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Un été à Berlin contre les expulsions et la gentrification Retour d’expériences et perspectives - août 2020

mis en ligne le 28 novembre 2020 - anonymes

Table des matières

Avant-propos

I) Berlin, les House Projects et l’Interkiezionale
Projets menacés d’expulsion

II) Organiser la guerre sociale sans mouvement social
Appel pour les Jours J d’expulsion
Rejoignez-nous !
Compte rendu de la manif du 1er août 2020 "Sortons de la défensive"
Analyse critique de la manif du 1er août 2020 "Sortons de la défensive"
Compte rendu & analyse de la sauvage post-expulsion du 8 août 2020
Couleur et pierres contre la Startup Factory
Attaque de pavés sur des voitures de la société immobilières Vonovia
Destruction d’une bagnole de flics
Barricades enflammées contre l’expulsion
Attaque des locaux de Vonovia : boule de peinture et portes scellées à Leipzig
La boutique de serrurerie de l’expulsion hors service
Peinture et verre brisé pour Saga
La sauvage s’est faite défoncer, exprimons notre colère ailleurs
Du feu pour le Syndikat
Une pelleteuse Eurovia-Vinci incendiée
Tous les jours c’est pareil, on casse les vitres du SPD
De la couleur et des pierres pour le campus EUREF
Dussman incendié

III) Sur la défense collective et la répression
Infos sur l’anti-répression pour la manif du 1er août 2020

IV) Perspectives
Tract d’appel à solidarité contre l’expulsion de la Liebig34
Appel à la semaine d’action du 7 au 13 septembre 2020 à Berlin
Appel à la manif internationale à Berlin le 31 octobre 2020


Avant-propos

Durant l’été 2020, nous avons passé plusieurs semaines dans un House Project de
Berlin, suite à l’invitation d’ami.es qui avaient déjà habité ici, pour aider les compagnon.nes
sur place dans leur lutte contre l’expulsion de plusieurs lieux. Notre séjour s’est articulé
autour de deux dates, celle de la manif du 1er août 2020 contre l’expulsion des projets
menacés et celle du 7 août contre l’expulsion du bar collectif Syndikat. Ces quelques
semaines, assez intenses, nous ont fortement marquées, tant par les lieux habités ou
traversés que par les personnes rencontré-es ou notre participation sur place à plusieurs
actions et manifestations. L’idée d’écrire cette brochure provient des nombreuses
discussions et réflexions que nous avons eu sur place, entre nous ou avec d’autres habitant.es : il nous a paru rapidement indispensable de partager ce que nous étions en train de
découvrir, d’abord pour inciter à plus de solidarité internationale, mais aussi parce que les
formes d’engagements et d’organisations rencontrées nous semblaient inspirantes.

Il est important de garder en tête que la lutte sur place est loin d’être terminée, que
cette brochure ne recherche pas l’exhaustivité et ne reflète que notre passage limité dans le
temps et l’espace. D’autres actions sont prévues après notre départ, tout comme beaucoup
d’autres actions nous ont précédé. Ce texte ne pourra jamais remplacer une expérience
concrète, donc n’hésitez pas à vous rendre sur place !

Afin de rendre compte au plus près de la lutte contre les expulsions, nous avons
rassemblé des éléments de contexte, des textes de présentation sur la manière dont la lutte
s’organise issus de blogs de collectifs, des appels à manifestations et action directes et des
communiqués d’actions publiés durant le temps de notre séjour. Nous voulons préciser que les différents éléments de contexte sont tirés de nos
discussions avec des compagnon.nes sur place, de recherches historiques rapides et de ce que
nous avons compris directement en participant à la lutte contre les expulsions. Tout ce que
nous avons écrit a été relu ou validé par des habitant.es du House Project qui nous a hébergé. Les textes issus de blogs ont été traduits avec l’aide d’habitant.es du House Project et comme
toutes traductions elles sont sujettes à une certaine interprétation. De plus, nous avons
choisi de féminiser les textes allemands qui ne l’étaient pas pour rendre compte de la participation des meufs dans la lutte. Nous avons annoté par le sigle « NDA » (note des auteur.e.s) certains textes traduits pour faciliter leur compréhension.

