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Testo iencli : un guide pour choper de la T sur internet à moindre risque

mis en ligne le 21 juillet 2025 - T46.5

Avertissement

Cette brochure s’adresse à toutes les personnes qui voudraient faire leur tambouille dans leurs hormones sexuelles en s’administrant de la testostérone mais ATTENTION : ici, on parle seulement de tout ce qui touche au fait de s’en procurer hors du circuit légal. Ce n’est PAS un manuel de substitution hormonale do-it-yourself ! Il existe des tas de ressources mieux foutues que celle-ci sur les dosages à adopter, la réalisation des injections, l’auto-surveillance de ses taux hormonaux... etc. (On en a listé quelques-unes, allez voir l’annexe 3 si c’est ça que vous cherchez)

On sait qu’il n’y a pas besoin d’être trans pour souhaiter prendre de la testostérone, et qu’il s’agit peut-être d’une des raisons pour lesquelles vous consultez cette brochure. Toutefois, le DIY hormonal étant à notre connaissance peu documenté hors des milieux trans et culturistes, on vous invite malgré tout à consulter les ressources communautaires qui existent à ce sujet. Si elles ne vous conviennent pas, élaborez vos propres ressources et faites-nous en part ! On serait sincèrement très heureuxe de voir l’émergence d’un front trans/ genderfuck/ bodybuildereuses/ personnes avec endométriose/ #GrowYourClit/ autres pour la libre utilisation des hormones par toustes. Mais en attendant, on ne peut que vous conseiller de vous renseigner au maximum sur ce qui existe déjà car le DIY hormonal est une pratique à risques.

On part du principe que si vous vous dirigez vers ce type de circuit, c’est que vous avez déjà creusé la question et que vous avez vos raisons de ne pas pouvoir ou vouloir passer par la voie de la médecine autorisée. Si ça n’est pas le cas et que vous avez atterri sur cette brochure par hasard (ptdr), renseignez-vous sur ce qu’implique l’option légale afin de déterminer au mieux quelle voie est la plus susceptible de vous convenir.

Enfin, on ne prétend ici à aucune expertise scientifique. On n’est ni médecinx, ni bodybuildeureuses, ni juristes, ni chimistes ni rien, juste deux guignolxs qui ont passé beaucoup de temps à traîner dans des espaces de discussion autour des hormones. Autant dire que tout ce qu’on raconte ici a la valeur informative qu’on voudra bien lui donner. Par ailleurs, certaines infos sont susceptibles de périmer assez vite. Faites vos propres recherches (et faites croquer) !

Sommaire

1. le marché noir des stéroïdes : enjeux et risques
1.1 dis-moi Jamy, c’est quoi un stéroïde ?
1.2 présentation rapide des chaînes de production et de distribution
1.3 face aux fournisseureuses : arnaques et risques sanitaires
1.4 face à la justice : que dit la loi sur la testostérone ?
1.5 face à la douane : qu’est-ce qu’on risque en pratique ?

2. où se renseigner ? naviguer dans les espaces culturistes en ligne
2.1 la jungle des e-shops
2.2 les forums d’usagers d’AAS : un peu d’histoire internet
2.3 fonctionnement actuel des forums
2.4 l’usage des AAS dans le contexte du bodybuilding
2.5 note sur les esters : de quelle testostérone parle-t-on ?

3. comment commander ?
3.1 proposition de méthode pour comparer les fournisseureuses
3.2 note sur les comparaisons entre marché US et marché européen
3.3 présentation rapide des modes de paiement
3.4 un mot sur la protection de l’anonymat
3.5 livraison et saisies douanières : limiter la casse

4. comment payer ? un point sur l’achat de cryptomonnaies
4.1 disclaimer : payer en crypto ne protège pas forcément votre anonymat
4.2 wallets : comprendre la cryptographie asymétrique
4.3 exchanges : anticiper les KYC et les frais de transaction
4.4 tuto commande étape par étape

5. après la commande
5.1 retour d’expérience : faire analyser son produit en CAARUD (fail)
5.2 faire analyser son produit en labo spécialisé et payant
5.3 faire une prise de sang initiale sans trop se griller
5.4 où trouver du matos d’injection ?
5.5 point budget : combien pour un an de T ?

6. annexes & mots de la fin
annexe 1 - remerciements et précision sur notre politique de partage/pillage d’informations
annexe 2 - pourquoi cette brochure ?
annexe 3 - quelques ressources pour aller plus loin
annexe 4 - nous contacter

Publicité montrant un couple cis enlacé devant un ordinateur portable, sous l’inscription <q>Vous vous demandez si la thérapie de remplacement hormonale est faite pour vous ? Faites notre quizz </q>. Au dos de l’ordinateur, il y a marqué <q>Stéroïdes de l’underground </q>

(Les notes de bas de pages, c’est-à-dire les numéros entre crochet [ ], sont cliquables et renvoient à des définitions)

1. Le marché noir des stéroïdes, enjeux et risques

1.1 Dis-moi Jamy, c’est quoi un stéroïde ?

Chez les trans, on s’intéresse à la testostérone en tant qu’hormone sexuelle. Dans le monde du bodybuilding, on va la considérer en tant que stéroïde anabolisant. Il s’agit de deux manières différentes de catégoriser une même substance, en fonction des bénéfices qu’on en attend. Cela peut entraîner de nombreuses confusions sur ce qu’est une hormone et ce qu’est un stéroïde. Pour y voir plus clair, petit point de vocabulaire :

Stéroïde

Stéroïde ne veut pas dire "qui rend musclé", c’est tout bêtement un terme de chimie pour désigner la structure de certaines molécules [1]. Ainsi, les hormones dites "sexuelles" (testostérone, oestrogènes et progestérone) présentent toutes les trois des structures chimiques qui permettent de les ranger dans la catégorie "hormones stéroïdiennes".

Hormone

Les hormones sont des molécules qui circulent dans nos corps via le sang et qui agissent comme des sortes de messagères. Il y a des tas d’hormones, et elles régulent tout un tas de fonctions corporelles différentes. Une même hormone peut agir sur plusieurs paramètres à la fois. C’est le cas de la testostérone, qui est à la fois un stéroïde sexuel et un stéroïde androgénique et anabolisant.
Si on décortique ça point par point, ça donne :

  • sexuel : qui a un rôle dans le développement et l’entretien des caractéristiques sexuelles
  • androgénique : ici, on parle des caractéristiques sexuelles considérées comme masculines
  • anabolisant : l’anabolisme [2], c’est grosso modo de la construction de cellules (et donc de muscles)

Stéroïde Androgénique Anabolisant

Les stéroïdes androgéniques anabolisants, souvent abrégés en "AAS" [3] (Androgenic Anabolic Steroids) sont donc un ensemble de molécules dont on peut se servir lorsqu’on cherche à augmenter sa masse musculaire au-delà de ce qui serait physiologiquement possible (cas des bodybuildereuses) ou à modifier ses caractéristiques sexuelles en dehors du contrôle médical normatif (cas des trans, trans-adjacents et autres). Leur détention et leur utilisation sont réglementées : la france, les USA et de nombreux autres pays ne les autorisent qu’à des fins médicales.

Faute de connaissances suffisantes sur les divers AAS, on s’est concentrées dans cette brochure sur le plus connu : la testostérone. Contrairement à d’autres AAS, elle est naturellement produite par le corps humain et son usage est documenté aussi bien dans le circuit légal que dans les circuits clandestins (bodybuildereuses et trans pratiquant le do-it-yourself).

1.2 Présentation rapide des chaînes de production et de distribution

La testostérone "pharma" [4], c’est-à-dire distribuée dans le circuit légal (pharmacies et hôpitaux), est fabriquée dans des laboratoires privés soumis à des normes de production strictes et des contrôles qualité pointus. Quant à la testostérone du marché noir, elle majoritairement fabriquée dans des UG labs [5], des laboratoires underground que pas grand chose n’oblige à respecter ces normes ni même l’hygiène la plus basique. Un grand nombre de substances du marché noir vont être présentées comme "pharma" : elles auraient été obtenues clandestinement auprès de "vrais" laboratoires, ou bien dans des pays où ces substances ne sont pas réglementées. Arrêtons-nous tout de suite : ces deux scénarios sont hautement improbables. On voit mal des labos cotés en bourse se mettre dans l’illégalité pour un rapport risque/bénéfice ridicule, ou bien des trafiquantex qui achèteraient des boîtes une par une dans des pharmacies mexicaines pour constituer un stock destiné à la vente à l’international à prix abordable. Ici comme pour la plupart des commerces de substances illicites, il faut partir du principe qu’il n’existe aucune garantie sur la provenance des produits et que le risque fait "partie du jeu" pour les usagers et usagères.

L’Union européenne ne possède pas de véritable marché AAS domestique [6] car les UG labs courent un trop grand risque à s’installer directement sur son sol. La plupart des revendeureuses d’AAS à destination du marché européen achètent donc leurs produits à des UG labs installés aux frontières de l’union ou à des labos asiatiques.
Ici, il faut distinguer :

  • les laboratoires chinois (ou parfois indiens) : ici, on a affaire à de véritables usines qui fournissent la quasi-totalité de la planète (y compris les laboratoires européens "legit") en raws [7], c’est-à-dire en principe actifs [8]
  • les UG labs : ne synthétisent pas eux-même la testostérone mais achètent des raws aux labos chinois et les mélangent à divers excipients pour obtenir des produits finis ; ces UG labs peuvent ensuite vendre leur production eux-même ou bien confier cette tâche à des revendeureuses
  • les revendeureuses : ne produisent rien, se contentent de distribuer les marques des autres ou de faire de l’emballage (parfois en empaquetant une même substance produites dans la même usine sous différents noms)

enfin, un cas à part :

  • les homebrewers : des particuliers et particulières qui achètent directement de la raw aux labos chinois et la conditionnent pour leur usage personnel ou pour un cercle restreint (dans le monde des AAS, les homebrewers se distinguent des UG lab par le volume de production et l’absence de vente en ligne)

Au moment de l’expédition, on peut donc avoir deux cas de figure :

1) Les produits sont d’abord acheminés en grande quantité sur le sol de l’Union européenne. Puis, dans un second temps, ils sont expédiés au détail aux consommateurs particuliers. L’idée est de diminuer le risque de contrôle douanier en n’effectuant que des envois domestiques, qui ont beaucoup moins de chances de se faire contrôler que les colis en provenance de pays tiers à l’UE [9] (certains pays d’expédition sont considérés comme suspects et systématiquement contrôlés, la Thaïlande par exemple).

2) Les produits sont expédiés directement depuis un pays tiers à l’UE mais transitent par un certain nombre d’entrepôts avant d’être livrés dans le pays de destination. Pour les trafiquantex, ce mode d’expédition nécessite des changements fréquents de points de passage afin d’éviter que les entrepôts ou les flux finissent par se faire repérer par les douanes.

Au moment de passer commande, il est donc bon de prêter attention à la distinction entre pays de production et pays depuis lequel l’envoi sera réalisé. Une source [10] expérimentée qui expédie depuis un pays tiers mais compense par une maîtrise de la chaîne logistique peut très bien faire le taff, mais il est généralement conseillé de privilégier les envois domestiques. A considérer au moment d’aborder le chapitre "proposition de méthode pour comparer les fournisseureuses".

Enfin, un petit rappel : on parle ici de trafic international. La plupart des circuits de production et d’acheminement d’AAS dont on parle dans cette brochure sont liés à des gangs. En l’absence de toute instance de régulation, les trafiquanx arnaquent aussi bien les consommateurices en bout de chaîne que leurs propres partenaires. Le monde des AAS est donc complètement paranoïaque, à juste titre. Dans ces conditions, peu importe la taille de l’unité de production : usine ou cuisine, la douille peut survenir à n’importe quel endroit et n’importe quel moment.

(Pour celleux que ça intéresse, un moyen simple de savoir si on a affaire à un labo de grande envergure est de checker si il fabrique des produits en ampoules : contrairement aux vials [11]
ou aux comprimés oraux qui peuvent être produits de manière artisanale, le conditionnement en ampoule est impossible à petite échelle. Lorsqu’il y a des ampoules en vente, ça a été produit sur un site industriel. Mais ça n’est pas forcément un gage de qualité : il peut aussi bien y avoir des gros labos qui font régulièrement de la merde que des sources correctes à base de quatre-cinq potes dans un appart. Perso, c’est pas un de nos critères même si on comprend que ça puisse rassurer.)

1.3 Face aux fournisseureuses : arnaques et risque sanitaire

Au vu de ce qui a été dit plus haut sur les condition de production des AAS, comment évaluer la fiabilité d’un produit ? On peut commencer par se poser deux questions :

1) Est-ce que ce qu’on m’a vendu sort du labo annoncé sur l’étiquette ou est-ce que j’ai affaire à une contrefaçon ?

2) Est-ce que ce produit contient bien ce qu’il est censé contenir ?

Pour la question n°1, certains laboratoires mettent à disposition des outils pour vérifier l’authenticité des produits (QRcodes sur les fioles à vérifier sur le site du labo par exemple). Pour la question n°2 en revanche ça se corse. En effet, même si le produit n’est pas un faux, rien n’indique qu’il est de bonne qualité. Les fabricantex tentent donc de montrer patte blanche en publiant des analyses de leur production par des laboratoires indépendants, les labtests [12], mais ces derniers ne constituent en aucun cas une garantie. (A la limite, on peut y voir une sorte de "filtre" : si le labtest publié par une fournisseureuse est mauvais, ou ne correspond pas au produit il y a un problème, s’il s’agit d’un labtest volé ça pue l’arnaque.)

Les analyses publiées par les fabricantex ou les revendeureuses sont quantitatives [13] : elles permettent de certifier que les concentrations en principe actif correspondent bien à ce qui est annoncé. Cela a pour but de rassurer les usager et usagères quant au fait que le produit n’a pas été intentionnellement sous-dosé afin de faire des économies. En outre, certains usagers sont rassurés par la constance des dosages dans le temps : quand, sur un même produit, un labo obtient à peu près toujours les mêmes valeurs d’un lot à l’autre (et donc d’un labtest à l’autre), il est permis de penser qu’il a des pratiques de fabrications plus sérieuses que la moyenne. Mais il faut garder à l’esprit que de tels tests, réalisés par des tiers dans l’opacité la plus totale, n’ont qu’une valeur déclarative. En effet, ils sont conduits sur des échantillons de chaque lot et non sur l’intégralité des fioles. Les laboratoires producteurs peuvent donc tout à fait choisir les échantillons qu’ils envoient au lieu de les sélectionner aléatoirement comme le voudrait l’usage. De plus, une foule de considérations qui ne touchent pas seulement au paramètre "concentration en principe actif" seraient à prendre en compte pour réellement accorder sa confiance à un produit. Pour mieux comprendre, petit détour par le projet Anaboliclab :

Anaboliclab a été lancé en 2015 par Millard Baker et fonctionnait sur donations. Le projet collectait des échantillons en passant des commandes de manière anonyme et aléatoire auprès des principales sources, puis les envoyait pour analyses à Simec, un laboratoire d’analyse suisse réputé. Les résultats étaient ensuite publiés sur le site web anaboliclab.com et relayés dans les réseaux bodybuilding. Outre les analyses quantitatives habituelles, Anaboliclab demandait à Simec de conduire des analyses microbiologiques et de détection de métaux lourds. Cette batterie de test a un coût élevé, prohibitif pour une personne seule (300 dollars minimum par échantillon). On comprend mieux l’intérêt d’un modèle collaboratif. Aussi, lorsque le projet a décliné courant 2019, les usagers se sont organisés en petits groupes de mutualisation des labtest (mutualisation du coût via un système de cagnotte – et parfois des résultats, auquel cas seuls ceux qui ont cotisés y ont accès). On retrouve ce genre de démarche chez le FrenchLabTest par exemple, qui se limite malheureusement aux seules analyses quantitatives (ce qui est déjà super). On peut également signaler d’autres formes de partages d’information – beaucoup moins fiables – telles que la publication de résultats d’analyses sanguines censées prouver que le produit "marche".

Toutes ces informations sont importantes pour comprendre le fonctionnement de l’underground des AAS, mais il faut se rappeler que pour notre part, on est sur un cas particulier : la testostérone est l’une des molécules les plus faciles et les moins chères à produire, il y a donc peu de risque d’arnaques au sous-dosage ou à la substitution de produit comparé à d’autres AAS. En revanche, les impuretés et autres accidents sont toujours possibles, d’autant plus que les labos qui fabriquent les produits finis ne testent pas systématiquement la pureté de leurs raws. La vigilance reste donc de mise, d’où notre chapitre sur l’analyse de produit.

