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Pourquoi aimes-tu le rose ? Brochure faite pour les filles, mais très intéressante pour les garçons

mis en ligne le 13 juin 2017 - NÉBuleuse des échanges intergalactiques

POURQUOI AIMES-TU LE ROSE ?

Brochure faite pour les filles, mais très intéressante pour les garçons

Peut-être que tu n’aimes pas le rose. Mais si tu es une fille, il y a beaucoup plus de chances que tu aimes cette couleur que si tu étais un garçon.
Tiens, pourquoi ?
Est-ce que le fait de posséder un vagin influence nos préférences pour certaines couleurs ?
Quel est le lien entre notre sexe et nos préférences ou notre personalité ?
Pourquoi les femmes/filles et les hommes/garçons sont-ils différents ?

Cette brochure parle de choses complexes, alors parfois elle utilise des mots complexes. Pour t’aider à bien comprendre ce qu’elle raconte, voici quelques explications :

Le sexe se définit par les différences physiques entre les hommes et les femmes (c’est à dire les différences de leur corps).

Le vagin fait partie des organes sexuels féminins. C’est un conduit qui a la forme d’un tube souple et qui relie l’utérus à l’extérieur du corps. La différence physique généralement utilisée pour dire qu’une personne est de sexe féminin est l’existence de son vagin (il y en a aussi d’autres).

Les mots expliqués sont suivis d’une * dans le reste de la brochure, pour te rappeler que tu peux venir regarder leur explication ici chaque fois que leur sens n’est plus clair pour toi.

Si tu aimes le rose, c’est que lorsque tu es née, ton entourage (famille, amis...) t’a reconnue comme une fille. Dans notre société, c’est très important : lorsqu’un enfant vient de naître, la première question que l’on pose est généralement “c’est une fille ou un garçon ?”. Soit : “a-t-il/elle un pénis ou un vagin* ?”. Pourquoi le sexe d’un enfant est si important ici ? Difficile à dire…

A la naissance, il n’y a aucune différence entre le le cerveau d’un garçon ou celui d’une fille. Mais comme tu avais un vagin*, tu as été identifiée par les adultes comme une fille, et à partir de ce moment, on t’a traitée différemment que si tu avais eu un pénis au moment de ta naissance. On ne s’est pas occupé de toi de la même manière.

Des scientifiques ont fait des recherches là-dessus pour le prouver. Par exemple, si tu es une fille, on t’autorise moins à être bruyante. Quand une fille et un garçon produisent le même niveau de bruit ou d’agitation, les adultes demandent plus vite à la fille d’arrêter. Ils sont moins patient avec elle à ce sujet.

Un autre exemple. Si tu es une fille, et que tu t’es fait mal ou que tu es triste, on va passer plus de temps à te consoler. Les adultes prennent plus sérieusement les problèmes émotionnels des filles et laissent les garçons se débrouiller plus seuls avec leurs émotions.

Lorsque un enfant adopte pour la première fois un comportement qu’il a observé autour de lui, son entourage aura une réponse positive ou négative par rapport à ce comportement. Quand un garçon prend un ballon pour taper dedans, il sera probablement encouragé dans son action. À l’inverse, s’il se met du rouge sur les lèvres, cela déclenchera la plupart du temps une réaction négative des adultes (peut-être pas exprimée avec des mots, peut-être au travers des expressions du visage, par exemple). Il intégrera ainsi que certaines activités ne lui sont pas destinées par ceux qui l’entourent.

Il faut dire, bien sûr, que beaucoup d’adultes ne souhaitent pas volontairement faire de différence entre garçons et filles, la plupart voudraient interagir avec eux de la même manière. Seulement voilà, les gens font des différences dans la manière de traiter garçons et filles depuis si longtemps, ces différences sont tellement présentes partout (chez les autres adultes, à la télé, etc...), que même sans le vouloir ça leur échappe, ils le font inconsciemment. Ils se comportent différemment avec les filles et les garçons sans même s’en rendre compte. C’est un apprentissage caché. On dit « caché », car personne n’a l’impression de te l’apprendre. Cela arrive sans que personne ne s’en appercoive vraiment.