Pour des raisons de sécurité numérique, nous conseillons vivement de visiter les liens qui figurent dans la brochure par l’intermédiaire du système d’exploitation Tails et du navigateur de recherche Tor.

Berlin, les Houses Projects et l’Interkiezionale

Les modes d’organisation que nous avons expérimentés nous
semblent liés de près à la morphologie de la ville. Berlin est une ville
beaucoup plus étendue et beaucoup moins dense que Paris. Il y a
aussi plus de parcs qui restent ouverts toute la nuit. La limite entre
le « centre » et la périphérie est moins marquée, voir difficile à
cerner. Comme il y a moins de relief, et aussi pour des raisons de
surveillance, tous nos déplacements se sont faits à vélo - et il est
assez facile de s’en procurer ;). Pour le plus grand bonheur des
individu.es mobiles, il n’y a presque pas de caméras, ce qui donne
parfois l’impression étrange que tout est envisageable. D’autant
plus qu’il est possible, à l’aide d’une simple carte découpée dans une
bouteille en plastique, de pénétrer dans beaucoup de halls de la ville,
ceux-ci donnant accès à des cours intérieures.

L’omniprésence des tags, les traces d’actions passées, les
petites rues pavées, les parcs ouverts et les nombreux House
Projects semblent rendre la ville plus habitable. Dans tout Berlin, on
peut trouver plus de 200 House Projects. Ce sont des lieux
d’habitation collectifs qui existent depuis la vague de squat des
années 90. Après la chute du mur, durant plusieurs mois, l’Est
Berlinois s’apparentait à une zone libre. Les flics de l’Ouest ne
pouvaient pas encore se rendre à l’Est tandis que les flics de l’Est
désertaient. Cette année a permis la réquisition d’énormément de
bâtiments, certaines rues étaient même entièrement squattées.
Cependant, après l’expulsion de tous les squats de la rue Mainzer
qui a donné lieux à des émeutes sur plusieurs jours, de nombreux
squats ont choisi la voie de la légalisation par peur de l’expulsion. La
majorité des Houses Projects aujourd’hui à Berlin sont donc des
anciens squats qui ont obtenu des baux précaires et ne sont parfois
même plus considérés comme des lieux politiques. La plupart sont
loués ou achetés individuellement voir collectivement, parfois à
travers des sortes de coopératives, et peuvent aussi tout à fait être
récupérés comme des lieux alternatifs qu’il fait bon avoir dans sonquartier branché. Certains House Projets, comme la Rigaer94 ou la
Liebig34 sont cependant encore totalement ou partiellement
squattés et sont ainsi emblématiques du Berlin autonome et
révolutionnaire. Ces House Projects minoritaires qui refusent de
négocier avec les pouvoirs publics ou le proprio subissent des
menaces constantes d’expulsion.

En effet, Berlin n’échappe pas aux processus métropolitains
propres au capitalisme mondialisé, et la plupart de ses quartiers « centraux » se gentrifient ou sont déjà totalement embourgeoisés.
Les House Projects squattés sont un frein à la promotion
immobilière, en plus d’être des lieux d’organisation politique. Ils
subissent donc une double pression agissant conjointement : celle
des propriétaires, souvent des grands groupes immobiliers qui ont
racheté les immeubles et souhaitent aménager la parcelle ; celle des
flics qui patrouillent autour en camion, stationnent à proximité ou
harcèlent les habitant.es des House Projects les moins conciliants.

Les House Projects, bien que pratiquement tous situés à l’Est
de Berlin, ne sont pas forcément dans des quartiers dits alliés.
Certains sont même plutôt situés dans des quartiers définitivement
perdus car trop avancés dans le processus de gentrification. Ils sont
alors des îlots de résistance dans des quartiers devenus luxueux,
entourés d’immeubles neufs, de restaurants pour jeunes branchés et
d’espaces de co-working, mais n’hésitent pas à entretenir une
dynamique offensive par rapport à leur voisinage. D’autres se
trouvent dans des quartiers encore populaires mais en cours de
gentrification. La question des rapports entre les House Projects et
leur voisinage est donc un sujet majeur de réflexion.

