du confinement infligée à certains membres d’une espèce menacée serait compensée par les efforts déployés pour sauver leurs homologues dans la nature. Pourtant, l’observation scientifique nous apprend que le stress et les traumatismes de la captivité compromettent la santé mentale et la santé physique des individus et que d’innombrables tentatives de réintroduire des animaux dans un milieu naturel déjà dégradé ont échoué.

Il y a un réel danger à croire au message des zoos et des aquariums.
Si nous prétendons que nous pouvons en apprendre davantage sur les animaux en les regardant languir dans des constructions en acier et en ciment créées par l’être humain, alors nous affirmons que les habitats naturels ne sont pas nécessaires.

Et si le contexte naturel des animaux est implicitement présenté comme sans importance, alors les zoos sont en train de contredire la mission qu’ils prétendent défendre, à savoir que la conservation de l’environnement est une préoccupation urgente.

En fait, les zoos apaisent surtout l’inquiétude grandissante du public face à l’effondrement de la biodiversité, au lieu de nous obliger à affronter de manière active le danger d’extinction qui menace tous les animaux.

Les zoos créent un sentiment de sécurité illusoire quant à la la survie et au bien-être des animaux. Un zoo rempli de cages vides pourrait être une façon plus réaliste de transmettre le message d’une destruction imminente des espèces.

Panthère longibande au Jardin des Plantes à Paris. Photo Black to The Sea pour Dauphins Libres

En donnant à la captivité une apparence bienveillante, les zoos et les aquariums cachent le fait que l’emprisonnement forcé est brutal et cruel.
En plus de causer de graves problèmes physiques du fait des mauvaises conditions environnementales qui ne répondent en rien aux besoins éthologiques des animaux, la captivité impose un stress psychologique intense. Béton dur, mouvement limité, bruit, exposition presque constante au regard des visiteur.euses, absence de vie sociale ou familiale adéquate, menaces ou violences réelles de la part des gardiens minent le bien-être des animaux.

Pour ces raisons, nombre d’entre eux affichent des comportements indiquant un traumatisme psychologique et une grande détresse : automutilation, troubles de l’alimentation, infanticide, hyper-agression, dépression et bien d’autres encore.

Même dans les zoos où l’on s’efforce de fournir des aliments adaptés, des contacts sociaux, un « cadre naturel » et des enrichissements environnementaux, les animaux continuent à souffrir de terribles privations, car il est aussi impossible de simuler la richesse d’une vie naturelle pour d’autres animaux que pour des êtres humains en captivité.

Le Sanctuaire est le remède

Pour venir en aide aux animaux en nombre croissant qui restent dans les limbes de la vie captive, incapables de retourner dans leurs habitats d’origine, de plus en plus de sanctuaires ont été établis.

La différence entre un sanctuaire authentique et un zoo (ou un delphinarium) est énorme. Contrairement à ceux-ci, les sanctuaires sont des endroits créés uniquement dans le but d’accueillir les animaux blessés ou déplacés des lieux où la culture du divertissement n’entre pas en concurrence avec le bien-être animal. Les sanctuaires ne cherchent pas à acquérir des nouveaux animaux sauvages, ils ne les font pas se reproduire en cage. Ils n’existent que pour fournir un refuge et des soins aux personnes non-humaines qui ont souffert entre nos mains.

De nombreux animaux qu’on trouve dans un sanctuaire viennent des zoos.
Plusieurs raisons expliquent pourquoi les zoos les y abandonnent, notamment lorsqu’un animal devient malade ou âgé, ou lorsqu’il est considéré dangereux ou difficile à manier.

Maggie, une jeune éléphante d’Afrique, en constitue un bon exemple.
Elle a vécu au zoo d’Anaska à Anchorage en Alaska jusqu’en 2007. Après avoir perdu la compagnie d’un autre éléphant, la santé de Maggie a décliné rapidement.
Le personnel du zoo, les vétérinaires, les scientifiques et les défenseurs des animaux ont compris que la survie de Maggie était menacée après avoir vécu de longues années dans des conditions inhospitalières (y compris, bien entendu, la différence drastique entre son climat africain natal et le climat extrême de l’Alaska glacial).

Après de nombreux débats et plus d’une alerte à propos de sa santé, l’effondrement de l’éléphant, Maggie a été libérée et vit maintenant au refuge de Performing Animal Welfare Society en Californie, où elle a rapidement retrouvé force et bien-être. Elle vit là-bas avec d’autres éléphants et reçoit divers aliments nutritifs, de bons soins médicaux et un traitement pour ses problèmes de santé. Elle aime marcher sur les hectares et les hectares de son immense habitat verdoyant, plus proche de son Afrique natale que de son enclos à Anchorage.