Toutes ces différences de traitement, plus l’influence des autres enfants à l’école, de la télé et des livres, de tout ce que l’on entend et voit partout, nous influence beaucoup. Forcément, surtout quand on est jeune (et aussi encore beaucoup après, même quand on est adulte) on se demande qui on est, quelle est notre identité. Et si tout le monde autour de nous, au travers de leurs comportements, nous explique qu’on est une fille et qu’une fille c’est différent d’un garçon, ça nous influence à la longue.

Et c’est comme ça, que, parce qu’on est une fille, on choisit le gobelet rose pour le goûter. Si on avait été un garçon, on aurait eu le choix entre beaucoup plus de couleurs (jaune, vert, bleu, orange...).

C’est ce que l’on appelle la « socialisation genrée ».

La socialisation c’est un apprentissage que l’on fait sans s’en rendre compte, et qui installe très profondemment en nous les idées qui existent autour de nous, dans notre entourage.

Le genre se définit par les différences non-physiques entre les femmes et les hommes (c’est à dire les différences qui ne viennent pas du corps). Ce sont des différences de comportement, de pensées, d’argent, etc. Elles n’existent pas à la naissance.

Le stéréotype prend la forme d’une opinion partagée par tout le monde et a propos, le plus souvent, d’un type d’individus ou un groupe. Il s’agit d’une opinion toute faite, sans aucune originalité, d’un cliché.

C’est une grande expression, mais qui vaut la peine d’être regardée de plus près. La socialisation genrée c’est apprendre à se comporter en fille ou en garçon. Si tu as été socialisée comme fille, ça veut dire que depuis que tu es bébé on t’a appris à te comporter en fille. Tu es donc en quelque sorte 2 fois une fille. Une fois par ton sexe* (qui correspond aux choses physiques, de ton corps, comme ton vagin*) depuis ta naissance. Et une fois par cet apprentissage que tu as fait depuis, par l’influence des adultes et de ton environement, cet apprentissage c’est ton genre*.

Pour chaque genre* (homme/femme), la société attribue « des rôles, des tâches, des caractéristiques et des attributs ». Si tu es une femme, les gens autour de toi attendront que tu aies des caractéristiques différentes que si tu étais un homme (par exemple : cheveux longs et pas cheveux courts, calme et pas agitée, etc..). Certaines personnes disent même que nous nous comportons comme si nous étions sur une scène de théâtre et nous jouons le rôle qui correspond à notre genre.

La socialisation* comme fille se base sur un stéréotype*, une opinion toute faite de ce qu’est une femme. Par exemple, pour le goûter l’enfant choisit un gobelet rose, parce-que cet enfant s’identifie comme appartenant au genre féminin et a intégré le stéréotype* selon lequel la couleur rose serait pour les filles ou les femmes. Rien ne peut prouver ou démontrer que parce-que l’on a un vagin* on aime le rose. Mais pourtant c’est une idée qui a été transmise à toutes les petites filles à un moment.

Il existe de très nombreux stéréotypes* concernant les genres*. Par exemple, pour les hommes : « être fort », « être sûr de soi » ou pour les femmes : « être patiente », « être généreuse », etc. .. Ce ne sont pas des vérités générales, qui correspondent à la réalité, mais ce sont des clichés, des idées toutes faites.

Voici une liste des stéréotypes* féminins et masculins qui existent autour de nous :

stéréotypes féminins :

  • faiblesse physique
  • douceur
  • nervosité
  • tendresse
  • étmotivité
  • compassion
  • timidité
  • bavardage
  • dépendance
  • coquetterie

stéréotypes masculins :

  • agressivité
  • force physique
  • désordre
  • vantardise
  • cruauté
  • grossièreté
  • exubérance
  • goût de l’avanture
  • indépendance
  • confiance en soi

C’est énervant non ? De se retrouver enfermée dans des clichés comme la timidité (et si je veux être courageuse ??), ou la dépendance (et si je veux me débrouiller toute seule ??)

Mais quasiment toujours, à l’école ou au collège, on cherche à se conformer aux modèles stéréotypés*, de rentrer dans le stéréotype* fille ou garçon,. Les stéréotypes* genrés* s’imposent comme des choses à respecter sinon on doit subir le jugement des autres et on se retrouve exclu.