1.4 Face à la justice : que dit la loi sur la testostérone ?

Lorsqu’on s’intéresse à la testostérone sur le plan légal, la première forme de répression à laquelle on pense est celle associée à la lutte contre le dopage. Ainsi, l’article L. 232-26 du Code du sport fixe une peine d’un an d’emprisonnement et de 3750 euros d’amende pour la détention sans raisons médicales d’une substance figurant sur la liste des interdictions de l’Agence Mondiale Antidopage [14]. La testostérone figure sur cette liste, comme l’intégralité des agents anabolisants. Mais ici, on a affaire à un cadre juridique prévu pour traiter les cas spécifiques survenant dans des contextes liés aux organisations sportives. Il serait donc tentant de se dire "je ne pratique aucune activité sportive organisée = je rentre dans la zone grise"… Sauf que la testostérone n’est pas qu’un produit dopant.

Il existe une autre liste sur laquelle figure la testostérone, et elle nous concerne bien plus : la liste des substances vénéneuses de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament [15]. Il s’agit d’un classement répertoriant les substances psychotropes, stupéfiantes et/ou dangereuses pour la santé. La testostérone ne relève pas des deux premières catégories et n’est donc pas considérée comme une drogue. Cependant, elle fait partie des médicaments de liste I [16], dont la prescription est réservée à certains spécialistes. A ce titre, l’article L.5432-2 du Code de la santé publique punit de 5 ans de prison et 375 000 euros d’amende à peu près toutes les interactions possibles avec cette molécule (importation, acquisition, détention, transport, cession… etc.) Les peines encourues sont bien sûr encore plus sévères pour des faits commis en bande organisée.

Voilà pour ce qui existe sur le papier. On parle ici des peines qui pourraient théoriquement être prononcées à l’issue d’un procès. Or, il y a très peu de chance pour qu’une personne qui achète pour sa consommation personnelle soit jugée par un tribunal. En effet, la justice essaye de limiter au maximum le passage devant les juges pour les infractions de faible gravité. (Un procès au tribunal, c’est lourd à mettre en place parce que c’est censé être un débat où l’accuséex a la possibilité de se défendre.) La plupart du temps, elle va donc privilégier des procédures expéditives fonctionnant sur le principe : "ferme-la, fais ce qu’on te dit et estime-toi heureuxse de t’en tirer à si bon compte".

Si on étudie les scénarios où des simples clientex se sont fait choper, on a deux grands cas de figure :
ton colis est intercepté par la douane : tu prends une amende douanière (voir chapitre suivant)
un réseau de trafiquanx est démantelé et ton nom apparaît dans l’enquête : tu reçois un courrier inquiétant te notifiant une convocation

Convocation pour une audition libre (au commissariat ou en gendarmerie)

L’audition libre est employée pour les témoins et/ou les suspects. Une enquêteurice va te poser des questions et si iel estime que ça n’est pas la peine de pousser plus loin, tu repars libre. Le pire qui puisse t’arriver est d’être placée en garde-à-vue (théoriquement possible mais on a trouvé zéro trace de ça dans le cas des infractions liées aux AAS) ou recevoir une nouvelle convocation pour une alternatives aux poursuites [17] (probable si on se base sur les témoignages de forumeureuses et les articles de faits divers).

Pour plus de détail sur l’audition libre, consulter le guide d’autodéfense juridique du collectif Cadecol (p.39) ou la page de conseil du RAJcollective.

Convocation pour la mise en œuvre d’alternatives aux poursuites (au tribunal ou dans une Maison de la Justice et du Droit)

On t’y fait signer un papier où tu reconnais ta culpabilité et tu renonces à la possibilité de te défendre devant un ou une juge en échange d’une petite peine fixée par lae procureure (amende, travaux d’intérêt général, stage de citoyenneté… etc.)

Attention : il existe pas mal d’alternatives aux poursuites. La liste complète des mesures est disponible sur la page :
https://service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2277

Parmi elles, il faut faire attention à la composition pénale. Elle permet notamment l’injonction thérapeutique [18]
et, si elle est refusée, peut être transformée en ordonnance pénale (un truc qui va être inscrit sur la partie du casier judiciaire qui peut poser problème à l’embauche).

Nous n’avons pour le moment pas connaissance d’affaires ou de condamnations liées à l’achat d’hormones par des non-bodybuildereuses. Mais ce qui est certain, c’est que même s’ils n’ont pas encore été utilisés contre nous, les outils juridiques qui pourraient servir à nous condamner existent. Si vous vous intéressez à la répression juridique ou si vous avez des raisons de penser que vous pourriez en faire l’objet, vous pouvez vous tourner vers une antenne du Réseau d’Autodéfense Juridique collective ou vers d’autres initiatives de ce type.

1.5 Face à la douane : qu’est-ce qu’on risque en pratique ?

Tout ce qui a été évoqué dans la section précédente s’applique au cas où la police et la justice ont été mises au courant de nos activités illicites... Sauf que dans l’immense majorité des cas, les soucis commencent et s’arrêtent avant. En effet, le point de contact entre nos commandes de testo et les représentants de l’État, ce sont les contrôles douaniers… Et les agentex des douanes ne sont ni des policieres, ni des magistrax : ce sont des fonctionnaires dépendant du ministère de l’économie et des finances. Pour nous faire une idée réaliste de ce que nous risquons concrètement, mieux vaut donc se concentrer sur ce qui se passe dans un scénario-type "interception du colis".

Si on se base sur les récits des usagers d’AAS, il semblerait qu’en commandant de petites quantité de testostérone pour un usage personnel, on risque simplement de se faire convoquer en bureau de douane et de se prendre une amende, sur le modèle de ce qui se pratique pour la contrefaçon. En effet, l’article 350 du Code des douanes autorise l’administration douanière à transiger avec les infracteurices, c’est-à-dire à régler le contentieux par une tractation financière pour les infractions "de faible gravité", sans passer en justice. Il est cependant difficile de trouver des renseignements sur la qualification exacte de l’infraction et sur le montant de l’amende. En effet, comme on l’a vu plus haut, la testostérone ne tombe pas dans le cadre de l’amende forfaitaire [19]
pour usage de drogue et n’est pas concernée par les délits douaniers portant sur les stupéfiants. La plupart des usagèrexs reportant des amendes variant d’une centaine à plusieurs centaines d’euros, il est probable que le montant de l’amende et/ou la classe de la contravention douanière soient décidés à la tête du client par les agentex des douanes. (L’article 412 du Code des douanes mentionne une fourchette de 150 à 1500 euros pour les fait de contrebande concernant certaines marchandises non-prohibées, soit une contravention de 3e classe, mais il est déjà arrivé que des forumeureusexs rapportent des montants inférieurs à 150 euros.) Ceux qui sont déjà passés par la convocation en bureau de douane conseillent en général de jouer la personne qui a tenté le coup mais reconnaît ses torts, et de ne surtout pas mytho.

En principe, le paiement de l’amende met fin aux poursuites et n’entraîne pas d’inscription au casier judiciaire. En effet, les agenx des douanes sont là pour faire du fric : tant qu’on n’a affaire qu’à elleux on ne risque pas d’autres sanctions. Toutefois, s’il y a suspicion de trafic (en raison des quantités notamment), la convocation peut se transformer en retenue douanière avec transfert en garde à vue et comparution au tribunal, voire perquisition et interrogatoire... et là c’est une autre histoire.

Enfin, on parle fréquemment de "blacklistage" par la douane suite à une première saisie. Cela ne veut pas dire que votre nom sera surveillé et que vos colis seront systématiquement ouverts. Simplement, si vous vous refaites choper pour les mêmes motifs, vous allez prendre tarif. (Vraiment. Renseignez-vous sur à quel point ça peut chiffrer.)

Photomontage représentant des poupées Bratz aux expressions de genre très diverses encadrant un couple de bodybuildereuse d’apparence sculpturale et chromée. Au premier plan, deux des poupées Bratz utilisent des ordinateurs portables, dont l’un porte un logo trans anarchiste. Elles sont accompagnées du texte <q>Bonjour ! les trans débarquent </q>. Le titre du générique de la série <q> Salut les musclés </q> figure en arrière-plan et le tout est surmonté par une bannière <q> Forum des stéroïdes anabolisants.</q>

2. Où se renseigner ? présentation des espaces culturistes en ligne

2.1 La jungle des e-shops

Puisque tout est suspect, où se diriger pour acheter malgré tout ? Si vous rentrez "acheter testostérone" dans un moteur de recherche, vous allez probablement tomber sur un e-shop ou sur un blog de bodybuilding renvoyant directement ou indirectement vers ces mêmes e-shops. La plupart de ces boutiques en lignes afficheront des garanties plus ou moins douteuses (labtests périmés, licence d’industriel du médicament de la République de Moldavie…), des cartes longues comme le bras et des options de commande parfois déroutantes. Ainsi, si vous êtes parvenux à choisir une marque sans trop vous arrêter à leurs mystérieuses différences de prix, vous allez maintenant devoir sélectionner un moyen de paiement parmi les 8 proposés (chacun possédant son propre système de commissions), ainsi qu’un entrepôt depuis lequel faire expédier votre commande (sachant que toutes les marques ne sont pas présentes dans tous les entrepôts)… le tout avec une communication agressive au possible.

Plutôt que faire son choix au pif ou laisser tomber devant la masse d’info à prendre en compte, mieux vaut se rendre sur la place du marché pour écouter ce qui s’y dit : les forums. Il existe plusieurs gros forums d’usagèrexs d’AAS en activité. Les plus connus sont les forums anglophones : Meso-RX, t-nation.com, anabolex.com, eroids.com, evolutionary.org… Côté francophone, le choix est plus restreint : Meso-RX FR, muscleenmetal.is et direct-muscle.net étaient les seuls forums encore actifs auxquels on a pu accéder pendant la rédaction de cette brochure.

Au printemps 2025, les adresse d’accès à Meso-RX FR et MeM sont les suivantes :

Si ces adresses fonctionnent toujours, vous venez de lire les deux lignes les plus importantes de cette zine, enjoy !

Si les liens sont rompus et que les noms de domaine ont changé, merci de nous le signaler par mail. Nous publieront un correctif si la situation le permet. Enfin, si plus aucun espace francophone public n’est disponible, vous pouvez faire un tour dans les sous-forums européens des forums US.

2.2 Les forums d’usagers d’AAS : un peu d’histoire internet

Meso-RX est apparu aux USA au début des années 2000, sous le nom de mesomorphosis.com (checkez l’étymologie, c’est pas triste). A l’époque, les AAS les plus répandus sont combattus et diabolisés depuis une douzaine d’années. Un véritable far-west s’est donc ouvert autour de substances alternatives : AAS nouvellement découverts et pas encore interdits, substances abusivement vendues sous le nom de "pro-hormones"... etc. C’est également l’émergence du web 2.0 : les culturistes peuvent désormais partager leurs connaissances autour du métabolisme et son optimisation hors des salles de gym et des publications spécialisées. Très vites, les forums de bodybuilding deviennent des espaces où l’on relaie aussi bien des conseils de nutrition que des études menées par des gourous de la médecine anti-âge ou des expériences de chimie amateur. Stéroïdes, nootropes, Immortality Institute et cocaïne peuvent ainsi se côtoyer sur le board chimie & neuroscience du forum d’une grande marque de compléments alimentaires, où tout le monde échange des recettes "à des fins de divertissement et d’éducation uniquement".

Côté français, ce sont les connaissances issues de ce bouillon de culture fitness qui sont importées et traduites. Ainsi, il est intéressant de noter qu’une partie des articles publiés sur le site associé à l’ancien forum muscleenmetal.com se basait sur les écrits de John Crisler DO (DO signifie "docteure en médecine ostéopathique", ce qui aux USA ne désigne pas un ou une ostéopathe à proprement parler mais l’équivalent d’un médecinx généraliste avec une sensibilité non-mainstream). John Crisler était un médecin très présent sur internet à la fin des années 2000, et possédait même son propre forum (musclechatroom.com). Il a été vivement critiqué par d’autres médecinx pour s’être revendiqué expert en TRT [20] sans être endocrinologue et sans avoir publié un seul article scientifique... mais vivement défendu par les bodybuilders pour avoir été le seul à s’intéresser à leurs problèmes. Il était par ailleurs membre de l’American Academy of Anti-Aging Medicine et, bien que tout à fait légal, le modèle économique (et marketing) de sa clinique le rapprochait plus du coach en bien-être que du médecin de campagne : télémédecine avant l’heure, obligation d’acheter les médicaments à la pharmacie de sa clinique, renonciation à toute poursuite judiciaire.... Cet exemple peut paraître anecdotique mais il est utile pour comprendre une facette de l’endroit où on met les pieds : les rapports ambigus qui lient les pratiquantex du do-it-yourself hormonal aux situations de monopoles qui se créent dans les marges de la médecine institutionnelle.

En bref, les savoirs qui s’élaborent collectivement sur les forums ont beau être précieux, ils puisent parfois à des sources qui, même lorsqu’elle n’ont pas factuellement tort, méritent d’être questionnées.

2.3 Fonctionnement actuel des forums d’usagèrexs d’AAS

Dans leur structure actuelle, les forums d’usagèrexs d’AAS possèdent une partie discussions générales et une partie "sources". Il s’agit d’une série de threads où les représentanx des différentes sources (les dealers) vont faire du service client : codes promos, réponses aux retours clients, gestion des contentieux, infos sur l’actualité et l’état des stocks… Sur les forums francophones, les sources paient pour être représentées et afficher leurs publicités. Outre les controverses à ce sujet, le fait d’afficher des liens vers les vendeureuses a pour effet de rendre les plateformes assimilables à des pharmacies en ligne au yeux des autorités. Ainsi, en 2022, une vague de déréférencement de sites considérés comme des "pharmacies illégales" a frappé muscleenmetal et Meso-RX FR à quelques jours d’intervalle. La partie de la communauté bodybuilding présente sur les deux forums a eu le temps de comprendre ce qui se passait et d’organiser un rapatriement massif vers des nouveaux noms de domaines, évitant de peu un démantèlement total des espaces francophones d’échange en ligne sur les AAS.

Aujourd’hui, la menace de disparition pure et simple des forums existe toujours et les infos exposées dans cette brochure sont hautement périssables. Les forums représentent un outil très adapté à la centralisation et à l’organisation d’informations entre pairs, particulièrement lorsque le partage de ces infos est incompatible avec le règlement des grandes plateformes de discussion en ligne. Les réseaux sociaux, eux, sont trop fliqués et n’offrent aucun contre-pouvoir ou voie de recours pour les usagers et usagères d’AAS. Pourtant, rien ne dit que la forme forum saura perdurer dans les années à venir (voire même tout indique le contraire).

2.4 Quelques repères sur l’usage des AAS dans le contexte du bodybuilding cismasc

Afin de développer leur masse musculaire, les bodybuilders cherchent à stimuler au maximum l’anabolisme (les réactions de synthèse moléculaire aboutissant à la régénération ou la construction de tissus). Parmi les différents leviers à leur disposition, on compte les exercices de musculation, la nutrition et les AAS. Si vous avez retenu ce qu’on racontait dans le premier chapitre, vous savez désormais que la testostérone est un AAS parmi d’autres.

Dans le monde du bodybuilding, les AAS se prennent en cure [21]. Une cure est limitée dans le temps et suit un protocole où sont définis un cycle d’administration des stéroïdes et, souvent, un cycle PCT [22]. La PCT (Post-Cycle Therapy) ou "relance" est destinée à conserver les gains acquis après le cycle de stéroïde et à rétablir l’axe gonadotrope [23] (axe HPTA ou simplement "axe", grosso modo, le circuit cerveau-couilles). En effet, la cure va pousser le corps au-delà de ses limites. Celui-ci va répondre en activant ses mécanismes de régulation de la production hormonale. Pour simplifier, le fait de rajouter de la testostérone à une personne dont la production endogène [24] (c’est-à-dire interne) atteint déjà des taux considérés comme "masculins" va envoyer un signal : "on produit beaucoup trop de testo" à l’hypothalamus, qui ne sait pas faire la différence entre ce que le corps produit et ce qui vient de dehors. En retour, celui-ci va mettre les testicules à l’arrêt : elles vont s’atrophier et cesser de générer des spermatozoïdes. Un autre effet secondaire bien connu est l’apparition de gynécomasties (les man boobs). En cause : l’aromatisation [25], un processus de conversion d’une partie des androgènes (ici, notre testostérone en surplus) en œstrogènes.

