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Cash investigazine Zine de la mutuelle TPGQIF Panam

mis en ligne le 28 juin 2023 - mutuelletpbgpanam

Retour sur le processus de création de la mutuelle

Au printemps 2019, des personnes s’étaient retrouvées pour organiser un pink bloc pour la manif du 1er mai à Paris. À la suite de ça, il y a eu l’envie d’initier des assemblées générales (“AG queer VNR”) régulières pour se rencontrer et s’organiser entre personnes et collectifs transpédébigouinesinter/ queer féministes qui gravitent en Île-de-France. Dans ce cadre d’abord, un petit groupe inspiré par d’autres expériences de mutualisation a voulu créer une mutuelle et s’est réuni mensuellement à partir de septembre 2019. 

Assez vite on a essayé de se redistribuer de l’argent entre nous pour voir ce que ça donnait, mais pendant plus d’un an on a aussi beaucoup discuté, tâtonné, on s’est bien pris la tête par moment à base de grandes réunions de 5h. Après un an et demi, le fonctionnement s’est stabilisé tel qu’il apparaît dans la charte (ci-dessous), même s’il continue d’y avoir des propositions de modifications. 

Au fil des mois, des personnes ont lâché l’affaire et d’autres ont rejoint le groupe, soit parce qu’elles connaissaient une personne de la mutuelle, soit parce qu’elles en avaient entendu parlé par les ag queer (plus rare). Officiellement, on a décidé que la mutuelle ne fonctionnait pas par cooptation mais qu’il est possible de la rejoindre en prenant contact par mail pour rencontrer deux membres avant d’assister à une réunion. Dans les faits, le groupe s’est élargi surtout de manière affinitaire. La question du “recrutement” de nouvelles personnes fait l’objet de nombreuses discussions autour des enjeux de mixité choisie, de l’équilibre financier, de l’ambiance, des différentes envies…
Contrairement à d’autres mutuelles dont nous avons entendu parler, les situations dans notre mutuelle sont assez stables : les personnes en situation de donner au départ le sont resté-es, et de même pour les personnes en situation de recevoir. 

Actuellement, entre 18 et 21 personnes participent à la redistribution mensuelle, et on est plutôt moins d’une dizaine en réunion. Les membres cotisent, selon leurs situations, entre 150e et rien, pour un total situé autour de 1200e tous les mois. Cette somme permet de rembourser le déficit des personnes qui sont dans le rouge pour le mois (de leur garantir un revenu de zéro euros après dépenses, donc) ; il s’agit en général de quatre ou cinq personnes. Les bons mois, on peut garantir un revenu allant jusqu’à 120e (c’est-à-dire que personne ne gagne moins que 120e sur le mois après dépenses courantes, v. plus bas pour les calculs).

La redistribution a lieu tous les mois sans faute depuis trois ans, et nous en sommes fièr-es, parce que l’un de nos objectifs était de pérenniser la solidarité financière. Cependant, les montants redistribués varient considérablement d’un mois sur l’autre, ce qui a pour conséquence que les personnes en situation de recevoir restent dans l’incertitude quant à la somme dont elles vont pouvoir disposer pour le mois.

Mutuelle TPGBI-QF Panam : fonctionnement

En créant cette mutuelle, on a clairement conscience de ne pas ré-inventer la dynamite, aussi big up pour les mutuelles de Marseille, Lyon, Toulouse, Saint-Étienne et Rennes, les textes produits et/ou les discussions nous ont carrément inspiré-es ! 

Quel est le but de la mutuelle ?

On veut assurer un revenu minimum à toutes les personnes qui participent à la mutuelle sur la base d’un partage régulier d’une part des revenus des membres qui en ont. L’idée c’était aussi de créer un espace où on se fait suffisamment confiance et où on peut parler ca$h en brisant le tabou et la honte pour pouvoir plus/mieux se soutenir concrètement, construire des solidarités matérielles entre les membres de la mutuelle (pour commencer) pas seulement en faisant tourner la tune mais aussi en se refilant les bons plans (de garants/logements/travail/santé etc.), en partageant ses compétences administratives/sa caisse/son canap, etc.