Certaines personnes en souffrent plus fortement car elles ont du mal à intégrer la socialisation* qui correspond à leur genre* (par exemple certaines filles s’identifient plus à bob l’éclair qu’à la bergère de Toy Story, elles ne s’identifient pas aux stéréotypes* de leur genre*. C’est aussi le cas pour beaucoup de garçons pour qui c’est une grande pression de toujours devoir être fort et indépendant). D’autres personnes intégrent très bien cette socialisation* (elles s’imprègnent de cet apprentissage caché et s’identifient aux stéréotypes* de leur genre*, par exemple aux princesses pour les filles).
Mais même lorsque on ne pense pas souffrir de cette socialisation*, on subit des effets négatifs de ce apprentissage caché que nous avons tous fait.
Et oui car...

Cette socialisation genrée a des conséquences…

... sur nos savoirs : quand on est un garçon/homme on apprend à bricoler, à réparer des choses, beaucoup de connaissances très pratiques pour se débrouiller seul(e). Quand on est une fille c’est plus rare, car cela ne fait pas partie de notre socialisation
... sur le rôle que l’on prend quand on parle avec les autres : quand on est un garçon/homme, on sait généralement s’imposer dans une conversation, on parle beaucoup et on est sûr de nos opinions. Quand on est une fille, cela ne fait pas partie de notre socialisation
... sur notre capacité à créer des amitiés et partager nos émotions : cela fait partie de la socialisation des femmes/filles. Elles se retrouvent souvent à devoir gérer ou s’occuper de leurs propres émotions, PLUS celles de leurs partenaires/amis masculins.
... sur notre vie amoureuse et sexuelle : toutes histoires nous habituent à des histoires d’amour très stéréotypés. Pour le dire vite, il y a d’un côté la princesse, qui attend sans rien faire ni rien pouvoir y faire qu’un chevalier accepte de venir la délivrer, et de l’autre le chevalier, fort et solitaire, qui passe à l’action et s’occupe de la princesse sans défense. Vraiment ? Les filles n’ont pas leur mot à dire dans leurs histoires d’amour ? C’est le garçon qui sait et qui décide ??
... sur nos choix pour notre futur : les femmes sont beaucoup plus présentes dans les emplois du social (éducation spécialisée, psychologie...) et des sciences humaines (littérature, arts…) et les hommes dans les emplois scientifiques (médecine, recherche…) et technologiques (menuiserie, télécommunication…). Quand on est une fille, on ne pense souvent même pas à s’interesser à des activités manuelles ou scientifiques. Quel dommage…

Le problème c’est que le rôle des femmes est désavantagé par rapport à celui des hommes. On dit que dans notre société il existe une « domination masculine ».

Les stéréotypes* sur les hommes sont en effet liés au pouvoir, à la domination, et ceux des femmes à la faiblesse, et à l’obéissance. On voit clairement qui va profiter de son rôle, qui est privilégié, et qui n’est pas privilégié par sa socialisation*.

Et à cause de cet apprentissage dès notre plus jeune âge, de notre socialisation*, ce rôle fait tellement partie de nous qu’il est souvent difficile de même s’appercevoir de nos propres désavantages par rapport aux hommes/garçons.

Il est important de pouvoir les reconnaître pour essayer de faire changer les choses. De changer nos propres comportements et faire changer le comportement des garçons. Il ne faut pas nous laisser faire par notre socialisation*. C’est pour ça qu’existe le féminisme.

Le féminisme c’est un ensemble d’idées dont le but est de réfléchir sur la place des femmes dans la société et de se battre pour leurs droits.

Le sexisme c’est une faire une différence dans la manière de traiter les personnes par rapport à leur sexe*. Nous vivons dans une société sexiste.