Il faut donc souligner deux différences majeures entre les usagers de testostérone à des fins de bodybuilding et les autres. Les premiers :

  • augmentent leur taux de testostérone pour le porter au-delà de ce qu’un corps humain peut naturellement atteindre (on parle de taux supraphysiologiques [26]
    )
  • doivent donc contrer des effets secondaires qui ne devraient a priori pas nous concerner

En effet, lorsqu’on cherche à modifier sa balance hormonale indépendamment d’une logique sportive de dopage, on va se tourner vers le THS [27]
masculin lié à l’âge » pour éviter de suggérer un phénomène aussi brusque et systématique que la ménopause).]] (Traitement Hormonal Substitutif), qui a une forme d’équivalent dans le monde du bodybuilding avec la TRT (Testosterone Replacement Therapy). Ici, il va moins être question de performance que de maintien de la santé et de visée thérapeuthique : on cherche à obtenir et conserver un taux "normal" de testostérone dans l’organisme. La TRT peut donc s’adresser à trois types de publics :

  • les personnes atteintes d’hypogonadisme
  • les personnes avec un déficit androgénique lié à l’âge
  • les bodybuilders avec un axe niqué par une longue pratique des AAS

En effet, la plupart des bodybuilders s’accordent à dire que tôt ou tard, la prise d’AAS à des doses supraphysiologiques flingue le système endocrinien. Il existe donc un débat sur les différentes façons de penser le long terme, en particulier lorsqu’il apparaît que l’organisme ne reviendra plus jamais à une production "normale" de testostérone endogène : certains prônent la TRT, d’autres le blast and cruise [28]. Mais avant d’en arriver là, les usagers d’AAS s’évaluent entre eux sur leur adresse à combiner des produits pour augmenter leur masse musculaire tout en maintenant un semblant d’équilibre hormonal. Par ailleurs, ils sont avant tout des sportifs et mettront souvent l’accent sur l’importance d’aller au bout de sa marge de progression "natty" (naturel) avant de recourir au dopage.

Tout cela crée un climat assez intimidant sur les forums où tout le monde dit tout et son contraire mais surtout que les petits nouveaux font n’importe quoi, et qu’ils ne vont rien gagner à prendre des AAS trop jeunes à part cramer leur axe prématurément. Il faut garder à l’esprit que contrairement aux bodybuilders, nos corps ne produisent pas naturellement de la testostérone en grande quantité et que nous ne cherchons pas à devenir des super saïyens. Tant que nous ne montons pas au-dessus de la fourchette de taux considérés comme normaux, nous ne sommes pas concernés par la plupart de ces remarques.

Mash-up où le nom du rappeur Unknown T surmonte un visuel du projet musical hyperpop QT. Le visuel consiste en une photographie montrant une laborantine high fem en train de manipuler un produit coloré à l’aide d’instruments à mi-chemin entre la verrerie de laboratoire et le verre à cocktail. L’image est légendée <q> ce que taon endoc ne t’a pas expliqué à propos de la chimie du THS </q>.

2.5 Note sur les esters : de quelle testostérone parle-t-on ?

Les espaces de vente et de discussion en ligne autour des AAS présentent non seulement une foule de produits en dehors de la testostérone (hormone de croissance, inhibiteurs d’aromatase, produits bronzants, brûleurs de graisse…) mais proposent également différents types de testostérone. Attention, on ne va pas parler ici des voies d’administration [29] (est-ce qu’on l’injecte, est-ce qu’on la gobe, est-ce qu’on se l’applique sous forme de gel ou de patches ?) mais des esters [30] de testostérone, soit les différentes formes qu’on peut faire prendre au niveau moléculaire à de la testostérone proposée en solution huileuse injectable [31]
 : propionate, enanthate, cypionate, undecanoate…

Lorsqu’on s’administre un THS, on cherche à imiter le comportement naturel des hormones dans notre corps, c’est-à-dire une diffusion continue (et pas "un énorme shot puis plus rien puis à nouveau un énorme shot..."). On pourrait obtenir ça en restant perfusé en permanence, ou alors avec plein de petites injections plusieurs fois par jour... mais ça ne serait pas très pratique. On va donc avoir besoin d’un médicament qui se libère lentement, petit à petit. Pour ça, on va jouer sur la durée des étapes entre le moment où la molécule de testostérone pénètre dans notre corps et le moment où elle devient utilisable par les organes ciblés.

Dans le cas d’une administration de solution huileuse injectable en intramusculaire, le parcours simplifié de la testostérone ressemble à ceci :

  • de la testostérone dissoute dans de l’huile est injectée dans un muscle
  • la testostérone traverse la couche musculaire pour rejoindre le sang
  • le sang la transporte jusqu’aux organes cibles où elle pourra faire effet

Rôle de l’ester dans l’étape du passage vers le sang :

Les hormones sexuelles sont lipophiles [32], grosso modo, solubles dans le gras et difficilement solubles dans l’eau. Lorsque la testostérone dissoute dans l’huile est injectée dans le tissu musculaire, elle y reste bloquée un certain temps car elle s’accroche à l’huile et rechigne à pénétrer l’espace entre les cellules (qui contient plein d’eau). On peut ajuster ce délai en trafiquant notre molécule de testo pour la rendre plus lipophile. Pour ça, on va lui rajouter un groupe d’atomes. Ce groupe est un ester d’acide carboxylique. Il est dit "court" ou "long" selon la taille de sa chaîne carbonée (le nombre d’atomes de carbone formant son squelette). Pour faire très simple, plus la chaîne sera longue, plus la testostérone estérifiée sera lipophile et plus elle passera dans le sang petit à petit.

Mais du coup, est-ce que c’est bien de la "vraie" testostérone que je vais m’injecter ?

Une fois dans le sang, le corps métabolise la testostérone estérifiée : il "casse" la grande molécule formée par la testostérone et l’ester pour récupérer la testostérone non-estérifiée. C’est cette testostérone bio-identique [33] (similaire à celle qu’il aurait produite lui-même) qu’il va utiliser. On peut donc retenir que l’ester, grosso modo, c’est un truc qu’on a rajouté à la molécule de testostérone pour qu’elle se fasse bouffer moins vite par le corps. Cela va avoir une influence sur la fréquence à laquelle on va se l’injecter.

Comparatif des différents esters :

On va donc choisir notre ester en fonction du schéma de prise que l’on souhaite adopter (quelle dose et à quelle intervalle ?) Arrivéexs à ce stade, il vaut mieux se détourner des sources d’informations relevant de la sphère du bodybuilding. En effet, les bodybuilders n’ont pas les mêmes objectifs que nous et comparent les différents esters en fonction de leur demi-vie d’élimination [34] (une information inutilisable pour nous à ce stade : la demi-vie ne correspond pas à la durée d’action d’un médicament et ne permet pas de la déduire facilement).

Pour notre part, si nous nous inscrivons dans une logique de THS, nous avons tout intérêt à nous calquer sur ce qui existe déjà en la matière. Le THS est connu depuis des décennies et il existe une masse de donnée empirique à ce sujet. Au moment de choisir parmi les différentes testostérones estérifiées qu’on peut trouver en e-shop, le plus simple reste donc de chercher si la combinaison d’ester et de testostérone qu’on a sous les yeux (ainsi que sa concentration en miligramme par mililitre) correspond à un médicament de substitution hormonale connu et distribué en france ou dans un autre pays. En consultant les informations du médicament, on aura accès aux recommandations en terme de dose et de fréquence d’administration. (Qu’on pourra ensuite confronter aux retours des patienx traitées selon ce protocole.)

A titre d’exemple, voici les esters de testostérone utilisés dans quelques médicaments de traitement hormonal substitutif (sources : base-donnes-publiques.medicaments.gouv.fr et site canadien du laboratoire Pfizer)

Androtardyl 250 miligrammes pour 1 mililitre :
ester : enanthate de testostérone
posologie type selon la notice : 250 miligramme toutes les 2 à 3 semaines

Nebido 1000 miligrammes pour 4 mililitres (ou bien son générique Testosterone Besins) :
ester : undecanoate de testostérone
posologie type selon la notice : 1000 miligramme toutes les 10 à 14 semaines passé la dose de charge

Depo-Testosterone 100 miligramme pour 1 mililitre :
ester : cypionate de testostérone
posologie type selon la notice : 200 miligramme toutes les 2 semaines

Pour conclure ce chapitre, une petite précision :

Il est très compliqué de déterminer de manière précise la durée d’action d’un médicament car il ne s’agit pas de simplement administrer une substance à un corps inerte. Entre le corps et le médicament, il y a interaction : notre corps fait quelque chose au médicament, et c’est ce quelque chose qui va en retour déterminer l’action du médicament sur lui. La vitesse d’absorption, d’utilisation et d’élimination d’une substance par le corps dépend donc de toute une chimie interne où interviennent des tas de paramètres. Dans le cas d’une injection intramusculaire, il y aura par exemple l’ester… mais également l’huile utilisée, le muscle où on fait l’injection, l’âge et l’état de santé de la personne (et plein d’autres trucs dont des histoires de concentration et de volume de distribution qu’on a pas compris). Il existe pas mal d’esters ou de combinaisons d’esters pour lesquels aucun essai thérapeutique n’a été réalisé ou pour lesquels les données chez l’humain sont insuffisantes. On n’est pas là pour vous dire quoi faire mais si vous débutez dans la substitution hormonale, vous pouvez peut-être éviter de vous lancer sur un ester bizarre, un mix de testostérone [35] ou un AAS inconnu.

Détournement de la pochette de l’EP <q> Paname Oestros Poubelle </q> de la musicienne Théa. Le visuel montre le bas d’un visage dont la bouche est ouverte sur un comprimé portant l’inscription <q> P.O.P. </q> Il est surmonté par la capture d’écran d’un message demandant : <q> je fais comment pour commander la drogue ? </q> En surimpression, divers posts de réseaux sociaux sollicitent le partage d’un lien internet en DM. Un message écrit plus gros signale : <q> on dirait que la personne du post initiale a été bannie </q>.

3. Comment commander ?

3.1 Proposition de méthode pour comparer les fournisseureuses

On ne va pas se mentir, il n’y a aucun moyen objectif de déterminer une fournisseureuse fiable, encore moins dans la durée. Tout au plus peut-on limiter la casse en fuyant les arnaques les plus évidentes et en menant des recherches longues et fastidieuses sur les forums pour recouper des avis eux-même plus ou moins fiables. Aussi, plutôt que de lister ici les sources qui semblent valoir le coup au moment de l’écriture de cette brochure, nous allons énumérer quelques principes qui nous ont guidé au moment d’acheter nos premières vials de T.

Les critères ne sont pas organisés par ordre d’importance mais par facilité d’application, du plus général au plus pointu :

- critère pratique
Certaines sources imposent un palier minimum d’achat (rappel : les grosses commandes exposent à des risques bien plus grands en cas de saisie) ou n’acceptent les paiement que dans telle ou telle cryptomonnaie. Pour le premier point on déconseille fortement, pour le second c’est à vous de voir. Dans tous les cas ça permet de faire un premier tri rapide mais n’en faites pas votre critère number one : très peu de source proposent encore des solutions de paiement hors cryptomonnaies, ce serait bête d’en choisir une qui a tous les red flags du monde juste parce que c’est plus facile.

- taille du topic source & absence d’alias
Sur Meso-RX FR, un certain nombre de topics "source" font plus d’une centaine de pages : ils ont été créés il y a plusieurs années et leur ancienneté et leur fréquentation prouvent que les gens continuent de commander chez ces sources (pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ainsi, certaines peuvent être plébiscitées pour la rapidité de leurs envois ou pour des prix imbattables alors même qu’elles sont shady sur d’autres aspects).

Il arrive qu’une même source soit présente sous plusieurs noms sur un même forum, ce qui intuitivement ne sent pas très bon. (La plupart du temps, on s’en rend compte via les sous-entendus de certains membres mais on a déjà vu une source se griller elle-même en s’emmêlant dans les alias.) Sur le même principe, il arrive également que des produits soient fabriqués sur la même chaîne de production par un même labo puis vendus sous différentes marques.

- avis positifs sur un même labo dans des topics sources variés

Une même source peut proposer des produits de plusieurs labos, il faut donc faire bien attention à distinguer dans les avis ce qui va porter sur le sérieux de la source (confidentialité des envois, qualité du service client) et ce qui relève la qualité des produits (produit sous-dosé, effets secondaires) pour ensuite combiner les deux. Ce qui amène a faire de nombreux allers-retours : isoler quelques "grosses sources", regarder quels labos elles proposent, chercher des avis sur ces mêmes labos dans différents topics puis refaire le tri dans les sources… etc.

- avis positifs sur un même labo de la part de membres respectés
La plupart des forums possèdent une fonction permettant de visualiser les membres les plus actifs (par nombre de posts ou par score) et se faire une idée rapide des membres influents. Une fois ceux-ci identifiés, regardez s’il existe des grosses tendances : est-ce que ces membres influents ont tendance à tacler la même source, est-ce qu’il y a des noms de labo qui reviennent souvent... etc. Relevez également les pseudos des membres les plus investis dans le partage d’information (post des labtests commandés en individuel, prises de position lors de la création de groupes de labtests, etc.)

Cas particulier : les reps. Lae "rep" [36] est la personne représentant une source sur un forum. Certainexs sont des commerçantexs, d’autres sont aussi des bodybuildereusexs. Les reps qui ont commencé comme simples membres du forum avant de se faire recruter par une source continuent souvent de poster en leur nom propre, pour autre chose que du service client. Ces reps actifs dans plusieurs parties du forum sont souvent des membres anciens et respectés par la communauté mais il faut faire la part des chose : la qualité d’un rep peut être reconnue indépendamment de la qualité des produits vendus par la source qu’il représente (le rep n’a pas la main sur ce qui se passe en labo).

- présence de labtests réalisés par des particuliers
Sur les forums, les tests récents sont souvent postés dans une section dédiée ("Analyse des stéroïdes en laboratoire" sur Meso-RX FR). Vous pouvez ratisser plusieurs forums. Dites-vous bien qu’un test réalisé par un particulier ou par un groupe de labtests aura bien plus de valeur que les labtests affichés sur le site du fabricant ou postés par les rep. Vérifiez l’authenticité des tests (pour un test Janoshik [37], il suffit de rentrer le numéro de test et la clé de sécurité sur la page dédiée du site) : https://janoshik.com/verify/

- régularité des labtests
_ Si vous avez accès à plusieurs labtests d’un même produit chez une même source, vous pouvez comparer les dosages d’un batch (lot) à l’autre. On privilégiera les fournisseurs qui affichent des dosages constants à ceux où ça bouge énormément sans explications valable.

- absence de casseroles vraiment vénères
Toutes les sources vont à un moment ou un autre recevoir un retour négatif de la part d’usagers. Il est parfois difficile de déterminer le crédit à y apporter tant les discussions sur les forums s’inscrivent dans des rapport de pouvoir tenant aux différents degrés d’insertion dans les milieux bodybuilding, aussi bien en ligne qu’IRL, undergrounds ou déclarés. Il faut toutefois prêter une attention particulière aux sous-entendus, aux allusions à des scandales passés et à toute information délivrée à demi-mot. Utilisez l’outil recherche avec des mots-clefs de type « scandale » dans le topic de la source, ou repérez les utilisateurs particulièrement vénères et lancez des recherches à partir de leur pseudo associées au nom de la source.

D’une manière générale, la seule méthode à notre disposition en tant que petitexs consommateuricexs isoléexs et sans expérience des AAS consiste à passer beaucoup de temps à lire ce qui se dit et faire des recoupements. N’hésitez pas à relever les posts qui vous ont interpellé et noter leurs pages/dates pour pouvoir y revenir plus tard. N’hésitez pas non plus à organiser vos recherches en tableau. Enfin, si vous en arrivez à un point où vous avez la tête farcie d’informations contradictoires, laissez aussi parler votre feeling : tout les critères répertoriés ci-dessus ne constituent rien d’autre qu’un faisceau d’indices, ce sont des signaux, pas des preuves. Si quoi que ce soit vous a inspiré de la méfiance même si tous les voyants listés ici sont au vert, écoutez-vous et passez à autre chose.

3.2 Note sur les comparaisons entre marché US et marché européen

Comme mentionné plus haut dans la brochure, il existe de nombreux forums d’usagers d’AAS et les plus gros sont les forums US. Il pourrait sembler pertinent d’effectuer des recoupements en croisant des avis recueillis à l’international mais en pratique c’est assez compliqué voire complètement inefficace, en raison des différences entre les contextes locaux nord-américain et européen. En effet, l’univers AAS US est marqué par :

  • une culture bodybuilding et AAS très éloignée de ce qu’on trouve en Europe
  • des sanctions beaucoup plus lourdes (incarcération)
  • un marché domestique important

Par conséquent, on ne retrouve pas du tout les mêmes sources ou les mêmes pratiques de commande de part et d’autre de l’Atlantique. Quand on comprend bien l’anglais, ça peut être une bonne idée de faire des recherches croisées sur les labos dont les produits sont vendus sur plusieurs continents, mais mieux vaut s’en tenir aux forums francophones pour ce qui a trait au sérieux des vendeurs ou à l’acheminement.

3.3 Présentation rapide des modes de paiement

Il existe des sources qui proposent un mode d’achat par virement sur le compte bancaire d’une société-écran mais ceux-ci sont assez instables. En effet, si la banque suspecte une activité illicite, elle peut clôturer le compte à tout moment. Au moment de passer commande, vérifiez bien sur le site de la source ET dans ses topics dédiés sur les forums que la source n’a pas de soucis récents avec sa banque.