Maggie en 2004, avant son transfert dans un sanctuaire arboré en Californie
(AP Photo/Anchorage Daily News, Bob Hallinen)

Ceci nous amène à une autre différence entre les zoos et les sanctuaires.
Les sanctuaires reflètent la perspective de l’animal et non celle de la visiteureuse humain.e - ou de son portefeuille. Les zoos sont créés spécialement en vue d’objectifs humains. Les sanctuaires sont spécialement conçus du point de vue de l’animal.

Il existe ainsi des sanctuaires conçus pour les besoins des chimpanzés, dont beaucoup sont en convalescence, pour avoir servi des années dans un laboratoire en tant que sujets d’expérimentation biomédicale. D’autres ont enduré une vie difficile dans l’industrie du divertissement. Les sanctuaires sont également conçus pour soutenir et rétablir la dignité et la conscience de soi de chaque résident. Un sanctuaire fournit le terrain, la flore, l’eau, les compagnons, la bonne atmosphère et la nourriture qui convient. Il offre des lieux passionnants à explorer et répond aux autres besoins particuliers qu’un résident peut avoir.

Un sanctuaire recrée ainsi chez l’ancien captif la compétence, le sens de la maîtrise des choses, le sentiment de pouvoir prendre soi-même des décisions et de faire des choix significatifs. Il offre également une parfaite sécurité. Le sanctuaire peut devenir le refuge d’un animal pour la durée d’un simple séjour ou pour sa vie entière.

Être un.e humain.e nous donne-t-il tous les droits ?  

Du fait de l’héritage colonial fait de conquêtes et de possessions, les zoos modernes ont fait payer aux animaux un prix terrible. Ils nous a donné l’occasion de voir n’importe quel animal n’importe quand, où et comment nous le voulons, créant ainsi une culture de l’esclavage et de l’oppression à l’égard des non-humains. Si nous vivons, par exemple, à Atlanta, Cleveland ou San Diego, loin des savanes africaines et des jungles de l’Inde, nous avons pourtant le droit de voir des éléphants et des tigres.

Nous devons nous poser la question : est-ce que le fait d’être un.e humain.e nous donne des droits sur toutes les autres créatures de la Terre, c’est-à-dire sur tout l’éventail de la « mégafaune charismatique » exposée dans les zoos et les delphinariums : girafes, tigres, rhinocéros, chimpanzés, orques et dauphins ? Avons-nous vraiment besoin d’un tel assortiment de vedettes animales en captivité pour comprendre à quel point il est important de les sauver, eux et leurs habitats naturels ?

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Zoochose et stéréotypies, cette folie qui frappe les animaux du zoo

 Extrait d’un texte publié sur dauphinlibre.be le 9 juillet 2019. Si dans ce texte je ne partage pas l’idée de comportements normaux et anormaux, naturels ou non naturels, je mets ici le texte qui parle avant tout des conséquences psychologiques de l’enfermement sur les animaux. Sur le site, de nombreuses vidéos sont aussi présentes accolées au texte

Zoochose et stéréotypies, cette folie qui frappe les animaux du zoo partout dans le monde, n’épargne que peu d’espèces détenues en captivité, même si ses plus spectaculaires victimes sont les ours polaires, les éléphants ou les grands singes.
Cette souffrance psychique peut se manifester de différentes façons par le biais de certaines attitudes aisément reconnaissables.

Celles-ci, de type obsessionnel et répétitif, sont dès lors qualifiées de « comportements stéréotypés ».
Un grand nombre d’espèces, tant celles qui sont nées en captivité que celles qui ont fait l’objet d’une capture en milieu naturel, peuvent présenter de tels troubles.

Les animaux ont évolué au cours des millénaires et leurs traits physiques, physiologiques et comportementaux sont spécifiquement adaptés à leur habitat naturel.

Cependant, la vie en captivité diffère considérablement de la vie à l’état sauvage. L’espace, les interactions sociales, le régime alimentaire, le climat, la présence d’êtres humains et bien d’autres aspects de leur vie peuvent être complètement étrangers à ce qu’ils rencontreraient à l’état sauvage. Les animaux en captivité ne peuvent pas choisir eux-mêmes leur environnement ou adopter les comportements nécessaires pour améliorer leur bien-être ou leur survie. Plutôt que d’avoir une vie sûre et facile en captivité, les animaux peuvent être confrontés à un certain nombre de défis auxquels l’évolution ne les a pas préparés.

Si l’environnement captif ne répond pas pleinement aux besoins spécifiques de l’animal, ou s’il impose un stress ou une frustration non naturel, il peut en résulter une détérioration de la santé physique et mentale du captif. Cela peut se manifester par l’apparition d’une maladie physique ou par un comportement anormal, qualifié de zoochose ou psychose des zoos.