Cimetière des pratiques abandonnées #1

“Un espace où on se fait suffisamment confiance et où on peut parler ca$h en brisant le tabou et la honte pour pouvoir plus/mieux se soutenir concrètement”

En tout cas, c’était l’idée de départ. En réalité, on n’y est pas arrivé-es. On pourrait mettre ça sur le dos de la pandémie (#Mars2020) ou sur nos emplois du temps chargés et notre fatigue militante. Et même si c’est un peu vrai, il faut dire qu’on n’a pas su comment faire pour créer ces discussions de fond sur nos rapports à la thune en fonction de qui l’on est, d’où l’on vient et où on se situe maintenant. Que se rendre compte des disparités des conditions financières et matérielles de chacun-e a été difficile à vivre pour les personnes précaires et a parfois laissé les autres dans une forme de culpabilité. Bref, on a pendouillé fort au début ce qui a poussé les personnes précaires de la mutuelle à choisir de créer un groupe pour échanger entre elles sur certains sujets, se filer des bons plans, se checker après des réunions ou après des situations qui seraient arrivées.
Et après, il y a la pandémie et depuis on galère à reprendre ces discussions.

Qui peut entrer dans la mutuelle ?

Trans, gouines, bi-es, inter, pédés, meuf hétéra racisée, que tu ne saches pas quoi faire de tes économies ou que tu n’arrives pas à boucler les fins de mois avant même le 15, tu peux venir.

Comment se passent les réunions ?

Les réunions se font tous les deux mois, dans n’importe quel lieu susceptible de nous accueillir. Elles sont dissociées des redistributions.

A chaque fin de réunion, deux personnes s’auto-désignent comme référent-es pour organiser la prochaine (envoyer le mail de rappel sur la mailing list, prendre le CR, l’envoyer après la réunion, animation). Les tâches de prise du tour de parole, prise du compte rendu, etc. sont réparties entre les présent-es et tournent.

En intégrant la mutuelle, on s’engage à venir aux réunions tous les deux mois et à donner sa cotisation tous les mois.

Bien sûr, on peut faire une pause de la mutuelle ou partir mais c’est cool de prévenir, en particulier si on est en position de donner de l’argent, ça a des conséquences sur le groupe.

Comment prend-on les décisions dans la mutuelle ?

On prend les décisions au consensus et toute décision prise lors d’une réunion peut être modifiée/révoquée à la réunion suivante (ce qui laisse notamment la possibilité aux absent-es de s’exprimer). Une fois la décision validée, on expérimente la proposition pendant une certaine durée avant de décider si on garde l’idée ou non.

Comment marche la redistribution mensuelle ?

En bref : chaque mois, les membres de la mutuelle mettent en commun une partie de leurs revenus et de leurs économies qui sont ensuite redistribuées à celles et ceux qui en ont besoin ce mois-ci. Les redistributions sont mensuelles et se font entièrement en ligne, sur Paypal ou par virement, avec un tableau en ligne pour les calculs (dans le cas où une personne ne peut donner ou recevoir qu’en cash, on s’arrange entre membres).

Quel est le fonctionnement précis de la redistribution, comment calcule t-on sa cotisation ?

Attention accroche-toi, c’est sur les pages qui suivent après un petit jeu, histoire de se détendre.

Cimetière des pratiques abandonnées #2

Initialement, les réunions étaient mensuelles, entre le 6 et le 8 du mois, souvent chez l’un-e des membres de la mutuelle (on pouvait filer 1% de la caisse pour l’accueil si besoin), et à chaque réunion avait lieu la cotisation et la redistribution de l’argent, en cash. Les personnes qui ne pouvaient vraiment pas être là refilaient/ récupéraient leur argent auprès d’un-e autre membre de la mutuelle. Le but était d’éviter les problèmes liés à la dématérialisation de l’argent (tout le monde n’a pas Paypal ou un compte bancaire, et les personnes touchant des aides ne veulent pas forcément que des transferts d’argent soient visibles sur leur compte), mais surtout nous souhaitions sortir de la dynamique de la charité, ou des personnes aisées peuvent donner des sous de loin sans réellement collaborer ou s’impliquer dans une construction communautaire. La pandémie a eu raison des réunions physiques rapidement, et nous avons conservé les redistributions dématérialisées par la suite. Nous avons aussi, après à peu près deux ans, acté que les discussions autour du rapport à l’argent n’avaient pas eu lieu. Ce travail n’a jamais vraiment été fait ; les outils d’éducation populaire autour de ces questions ont été peu utilisés ; les conversations n’ont pas eu lieu ; et surtout elles n’avaient jamais intéressé tout le monde : nous avons ainsi décidé qu’il était inutile de forcer les gens à se déplacer physiquement.

Le fonctionnement de la redistribution

Étape 1 : Calculs des cotisations

Chaque mois, les membres de la mutuelle cotisent à hauteur de 5% de leurs revenus « nets » (auxquels on a soustrait nos charges) et 0,5 % de leurs économies.