La plupart des sources encouragent donc (voire proposent uniquement) le paiement en cryptomonnaies [38]. Cela vise avant tout à protéger la source. A moins de faire des trucs compliqués qu’on ne présentera pas dans cette brochure, l’achat en cryptomonnaies ne garantit pas (et certainement pas à lui seul) votre anonymat. De plus, il complique le processus de commande en vous faisant passer par des intermédiaires supplémentaires. Il s’agit toutefois du mode de paiement privilégié sur le grey/blackmarket des hormones – chercher à esquiver cette étape peut vous conduire à passer par des vendeureuses à qui vous n’auriez pas fait confiance si vous n’y aviez pas été acculéexs.

Enfin, certaines sources proposent des modes de paiement alternatifs tels que le passage par Western Union, Moneygram, Ria ou d’autres sociétés de transfert d’argent. C’est peu documenté, peu recommandé et en voie de disparition. On déconseille.

3.4 Un mot sur la protection de l’anonymat

Chercher à se protéger lors d’une transaction en ligne a quelque chose de vertigineux. En se renseignant sur le sujet, on a vite fait de se convaincre que tout est foutu si on ne passe pas sa commande à l’adresse d’un oncle décédé il y a trois mois, avec des cryptos obtenues en peer-to-peer via un ordinateur-acheté-en-cash-rien-que-pour-ça qui tourne sous Debian avec une Torbox en guise de routeur.

Ici, il faut comprendre que l’enjeu n’est pas d’être infaillible mais de connaître les manières dont on laisse des traces et les risques auxquels elles nous exposent, et idéalement choisir lesquelles en connaissance de cause. Pour cela, il est utile de prendre un temps pour "modéliser la menace" [39] :

Qu’est-ce que je veux cacher et à qui ?
Quels moyens et quelle énergie sont-iels susceptibles de mobiliser contre moi ?
Quelles conséquence pour les personnes impliquées qui se feraient choper ?
Quels moyens et quelle énergie suis-je prêt.e à mettre en œuvre pour réduire les risques ?

Dites-vous bien qu’une personne qui passe de grosse commandes de manière régulière, qui s’est déjà fait choper ou qui fait profiter d’autres personnes du contenu de sa commande ne va pas faire face à la même menace qu’une personne qui commande une vial de T pour la première fois. De plus, un niveau de protection élevé (pas de nom, pas d’adresse, pas de moyen de paiement facilement traçable) ne correspond pas toujours à la volonté de se protéger uniquement des agentex des douanes et de la police : la source elle-même peut représenter une menace potentielle à qui on va éviter de confier des infos sensibles. (Cas extrême : une source qui tombe et qui balance son carnet d’adresses pour obtenir une réduction de peine.)

En ce qui nous concerne, nous n’avons ni le temps ni la place ici pour développer ces questions et nous partons du principe que votre conso personnelle a peu de chance de faire l’objet d’une enquête. L’objectif de cette brochure est : 1) vous donner un aperçu de ce milieu et de ses enjeux, afin de vous permettre d’y naviguer de manière autonome 2) vous permettre de passer une commande basique auprès de la plupart des fournisseureuses. Les conseils et techniques présentées dans les sections dédiées à la livraison et au paiement en crypto sont faillibles et s’arrêtent à ces deux objectifs. Si vous souhaitez y aller à fond, consultez les ressources sur la protection de l’anonymat en ligne et hors ligne en fin de brochure.

3.5 Livraison et saisies douanières : quelques idées pour limiter la casse :

Avant toute chose,vérifiez que vous ne commandez pas sur une période sensible. Le milieu des AAS est attentif aux mouvements douaniers et il arrive même que les sources communiquent sur des arrêts temporaire de production ou d’envois liés à des opérations de police. Un nom à connaître : opération Pangea [40]. Chaque année ou presque depuis 2008, Interpol coordonne cette vaste opération de coopération douanière ciblant la criminalité pharmaceutique. La semaine d’action a habituellement lieu au début de l’automne ou plus rarement en mai-juin. (Les dates sont bien sûr annoncées après coup.) A force, ça devient très prévisible et les trafiquanx prennent les devants mais si vous êtes sur une période "sensible", faites tout de même le tour des forums de différents pays pour voir si les gens parlent d’une opération en cours, terminée ou à venir. Au moment de l’écriture de cette brochure, la dernière Pangea sur laquelle Interpol ait communiqué est la seizième du nom, qui a eu lieu du 3 au 10 octobre 2023. Attention, Pangea est la plus grosse opération ciblant la criminalité pharmaceutique mais elle n’est pas la seule. Ainsi, le covid a entraîné une flambée de produits médicaux contrefaits (faux masques, faux vaccins…) et donc d’opérations dédiées, qui influent indirectement sur le circuit AAS.

Ensuite, ne commandez jamais en recommandé.

C’est à peu près tout pour les conseils de base. Maintenant, à vous de voir si vous voulez compliquer les choses avec une des techniques suivantes. En effet, elles visent à limiter la casse en cas de saisie du paquet mais compliquent sa récupération. De plus, seule la première est utilisable avec toutes les sources. Pour la seconde, il vaut mieux savoir si la livraison finale sera effectuée par un transporteur privé ou par la poste. Pour la troisième, il faut carrément en être sûre. Obtenir cette info peut s’avérer compliqué : elle est considérée comme sensible et la plupart des posts de forums qui en font mention sont édités par la modération. Parfois, il y a des indices, sinon, le mieux est de simuler une commande pour voir s’il y a moyen de l’apprendre avant paiement. (Ainsi, il peut arriver qu’une source laisse le choix entre renseigner un numéro de téléphone et avoir affaire à un transporteur privé ou ne rien mettre et avoir son colis pris en charge par la poste par exemple.)

Technique du faux nom :

Mettre un faux nom sur sa boîte aux lettres les jours précédant la livraison. Si votre source a recours à un transporteur notoirement désastreux (recours systématique à l’avis de passage sans même sonner), apprêtez-vous à passer la journée à guetter. Implique de faire lae mort ou de mentir aux agentex des douanes si votre alias reçoit une convocation.

Poste restante :

La poste restante est un service qui permet de se faire livrer son courrier en fournissant l’adresse d’un bureau de poste plutôt que celle d’un domicile. Ici, on mise sur le fait que les agenx des douanes auront la flemme d’essayer de nous retrouver avec juste un nom et un prénom alors qu’on a commandé deux pauvres fioles. Cette technique est déconseillée par certaines sources et incompatible avec un certain nombre de transporteurs internationaux (DHL, UPS... etc). On conseille de ne la tenter que sur des sources où elle a déjà été pratiquée avec succès par d’autres forumeurs.
Au moment de saisir l’adresse d’expédition, il faudra écrire :
prénom + nom
POSTE RESTANTE
adresse du bureau de poste
(Bon à savoir : vous pouvez utiliser n’importe quel prénom figurant sur votre pièce d’identité pour retirer un colis – ils ont tous la même valeur en tant que prénom usuel.)

Dead drop (dans le cas d’une livraison par la poste) :

Acheter une boîte aux lettres normalisée (c’est-à-dire qu’une facteurice peut l’ouvrir avec son pass lors de sa tournée), la greffer sur un bâtiment non-occupé et faire livrer à cet adresse avec un faux nom. Cette technique est la plus coûteuse (compter une quarantaine d’euros pour une boîte aux lettres neuves) mais permet de ne donner ni le nom, ni l’adresse d’une personne réelle. Restent les risques de non-délivrance du colis et ceux liés à la pose de la boîte : les voisinx peuvent suspecter quelque chose, penser que vous ouvrez un squat… etc. Rapport complexité de mise en oeuvre/bénéfice discutable. Perso, on a pas testé.

Photomontage reprenant une pochette d’album d’Unknown T montrant le rappeur au téléphone à côté d’un sac de sport rempli de billets de banque. Devant lui, plusieurs fioles de testostérone du marché noir. Il est surmonté de plusieurs points d’interrogation et apparaît devant un arrière-plan de boutique en ligne de stéroïdes. Dans un cadre, le message de présentation d’une blogueuse en cryptomonnaies : <q> Déconstruire les codes en rendant à l’homme ce qui lui appartient. L’idéal libertaire des cryptomonnaies est inscrit dans mon ADN et je ne pouvais être que séduite par l’esquisse de ce nouveau monde. </q>

4. Comment payer ? un point sur l’achat de cryptomonnaies

4.1 Disclaimer : payer en crypto ne protège pas forcément votre anonymat

Pour ce chapitre, on va y aller easymode. Il est possible d’acheter des cryptos sans laisser trop de traces mais c’est compliqué, ça rajoute plein d’étapes et honnêtement on sait pas faire et on a la flemme. On a donc cherché à aller au plus rapide et on est partiexs sur le bitcoin (la crypto la plus répandue, probablement la pire). Contrairement à d’autres cryptomonnaies, Monero ou DeepOnion par exemple, le bitcoin n’est pas orienté confidentialité, c’est même carrément l’inverse : toutes les données de transactions sont inscrites à jamais dans une blockchain publique. Est-ce que ça veut dire qu’un gouvernement ultra-répressif ou une doxxeureuse expert en piratage pourrait remonter jusqu’aux acheteureuses d’AAS en investiguant ladite blockchain ? C’est techniquement possible mais jusqu’à présent on n’en a pas entendu parler et franchement on n’est pas certainx que ça vaudrait le coup. Ici, on se contentera donc de présenter les étapes de base.

Pour régler un achat en crypto, il va falloir :

  • acheter la cryptomonnaie sur un exchange (un genre de bourse en ligne)
  • stocker les clés permettant d’y accéder dans un wallet [41] (un portefeuille numérique)
  • envoyer votre crypto à l’adresse du marchand d’AAS

Mais pour mieux comprendre l’ordre dans lequel on va réellement effectuer ces étapes, il faut savoir de quoi on parle. On va donc rapidement présenter ce qu’est une blockchain avant de faire un petit détour par une notion de cryptographie : le chiffrement à clé publique (on dirait que ça sort de nulle part mais promis ça permet de mieux comprendre la suite).

Blockchain (chaîne de blocs) :
Pour comprendre ce qu’est une blockchain, on peut commencer par se la figurer comme une sorte de liste qui répertorie toutes les transactions réalisées dans l’histoire d’une cryptomonnaie de l’origine à ce jour. Cette liste est découpée en blocs : chaque bloc représente un agrégat de transactions et tous les blocs sont mis bout à bout. Voilà pour le côté "chaîne de blocs". Maintenant, accrochez-vous : le bidule fonctionne en réseau !

La liste est décentralisée : il y a un ensemble de personnes qui ont chacune leur propre copie de la liste. Ces différentes copies se synchronisent entre elles par le biais d’un mécanisme de consensus (une méthode pour se mettre d’accord sur ce à quoi va ressembler la version commune). Chaque nouveau bloc devra donc faire l’objet d’une validation par l’ensemble du réseau pour être intégré à liste. Tout ça fonctionne avec des algorithmes compliqués et nécessite une puissance de calcul monstrueuse. A la fin, on a un système de paiement qui, certes, ne dépend pas des institutions traditionnelles… mais aussi un beau désastre écologique et social (et ce peu importe le mécanisme de consensus utilisé).

4.2 Wallets : comprendre le principe de la cryptographie asymétrique

Les wallets sont basés sur le principe de chiffrement à clé publique, qui est un exemple de cryptographie asymétrique. En cryptographie, une clé est une donnée qui, passée à la moulinette d’un algorithme, permet de chiffrer et déchiffrer un message. Deux enfants qui se mettent d’accord pour rédiger leurs messages en décalant toutes les lettres de trois crans dans l’alphabet partagent la même clé secrète, on va donc parler de cryptographie symétrique. La cryptographie asymétrique, elle, permet de communiquer de manière confidentielle sans qu’il y ait eu partage préalable d’une même information.

En chiffrement à clé publique, les clés sont générées par couple : une clé publique et une clé privée. Un message chiffré par une clé privée sera lisible par toustes celleux qui possèdent la clé publique correspondante. À l’inverse, un message chiffré par une clé publique n’est lisible que par lea propriétaire de la clé privée correspondante. On peut s’en servir aussi bien pour communiquer de manière confidentielle que pour s’authentifier comme unique émetteurice possible d’un message : le fait que des gens puissent le déchiffrer à l’aide de ma clé publique prouve que seule moi (détenteurice de la clé privée ayant servi au chiffrement) peut en être l’auteurice.

Dans le cadre des cryptomonnaies, il faut comprendre que les wallets ne stockent pas la monnaie en elle-même mais des couples de clés cryptographiques : la clé publique correspondra à une adresse dans la blockchain, vers laquelle on pourra envoyer de la crypto, et la clé privée permettra d’effectuer des dépenses en crypto à partir de cette adresse. Lorsque vous effectuez une transaction avec quelqu’une, les cryptos ne passent pas d’un wallet à l’autre : elles se déplacent simplement d’une adresse à une autre au sein de la blockchain.

Maintenant que vous savez à quoi sert un wallet, vous comprendrez mieux les recommandations de base :

  • Ne laissez pas vos cryptos sur la plateforme où vous les avez achetées. Dans la mentalité cryptobro, cette recommandation se fait au nom du principe "not your keys, not your coins" : tant que vos cryptos sont sur un exchange, elles ne vous appartiennent pas réellement car les clés correspondantes ne sont pas stockées dans un wallet auquel vous seul avez accès (par ailleurs, les exchanges ne sont pas conçus pour le stockage sécurisé). En ce qui nous concerne, la raison est plus triviale : si vous envoyez un paiement à une source directement depuis le wallet intégré à l’exchange, l’exchange saura à qui vous avez envoyé de l’argent. Pour peu que les adresses de la source aient déjà été identifiées comme liées au greymarket ou au blackmarket, vous risquez au mieux un échec de la transaction, au pire, d’être flag par l’exchange et voir votre compte suspendu.
  • Vérifiez quinze fois que vous avez entré les bonnes adresses/clés : si vous vous gourez vos cryptos seront perdues à jamais.

Il existe plusieurs types de wallet et des tas de site prétendent aider à en choisir un. Vu qu’on est pas là par amour de la finance, on peut ignorer tout le blabla sur les cold wallet (des supports de stockage dédiés) et passer directement à la question qui nous intéresse : custodial ou non-custodial [42]. Grosso modo, custodial veut dire que vos clés sont stockées quelque part sur les serveurs d’un tiers ; non-custodial veut dire que les clés sont stockées sur votre appareil (un peu comme si vous auto-hébergiez vos services bancaires). Si vous avez suivi ce qu’on a raconté plus haut sur le fait de ne pas permettre à un tiers de savoir ce qu’on fabrique avec notre clé privée, vous savez maintenant qu’il faut choper un wallet non-custodial. Après, extension de navigateur, appli ou logiciel, c’est à vous de voir. A ce stade, les seules questions que vous devez vous poser sont : "est-ce que ce wallet est bien non-custodial ?" et "est-ce qu’il me permet d’utiliser les cryptos que je veux ?" (il y a des wallets spécialisés qui ne permettent d’utiliser que certaines d’entre elles)

Perso, si on devait faire ça sur smartphone on choisirait Bridge et sur ordinateur on prendrait un portefeuille grand public style Exodus mais c’est juste pour vous donner une idée (rappelez-vous qu’on y connaît pas grand chose).

4.3 Exchanges : anticiper les KYC et les frais de transaction

Il existe également deux types d’exchanges : les centralisés (CEX) et les décentralisés (DEX). Ici, le point qui nous intéresse c’est que sur la majorité des exchanges centralisés, il y a un processus KYC [43] (Know Your Customers). Il faut fournir des documents d’identité au moment de créer son compte ou de réaliser certaines opérations, typiquement, celles qui impliquent du fiat [44] (de la monnaie "normale"). Sur les DEX, les échanges se font entre particulières, il est donc possible qu’on vous les demande mais ça n’est pas systématique.

Same shit que pour les wallets : il existe des tas de comparatifs sur internet mais ils ne sont pas conçus pour des gens qui veulent convertir 50 balles en stéroïdes. Pour choisir un exchange, les questions qu’on conseillerait de se poser sont :

  • est-ce que je peux facilement déposer du fiat par virement ou acheter de la crypto avec ma carte bancaire ? (certaines plateformes ne permettent tout simplement pas d’acheter en fiat, d’autres appliquent des frais plus ou moins importants sur les dépôts ou l’achat par carte)
  • est-ce que je peux sortir mes cryptos de la plateforme et acheter des choses avec ? (ce serait con d’avoir créé un wallet indépendant pour se rendre compte que les cryptos sont bloquées à l’intérieur de la plateforme, comme avec Trade Republic où les transferts se font uniquement vers votre compte bancaire)
  • est-ce qu’il y a un minimum de retrait ? (sur Bitget vous ne pouvez pas retirer moins de 200 balles)
  • est-ce qu’il y a des frais cachés ? (style frais d’inactivité)

Perso, on est trop teuteus pour se servir d’un DEX et trop paranos pour envoyer un scan de nos papiers d’identité et une photo de notre tronche à un CEX. On est donc passéexs par une troisième voie : la plateforme suisse MtPelerin (mtpelerin.com). Il ne s’agit pas d’un exchange à proprement parler mais d’un intermédiaire qui permet d’acheter de la crypto en fiat et de la transférer directement vers une adresse donnée. Les paiements par virement bancaires sont exempts de KYC (et pour celleux qui ont un pied en Suisse, il semblerait qu’il soit possible de payer sa crypto en cash depuis un bureau de poste grâce à un système de QRcodes à imprimer ?) MtPelerin est loin de représenter une solution miracle au problème de l’anonymat mais ça nous convient pour ce qu’on veut faire ici.