Comme nous l’avons dit, les House Projects squattés subissent des
menaces d’expulsion constantes. Et si chaque House Project est
autonome dans son organisation, une structure inter-quartier,
l’Interkiezionale (kiez signifie quartier), permet depuis 2018 de
coordonner la lutte contre les expulsions en fédérant 7 ou 8 projets
menacés, malgré certaines différences politiques. C’est
l’Interkiezionale qui organise des manifestations ou qui publie des
appels à soutien et à action lorsque des lieux sont menacés. Cette
lutte contre les expulsions s’est articulée à la lutte contre la
gentrification de la ville. Ce n’est plus seulement la question de la
préservation des lieux existants, c’est une lutte pour une certaine
vision de Berlin, comme peut le montrer ce communiqué tiré du blog
de l’Interkiez :

Projets menacés d’expulsion
Attaquer la ville des riches - défendre les projets

La gentrification à Berlin se poursuit sans
cesse. Non seulement les personnes mais aussi les
espaces sont touchés : les espaces du mouvement
radical, les espaces ouverts, les espaces plus sûrs
pour les personnes discriminées, les espaces non
commerciaux, les espaces de la sous-culture, les
réseaux politiques et les espaces où les gens essaient
de vivre des utopies concrètes.

Une lutte - un combat

Ces dernières années, des espaces tels que le
projet de maison Liebig14, le centre de jeunesse
Drugstore, l’espace communautaire Friedel54,
l’espace DieselA & Sabot Garden occupé par des
roulottes (« wagon place »), l’occupation de la O-
Platz et l’école occupée sur la Ohlauer Straße ont
déjà disparu.

Mais cela ne s’arrête pas là. De nombreuxautres espaces sont actuellement menacés. Le
centre de jeunesse Potse, le House Project Liebig34
et le bar collectif Syndikat & Meuterei s’attendent à
une expulsion avant la fin de l’année (NDA : le
Syndikat a été expulsé le 7 août 2020). D’autres
espaces comme le House Project Rigaer94, le
House Project Köpi137, la maison communautaire
Lause10/11 ou le jardin communautaire
Prachttomate sont confrontés à une menace
similaire dans un avenir proche. (NDA : les projets
portent souvent le nom de la rue dans la quelle ils
se trouvent).

Pas d’espace - pas de mouvement

Ce sont des espaces qui vivent et se battent
pour un Berlin différent : un Berlin dans lequel
nous connaissons nos voisins, dans lequel nous
créons nos maisons et notre
quartier ensemble et déterminons
conjointement la manière dont
l’espace public est utilisé. Un Berlin où il y a de la place pour des manières de vivre que nous choisissons par nous-mêmes. Un
Berlin dans lequel nous pouvons
expérimenter des alternatives aux
relations d’exploitation et
d’oppression du travail salarié, du
travail du care, du système
éducatif, du loyer et de la propriété.

Comment voulons-nous nous battre pour une telle ville
lorsque ces espaces sont expulsés ? Où nous réunissons-nous pour des assemblées ?
Où peignons-nous des banderoles ? Où pouvons-nous organiser des événements pour nous éduquer ?
Où pouvons-nous organiser des événements non
commerciaux et sous-culturels, des concerts, des
groupes de lecture, des ateliers, des formations ou
avoir une cantine populaire ? Où peut-on se sentir en
sécurité face à la violence patriarcale et raciste ? Où
pouvons-nous nous réunir loin du contrôle
autoritaire - par exemple des parents, des
enseignants, des professeurs, de la police, des
supérieurs ou du personnel de sécurité - ou sans rien
consommer ?