La zoochose des animaux captifs provoque des comportements stéréotypés, c’est à dire hautement répétitifs, invariants, sans fonction, tels que le balancement, les déambulations en boucle, les mouvements de tête, les auto-mutilations, le léchage excessif, etc. Ces comportements résultent de « la frustration des schémas de comportement naturels, d’une altération de la fonction cérébrale ou de tentatives répétées de résoudre certains problèmes »

Les symptômes de la zoochose
• Le pacing ou la marche en rond
Ce comportement est souvent manifesté par les grands félins captifs, de même que chez les ours et les éléphants.
Ces animaux se déplacent sans fin en suivant toujours le même itinéraire, allant jusqu’à poser chaque fois leurs pattes dans leurs propres traces. Ce déplacement continuel écrase toute végétation dans leur cage et lamine le sol en y laissant des pistes parfois profondes.

• Le balancement
Nombre de grands singes, d’ours et d’éléphants se livrent à ce comportement. On voit ainsi des éléphants se balancer de gauche et de droite ou d’avant en arrière, levant d’abord une patte antérieure puis l’autre. Ces attitudes se retrouvent également chez certains humains frappés de maladie mentale.

• « Sur-toilettage » et mutilation
Les primates se toilettent souvent eux-mêmes ou les uns les autres de manière excessive.
Ceci peut être provoqué par le stress ou l’ennui. Les femelles primates vont ainsi se mettre à toiletter leur petit pour éviter un contact social dangereux avec leurs compagnons de cage, lorsqu’elle se sentent vulnérables ou menacées.
Les chimpanzés s’arrachent les poils de leur fourrure, particulièrement au niveau des avant-bras. Certains autres primates et des perroquets se sur-toilettent jusqu’au sang de manière obsessionnelle et mutilante. Quelques uns rongent leur propre queue.

• Torsion du cou
Ce comportement se manifeste notamment chez les girafes, les antilopes et d’autres grands herbivores qui penchent leur cou et leur tête d’avant en arrière de manière répétée, mais aussi par les ours.

• Mastication, léchage et morsure des barreaux
Les ours, les chevaux, les girafes, et d’autres animaux ont pour habitude de mordre ou de mâchouiller les barreaux de leur enclos. Les girafes [15] d’un certain zoo ont à ce point mordillé leur porte qu’elles y ont percé des brèches par lequel le jour pénètre.

• Sur-agressivité
Elle est surtout observée chez les primates et les grands félins. N’importe quelle stimulation inhabituelle, même mineure (une distribution de nourriture en dehors de heures normales, par exemple) peut déclencher des agressions violentes entre compagnons de cage. Les plus faibles sont les plus attaqués.

• Comportements éducatifs anormaux
Ceux-ci incluent le sur-toilettage, aussi bien que le rejet du nouveau né à la naissance ou même sa mise à mort et son ingestion par la mère. Les ours polaires, les grands félins, les tigres des zoos sont bien connus pour tuer et manger leurs petits.
Par ailleurs, beaucoup de zoos enlèvent les bébés primates à leur mère afin de les allaiter au biberon, car en captivité celles-ci ne souhaitent pas prendre en charge leur enfant. Ceci pose le problème de la réinsertion de ces jeunes, élevés par l’être humain, au sein d’un groupe d’animaux de la même espèce, une fois atteint l’âge du sevrage.
Il apparaît que de nombreux primates et particulièrement les chimpanzés captifs, rejettent systématiquement leurs jeunes à la naissance.

• Désordres alimentaires
Les animaux captifs jouent souvent avec leur nourriture pour dissiper leur ennui.
Certaines espèces feront semblant d’attaquer et de tuer leur pitance comme elles auraient pu le faire en pleine nature. D’autres régurgitent leur repas puis le consomment à nouveau, comme les orques ou les gorilles. Certains dauphins deviennent obèses.

• Coprophilie et coprophagie
Les captifs jouent avec leurs excréments ou les mangent (chez les espèces qui ne le font pas naturellement).
Les primates en captivité peuvent aussi étaler des excréments sur les murs des enceintes et sur le verre (exemple donné au zoo d’Anvers).

Que dire de plus, sinon l’évidence ?

Les zoos rendent fous.

Rien de plus normal. Les mêmes symptômes ont été observés chez des humains soumis à une trop longue détention ou privés de tout ce dont on prive les animaux au zoo.

 D’après le dossier de Born Free [16]

[8Voir aussi The Captivity Industry, un article de Lori Marino, Gay Bradshaw et Randy Malamud.

[9Même si d’autres formes d’exotisation et d’enfermement sont toujours présentes contre les dominé.es du monde occidental.

[14Pour plus d’informations sur l’historique menant à cette campagne de communication sur la conservation, se référer à l’article : Les zoos, arches de Noé dans un monde en crise ? De dauphinlibre.be

[15Les comportements stéréotypés chez la girafe captive, qui se retrouvent souvent, consistent à lécher les murs et à balancer la tête.

[16Stereotypic behaviour : Zoochosis, https://www.bornfree.org.uk/zoochosis


)

Articles écrits en des dates différentes, mise en page faite en juillet 2019.
Contact pour la mise en page : souslaplage@@@riseup.net



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