4.4 Récapitulatif étape par étape

Choisissez un wallet en vous assurant qu’il supporte bien les blockchains correspondant aux cryptos acceptées par la source qui vous intéresse et créez-vous un compte sur un exchange [45] (sur certains sites ça peut prendre un peu de temps). Familiarisez-vous avec avant d’acquérir des cryptomonnaies : celles-ci sont hautement volatiles [46] et le taux de change peut varier du tout au tout. Idéalement, l’achat doit donc intervenir au dernier moment avant la commande (sauf si vous savez ce que vous faites et que vous calez votre date de commande sur les taux mais ça c’est une autre histoire). Pour celleux qui passent par MtPelerin en virement bancaire sans KYC et qui doivent attendre 7 jours pour recevoir leurs cryptos, la marche à suivre est un peu différente, on vous explique ça plus loin.

Si la communication avec la source passe par mail, créez-vous une adresse mail chez un service de messagerie "privacy-focused" comme protonmail, tutanota ou autre. En effet, les sources peuvent refuser d’envoyer des infos sensibles (adresse de leur wallet) via des services de messagerie jugés peu sûrs.

Une fois que tout est bien en place, vous allez pouvoir suivre les étapes suivantes :
1. vérifiez que le produit qui vous intéresse est bien en stock
2. passez commande sur le site de la source sans finaliser la commande et relevez le montant dont vous allez avoir besoin (produits plus frais de port)
3. allez sur l’exchange et achetez l’équivalent de cette somme dans la cryptomonnaie demandée plus une marge afin de couvrir les frais de transaction [47] et les éventuelles variations du taux de change
4. récupérez l’adresse/clé publique de votre wallet pour cette crypto (un wallet qui gère, par exemple, les blockchain Bitcoin, Litecoin et Solana aura pour chacune une adresse distincte) : pour voir une adresse, cliquez sur la crypto de votre choix puis sur "receive" et copiez-la
5. retournez sur l’exchange pour procéder au retrait (c’est-à-dire sortir vos cryptos de la plateforme) : collez l’adresse/clé publique de votre wallet en destinataire, vérifiez quinze fois que c’est bien la bonne et cliquez sur "send"
6. attendez que la transaction soit validée au sein de la blockchain (ça peut prendre un certain temps en fonction des frais de réseau ; si vous faites ça un weekend partez du principe que vous avez le temps de vous faire à manger). Vous pouvez vérifier où ça en est en rentrant l’identifiant de transaction dans un bloc explorer [48]
7. une fois que les cryptos sont sur votre wallet, finalisez la commande sur le site de la source en vérifiant que vous avez sélectionné la bonne crypto en mode de paiement puis récupérez l’adresse/clé publique de son wallet pour cette crypto (elle figure sur votre facture ou vous sera envoyée par mail)
8. dans votre wallet, choisissez "send" et rentrez l’adresse du wallet de la source en tant que destinataire
9. renseignez le montant exact qui vous est demandé à la décimale près s’il s’agit d’une fraction de cryptomonnaie (par la suite, vous serez débitées d’un peu plus pour couvrir les frais de réseau mais c’est normal) ; si la source vous a facturé en fiat plutôt qu’en crypto, envoyez un tout petit peu plus que le montant demandé pour couvrir les variations du taux en cours de transaction
10. vérifiez tout quinze fois
11. cliquer sur envoyer ("send") et attendez que la transaction soit validée
12. effectuez les formalités de confirmation de paiement, soit via votre compte sur le site de la source, soit en envoyant une capture d’écran de bloc explorer par mail (attention, certaines sources partent du principe que vous connaissez le protocole et ne vous demandent pas explicitement de passer par tel ou tel procédé de confirmation de paiement)
13. c’est fini ! plus qu’à attendre le numéro de tracking de votre commande (il peut mettre plusieurs jours à arriver)

Notez que toutes les opérations impliquant de déplacer de l’argent (fiat ou crypto) sont susceptibles d’impliquer des frais. On conseille de prévoir 25 pour cent en plus pour être certainx d’être tranquilles sur les frais des étapes 5 (envoi vers votre wallet) et 8 (envoi au wallet de la source). En vrai c’est énorme et il y a moyen de prévoir bien moins, mais quand on choisit une blockchain où les frais de réseau sont très élevés (bitcoin et ethereum par exemple) mieux vaut faire large. Sur le même principe : si vous avez un wallet qui propose d’ajuster vous-mêmes les frais de réseau pour l’étape 8, évitez de les descendre trop bas, ça ralentit la validation de votre transaction dans la blockchain et on peut se retrouver avec une transaction qui flotte sur des heures voire des jours.

Cas particulier - MtPelerin :
Pour celleux qui passent par MtPelerin en virement bancaire sans KYC, la logique de l’achat de cryptos au dernier moment ne tient pas : en effet, vous devrez attendre 7 jours à compter de la date de réception du virement pour recevoir vos cryptos. (Notez que le virement lui-même peut mettre un peu de temps à être confirmé.) En 7 jours, le taux a le temps de pas mal varier donc il vaut mieux être du genre :

  • patient : vous êtes prêts à attendre que le taux remonte s’il est descendu au point où vous n’avez plus assez pour passer commande
  • riche : vous avez prévu de vous faire direct un petit stock de crypto pour plusieurs commandes donc quoiqu’il arrive il y en aura assez pour la première

Attention, si vous voulez acheter de la crypto via leur site web, il vous faudra choisir votre wallet en conséquence : selon la crypto demandée et le type de wallet que vous possédez, MtPellerin peut vous demander de faire un satoshi test [49] (c’est-à-dire de leur envoyer une petite somme en crypto) pour prouver que vous contrôlez bien votre adresse : pas très pratique quand on vient justement pour acheter. Vous n’aurez pas ce problème si vous passez par l’appli, qui devient alors votre wallet. Lisez bien leur tutoriel.

Détournement d’une vidéo de tutoriel d’injection intramusculaire. Un personnage en blouse blanche se tient au milieu de mannequins en plastiques couchés dans des lits d’hôpital. Sa tête a été remplacée par celle d’un modèle anatomique 3D au cou massif, à la mâchoire carrée et aux yeux exorbités. Le photomontage est surmonté par l’inscription <q> Que faire après la commande ? </q> Trois réponses aux typographies très différentes sont proposées, toutes tirées de captures d’écran diverses. Réponse A : parfumez vos fioles avec des arômes artificiels. Réponse B : lancez un business de pharmacie en ligne. Réponse C : devenez détective métabolique. Tout en bas de la page, figure la réponse D : je m’organise.

5. Après la commande


5.1 Retour d’expérience : faire analyser son produit gratuitement en CAARUD (spoiler : fail)

Vu qu’on est fauchées, on a essayé de gratter une analyse gratuite en nous tournant vers les dispositifs de réduction de risque [50] (RdR) à destination des personnes utilisatrices de drogue. En effet, de nombreux CAARUD [51] (Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues) proposent un service d’analyse de produit anonyme, gratuit et dans le non-jugement. Mais on a rapidement découvert que ça n’allait pas être si facile. Pour mieux comprendre, petite explication sur les différents types d’analyses :
Déjà, il y a la question de ce qu’on cherche à faire au moment d’analyser le produit :

  • analyses qualitative : on cherche à détecter et identifier les composants
  • analyse quantitative : on cherche à connaître les quantités pour un ou plusieurs composants

Ensuite, niveau technique d’analyse, il existe plusieurs familles. Ici, on va en présenter deux très sommairement en mettant l’accent sur les obstacles contre lesquels on a buté dans notre cas précis : l’analyse d’un échantillon de testostérone en solution huileuse dans une structure aux moyens limités et n’ayant pas l’habitude de ce genre de produits.

Analyse par chromatographie :
La chromatographie est une technique séparative, c’est-à-dire qu’on va identifier les différents composants de l’échantillon un par un, en les séparant les uns des autres. Auparavant, il aura fallu préparer cet échantillon selon un protocole bien spécifique (certaines machines sont conçues pour analyser des poudres dissoutes dans des solvants, d’autres nécessitent de faire passer le produit à l’état gazeux… etc)

Problème : le labo doit "apprendre" à sa machine à détecter une molécule en lui fournissant un standard de référence, c’est-à-dire un échantillon pur, auquel on va comparer le produit à tester. Ceux-ci sont coûteux (d’une à plusieurs centaines d’euros), périssables (durée d’utilisation inférieure à 1 an) et nécessitent de demander une autorisation et de répondre à un certain nombre de normes. Sans compter que la machine s’use et doit être recalibrée régulièrement, ce qui implique de commander à nouveaux les standards nécessaires. Les labos doivent donc fournir un effort constant de maintien de leur base de donnée, et n’y feront pas entrer de nouvelles substances à la légère.

Analyse par spectroscopie :
Ici, on va étudier comment le produit absorbe ou émet un rayonnement (par exemple, un rayon infrarouge). On traite l’échantillon en bloc, sans séparer les composants. A la fin, on obtient une sorte de courbe pleine de pics et de creux : le spectre. On va ensuite comparer cette image avec le contenu d’une base de données (fournie avec la machine ou mutualisée donc pas de problème de coût) pour voir si le spectre de l’échantillon correspond à celui d’une substance connue.

Problème rencontré avec les spectroscopes FTIR [52] (le type de machines qu’on va trouver en CAARUD) : cette technique est adaptée pour les drogues pures ou présentées comme pures (exemple : la MDMA) mais peu pertinentes pour les mélanges complexes, surtout si le principe actif n’est pas le composant principal (exemples : héroïne ; testostérone en solution huileuse). Le maximum qu’on pourra faire, c’est identifier avec une bonne grosse marge d’incertitude la ou les substances présentes en plus grande quantité dans l’échantillon. Cela veut dire que non seulement ce type de test ne permet pas de détecter une éventuelle contamination mais qu’il y a des grandes chances pour qu’il n’arrive même pas à nous dire si notre produit contient de la testostérone.

Dans les labos d’analyses toxicologiques "classiques" (utilisés par la police par exemple), chromatographie et spectroscopie sont souvent combinées pour des résultats plus pointus. Les CAARUD, eux, font dans le résultat rapide afin de répondre aux besoins des usagers et usagères. L’analyse de substance ne représente qu’une infime partie de leur activité et les équipements ne sont en mesure de quantifier qu’un panier limité de molécules (correspondant aux drogues les plus répandues et leurs produits de coupe).

Quand on était encore pleinexs d’espoir, on a essayé trois CAARUD différents :

CAARUD 1 : chromatographie, pas d’analyse
Il s’agissait d’un CAARUD appartenant au réseau "Analyse Ton Prod" [53] Île-de-France et pratiquant la chromatographie (on ne sait pas quel type exactement). On nous a dit que ça n’allait être possible ni en analyse sur place, ni en labo partenaire (pourtant mieux équipé) et on nous a mollement redirigé vers SINTES [54], un dispositif de veille sanitaire possédant de gros moyens mais qui n’a pas vocation à être utilisé pour ça. (Sans être directement un outil répressif, SINTES est lié aux politiques de la guerre à la drogue, ne vous tournez pas vers ce dispositif pour autre chose que ce pour quoi il est prévu et sans vous être informé au préalable.)

CAARUD 2 : spectroscopie FTIR, analyse sans participation de notre part
On nous a averti que la spectroscopie infrarouge n’était pas adaptée aux échantillons liquides ; iels ont tout de même essayé en transférant un peu de produit sur un support solide mais c’est la composition du support qui est sortie en résultat. La personne a galéré à prélever le produit mais tout se passait derrière une vitre et nous ne pouvions pas aider. (Si vous deviez faire ça un jour, insistez pour prélever la quantité de produit à analyser vous-même ou préparez en amont un petit récipient dédié.)

CAARUD 3 : spectroscopie FTIR, analyse avec participation de notre part (prélèvement de l’échantillon et interprétation des résultats)
La personne a directement foutu une goutte du produit sur le diamant de la machine (apparemment avec la marque Perkin Elmer c’est possible). Le premier spectre vers lequel renvoyaient les résultats correspondait à un produit dans la composition duquel rentraient diverses huiles, le second résultat identifiait le benzyle benzoate utilisé comme solvant. Il semblerait donc que ça ait très partiellement marché mais que le principe actif soit indétectable avec cette méthode.

Aucun des intervenantexs rencontréeexs n’avait eu affaire à ce type de produit (AAS) ou conditionnement (vial scellée) auparavant. (Le CAARUD parisien a reporté le cas d’un échantillon de stéroïde déposé à un autre point du réseau mais celui-ci n’avait pas non plus pu être analysé.) Toujours dans le monde de la RdR, nous nous sommes renseignéexs sur la possibilité de faire analyser notre produit à distance en envoyant un échantillon par voie postale aux programmes spécialisés Psychoactif et Energy Control International. Dans les deux cas, il semblerait que ça ne soit pas possible :

  • les initiateurices du programme Psychoactif ont dû lutter pour obtenir sa mise en place et veulent se consacrer en priorité à leur public cible : les personnes utilisatrices de drogues stigmatisées (des membres de l’asso se sont publiquement prononcé sur le fait qu’à leur sens, les usagers d’AAS ne relevaient pas de ce public)
  • Energy Control déclare ne pas tester les stéroïdes et autres produits dopants par manque de moyens financiers (tout comme son homologue au Royaume-Uni, Wedinos)

Toutes nos tentatives se sont donc soldées par des échecs mais on voulait les partager avec vous pour ce qu’elles nous ont appris sur les obstacles à l’analyse de substances "inhabituelles".

5.2 Faire analyser son produit en labo spécialisé et payant (on a pas testé)

Il semblerait que les laboratoires d’analyses toxicologiques "classiques" français ne prennent plus les demandes de particuliers pour les stéroïdes. (Et les labos suisses coûtent une blinde, en plus de ne prendre que les commandes de particuliers suisses d’après ce qu’on a entendu. On n’a pas d’infos sur les laboratoires d’analyses belges.)

Les seuls endroits qui fourniront des analyses détaillées d’AAS sans poser de questions sont donc les deux ou trois laboratoires douteux qui se sont fait un nom dans le monde du bodybuilding. Ainsi, la quasi-totalité des labtests de l’underground des stéroïdes est réalisée par Janoshik Analytical, un laboratoire tchèque spécialisé en AAS. A titre indicatif, on tape dans du 120 dollar (110 euros) pour un test "complet" de testostérone (analyse qualitative et quantitative), sans compter les frais d’expédition en République Tchèque. A l’heure où nous écrivons cette brochure, Janoshik est en situation de monopole et n’a qu’un concurrent sérieux, le polonais Lab4Tox, moins populaire car ne testant que les stéroïdes les plus basiques (ce qui reste intéressant pour nous). D’autres labos spécialisés en AAS existent mais ils sont très shady et les retours sont plus que mitigés. Nous ne les nommerons pas ici.

Attention, Janoshik prétend être un labo déclaré mais il ne délivre pas le petit document qui permet de faire voyager en toute légalité un échantillon de substance illicite destiné à l’analyse. (C’est pourtant ce qui se pratique dans les services d’analyse à distance "legit" comme Psychoactif ou Energy Control.)

On va être honnêtes avec vous : perso, on n’a jamais testé nos vials (ou plutôt, on a jamais obtenu de résultats concluants si on compte nos tentatives dans le public). On essaiera dans un futur plus ou moins proche mais si quelqu’unx le fait avant nous on serait ravis d’avoir des retours !

Détournement du visuel de l’EP <q> Virusray </q> de l’artiste hyperpop Lil mystic. Un personnage vêtu d’un top en résille et coiffé d’un bob y brandit des tubes en plastique Eppendorf tout en fixant du regard une fiole étiquetée <q> Unknown T, lentilles de contact </q> avec un air alléché. Son bob est décoré par des motifs de seringues, pansements et tampons d’alcool. Un encart annonce : <q> Bientôt dans Testo Iencli numéro 2 : un tuto pour emballer son échantillon et l’envoyer au laboratoire </q>.

5.3 Faire une prise de sang AVANT de commencer (sans trop se griller auprès des médecinx)

Quand on suit un THS, des bilan sanguins sont recommandés pour surveiller ses taux, particulièrement en début de traitement. Nous concernant, c’est plus compliqué : on n’a pas d’ordonnance et les analyses sanguines non-remboursées coûtent cher. (Et si vous aviez les moyens d’embarquer un ou une professionnelle de santé dans un projet d’auto-médication vous ne seriez pas ici.) Voici donc quelques pistes à base de pipeautage pour choper des analyses AVANT de prendre quoi que ce soit. En cas de problème, on aura ainsi quelque données sur l’état de santé pré-testo à présenter à un médecinx, qui pourra éventuellement vérifier si les anomalies étaient déjà présentes ou pas.