COTISATION = ( REVENUS NETS x 0,05) + ( ÉCONOMIES x 0,005)

Revenus = salaire + aides de l’État (APL, bourses, RSA, AAH, allocation demandeur-euse d’asile, allocation chômage, etc.) + bénéfice d’entreprise + prime d’activité + aides financières autres + rentes + dividendes + gains aux jeux, etc.

Charges = loyer + factures d’eau, électricité, gaz, téléphone, internet + transports + personnes à charge + frais médicaux (dont psy et mutuelle santé et frais de transition non remboursés) + remboursements de prêts/dettes.

Économies = ça peut recouvrir beaucoup de choses différentes et de moyens de les avoir acquises, aussi on parle ici d’économies de sûreté et pas d’économies prévues pour un projet précis (permis, achat d’un véhicule, frais de santé prévus, frais de justice, etc.) sur autodétermination.

Étape 2 : Remplissage du tableau commun

Chacun.e calcule pour soi puis indique dans un tableau de manière anonyme et sur autodétermination :

• son revenu une fois les charges soustraites. Toutes les personnes ayant un revenu net (revenu - charges) positif (supérieur à zéro) cotisent même faiblement
• si iel a des économies supérieures à 2000€ (« oui » ou « non »). Seules les personnes ayant moins de 2000€ bénéficient de la redistribution
• le montant de sa cotisation (calcul ci-dessus)

Et si on a des dettes ? On distingue ses dettes urgentes (ex. CB bloquée, interdit bancaire, situation tendue, etc.) et les dettes non urgentes. Les premières sont à soustraire à son revenu (qui peut donc être négatif) et les secondes à ses économies.

Étape 3 : La redistribution
La somme des cotisations est intégralement redistribuée chaque mois, suivant un système de paliers.
• 1er palier : Dans un premier temps la somme obtenue est redistribuée de manière à ce que tout le monde bénéficie d’au moins 200 euros de revenus. La hauteur de ce premier palier peut être modifiée en fonction des revenus de la mutuelle (parfois atteindre un premier palier de 0€ est difficile).
• 2ème palier : s’il reste de l’argent, on le redistribue entre toutes les personnes dont le revenu est inférieur ou égal à 400€. Si jamais il n’y a pas assez dans la caisse, on calcule un seuil intermédiaire, qui correspond au plus haut revenu parmi les personnes qui avaient moins de 400 euros.

Comment ça se passe pour les dettes ?

• les dettes urgentes sont comblées lorsqu’on comble les revenus pour atteindre le premier palier (200 euros) ;
• une fois le premier palier atteint, l’argent restant est divisé en deux : une moitié pour atteindre le deuxième palier (400 euros), une moitié pour combler les dettes non-urgentes (pour qu’elles ne deviennent pas urgentes).

Par exemple : Gigi a une dette urgente de 50€ et une dette moins urgente de 300€ qu’iel rembourse de 10€ tous les mois. Gigi peut compter moins 50€ dans ses revenus et moins 300€ dans ses économies. Gigi a un revenu nul après déduction des charges, et soustrait en plus sa dette urgente de 50€, pour un total de moins 50 euros ; lors de la redistribution, iel reçoit 250€ pour atteindre le premier palier de 200€.

Exemple (fictif) de redistribution

Calcul de la cotisation de Gigi Hadid

Revenus = 100€
Charges = 20€ (forfait internet/téléphone) + 100€ (frais de santé) + 20€ (remboursement de la dette moins urgente) = 140€
Revenus charges déduites = -40€
Économies = Pas d’économies. 500 € de dette peu urgente

→ GIGI HADID a un revenu en négatif (les charges sont supérieures aux revenus). GIGI HADID ne cotise pas et peut piocher au moment de la redistribution car ses économies sont inférieures à 2000 euros.

Calcul de la cotisation de GIGI l’amoroso
REVENUS = 500€ (RSA) + 200€ (APL) - 100 € (dette urgente)
= 600 €
CHARGES = 350 € (de loyer)
ECONOMIES = 1000 € pour payer le permis (donc ne sont pas prises en compte)
COTISATIONS = (600 – 350)x0,05 + (0x0,005)
= 12,5
→ GIGI l’Amoroso cotise 12,5€

Calcul de la cotisation de GIGI D’Agostino
REVENUS = 2000 €
CHARGES = 450 € (loyer) + 50€ (frais médicaux)
= 500 €
ECONOMIES = 5000€ de sûreté
COTISATIONS = (2000 – 500)x0,05 + (5000x0,005)
= 100 €

→ GIGI d’Agostino cotise à hauteur de 100 € et ne bénéficiera pas de la redistribution, car iel a plus de 2000€ d’économies.