Certaines femmes refusent de se laisser enfermer dans les stéréotypes* de leur genre*. Par exemple, en ne s’habillant pas comme les femmes que l’on peut voir dans les publicités. Elles peuvent ne pas mettre de robe ou de jupe parce-qu’elles trouvent ça pas pratique, ou bien elles ne mettent pas de chaussures à talons parce que ça fait mal aux pieds et qu’on ne peut pas courir avec. Elles ne se maquillent ou ne s’épilent pas parce-qu’elles se sentent bien comme ça.
C’est une question de choix pour chacune de décider de comment on se sent bien.
Mais quand, par notre apparence (les habits, la coiffure…), par notre attitude (la manière de parler, de se tenir…) ou par nos actions (le sport qu’on fait, les livres qu’on lit...), on sort du stéréotype* féminin, ce n’est pas toujours facile.
Les gens autour de nous réagissent la plupart du temps de manière négative. On nous observe, on nous fait des réflexions (« on dirait un garçon », « tu pourrais faire des efforts », « c’est bizarre »…). On essaye de nous faire changer, de nous enfermer dans le stéréotype* de notre genre*. Parfois, ça demande d’être forte pour résister à la pression des autres (adultes et enfants).
Ajoutons que c’est aussi vrai pour les garçons. Certains refusent d’être toujours les plus forts et de ne jamais montrer leurs émotions, et alors c’est aussi difficile pour eux (on leur dit qu’ils sont des « chochotes » ou ce genre de choses).

On se retrouve un peu avec les mêmes problèmes quand on parle aux autres des mots « féminisme »* ou « sexisme ». Certaines personnes, qui se sont déjà interessées à ce sujet, seront très contentes d’en discuter avec toi. Mais beaucoup d’autres ne comprendront pas, et diront qu’il n’y a pas de différence de traitement entre filles/femmes et garçons/hommes.

Si on n’y a pas déjà réfléchi, ou si on n’a (pour les garçons) jamais été victime d’une telle injustice, on ne se rend pas compte que certaines personnes sont privilégiées. Sûrement que certains se sentiront même agressés par ces idées et réagiront en rigolant ou en se moquant de ces pensées.
Tu peux décider de ne parler de ce sujet qu’avec des personnes de confiance ou bien s’il arrive qu’on rigole de tes idées, tu peux essayer de rester sérieuse, sûre de toi, et de ne pas te laisser marcher sur les pieds.

Bonne chance et n’oublie pas, il y a d’autres personnes qui pensent comme toi !

A toi de jouer

Réponds honnêtement à ce test (une seule réponse pour chaque question)

1) qu’est ce que tu aimerais apprendre :

  • A) réparer un vélo
  • B) tricoter une écharpe
  • C) fabriquer une étagère
  • D) s’occuper d’un bébé

2) tu es dans la cour avec des ami-e-s, tu expliques quelque chose mais un garçon dit que tu te trompes :

  • A) tu le laisses expliquer ce qu’il veut dire
  • B) tu l’interromps pour continuer ton explication

3) est-ce que tu parles de ce qu’il se passe chez toi avec tes ami-e-s :

  • A) souvent
  • B) rarement
  • C) jamais

4) plus tard, la personne dont je tomberai amoureux-se :

  • A) je la protégerai
  • B) je l’écouterai

5) l’activité à laquelle j’aimerai consacrer beaucoup de temps et d’énergie dans ma vie :

  • A) une activité qui me permet de gagner de l’argent
  • B) une activité qui me permet de rencontrer beaucoup de personnes
  • C) une activité que les autres admirent
  • D) une activité qui aident les gens qui en ont besoin

Maintenant essaye de trouver un garçon si tu es une fille ou une fille si tu es un garçon pour répondre au test et compare vos réponses. Est-ce que les réponses choisies par vous correspondent aux comportements stéréotypés* de votre genre* décrits dans la page précédente ?

Réponses :

stéréotypes féminins : 1) b, d ; 2) a ; 3) a ; 4) b ; 5) b, d

stéréotypes masculins : 1) a, c ; 2) b ; 3) b, c ; 4) a ; 5) a, c

Quels modeles ?

C’est le monde des adultes (parents, professeur-e-s, etc..) qui sert d’exemple aux enfants. Les adultes sont responsables des comportements stéréotypés* des enfants.

Quel exemple as-tu dans ta vie de tous les jours ? Penses à deux hommes adultes de ton entourage proche (père, oncle, grand-père, ami proche...) et remplis les colonnes H1 et H2 tableau en pensant à eux. Puis fais la même chose avec deux femmes adultes de ton entourage (mère, tante, grand-mère, amie proche…) dans les colonnes F1 et F2.

Maintenant colorie en bleu les lignes qui correspondent aux stéréotypes sur les hommes et en rose les lignes qui correspondent aux stéréotypes sur les femmes. Est-ce que les croix qui correspondent aux femmes sont en rose ? Et celles des hommes en bleu ?