Attention, les techniques ci-dessous nécessitent de bénéficier d’une couverture sociale (grosso modo avoir une carte vitale, une attestation de droits ou une carte AME).

Vous avez accès à une médecinx généraliste (autre que votre médecinx traitant) :
Pour les personnes qui ont des ovaires, vous pouvez tenter la technique suivante : consulter lae médecinx pour une histoire de règles irrégulières et très espacées et tenter d’orienter la consultation vers des préoccupations hormonales. Si vous avez une forte pilosité ou un poids légèrement au-dessus de la moyenne, vous pourrez éventuellement lae diriger vers un soupçon de syndrome des ovaires polykystiques [55]. (A fonctionné pour l’un d’entre nous, qui est sorti avec une ordonnance pour un bilan sanguin complet avec volet hormonal.) Vous pouvez également élaborer un scénario à partir d’éventuels problèmes hormonaux récurrents dans votre famille.

Une autre option consiste à mentir en expliquant que vous êtes déjà sous testostérone. Bien sûr, vous pouvez peut-être éviter de dire que vous vous l’êtes procuré sur internet, et inventer à la place une histoire de partage de prescription avec une personne qui n’utilise pas la totalité de ses ampoules d’Androtardyl. Ça entraînera sans doute un bon début de panique chez lae praticienx en face mais dites-vous bien que tôt ou tard, il faudra en parler : des bilans sanguins réguliers doivent être effectués tout au long du traitement et, dans l’idéal, vous devriez choper un suivi médical le plus rapidement possible. Le DIY qu’on propose dans cette brochure vise à mettre le corps médical devant le fait accompli, pas s’en passer totalement.

Vous habitez un désert médical :
Vous pouvez profiter du dispositif Examen de Prévention en Santé (EPS) pour demander un bilan de santé gratuit comprenant une prise de sang à jeun. On n’y fait que les basiques (donc pas de bilan hormonal) mais vous aurez au moins quelques analyses de base : hémogramme, biochimie sanguine, enzymologie, etc.
le site du dispositif :
https://www.ameli.fr/assure/sante/assurance-maladie/prevention-depistages/examen-prevention-sante

Encore une fois, cette brochure n’a pas vocation à délivrer de conseils médicaux donc on ne s’aventurera pas sur la liste complète des valeurs qu’il faudrait tester et pourquoi. Pour vous faire une première idée, vous pouvez consulter le wikitrans ou la liste des ressources externes en fin de brochure.

5.4 Où trouver du matos d’injection ?

Autant pour l’analyse de substance, on a bien vu que c’était dead, autant pour le matos d’injection ça peut valoir le coup de faire un tour du côté des assos de RdR "classique". Ici, on présentera deux options gratuites : une nécessitant de se rendre sur place et une autre par envoi postal (ainsi qu’une option payante au cas où).

Vous pouvez vous déplacer :
Si vous habitez dans ou à proximité d’une grande ville, vous pouvez vous rendre en CAARUD pour obtenir des seringues, des aiguilles et du matériel de désinfection. Mieux vaut savoir à l’avance ce dont vous allez avoir besoin : nos produits et les pratiques qui y sont associées sont peu connus du milieu médico-social, et le public d’injecteurices auquel ont affaire les personnes travaillant en CAARUD est principalement constitué d’usagers et usagères de drogues en intraveineuses. Iels pourront donc vous conseiller niveau asepsie mais des fois ça s’arrêtera là. Pour vous faire une première idée des paramètres à prendre en compte pour le choix des aiguilles/seringues, vous pouvez consulter les recommandations des membres de l’asso Fransgenre sur ce site :
https://hackmd.io/@biyokea/materiel_autoinjection

Si vous avez la chance d’en avoir une à proximité, vous pouvez également vous rapprocher d’une association trans locale (selon les régions les assos LGBT généraliste c’est pas forcément une bonne idée) pour obtenir des renseignements sur les pratiques d’injection et éventuellement du matériel.

Vous ne pouvez/voulez pas vous déplacer
L’association SAFE a mis en place un programme d’envoi gratuit et confidentiel de matériel de réduction de risques pour usagers et usagères de drogues et de substances injectables. Pour en bénéficier, rendez-vous sur le site :
https://rdr-a-distance.info/index.php

Déterminez quelle antenne s’occupe de votre zone géographique puis contactez-les par mail pour demander à bénéficier du dispositif. On vous renverra un mail vous demandant vos informations personnelles (nom, prénom et adresse à laquelle seront livrés les colis), à partir desquelles un identifiant supposé garantir votre anonymat (mdr !) sera généré pour les commandes ultérieures. On vous demandera ensuite de décrire votre conso et vos besoins en matériel.

(Exemple : "Je m’injecte de la testostérone en solution huileuse x fois par mois, j’utilise tel type de seringue, telle taille d’aiguille et tel matos de désinfection.")

L’asso propose des kits tout prêts pour les injection hormonale mais vous pouvez demander à adapter leur contenu en fonction de votre situation. Il est également possible qu’on vous propose une formation d’accompagne-ment à l’auto-injection en visio. Ça peut être chouette mais n’hésitez pas à refuser si vous ne le sentez pas et/ou si vous avez accès à d’autres types d’accompagnements : l’envoi de colis n’est pas conditionné au fait d’accepter.

Option payante :
Si les solutions évoquées plus haut ne sont pas ou plus disponibles, la solution payante consiste à passer par les sites spécialisés en matériel médical. (En vrai ça revient à pas trop cher.) A titre personnel, on a déjà utilisé le premier de cette liste :

https://www.robe-materiel-medical.com/

https://www.distrimed.com/

https://www.mediprostore.com/

5.5 Point budget : combien pour un an de T ?

tous les prix listés ici sont des estimations

  • Testo : 30 euros environ pour une vial de 10 mililitres de T hors promotions pour les sources possédant une boutique en ligne (on peut trouver moins cher chez celles qui fonctionnent uniquement par mail mais c’est shady)
  • Frais de port : 20 euros environ en envoi domestique
  • Frais de réseau (si paiement en cryptomonnaies) : 10 euros environ pour être tranquille sur les blockchain bitcoin ou ethereum, moins ailleurs (ce montant peut avoir varié à l’heure où vous lisez cette brochure)
  • Matériel d’injection (si payant) : 15 euros environ pour 100 aiguilles de prélèvement, 100 aiguilles d’injection, 100 seringues et 100 tampons d’alcool à 70 degrés chez Robé medical (frais de port inclus)
  • Total : 75 euros

Frais de paranoïa sur la livraison (classés par montants) :

  • Poste restante : 5 euros pour un retrait colis
  • Téléphone à usage unique : 5 balles pour une carte SIM Lycamobile ou Lebara reliée à une identité fictive, environ 20 balles pour un dumbphone neuf avec un IMEI "propre" (attention à la fin de la 2G, beaucoup de features phones ne seront plus utilisables passé 2025)
  • Boîte aux lettres normalisée : 40 euros pour une boîte aux lettres à serrure normalisée dans un magasin de bricolage style Leroy Merlin (ou 10 balles le pass T10 pour une boîte aux lettres de récup, avec le risque que la serrure ne soit pas compatible)

Frais de paranoïa sur le produit :

  • Contenant adapté : 15-20 euros sur amazon pour un lot de vials soi-disant stériles en verre borosilicate avec bouchon en caoutchouc butyle cicatrisant (probablement du blabla mais ça fait le café) ; apparemment ça se fait aussi d’envoyer dans des flacons pour échantillon de parfum ou des vials pour autosampler avec bouchon qui se vissent
  • Labtest Janoshik : 55 euros pour une analyse qualitative seule ;120 euros pour une analyse qualitative ET quantitative (dans les deux cas, compter 6 euros environ de frais d’envoi en République tchèque)

Voilà, c’est fini pour la partie informative. Hésitez pas à nous faire parvenir vos corrections, compléments d’infos et retours en tous genre (rubrique "Nous contacter").

Si vous êtes bodybuildeureuse et que vous avez atterri ici un peu par hasard, pitié, écrivez-nous même si c’est pour nous dire qu’on a fait de la merde. En vrai, ce qu’on voudrait même si c’est complètement idéaliste, c’est la TESTOSTERONE COALITION !

Détournement d’une image tirée de l’anime Mob Psycho 100 montrant le bodybuilder Musashi serrant la main du chef de gang Onigawara. Les deux personnages sont respectivement associés aux inscriptions <q> Le forum du bodybuilding </q> et <q> Le délire transgenre </q>. Ils sont baignés par la lumière du soleil. L’inscription <q> Testostérone coalitions </q> surmonte le visuel.

A bientôt et bonnes expérimentations hormonales !

Annexe 1.

Remerciements et précisions sur notre politique de partage/pillage d’infos

L’essentiel des informations que nous avons rassemblé ici a été obtenu sur des forums de bodybuilding et, dans une moindre mesure, d’autosupport pour usagers et usagères de drogues. Tout y était accessible sans inscription ou compétences particulières : il ne s’agissait ni de darkweb, ni de forums privés, ni même de réseaux sociaux impliquant de se créer un compte. Nous ne nous sommes pas "infiltrés" dans ces espaces pour y voler de l’info. Pour autant, je considère qu’il n’est pas anodin de s’approprier les ressources communautaires des bodybuilders comme nous l’avons fait ici, car c’est bien d’appropriation qu’il s’agit. A vrai dire, en parlant de ce groupe sans jamais l’avoir consulté au préalable, nous avons clairement manqué du respect le plus élémentaire.

Au tout début du projet, un rapprochement avec des forumeurs avait été envisagé. Un an plus tard, en juin 2024, nous avons bouclé le texte de cette brochure entre un projet de loi réactionnaire sur les mineures trans et la percée des fascistes aux élections européennes. Depuis, on a eu le retour Trump. On avait beau voir venir tout ça, la rapidité du truc nous a quand même forcé à revoir nos priorités. Chers BB : on aurait bien aimé avoir un an de plus pour prendre le temps d’en discuter avec vous mais les choses changent trop vite. Et cela vaut pour l’underground des hormones également : en un an, on a eu le temps de voir passer une attaque massive et coordonnée sur l’un des principaux agrégateurs de HRT oestros et ses fournisseuses, ainsi que la plus grande vague de perquisitions de ces dernières années dans les usines de raws chinoises. Dans ces conditions, notre priorité est de sortir la brochure le plus rapidement possible : plus nous aurons eu le temps de nous familiariser avec le modèle actuel, plus nous serons à même de rebondir collectivement face aux difficultés qui s’annoncent.

Malgré tout, on tient à vous remercier d’avoir rendu cette brochure possible au travers de vos espaces de partage. C’est pas dit qu’on deviendrait très potes dans la vraie vie si demain on se croisait au bal des pompiers ou au top de Colmar. Pourtant, je pense qu’on aurait des tas de choses à se dire. Je suis persuadé que la rencontre entre pratiquants du DIY hormonal et chimique d’horizons différents pourrait donner lieu à des choses fantastiques (aussi bien dans nos undergrounds que dans nos prises de parole).

Pardon, donc, de ne pas avoir pris le temps de correctement œuvrer à cette rencontre. On va essayer de s’y mettre.

En attendant, merci à vous les centaines d’inconnus qui font vivre les espaces de partage d’information et d’auto-organisation que nous avons visité !

Merci les musclés :

Freezer, Simobbuilder, London, AD., BlackBaccara, Matsor, monichi, luis31, GiantMuscle, Molooo, didi, Strake, Billy, sosodef13, Liska (force à toi et que crèvent toutes les taules !), Xtop3, Ruhany, Tyson-74, John Jeeves, Selecto, Jimbox, hardcoreJo, melimelo, HardWork, Isis51, clemmla, olivierf57, MeRevoilaAssezVite, Silver11, Gregorius, cool.32, Shogun, barbarrian, Micka, Thor49, SWAT06, maxence47, JamesK, MuscleMachine, Olofmeister, thom, Yorka, Baron, Filou92, Psykokwak, muchacho, ymah, Kris67, B Ware, UncleBuns, MFAAS, Ghoul, Winnie the Pooh, nightprowler7, MindlessWork, Scottt, Spidey
les retraités et les bannis dont on voit plus les noms
les gens de PA et de PN : Plotchiplotch, Not For Humans, MorningGlory, Pesteux, Yog-Sothoth, Mister No, cependant, meuhmeuh, AnonLect, Prescripteur, Le_toxicophile, Locutus, Cub3000, Gerek, Agartha, Zenon, zizitaupe_meilleure_bande, Ji-doo, panoramixx, Sludge, Snap2, TripSitterFR, Cookies, Tridimensionnel, Acromyrex, je_ne_me_drogue_pas
les gens qui s’occupent des mortes sur bluelight
les gens des forums qui n’existent plus que dans la wayback machine
le forum vert
les meufs du groupe mail de L.
l’équipe de transfemscience
les trrransgrrrls
les administratrices anonymes d’agrégateurs de HRT DIY
les homebreweureuses qui postent des guides en ligne
les travailleureuses de l’ombre
le réseau infokiosques
toustes celleux qu’on a oubliées
Merci à vous, vous êtes notre internet !

T46.5, janvier 2025

Annexe 2.

Pourquoi cette brochure ?

Quand on a commencé à parler de ce projet autour de nous, c’était la question à mille balles : pourquoi décrire en détail les moyens de choper de la testostérone douteuse sur internet alors que le public transmasc français dispose déjà d’un accès à des THS satisfaisants, légaux, de qualité pharmaceutique et remboursés par la sécurité sociale ?

A l’époque, on répondait qu’on n’écrivait pas seulement pour les transmascs. Et que même au sein de ce public :

  • tout le monde ne peut pas ou ne veut pas passer devant lae médecinx
  • tout le monde n’a pas de camarade testo-usager ou testo-usagère sous la main pour faire du partage de dose ou des fausses ordonnances

A présent que la fascisation de ce pays est un petit peu plus apparente, on imagine que l’intérêt pratique de ce type de brochure le devient également : entre la montée des extrêmes-droites et les nouveaux projets de lois réactionnaires sur les mineurs trans, il est peut-être temps de s’intéresser aux circuits de secours.

Sur ce point, nous aurions tout à apprendre des transfems et de leurs incroyables circuits autonomes de production et de distribution d’hormones. Mais en attendant le jour où nous fabriquerons notre propre testo AOP Transland affinée 12 mois, on peut déjà aller en chercher là où elle ne nous a pas attendues pour pousser : dans les boutiques en ligne pour bodybuilders. Le problème, c’est que là où l’archipel transfem de production d’oestros s’inscrit dans des logiques de solidarité et d’auto-organisation, l’underground des stéroïdes fonctionne comme une branche parmi d’autres du commerce de substances illicites : à l’arnaque. Par conséquent, tant que nous n’aurons pas mis en place des réseaux solides, nous n’aurons pas d’autre choix que de transposer, mutualiser et rendre le plus accessible possible les savoirs permettant de naviguer dans ce merdier à moindre risque.

Voilà pour le côté pratique. Ceci dit, à la base, on ne fait pas ça seulement pour des questions de trans-effondrisme ou de réduction de risque. Ce guide existe parce qu’on milite pour la banalisation de l’usage des hormones sexuelles dans le cadre du consentement éclairé. On aimerait bien qu’on nous explique pourquoi ça serait tranquille de s’en servir à des fins de contraception mais alors la transition ouhlàlà non désolé no way ? Pourquoi les trans devraient demander la permission à des psychiatres là où un médecinx de ville peut en prescrire oklm à une ado cis de 15 ans pour une histoire d’acné ? Pourquoi tout le monde cherche tant à s’assurer qu’on est pas en train de faire une bêtise alors qu’on a aucun problème à décider à la place des enfants intersexes ?

Nous estimons que les hormones ne sont pas une grâce que le système de santé nous accorde, ni même un droit pour lequel nous devons nous battre mais une technologie gatekeepée qu’il nous appartient de collectiviser.

Et les trans la collectivisent déjà : production d’hormones en DIY, groupes d’auto-injec, de partage d’infos scientifiques, de matériel de RdR, de noms de médecinx... Certes, on est bien d’accord que ces milles et une initiatives qui font le petit monde de la débrouille hormonale ont autant à voir avec la galère qu’avec une éventuelle fougue révolutionnaire. Mais l’aide mutuelle trans ne fait pas que pallier les carences des institutions : il s’agit aussi et surtout du lieu à partir duquel on peut commencer à se penser collectivement. Et se rendre compte que militer pour la dépsychiatrisation des parcours de transition, ou plus généralement pour l’accès au corps, ça implique de se solidariser avec plein de monde. On ne peut pas revendiquer les hormones pour toustes sans exiger aussi la décriminalisation pour le travail du sexe, l’usage de drogue, le passage de frontière, le port du voile… et puis aussi la fin des prisons – bref, LA TOTALE

Alors est-ce qu’on est persuadéexs que le recours aux circuits clandestins aurait une supériorité morale intrinsèque par rapport aux traitements fournis par le système de santé officiel ? Certainement pas. On sait à quel point le fait d’avoir le choix de recourir ou non à ce système représente un privilège à l’heure où le Sénat vote la suppression de l’A.M.E.