Calcul de la cotisation de GIGI Gorgeous
REVENUS = 4900 € (salaire) + 100€ (prime)
= 5000 €
CHARGES = 660 € (loyer) + 40€ (pass Navigo)
= 700€
ECONOMIES = 10000 € de sûreté
COTISATIONS = (5000 - 700) x 0,05 + 10000 x 0,005
= 265

→ GIGI Gorgeous cotise à hauteur de 265 € et ne pioche pas, car iel a plus de 2000€ d’économies.

SAVOIR SE SITUER : Quelques idées de questions à se poser soi-même avant de rejoindre/pendant la mutuelle…

Accès à l’emploi
• Est-ce que j’ai un travail salarié ?
• Est-ce que j’ai un travail stable ?
• Quel est mon accès au marché du travail (en fonction de mon absence de/mes privilèges dus à ma position sociale, mes diplômes, etc.) ?
• Est-ce que j’ai déjà fait/je fais un travail alimentaire qui a peu à voir avec mes intérêts/compétences ?
• Est-ce que j’exerce un travail qui me plaît/m’intéresse ?
• Est-ce que je subis un temps partiel ?
• Est-ce que je cumule différents emplois pour vivre ?
Situation financière, soutien, patrimoine
• Est-ce que je touche des aides financières de l’État ou d’une autre personne ?
• Est-ce que j’ai un-e/des backup en ce moment dans la vie ? Genre des personnes qui peuvent me donner/prêter sans intérêt de l’argent facilement ?
• Est-ce que j’ai des économies ? (Plutôt 10 balles et 1 mars, 5000 euros d’épargne ou 75000 ?)
• Est-ce que je suis propriétaire d’un bien immobilier ?
• Est-ce que je suis propriétaire d’un véhicule ?
• Est-ce que j’ai bénéficié ou je bénéficierai d’un héritage ? Quel type d’héritage ? (plutôt des dettes ? Plutôt l’équivalent d’un smic d’économie ? Un bien immobilier ? Une assurance vie ?)
• Quel type d’accès j’ai au logement ? (en fonction de mon absence de/mes privilèges dus à ma position sociale, etc.) ?
• Est-ce que je paye un loyer ? Est-ce qu’il correspond à plus de la moitié de mes revenus ?
• Est-ce que je bénéficie d’aide pour le loyer ?

Banques
• Quel accès j’ai au système bancaire ?
• Est-ce que j’ai déjà été/suis interdit bancaire ?
• Est-ce que j’ai des dettes ? Un crédit ?
• Est-ce que j’ai une ou des personnes à charge ?

Accès à la santé
• Est-ce que j’ai l’assurance maladie ?
• Est-ce que j’ai une (bonne) mutuelle ?
• Quel est mon accès aux soins ? Est-ce que j’ai bénéficié de soins sans limite au cours de ma vie ?

Nourriture
• Quelle part de mon budget représente la bouffe environ ?
• Est-ce que j’ai la possibilité de chourer ? Est-ce que je pourrais m’en passer financièrement ?
• Est-ce que j’ai la possibilité de faire des récup ? Est-ce que je pourrais m’en passer financièrement ?
Rapport à l’argent
• Est-ce que je me sens à l’aise économiquement ?
• Quel est mon rapport à l’argent ? Quelle place ça occupe dans ma tête ? (j’y pense H24 / quand je fais mes comptes une fois par mois / régulièrement / …)
• Est-ce que je parle facilement d’argent ?

Caisse d’urgence et dons ponctuels

Est-ce qu’on reçoit des dons extérieurs ?
Oui ! Ils alimentent une caisse d’urgence et viennent des boîtes à sous posées dans les endroits camarades d’île de france, des dons ponctuels de personnes extérieures à la mutuelle et les recettes des évènements qu’on organise dans ce but. Les personnes qui font des dons ponctuels passent soit par le mail de la mutuelle, soit par le numéro de téléphone de la personne référente du moment. On leur envoie ensuite la marche à suivre.

Gestion interne de la caisse d’urgence
Pour tenir les comptes de la caisse d’urgence, on utilise un tableau en ligne qui recense les montants d’entrées, les montants de sorties, l’état des transferts d’argent.Le/la référenx paypal est aussi en charge de remplir le tableau de comptes. Iel s’assure spécifiquement que le tableau soit clair au moment de le faire tourner à un/ une autre référenx. Les référenx paypal le sont pendant 3 mois (durée qui peut varier, s’il y a eu beaucoup de transferts d’argent – le mandat est écourté – ou s’il n’y en a pas eu – il peut être allongé).