Ne t’inquiète pas, nous agissons tous selon notre socialisation. Ton entourage n’est pas seul dans ce cas. Mais c’est intéressant de réfléchir aux exemples qui t’entourent et t’influencent, non ?

Réponses :

en rose > 1,2,3,7

en bleu > 4,5,6,8

Quoi faire ?

  • ne pas être dupe.

Observer dans ta classe, dans ta famille, chez tes amis, les comportements genrés* (qui correspondent aux stéréotypes* de l’un ou l’autre des genres*). Te demander à chaque fois à qui profite ces comportements : aux filles/femmes ou aux garçons/hommes ?

  • s’interroger quand on lit un livre ou regarde un film.

Quel est le rôle/la personnalités des personnages, correspondent-ils au stéréotype* de leur genre* ? Lire des livres qui déconstruisent les stéréotypes*. Regarder des dessins-animés ou films qui font pareil. Tu peux trouver une liste dans cette brochure qui te donne des idées de livres et de films.

  • essayer de ne pas s’enfermer dans son genre*.

Et surtout ne pas laisser les autres nous y enfermer. On peut par exemple trouver sur ses côtés masculins si on est une fille. Toutes les personnes ont des aspects de leur personnalité qui correspondent plus au stéréotype* féminin et d’autres qui correspondent au stéréotype* masculin. Tu peux chercher deux choses (ou plus) que tu aimes faire ou qui t’attirent qui ne correspondent pas à ton genre*.

  • proposer aux autres des activités qui ne correspondent pas toujours à leur genre*.

Par exemple, proposer à un petit garçon de jouer à la poupée ou à une fille de jouer aux légos. A toi de trouver des idées en fonction des activités présentes autour de toi et de vos âges.

Témoignage d’une situation sexiste dans la cour

Je dois avoir 10 ans. Peut-être 11, à la limite. D’une manière qui m’échappe, la classe entière a décidé qu’on jouerait tous ensemble pendant les récréations. À un jeu de « trappe-trappe », où un camp doit faire prisonniers tous les membres de l’autre camp pour gagner. Les chasseurs, et les fugitifs, qui doivent s’organiser pour ne pas se faire attraper et/ou libérer les prisonniers.

Au départ, ça ne me plaît pas plus que ça (surtout parce que je le voulais, moi, mon gros pactole de billes). Mais ensuite, ça ne me plaît plus du tout pour une autre raison : il a été décidé que les équipes seraient constituées simplement sur une division filles et garçons. L’idée me hérisse — on le fait déjà bien assez en sport ! — d’autant qu’il y a plus de filles que de garçons, mais comme je ne parviens pas à expliquer pourquoi, mon manque d’argumentation me perd et on n’écoute pas mes protestations faiblardes.

Alors, bon, si tout le monde est d’accord, je suis le mouvement. Même lorsque chacun des camps en rajoute, en décidant que les garçons seraient les chasseurs, même s’ils sont moins nombreux, parce qu’ils courent plus vite. Les filles font les victimes. Bah… Au moins, je serai avec ma pote Val’ qui veut absolument jouer. On joue. Une fois… Deux fois… Puis tous les jours, à chaque récré.

Les semaines passent où le jeu règne en maître dans notre coin de la cour de récréation. Il se termine systématiquement avec le même score : les garçons : 1 / les filles : 0. Je vis ma première vraie humiliation, que je ne parviens même pas à expliquer.

Et pourtant, à chaque sonnerie, je me précipite avec les autres vers les arbres qui marquent le territoire protégé des filles, avant que les garçons n’encerclent le périmètre et nous offrent leurs plus beaux sourires de prédateurs. Chaque fois, avec la volonté de renverser la situation bien ancrée dans mon coeur. Mais rien n’y fait : les filles se font toutes attraper en un temps record, et nous retournons en cours en constatant que les garçons sont les plus forts. Ce que je qualifie bêtement de « défaitisme » sur le moment m’enrage.

Et un beau jour, pourtant, le beau jour que voilà ! Je finis par faire une sortie « triomphale » du but. Les garçons ne s’attendaient pas à ma sortie, et ils abandonnent vite la poursuite pour surveiller les autres. Ils m’auront bien à un moment ou un autre.