Dans notre lutte pour une ville vivable, la lutte
pour ces projets est un élément essentiel. Nous
luttons pour la préservation de :

Liebig34 : La Liebig34 est un House Project
anarchiste, queer-féministe et auto-organisé, situé
directement sur la "Dorfplatz" à Berlin dans le
quartier Friedrichshain. La maison
est utilisée par différents collectifs : l’info-kiosque "Daneben", le L34-bar et le collectif d’habitant.es qui
est organisé sans mec cis. Des
personnes du monde entier, avec
des origines et des identités de
genre différentes.
Il est urgent de créer des espaces où
nous pouvons expérimenter la vie
collective, modifier le genre et
l’identité, où nous pouvons
développer, étendre et exercer des structures anti-patriarcales, des espaces où nous révélons les
structures de pouvoir et les privilèges et où nous
pouvons nous renforcer mutuellement.
Notre contrat s’est terminé en décembre 2018 et le
propriétaire G. Padovicz a refusé de le prolonger, mais nous sommes resté.es. Le 3 juin 2020, le
tribunal a tranché en faveur de notre propriétaire
et nous nous préparons maintenant à l’annonce de
notre jour d’expulsion (NDA : l’expulsion de la
Liebig34 est prévue pour la mi-septembre 2020).

Meuterei : Meuterei est un pub de quartier organisé
collectivement à Berlin dans le quartier de
Kreuzberg depuis près de 11 ans. Il sert de lieu de
rencontre, de salle de réunion ou de lieu
d’information et de manifestations musicales pour
les gens de la scène et du quartier. Depuis un an
maintenant, le pub existe sans contrat de location
et risque une expulsion, car Goran Nenadic de
Zelos Properties ne veut pas prolonger le contrat de
location et est arrivé avec des offres d’achat
absurdes entre 650.000 et 750.000€.

Syndikat : Syndikat est un bar
collectif qui existe depuis 1985 à
Berlin dans le quartier de
Neukölln. Dès le début, ce fut
plus qu’un bar habituel, mais
plutôt une salle de séjour
étendue et un espace
d’organisation pour les résident.es et au-delà. En 2018,
son contrat a été résilié sans
raison et sans négociations. Des
recherches menées par le
collectif et ses amis ont mis au
jour un réseau de boîtes aux lettres appartenant à
la famille milliardaire britannique Pears.
Jusqu’alors totalement inconnues à Berlin, elles
font aujourd’hui partie des 10 plus grands
propriétaires immobiliers de Berlin. Le procès
devant le tribunal a été perdu en novembre 2019 et
l’expulsion est datée du 7 août.

Potse : Le Potse et le drugstore sont les deux plus
anciens centres autonomes de jeunesse à Berlin.
Depuis près de 50 ans, les jeunes ont
une activité antifasciste, non
commerciale et autonome à Berlin
dans le quartier de Schöneberg. En
2015, cependant, le district berlinois
de Tempelhof-Schöneberg a arrêté
de payer leur loyer et a mis fin à
leur contrat. Les loyers n’étaient
plus abordables car le quartier
connaissait une
violente gentrification. Les 2 centres de
jeunesses autonomes ont été
remplacés par l’agence de
cohabitation et de co working Rent
24 et l’école de commerce BSBI. Fin
2018, le Drugstore a dû mettre les clés sous la porte.
Le Potse continue d’occuper les lieux afin d’exercer
une pression sur les politiciens et de lutter pour des
espaces alternatifs. Le 8 juillet, le tribunal a
ordonné l’évacuation du centre de jeunesse.

Et davantage :
Hausprojekt B5355 (le contrat touche bientôt à sa
fin) - Wagenplatz DieselA (squatté depuis
septembre 2018, s’est fait expulser et a déménagé,
nouvelle occupation depuis juin 2020) - Kiezladen
Friedel54 (expulsé en juin 2017, en exil jusqu’à ce
qu’iels trouvent un nouveau lieu en juin 2020) - Großbeerenstr.17A (expulsion illégale en avril 2019) - Hausprojekt Köpi137 (les propriétaires ont
vendu au printemps 2020, avenir incertain) - Hausgemeinschaft Lause 10/11 (menacé depuis un changement de propriétaire en 2017) - Besetzte
Ohlauer Schule (expulsé en janvier 2018) - Jugendzentrum Drugstore (en exil depuis décembre2018) - Hausprojekt Rigaer94 (le gouvernement
cherche des moyens de les expulser, propriétaire
inconnu) - Wagenplatz Sabot Garden & öffentliche
Brache “Widerst(r)and” (squatté sous le nom de
DieselA en septembre 2018, expulsion illégale en
février 2020) - Gemeinschaftsgarten Prachttomate
(menacé d’expulsion depuis novembre 2018, futur
incertain).