Pourquoi la caisse d’urgence externe ? Pourquoi l’avoir abandonnée ?

En mars 2020, pendant le premier confinement Covid, il nous a semblé nécessaire de créer une caisse d’urgence : plusieurs d’entre nous avaient perdu leurs revenus, plus de personnes extérieures nous ont contacté-es, les redistributions mensuelles n’étaient pas suffisantes.

L’idée de la caisse d’urgence c’était de recevoir des dons ponctuels de personnes extérieures à la mutuelle et de pouvoir redistribuer cet argent à des personnes de la mutuelle qui n’auraient peu ou pas d’autres ressources pour des galères ponctuelles (frais de santé, loyer, frais juridiques, factures, dettes urgentes, etc.) et dans un premier temps à des personnes ou collectifs extérieures à la mutuelle.

En mai 2021, on a pris la décision d’arrêter de redistribuer de l’argent à des collectifs extérieurs. Notre capacité financière est trop faible, on a déjà pas assez d’argent pour assurer un revenu correct (parfois juste un revenu positif) à nos membres. On s’est dit qu’on pouvait prêter main forte aux collectifs de manières différentes : en donnant des coups de main en cas d’organisation d’évènements pour récolter de la thune par exemple, en mobilisant des ressources matérielles et militantes.

En novembre 2021, on a décidé d’arrêter la caisse d’urgence externe. Après la grande braderie qui avait permis de récolter beaucoup d’argent (voir l’encadré “How to make a lot of money : récit de la Grande Braderie”), trop peu de genx pouvaient la gérer. Les demandes se sont multipliées, des gens ont dû courir dans tous les sens pour l’apporter aux personnes qui en avaient besoin, la comptabilité était tenue par une ou deux personnes débordées en plein été, on a commencé à multiplier les critères d’octroi pour trier les demandes… Bref, on se transformait en fond social, sans en avoir ni l’ambition ni les moyens. On a jamais voulu être/faire ça ; ce qu’on aimerait vraiment c’est une multiplication des créations de solidarité matérielles continues, sur des plans matériels, administratifs, affectifs. On a décidé d’arrêter la caisse d’urgence externe pour renforcer les liens et les prêts entre les membres. On voulait quand même laisser une trace de ce qu’on avait testé, pour aider de futures expérimentatrices.

Quand on recevait une demande pour la caisse d’urgence de la part de quelqu’un-e extérieur à la mutuelle :

• Si c’est pas fait, on demande à la personne de définir un montant et un motif ;
• On informait le reste de la mutuelle de la demande (montant + motif). Si on pouvait/voulait pas gérer personnellement la demande, une autre personne se désigne pour prendre la suite ;
• On essayait d’abord de proposer des solutions autres que de l’argent (bons contacts de soignant-es/avocat-es, bons plans administratifs, distribution alimentaire, associations, réseaux de solidarité, etc.), éventuellement on en discute collectivement ;

• Si aucune solution alternative n’était trouvée, et qu’il n’y avait pas d’opposition à la proposition d’argent à transférer au bout de 3 jours, on voyait avec la personne référente de la caisse d’urgence pour faire un virement/filer la thune en liquide.

Un seuil de 100 euros était toujours conservé dans la caisse d’urgence (en théorie...) : c’était censé servir aux personnes de la mutuelle qui ne pourraient pas attendre la prochaine redistribution mais aussi à avancer l’argent quand on organise des évènements pour engranger plus d’argent. Si on avait un surplus à donner en plus de notre cotisation, on le donnait plutôt direct durant la redistribution mensuelle car nos paliers sont relativement bas et qu’on favorise plutôt l’augmentation des revenus et de l’autonomie des personnes qui participent à la mutuelle.

TUTO : How To Make a Lof Of Money pour remplir ta caisse d’urgence ? Récit de notre grande braderie

Nombre de participant-es : 86 personnes (445 intéressé-es) selon Facebook, un peu plus d’une centaine en vrai. Il y avait seulement 8 stands mais certains étaient tenus par 4-5 personnes, avec beaucoup d’affaires. Des pièces remarquables ont été aperçues avant de disparaitre, l’ambiance était cool même si c’était intense côté crew d’orga, c’est passé vite. Le FLIRT - Front de Libération Transfem - étant venu en force et en chic, avec le plus de sapes à écouler et de la marchandise de grande qualité.

Énergie : ✭✭ (moins qu’une soirée, plus qu’une cagnotte)
Niveau de difficulté de l’action : ✭✭ ( moins que braquer une banque, plus que jouer au loto)
Valeur lucrative : ✭✭✭ (plus que le montant d’une action chez LVMH)



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