Je suis néanmoins fière de mon nouveau rôle improvisé d’héroïne. Je me planque, et lorsqu’ils s’y attendront le moins, je sortirai de ma cachette et j’irai toutes les délivrer. Juste avant la sonnerie. Et alors, les filles auront gagné.

Et figurez-vous que tout se passe comme prévu.

Excepté une chose.

30 secondes avant la sonnerie, je suis partie, je cours, je cours, un peu trop en évidence et pas assez vite, mais sous l’effet de la surprise je parviens à éviter les obstacles — et enfin ! J’arrive au camp des prisonnières, et je touche leurs mains pour les libérer, les unes après les autres. L’excitation me fait siffler les oreilles. Le retour à la réalité n’en est que plus difficile à réaliser.

Elles ne bougent pas.

Je ne comprends pas.

Pourquoi ne bougent-elles pas ? Pourquoi me regardent-elles avec comme ça ? Toute ma confiance s’en est allée d’un coup, et même en les ayant libérées selon les règles, les garçons attrapent la brindille tétanisée que je suis devenue, me poussent avec les autres dans le camp des prisonniers, la sonnerie retentit, et nous avons perdu. Pourquoi ?

Ce n’était pas du jeu.

Triche.

On ne peut pas faire ça.

De toute façon, ça sonne.

Les filles ont perdu.

Nous avons perdu.

Encore ?

Encore.

Je leur dis. Non. Je les ai libérées avant la fin du jeu. Les filles ont gagné, ce coup-ci, que vous le vouliez ou non !

Tous, filles comme garçons, font soudain preuve d’un magnifique union dans le regard qu’ils me lancent. Une sorte de gêne, d’incrédulité. Je suis une hystérique, il faut que je me calme. Personne ne viendra appuyer ma version des faits. Pas même Val’, pas même Jonathan. Ils passent enfin tous leur chemin, et ils rient : décidément, une fille, ça sait pas courir, hein !

J’apostrophe les filles, qui finissent par en avoir marre. Mina et Myriam s’occupent de mon cas, et prennent un ton plus sérieux pour m’expliquer, comme si j’étais stupide, et me sortir la phrase qui me fera « pleurer comme une fille » toute l’après-midi et qui marquera ma petite vie tranquille jusqu’à mon entrée dans le monde en tant que femme adulte :

« Écoute, on est des filles. On ne peut pas gagner contre des garçons. »

Ils sont tous partis en cours, et je n’ai pas daigné bouger. C’est jamais qu’un jeu. Un jeu stupide, un jeu.

J’ignore si cette tournure inhabituelle des évènements a tout de même touché mes petits camarades d’une manière ou d’une autre, ou si c’est une simple coïncidence, mais la classe se lasse, et la phase « jouons tous ensemble » se termine. Nous retournons chacun à nos billes, nos élastiques ou nos parties de foot. Plus personne n’a reparlé de l’incident, et surtout pas moi. Pas même à mes parents. Surtout pas à mes amis.

(témoignage trouvé sur le site Madmoizelle.com)

Le sexisme dans les films

Savais-tu que dans les dessins-animés, sur 4 héro-ïne-s, seulement 1 est une fille et 3 sont des garçons ?

C’est intéressant de regarder comment les films peuvent nous envoyer des messages sexistes sans même que l’on s’en rende compte. Prenons comme exemple le dessin-animé Aladdin des studios Disney. As-tu déjà remarqué la différence entre les hommes et les femmes dans ce film ?

