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Bruxelles : Retour sur les luttes autonomes dans l’Italie des années ’70, le 5 mai au local Acrata

mis en ligne le 28 avril 2011 - Lokaal Acrata

Salut,

Jeudi 5 mai 2011 à 18h30, nous accueillons l’équipe de l’intervento-aprile qui
viendra nous présenter une « mise en scène » (en lectures, films,
chansons...) sur les mouvements sociaux autonomes qui ont bouleversé
l’Italie pendant les années 70 : luttes dans les usines, quartiers,
prisons, occupations de logements et auto-réductions, féminisme, radio
libres, action directe, ...
Cette présentation sera suivie d’une discussion sur ce que ces fragments
d’histoires, leurs failles, leurs passions et leurs forces peuvent faire
émerger dans nos possibilités de lutte aujourd’hui.

Vous trouverez ci-dessous un petit texte que nous avons placé au dos du
flyer-papier. Par ailleurs, des brochures abordant la thématique de
l’autonomie ainsi que l’époque des années 60-80 seront disponibles à la
bibliothèque Acrata.

C’est jeudi 5 mai,
à 18h30 (antipasti sur place)
à la bibliothèque Acrata : 32 rue de la Grande Ile – 1000 Bruxelles

A bientôt


De la fin des années ’60 au début des années ’80, l’Italie a été traversée
par des attaques féroces et massives à l’encontre de l’ordre établi.
Pourtant, nous n’en connaissons rien ou très peu. C’était il y a 30-40 ans
et nous en sommes orphelins, comme si nous étions les premiers. Sans
histoire, seuls au monde avec nos questionnements et nos envies d’en finir
avec ce monde basé sur les rapports de domination et d’exploitation.
C’est un véritable tour de force qu’ont tenté (et tentent encore) le
capitalisme et la démocratie à la sortie des années 70 en essayant
d’anéantir – jusqu’à dans nos imaginaires- toutes velléités
révolutionnaires.

Il y a donc un enjeu à se réapproprier l’histoire. Notre histoire. Celle
des lutes contre l’Etat, l’exploitation et toutes formes d’autorité.

Des camarades ont été fouillé dans les décombres de ce qui est communément
appelé le “mouvement autonome italien” pour pouvoir ensuite partager le
fruit de leurs recherches.
Ils et elles ont excavé des récits de grèves de loyers et autres
auto-réductions menées par des (dizaines de) milliers de personnes,
dépoussiéré des occupations d’usines qui se répandent dans la ville et
critiquent l’ensemble des rapports d’exploitation et donc la société,
retrouvé des volontés de changer le quotidien ici et maintenant dans un
aller-retour constant avec des désirs de bouleversements sociaux radicaux,
arraché de l’oubli une force et une violence révolutionnaire vieille d’à
peine 40 ans.

Si une réappropriation de l’histoire des luttes est toujours nécessaire
pour ne pas être terrassé.e.s par la démocratie capitaliste (ou le
capitalisme démocratique) que l’on voudrait nous imposer comme seul
horizon possible, celle-ci ne peut cependant rester a-critique.

L’autonomie nous est souvent présentée comme un mouvement “hors des partis
et des syndicats” dans lequel “refusant la délégation et la
représentation, les exploités se préoccupent de prendre en charge leurs
besoins, sans médiations, sans confiance dans les institutions, ici et
maintenant, sans attendre une hypothétique et lointaine révolution
préparée par des élites”
Et il est vrai que des personnes se meuvent toujours sur des bases
autonomes correspondant à cette définition. Mais l’Autonomie, chez les
révolutionnaires, est aussi devenue un courant de pensée assez éparse
influencé par les analyses marxistes et empreint d’une forte critique de
la gauche traditionnelle.

Pour ce qui est de l’Italie, il semble que le tableau doive encore un peu
plus être nuancé. Cette autonomie est marquée par nombre de groupes
politiques (Potere operaio, Lotta continua,…) pour la plupart fortement
ancrés dans une idéologie léniniste, à l’occasion définie comme
“néo-léniniste” par les propres intéressés. (pensée qui en pratique prend
souvent la forme de : organisation du prolétariat par les
révolutionnaires, centralisation des luttes, construction du parti, …)

Si ces groupes ont eu une présence indéniables (et surtout des formes
d’organisation qui rendent leur histoire plus accessible) et qu’il faut
les prendre en considération pour comprendre cette époque, on ne peut
réduire le “mouvement autonome” à ces derniers, loin s’en faut. C’est ce
qui a amené à faire la distinction entre “le mouvement social” – ou
“l’autonomie diffuse”- et “l’autonomie ouvrière organisée”. Bien que par
moment la frontière entre les deux soit floue, c’est bien dans l’autonomie
diffuse que nous retrouvons les comportements et les analyses subversifs
qui nous intéressent le plus.

Nous vous invitons donc à jeter un regard sur ce passé, pas pour
l’enterrer ni uniquement pour nous armer pour le futur, mais surtout pour
réfléchir à nos (possibilités de) luttes actuelles.

"Lokaal Acrata"
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