Simplement, nous estimons que nous avons toustes intérêt à nous familiariser avec l’underground, afin de saisir toutes les occasions d’arracher ce que nous pouvons de nos transitions et celles de nos adelphes à des institutions qui n’ont aucune légitimité en la matière.

Testo iencli tant qu’il le faudra

Et à bientôt pour le front hormonal !

Annexe 3.

Quelques ressources pour aller plus loin

Sur le DIY hormonal dans une perspective trans :

Pendant que nous travaillions à cette brochure, l’asso Fransgenre a eu la même idée que nous et a sorti une ressource synthétique traitant aussi bien des œstros que de la testo. Un point de départ accessible et concis… mais n’offrant aucune information sur où et comment se procurer des hormones hors du circuit médical. En revanche, leur nouveau site de documentation recense des tas d’infos récentes et bien sourcées sur les THS – un must à consulter en priorité !

https://drive.google.com/file/d/14ri4mSvgCWJvwCh0_G_JKtWPvfnkaoja/view

On peut aussi citer la super brochure « œstrogènes et auto-médication » d’Aceptess-T, plus détaillée mais portant sur les oestros uniquement (et toujours pas d’infos sur où choper).

https://www.acceptess-t.com/_files/ugd/f4872e_46fecf8b4c424b20a9417c845c58c70b.pdf

Pour l’auto-injection, il existe des tas de guides. Le plus simple est de passer par wikitrans et d’en choisir un. Pour un mémo simple et efficace sur les étapes d’une auto-injection en intramusculaire, le format flyer du STRIP (Syndicat TRans des Injecteurices Précarisées) et du FLIRT (Front de Libération Transfem) est super. Plus aride mais riche en explications (et décrivant également la sous-cutanée), le dernier guide de cette liste est spécifique à la testo.

https://wikitrans.co/ths/fem/oestrogenes/oestrogenes-injections/

https://wikitrans.co/wp-content/uploads/2021/01/Guide_Injection_2.0_-_23_juin_2020.pdf

L’initiative irlandaise Trans Harm Reduction présente de nombreuses infos sur la réduction des risques liés au DIY hormonal. Consultez leur section « vial contamination » pour en apprendre plus sur comment ne pas niquer vos fioles (et vos muscles) avec des aiguilles non-adaptées.

https://transharmreduction.org/ (en anglais)

La boîte à outils trans : plein de calculateurs super-utiles pour estimer le coût d’une prise de sang non-remboursée, la durée de vie d’une vial ou le volume de produit à injecter.

https://baotrans.fr/

La liste de ressources du board TransDIY sur Reddit. Énormément de choses mais tout ne se vaut pas, et certaines infos ne sont pas adaptées au contexte européen. (Le lien ci-dessous utilise le front-end libreddit, qui permet d’esquiver la connexion obligatoire, n’hésitez pas à changer d’instance si private.coffee ne tourne plus) :

https://redlib.private.coffee/r/TransDIY/wiki/index (en anglais)

Pour les geekos, une vieille liste d’articles scientifiques en accès libre sous forme d’affreux google doc – lignes 215 à 333 pour les articles spécifiques au THS testo :
https://docs.google.com/spreadsheets/d/1d9KKqP9IHa5ZxU84a_Jf0vIoAh7e8nj_lCW27KbYBh0/edit#gid=3 (en anglais)

Sur le homebrew trans (en anglais) :

Le site des HRTcat – une mine d’or pour quiconque envisage de monter un UG lab ou s’intéresse de près ou de loin à la question. On conseille de consulter ce site en priorité sachant que les rédactrices ont déjà compilé une partie de la littérature existante à ce sujet et ont formulé plusieurs réserves sur les méthodes de stérilisation utilisées par les pionnières (notamment Lena). Disparition imminente – archivez les ressources qui vous sont chères !

https://hrt.cat/

Une archive au cas où (faites vos propres backups, les archives aussi peuvent disparaître) :

https://web.archive.org/web/20240120135149/https://hrt.cat/

Photomontage reprenant deux poules du film d’animation <q> Chicken run </q> sur fond de diagramme complexe représentant les différents acteurices de l’underground des hormones. Une première colonne liste les usines de raws, une seconde colonne les UG labs, une troisième les utilisateurices de stéroïdes (figurés sous les traits des personnages de Bridget dans le jeu vidéo Guilty Gears, Nights de Nights into dreams et le modèle anatomique 3D qui apparaissait déjà dans le visuel du chapitre <q> Après la commande </q>). Le premier personnage de Chicken run porte un calepin et un crayon, le second pointe du doigt le centre du diagramme où figure l’inscription <q> DIY HRT </q>. L’image est légendée : <q> Le pouvoir est logistique : je m’organise </q>.

Le guide de Tyger au format pdf. Cliquer sur « ouvrir le lien dans un nouvel onglet » pour accéder à l’archive du document. Il s’agit du seul guide émanant du milieu homebrew trans que nous ayons trouvé pour la testostérone.
https://web.archive.org/web/20230704075406/https://manufacturedbytyger.com/guides

Le guide « Boobs Not Bombs » axé oestrogènes transdermiques (une alternative aux injecs, yay !) par le Fairy Wings Collective (en anglais) :
https://fr/crimethinc.com/2022/12/15/producing-transdermal-estrogen-a-do-it-yourself-guide

Sur la Réduction de Risque, la santé communautaire et les politiques de la drogue :

ASUD (Auto-Support et réduction des risques parmi les Usagers de Drogues) fait partie des associations qui ont répandu la réduction de risque en fRance pendant la crise du VIH/SIDA. On trouvera dans le journal de l’association des précieux renseignements sur l’histoire de la guerre à la drogue et du mouvement anti-prohibition.

https://www.asud.org/asud-journal/

Initialement forum des usager.es d’ASUD, Psychoactif s’est autonomisé et constitue aujourd’hui une association qui milite pour la déstigmatisation et l’émancipation des personnes utilisatrice de drogues. Pour un aperçu de la position de leur équipe dans le paysage de la RdR, on peut consulter l’édition 2022 de leur fanzine.

https://www.psychoactif.org/documents/fanzine-6_web.pdf

L’association Techno+ émane du milieu techno et free-party et se revendique d’un modèle de santé communautaire. Elle fait de l’info, de l’analyse et tout un tas de truc autour de l’usage de produits en milieu festif.

https://technoplus.org/une-association-de-sante-communautaire/

Pour plus de renseignements sur l’analyse de drogue en fRance, on conseille ce numéro de la revue SWAPS, un journal à destination des professionnels de santé et du médico-social édité par l’association Pistes :

https://vih.org/kiosque/swaps-95-testing/

Sur l’auto-défense numérique :

Pour l’autodéfense numérique et l’anonymat, deux guides de références :

https://guide.boum.org/ (en français – très long et très complet, la référence en la matière)

https://anonymousplanet.org/ (son équivalent anglophone, régulièrement mis à jour)

Plus accessible et directement orienté vers ce qu’on cherche à faire, le forum de Psychoactif (association déjà mentionnée plus haut) comprend une section entière dédiée aux échanges sur la protection de l’anonymat lors de commandes sur internet ou sur les darknets :

https://www.psychoactif.org/forum/f80-p1-Anonymat-securite-sur-internet-Conseil-sur-deep-web.html

Leurs supers tutos sur Tails et GPG (les outils de base de l’anonymat en ligne) :

https://www.psychoactif.org/forum/t27073-p1-Tutoriel-Tails.html#divx

https://www.psychoactif.org/forum/t20188-p1-Tutoriel-GPG-notions-cryptographie.html#divx

Enfin, le site infokiosques.net regorge de ressources francophones détaillées et très accessibles, présentées sous forme de petits guides pratiques et de tutoriels sur des questions précises, n’hésitez pas à fouiller leur section « Informatique & défense numérique ».

Sur la culture de la sécurité de manière générale (pas que sur internet) :

Pour une introduction à la culture de la sécurité en milieu militant, on peut commencer par ce texte traduit et adapté de CrimethInc. :
https://infokiosques.net/IMG/pdf/security_culture.pdf

Si vous rejoignez ou formez un groupe nécessitant la mise en place d’une culture de la sécurité, vous pouvez consulter la brochure « comment se protéger et protéger nos luttes » ou bien la boîte à outils de la ZAD du Carnet (à peu près la même chose mais en plus concis) :

https://infokiosques.net/spip.php?article2017

https://zadducarnet.org/index.php/2021/01/10/guide-de-survie/

Enfin, pour les anarcho-énervéexs qui ont des bonnes raisons de penser que les autorités en ont après elleux, le site du No Trace Project (aussi connu sous le nom de CSRC - Centre de documentation sur la contre-surveillance) :
https://www.notrace.how/resources/fr/read/csrc-bulletin-1-fr.html

Sur les cryptomonnaies et les transactions anonymisée :

Un lexique complet et utile regroupant aussi bien les notions essentielles que le jargon du trading :

https://journalducoin.com/lexique/

Pour se faire une idée des racines idéologiques du truc, on conseille la page wikipédia du mouvement cypherpunk ainsi que la traduction française du « livre blanc du Bitcoin » (un document d’une dizaine de page décrivant les principes fondamentaux de la notion de cryptomonnaie) :

https://en.wikipedia.org/wiki/Cypherpunk (en anglais)

https://bitcoin.org/files/bitcoin-paper/bitcoin_fr.pdf

Une initiative individuelle listant différents CEX, DEX et agrégateurs d’exchange sur le critère « pas de KYC ou alors le moins possible » (en anglais) :

https://kycnot.me/

Un vieux thread de Meso-RX US sur le marché des services de désanonymisation d’utilisateurices de cryptomonnaies (bitcoin en particulier) :

https://thinksteroids.com/community/threads/bitcoin-as-a-government-surveillance-and-tracking-tool.134359148/ (en anglais)

Travaux universitaires sur la sociologie du bodybuilding (hors AAS) :

Deux papiers intéressants par le sociologue, économiste et adepte des salles de musculation Guillaume Vallet :
 un interview de la revue Ballast sur les implications sociales, économiques et psychiques de l’application du modèle de l’auto-entreprenariat au corps :
https://www.revue-ballast.fr/musculation-et-capitalisme-des-vulnerabilites-rencontre-avec-guillaume-vallet/
 sa thèse de doctorat sur le bodybuilding et la formation de l’identité de sexe masculine :

https://shs.hal.science/tel-01258493/document

Playlist hormonale :

https://talkshowboy.bandcamp.com/track/testosterone

https://soundcloud.com/helladubs/unknown-t-homerton-b-hellas-toxic-edit

https://soundcloud.com/anne-sylvestre-official/les-hormones-simone

https://soundcloud.com/logomagazine/lil-mystic-mix-4-logo

https://soundcloud.com/bisouslesfilles/petite-amie-sell-weed-to-buy-hormones

https://soundcloud.com/user-383908899/enfants-dla-rave

Annexe 4.

Nous contacter

Comme vous avez pu le constater, il y a des tas de trucs qu’on a pas couverts dans cette brochure.

Comment ça se passe pour le gel ou les autres formes de T ?

Pour la livraison hors france hexagonale ?

Pour faire analyser un produit dans le circuit UG ?

Aussi, on a probablement raconté des bêtises par endroits et il y a sans doute des
choses qui pourraient être mieux expliquées.

Si vous n’avez pas l’énergie, le temps ou l’envie de faire votre propre brochure mais que vous avez des corrections, des tips, des coups de gueule, des recettes de cuisine, des témoignages, des chansons, des photos – tout ce qui vous passe par la tête…

écrivez-nous à l’adresse du projet : t_4_6_and_a_half@disroot.org

PS : on sait pas combien de temps on sera actifves, attendez pas notre permission pour faire un numéro 2 ! Et n’hésitez pas à vous emparer du contenu de cette brochure si vous voulez en faire une version plus short ou légèrement différente : pas de copyright, diffusion libre et améliorations bienvenues !

[1Molécule
En chimie, une molécule c’est un assemblage d’atomes qui se partagent des électrons. Ce sont les électrons et la manière dont ils sont foutus (leur polarité) qui déterminent la capacité des atomes à se lier les uns aux autres au sein d’une même molécule et aussi avec les atomes des autres molécules.

[2Anabolisme
L’anabolisme désigne la phase du métabolisme (soit toutes les réactions chimiques à l’œuvre dans un organisme) au cours de laquelle des petites molécules vont être assemblées en grandes molécules plus complexes. En d’autre termes, on parle de construction de cellules, musculaires notamment.

[3AAS (Androgenic Anabolic Steroids)
Ici, « stéroïde » désigne en termes chimiques le groupe de lipides qui va se comporter comme une hormone, « androgénique » se réfère à un rôle dans le développement et l’entretien des caractéristiques considérées comme masculines et « anabolisant » renvoie à la croissance cellulaire. Les bodybuilders utilisent les AAS pour construire du muscle.

[4Pharma (ou pharma grade)
Se dit d’un produit supposément fabriqué dans un « vrai » laboratoire ou de qualité équivalente à ce qui se pratique dans l’industrie pharmaceutique. Qu’on soit bien clairs : il n’y a pas de pharma grade en dehors du circuit légal, juste du baratin et des contrefaçons plus ou moins adroites.

[5UG lab (UnderGround laboratory)
Laboratoire underground. Ce terme recouvre tout et n’importe quoi, des trois pélos qui mélangent leurs produits dans des pièces sans filtration à des mini-usines se targuant d’approcher les normes BPF/GMP appliquées par l’industrie pharmaceutique (on demande à voir). Si demain tu te mets au homebrew, ta cuisine est un UG lab.

[6Domestique (marché)
Le marché domestique ou « marché intérieur » désigne un espace sans frontières internes dans lequel on va appliquer le principe de libre circulation des marchandises, par opposition à l’import-export. Lorsqu’on dit qu’il n’existe pas de marché domestique pour les AAS en Europe, cela signifie qu’il faut les importer et donc qu’il n’existe pas de producteurs-distributeurs locaux (ou alors confidentiels, ou alors ils ne tiennent pas longtemps).

[7Raw
Principe actif sous forme de poudre. Pour réaliser une solution huileuse injectable, celle-ci sera dissoute dans une huile à l’aide d’un solvant.

[8Principe actif
Désigne dans un médicament la substance chimique qui a des effets positifs sur la santé, par opposition aux excipients (toutes les substances qui sont là pour conférer au produit fini des propriétés physiques, gustatives... etc. sans rapport à l’objectif thérapeutique).

[9Pays tiers (à l’U.E.)
Pays ou territoire non-membres de l’Union Européenne. Les marchandises en provenance de ces pays vont être taxées à leur entrée sur le territoire douanier de l’U.E, contrairement aux marchandises dites communautaires (produites sur le territoire ou pour lesquelles les formalités d’entrée ont déjà été accomplies).

[10Source
Dealer. La source est souvent un intermédiaire qui revend la production d’un ou plusieurs labos mais il arrive que des sources possèdent leurs propres laboratoires.

[11Vial
Le mot anglais pour « fiole ». Dans le monde du do-it-yourself hormonal, il désigne un contenant en verre supposément stérilisé qui n’est pas fait pour s’ouvrir : tous les échanges entre la vial et l’extérieur se font via une seringue qu’on plonge à travers un capuchon en caoutchouc cicatrisant.

[12Labtest
Faire un labtest signifie soumettre un produit à une analyse en laboratoire. Le commanditaire d’un labtest peut être un UG lab désireux d’évaluer la qualité de sa production ou bien un client/groupe de clients méfiants.

[13Quantitative (analyse)
Une technique d’analyse quantitative permet de déterminer la quantité (et donc le pourcentage) de chaque composant dans un échantillon.

[14Liste des interdictions de l’Agence Mondiale Antidopage
Liste répertoriant les substances et méthodes interdites aux sportifs et à quel moment. Les AAS sont bien entendu interdits en permanence (en et hors compétition). L’Agence Mondiale Antidopage est une fondation internationale indépendante, et son « Code mondial antidopage » un texte non-gouvernemental qui s’applique uniquement aux organisations sportives. Il a d’abord été adopté par le Comité international olympique puis repris lors de la Convention internationale de l’UNESCO contre le dopage dans le sport du 19 octobre 2005.
(Une convention internationale sert à harmoniser les lois de différents pays autour d’un même cadre juridique. Pour comprendre à quelle liste fait référence le droit français dans l’article L232-9 de son Code du sport, il faut donc remonter jusqu’à cette convention via l’article L230-2. On précise parce que le Code du sport ne mentionne jamais explicitement l’AMA et que ça peut être compliqué à suivre.)

[15Liste des substances vénéneuses de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé
En 2022, l’ANSM a été chargée par l’État français d’administrer le classement des substances vénéneuses (c’est-à-dire susceptible de représenter un danger pour la santé). Les substances sont classées comme vénéneuses et/ou psychotropes ou stupéfiantes, puis réparties en deux listes en fonction du degré de risque. Attention : l’emploi du terme « substance » indique que n’importe quel produit fabriqué à partir d’une substance classée tombe potentiellement sous le coup de la réglementation applicable aux substances vénéneuses. Dans notre cas, toutes les testostérones sont concernées, peu importe les esters ou le mode d’administration.