  • D’abord, le héros est un homme (Aladdin, bien sûr).
  • En plus, Jasmine est le seul personnage féminin qui a un rôle de toute l’histoire, contre 7 personnages masculins (8 si l’on compte Rajah, le tigre).
  • Les vêtements de Jasmine ne lui permettent pas de faire des scènes d’action.
  • Son corps est stéréotypé*, elle est très mince, avec de grands yeux, des cheveux longs… (vraiment l’image de la femme qui est toujours à la télé)
  • Elle n’est jamais sortie de sa maison : son père la retient prisonnière. Le vieux sultan dit toujours qu’il veut la protéger, qu’on prenne soin d’elle. Enfermer une personne chez elle, est-ce prendre soin d’elle ?
  • En plus, il essaye de la marier avec quelqu’un qu’elle ne connaît même pas.
  • Ouf, Jasmine s’échappe de chez son père, ...mais elle ne survit pas 2 minutes sans avoir besoin d’un homme pour venir la sauver (ce marchand qui veut lui couper la main et Aladdin qui la libère). Apparement une femme ça ne peut pas se débrouiller toute seule dans la rue sans un homme ??
  • Ensuite, Aladdin prend Jasmine par la main et la guide dans les escaliers : « attention, là » « gare à la tête ». Et Jasmine sourit toute contente plutôt que de dire un truc du genre : « Ouais, je sais faire du saut à la perche mais monter des escaliers c’est trop dur, c’est ça Aladdin ? ».
  • Une fois qu’Aladdin aura disparu (temporairement) de sa vie, la pauvre Jasmine va se retrouver impuissante. Elle résiste toujours à son père qui veut la marier, mais globalement elle ne fait qu’attendre. Attendre le retour de son homme, de son prince. (aïe aïe aäie toutes ces princesses qui attendent sans pouvoir rien faire toutes seules)
  • Et dans a scène du « Rêve Bleu », voilà ce qu’on essaye de nous dire : les filles, vous avez besoin d’un homme pour vous « ouvrir les yeux » et vous faire « découvrir le monde ». Vous en êtes pas capable toute seule.
  • A la fin, au moment où on a besoin d’elle pour faire diversion, Jasmine utilise une arme étonnate. Son corps. Elle séduit Jafar pour le divertir et l’empêcher de voir Aladdin récupérer la lampe. Dans ce film, les autres armes, les sabres et tout ça, c’est pour les hommes.
  • Jasmine essaie de se rebeller (son côté féministe ?), elle dit « je ne suis pas le prix d’une tombola », elle s’échappe du palais, mais à chaque fois elle est récupérée par les hommes. Ce n’est pas possible de s’en sortir sans eux. Voilà le message sexiste que le film cherche à nous transmettre...

Cela fait vraiment beaucoup de stéréotypes* pour un seul film…

Essaye d’imaginer combien de stéréotypes* tu as déjà vu dans les films ou dans les histoires sans t’en apercevoir...

Le sexisme dans les jeux

Liste de films et de livres qui sortent des stéréotypes* genrés* :

°° avec des filles qui n’ont pas froid aux yeux et des garçons qui ont besoin d’elles °°

LES LIVRES

  • les livres des éditions « Talents Hauts » (trop bien)
  • les histoires de Fifi Brindacier
  • Marre du Rose de Nathalie Hense
  • la série des Mademoiselle Zazie de Thierry Lenain
  • Wilma Tenderfoot de Emma Kennedy
  • Momo de Michael Ende
  • La Nouvelle Robe de Bill de Anne Fine
  • Championne à Olympie de Claude Pujade-renaud et Daniel Zimmerman
  • L’Histoire impossible à peindre de Claire Ubac
  • la saga A la Croisée des Mondes, de Philip Pullmann
  • Il Etait Une Fois... l’histoire des femmes de Michelle Perrot

LES FILMS

  • Shrek de Andrew Adamson et Vicky Jenson

Quand l’ogre et la princesse peuvent tomber amoureux et le prince être ridicule.

  • Tomboy de Céline Sciamma

Laure, une fille de dix ans, « garçon manqué » (tomboy en anglais), s’installe dans une nouvelle ville avec ses parents et sa sœur pendant les vacances d’été, mais elle se sent exclue.
Un jour elle rencontre Lisa qui la prend pour un garçon, trompée par ses cheveux courts, sa façon de s’habiller et ses allures garçonnes. Laure la laisse croire et dit qu’elle s’appelle Mickaël.

  • Billy Elliot de Stephen Daldry

Billy Elliot, jeune garçon de onze ans, devient fan des cours de ballet délivrés dans le gymnase de la ville. Alors que ses amis prennent des leçons de boxe et que son père et son frère sont engagés dans la grève des mineurs, Billy se bat de son côté pour faire admettre à son entourage sa passion pour la danse.

« Fille ou garçon ? » Des fois on ne sait pas. C’est comme ça.



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