[16Médicament de liste I
Médicaments fabriqué à partir de substances classées comme vénéneuses par l’ANSM : ils ne peuvent être délivrés que sur ordonnance et pour une durée définie. Leur emballage porte un cadre rouge. Pour une définition légale de ce qui compte comme médicament, voir l’article L5111-1 du Code de la santé publique (au cas où vous vous poseriez la question : la testostérone UG achetée sur internet rentre sans problème dans cette définition).

[17Alternatives aux poursuites
Tu as commis une infraction ? Théoriquement, la justice est obligée de te poursuivre ou de classer l’affaire sans suite. Mais comme les deux l’emmerdent, elle a mis en place des voies de garage qui zappent le passage devant le juge sous prétexte de simplifier les procédures et désengorger les tribunaux. Lorsqu’on te propose la mise en œuvre d’alternatives aux poursuites, tu ne peux ni t’expliquer ni te défendre, juste accepter ou refuser. Concrètement, si tu reçois une convocation, tu ne vas même pas rencontrer de magistrat, juste quelqu’un chargé de te transmettre la décision du procureur et de te faire signer un papier attestant que tu es d’accord.

[18Injonction thérapeutique
Grosso modo, un juge t’ordonne de suivre un traitement médical (par exemple, on peut t’imposer le TSO si t’es là par rapport à ta consommation d’opiacés). Tu passes devant un médecin « relai » qui évalue la pertinence de la mesure, puis le suivi est délégué à un autre médecin que tu es censé pouvoir choisir toi-même. On écrit régulièrement des rapports sur si tu suis bien le traitement, comment tu y réponds, etc. il s’agit d’une mesure judiciaire utilisée en cas d’addiction ou de troubles psy notamment.

[19Amende forfaitaire (pour usage de drogues)
Il s’agit d’une amende que les flics et autres représentants de l’Etat n’ont pas le pouvoir d’adapter en fonction de la situation. Son paiement entraîne un classement sans suite du dossier, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de poursuites devant un tribunal. (Attention cependant : les contravention de polices sont inscrites au bulletin numéro 1 du casier judiciaire pour un délai de 3 ans.)

[20TRT (Testosterone Replacement Therapy)
Administration de testostérone en complément ou en remplacement de la production naturelle de l’organisme, celle-ci étant jugée défaillante. Contrairement au traitement hormonal substitutif utilisé dans le cadre d’une transition, il ne s’agit pas de modifier la balance entre les différentes hormones sexuelles pour aller vers un profil hormonal considéré comme « masculin » mais de faire évoluer un profil hormonal déjà considéré comme « masculin » vers les taux hormonaux qu’on estime être ceux de la bonne santé. Son usage pour combattre les effets du vieillissement fait débat chez les médecins.

[21Cure
Prise d’AAS étalée dans le temps, considérée dans une optique sportive d’amélioration des performances. La cure a un début, une fin et suit un programme détaillé. Chaque cure est liée à un programme d’entraînement et de nutrition spécifique, selon le profil du bodybuilder et les objectifs à atteindre. Lors d’une cure, le curiste est dit « ON » (sous produits).

[22PCT (Post-Cycle Therapy)
Prise de médicaments faisant suite à une cure d’AAS, destinée à prévenir les effets secondaires et rétablir l’équilibre hormonal de l’organisme.

[23Axe gonadotrope ou axe HPTA (Hypothalamic-Pituitary-Gonadal Axis)
Complexe formé par l’hypothalamus, la glande pituitaire, les gonades et le jeu d’interactions entre tous ces différents organes (ceux-ci se trouvent à différents endroits du corps mais sont considérés comme formant une entité à part entière par les endocrinologues). L’axe HPTA est impliqué, entre autres, dans les fonctions reproductives.

[24Endogène versus exogène
La production endogène d’hormones est celle qui a lieu à l’intérieur du corps (qui les synthétise lui-même). Les hormones exogènes sont produites et administrées depuis l’extérieur du corps. Attention : endogène et exogène ne veulent pas dire « naturel » et « de synthèse ». En effet, en pharmacologie, une hormone dite « naturelle » est une hormone bio-identique, peu importe qu’elle ait été synthétisée par un corps humain ou par un laboratoire.

[25Aromatisation
L’aromatase est l’enzyme responsable de la biosynthèse des œstrogène (estradiol, estriol, estrone) à partir d’androgènes (qu’il s’agisse de la production de testostérone naturelle du corps ou d’AAS). Dans le cas qui nous intéresse, l’aromatisation correspond au processus de conversion d’une partie des AAS utilisés en œstrogènes, aboutissant à des effets féminisants tels que l’apparition de gynécomasties.
Attention, ça ne marche que dans le sens androgènes vers oestrogènes : vous gaver d’oestros ne va pas faire monter votre testo.

[26Supraphysiologique (dose ou taux)
La quantité d’hormone que produit une personne fluctue selon le moment de la journée et tout au long de sa vie mais elle est supposée se maintenir dans une fourchette de taux considérés comme normaux chez l’humain en bonne santé. Toute dose d’hormone exogène qui fait sortir de cette fourchette par le haut est considérée comme supraphysiologique/suprathérapeutique.

[27THS ou HRT (Traitement Hormonal Substitutif ou Hormone Replacement Therapy)
Administration d’hormones (ici, sexuelles) destinée soit à influencer l’aspect des caractères sexuels secondaires dans le cas des THS dits f »masculinisants » ou « féminisants », soit à contrer ou retarder certains effets indésirables amenés par le vieillissement. Le THS de la ménopause est plus répandu et moins controversé que celui de l’andropause (notion elle-même controversée, à laquelle la littérature médicale préfère le terme « hypogonadisme[[Hypogonadisme
Dysfonctionnement des gonades aboutissant à une production insuffisante d’hormones sexuelles au regard de l’âge (contrairement à l’andropause ou la ménopause). Il peut être congénital ou acquis.

[28Blast and cruise
Cruiser consiste pour un bodybuilder à maintenir un apport de testostérone externe entre les cures afin de ne pas fatiguer l’organisme avec une alternance cure-relance à répétition. Le blast and cruise est parfois vu comme une sorte de TRT augmentée, permettant de conserver des performances accrues. La question de recourir au blast and cruise ou à la Trt émerge souvent après de nombreuses cures, au moment de lutter contre certains effets secondaires : fatigue, déprime, baisse ou disparition de la libido, infertilité...

[29Voies d’administration
Désigne l’ensemble des moyens par lesquels on peut absorber un médicament ou une substance chimique. Il y en a plein, réparties en trois grandes catégories : cutanéomuqueuse, entérale (absorption par le tube digestif soit tout ce qu’il y a entre votre bouche et votre anus) et parentérale (introduction par effraction des tissus biologiques, que ce soit les artères, les muscles, les cellules…)

[30Ester (d’acide carboxylique)
En chimie, un groupe d’atome dérivé d’un acide carboxylique. (Le terme « dérivé » signifie plus ou moins : « obtenu à partir de quelque chose d’autre mais qui conserve la même structure ».) En pratique, c’est parmi d’autres facteurs ce qui détermine la demi-vie d’élimination du produit qu’on va s’injecter, et donc la fréquence d’injection.

[31Solution huileuse injectable
Une des formes d’injection retard utilisées pour les hormones sexuelles (l’autre étant la suspension aqueuse injectable). Ici, l’hormone est dissoute dans de l’huile à l’aide d’un solvant. Une fois injectée, la substance ne va pas se répandre tout de suite dans l’organisme mais former un dépôt sur le site d’injection. Ce dépôt va lui-même mettre un certain temps à se dissoudre, étalant ainsi la libération de l’hormone dans le temps.

[32Lipophilie
Capacité d’une molécule à se dissoudre dans les matières grasses et les solvants apolaires. En chimie, une molécule c’est un assemblage d’atomes qui se partagent des électrons. Selon comment les électrons sont foutus, ça va influer sur la capacité des atomes à se lier les uns aux autres (au sein de la molécule mais aussi avec les atomes des autres molécules). On va parler de polarité et d’apolarité pour décrire cette tambouille entre électrons. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’apolaire se mélange bien avec l’apolaire (le gras avec le gras). C’est pour ça que le vinaigre (polaire) se mélange mal avec l’huile (apolaire) et forme des gouttelettes dans la vinaigrette.

[33Bio-identique versus non bio-identique
Une hormone bio-identique est une hormone dont la structure chimique est identique à celle que produit naturellement le corps humain. Les hormones non bio-identiques sont soit des hormones d’origine animale, soit des hormones dont la structure chimique a été modifiée afin d’obtenir des effets spécifiques… ou pour permettre à un laboratoire de déposer un brevet et s’en déclarer propriétaire.

[34Demi-vie d’élimination
Notion de pharmacologie utilisée pour quantifier la vitesse à laquelle un médicament disparaît de l’organisme (une demi-vie équivaut au temps nécessaire pour que la concentration d’une substance dans le sang chute de cinquante pour cent). On considère que l’essentiel du médicament a été éliminé au bout de cinq demi-vies.

[35Mix (ou blend) de testostérone
Combinaisons de plusieurs esters en un seul produit. On pourrait penser que ce genre de produits n’a été élaborées et utilisé que dans une optique de cure mais il semblerait que certain médecins hors France acceptent les protocoles de TRT sous mix pour leur patients bodybuilders.

[36Rep
Jargon de forum. Désigne la ou le représentant d’une source sur un forum. Lae rep officie principalement dans le topic dédié à sa source ; si iel poste ailleurs, iel devra signaler si iel le fait en tant que rep ou en tant que simple membre du forum.

[37Janoshik Analytical
Désigne un laboratoire d’analyse spécialisé en AAS basé en République tchèque (et parfois la personne à la tête dudit labo). Presque tout l’underground des stéroïdes fait tester ses produits chez Jano, ce qui entraîne des dramas à répétition.

[38Cryptomonnaies
Un truc de libertariens pour effectuer des transactions via un système qui ne dépende pas de l’État. L’idée, c’est que placer sa confiance en un intermédiaire juste parce qu’al possède une autorité c’est pas ouf, du coup mieux vaudrait mettre sa confiance dans une technologie. La technologie en question, c’est la blockchain.

[39Modèle de menace
Identification et classement par priorité des menaces potentielles. Réfléchir sur un modèle de menace adapté à une situation particulière implique de se poser des questions sur a) ce qu’on cherche à protéger, b) de quels ennemis et c) ce à quoi ressemblent les moyens de ces ennemis. A partir de là, on pourra essayer d’établir une politique de sécurité, c’est-à-dire un ensemble de pratiques cohérentes qu’on peut réalistement mettre en œuvre pour se protéger dans cette situation précise.

[40Pangea
Opération internationale de lutte contre la criminalité pharmaceutique coordonnée par Interpol. En France, elle mobilise de nombreux services de police judiciaire et possède un volet Internet. Pangea amène aussi bien des saisies de faux médicaments que des des ouvertures d’enquêtes ou des procédures judiciaires à l’encontre de sites web.

[41Wallet
Support qui stocke de manière sécurisée les informations permettant d’accéder à ses cryptos. Un wallet peut être un simple bout de papier sur lequel on aura noté sa clé privée. (Mais au tout début, pour générer les clés, il faut quand même faire appel à l’informatique.)

[42Custodial versus non-custodial
En anglais « to have custody » signifie quelque chose comme « avoir la garde ». Dans le cas d’un portefeuille custodial, on laisse la garde de nos cryptos à un tiers : c’est lui qui connaît notre clé privée, pas nous. Si on perd le mot de passe de notre portefeuille (qui est un simple mot de passe, pas une clé cryptographique), la clé privée est toujours stockée par le tiers donc l’accès aux crypto n’est pas définitivement perdu. Mais comme toute la philosophie des cryptomonnaies repose sur le fait de se passer de tiers de confiance et d’être sa propre banque, les wallets custodials sont considérés comme un truc de noob.

[43KYC (Know Your Customers)
Processus consistant à vérifier l’identité des clients d’une entreprise. Le processus KYC interdit l’anonymat ou le pseudonymat : le client doit être associé à une identité unique, réelle et légitime, garantie par des documents d’identité officiels.

[44Fiat
Monnaie dont la valeur dépend de règles édictées par un gouvernement et sa banque centrale. La valeur des monnaies fiat repose sur la confiance, elle n’est pas adossée à celle d’un métal précieux comme l’or. (Avant les années 70, le système monétaire international reposait sur un taux de change fixe vis-à-vis de l’or ; désormais, plus grand-chose n’a de valeur fixe, tout dépend des marchés, c’est le zbeul.)

[45Exchange
Plateforme d’échange de cryptomonnaies. Les exchange centralisés sont des entreprises qui se comportent comme des intermédiaires entre vendeureuses et acheteureuse. Les exchanges décentralisés suppriment cette notion d’intermédiaire : on y échange des cryptos en peer-to-peer grâce à des lignes de codes qui s’exécutent directement sur la blockchain.

[46Volatilité
Dans le monde de la finance, en caricaturant, un truc volatil est un truc qui est susceptible de valoir très cher un jour et plus rien la semaine suivante (et inversement).

[47Frais de transaction et frais de réseau
Les frais de transaction sont des commissions prélevées à chaque opération par les CEX et autres intermédiaires auxquels vous allez recourir pour tout ce qui touche aux cryptomonnaies. Les frais de réseau (gas fees) correspondent à une contrepartie versée aux membres du réseau qui prennent vos transaction en charge pour les intégrer à la blockchain (en « minant » des blocs).

[48Bloc explorer
Une sorte de moteur de recherche permettant de surfer dans le registre de la blockchain. On peut y consulter l’historique des transactions, la progression de la validation d’un nouveau bloc et, pour les blockchain complètement transparentes comme celle du bitcoin, les adresses concernées par une transaction.

[49Satoshi test
Le satoshi est une unité de mesure qui représente la plus petite fraction de bitcoin possible. Un satoshi test consiste à envoyer quelques satoshis depuis une adresse/wallet pour prouver qu’on en a bien le contrôle.

[50Réduction de risque (RdR)
Un concept pas très homogène qui vient du monde de la drogue et qui peut se voir associer différentes valeurs. Souvent, c’est l’idée d’apprendre à réduire les risques liés à la consommation de drogues et/ou aux pratiques à risques plutôt que de les criminaliser ou chercher à les éradiquer. Parfois, c’est un projet politique de changement des rapports de la société à ces pratiques (et pas juste une question sanitaire ou de pragmatisme).

[51CAARUD (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction de risques pour Usagers de Drogue)
Centre pratiquant l’accueil inconditionnel : on n’y demande pas d’avoir un projet d’arrêt de la conso, ni même d’être en demande d’accompagnement. On y trouve du matos de consommation à moindre risque, des aides pour tout ce qui a trait à l’accès aux soin, un coin canap’ et souvent des douches et des lave-linge en accès libre. Pour celleux qui cherchent à agir directement sur une addiction, il existe également des CSAPA (Centre de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) qui fonctionnent plus sur le modèle de la consultation avec des médecinx, infirmiers, psychologues et travailleureuses du social.

[52Spectroscope FTIR
Spectroscope infrarouge à transformée de Fourier. Ça se présente sous la forme d’une petite machine qu’on relie à un ordinateur. C’est portatif, rapide (quelques minutes), facile à prendre en main et ça ne détruit pas l’échantillon... Mais c’est très limité : les résultats sont exprimés sous forme de scores de ressemblance à tel ou tel spectre. A partir de là, à moins d’avoir un très bon score, ça devient un peu de la divination.

[53Réseau Analyse Ton Prod
Réseau national d’associations pratiquant l’analyse de drogue, porté par la Fédération Addictions. Il n’y a pas qu’elleux en france mais als disposent d’un labo parisien bien équipé à qui les structures ne disposant pas de labo sur place envoient les échantillons collectés. Partenaires de l’OFDT (le truc derrière SINTES).

[54SINTES (Système d’Identification National des Toxiques Et des Substances)
SINTES est une émanation de l’OFDT (l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives), un organe dont la fonction première est de renseigner l’État sur le produit en circulation. Le dispositif collecte principalement les échantillons de produit ayant provoqué des effets secondaires graves ou inattendus, excluant ainsi les analyses préventives avant consommation. Il suscite la méfiance de la part des usagers, ainsi que d’une partie du monde de la RdR.

[55Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
Déséquilibre hormonal assez fréquent chez les personnes avec ovaires, caractérisé par des troubles de l’ovulation, des signes d’excès d’androgènes, des kystes ovariens… En fait, comme tout ce qui commence par « syndrome », c’est un faisceau de symptômes qui ne sont pas toujours tous présents. Ce qui est intéressant pour nous là-dedans, c’est que pour poser un diagnostic, il faut tester plein de trucs via bilan sanguin.




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