Organiser la guerre sociale sans mouvement social

En France, nos luttes se structurent généralement autour des
« mouvements sociaux ». Mis à part lors du dernier mouvement des
gilets jaunes, les manifestations, blocages, occupations et actions se
concentrent majoritairement pendant quelques mois, lorsque les
syndicats majoritaires décident de hausser le ton pour tenter de
s’imposer dans des négociations autour d’une loi ou d’une
restructuration d’entreprise. C’est triste à constater, mais nous
n’avons pas encore réussi à dépasser cette temporalité qui nous
échappe, et le cortège de tête en est l’exemple le plus flagrant : l’expression de notre radicalité peine parfois à dépasser les manifestations syndicales.

En Allemagne, il n’y a plus de mouvements sociaux à proprement parler. Ou plutôt, la pacification semble plus étendue encore qu’en France. Imaginez que la CFDT devienne le modèle du syndicalisme : plus de grèves massives, plus de manifs tous les jeudis et surtout vous n’êtes vraiment plus les bienvenu.es en tête
des cortèges. Les festivités du 1er mai sont organisées par la mairie
donc vous n’êtes plus les bienvenu-es non plus.

Pour exister politiquement, s’organiser et se défendre, les
compagnon.nes ne peuvent compter que sur elleux-mêmes. Ainsi,
les groupes autonomes constituent une force politique à part
entière. Les différents groupes affinitaires, qui ne correspondent pas toujours aux différents House Projects, se rencontrent
régulièrement pour réfléchir aux stratégies les plus adaptées selon
leur analyse du rapport de force actuel et planifient leur propre
calendrier d’actions ou de manifs de façon autonome, puis se
répartissent les taches d’organisation. Il nous a semblé que
l’autonomie des compagnon.es quant à leurs pratiques de luttes
permet une importante diversité de modes d’actions. Des actions
centralisés ou décentralisés, appelées publiquement ou entre groupes
affinitaires, offensives ou plus conviviales peuvent très bien
cohabiter sans qu’il y ait de hiérarchie entre elles. Par exemple, dans
la mobilisation contre l’expulsion du Syndikat, il y a eu des
rassemblements, des manifs appelées publiquement, des manifs
sauvages (appelées Sponti) et des actions décentralisées. Construire
sa propre force politique permet ainsi d’être autonome quant à la
façon de mener une lutte. Voici un exemple d’une des façons dont
l’Interkiezionale compte réagir à l’expulsion des projets menacés :

Appel pour les "Jour J" d’expulsion :

Nous appelons à des actions décentralisées et
à une manif sauvage déter et vener à 21H, le jour
de l’expulsion (jour J). Cela signifie
que si le Syndikat, Liebig34, Potse
ou Meuterei sont expulsés, il y aura
des actions décentralisées dans la
journée et une manif sauvage à 21H.
Le point de départ sera annoncé ici
dans la journée. On ne sait pas
encore si le jour J sera annoncé à
l’avance par les flics. C’est la raison
pour laquelle nous appelons à des
actions décentralisées toute la
journée dans Berlin et ailleurs.
Préparons-nous et agissons de
manière auto-organisée !

Mais nous ne voulons pas seulement attendre le
jour J. Invitez-nous à vos événements pour des
moments d’information, venez à Berlin ou
organisez des actions dans vos propres villes.
Soyons créatives, solidaires, résistantes et
militantes, contre la ville des riches, défendons nos squats !

Ce texte et le suivant proviennent de
l’Interkiezonale et peuvent être retrouvés ici en
anglais
.

Rejoignez-nous !

Pour nous, le jour J (jour de l’expulsion) c’est
déjà trop tard. Nous voulons empêcher une
expulsion et nous défendrons nos espaces quoi qu’il
arrive. C’est pourquoi nous luttons déjà contre ceux
qui veulent nous expulser : entre autres les
propriétaires, les tribunaux, la police et le Sénat de
Berlin. Des élections auront lieu à Berlin l’année
prochaine et ceux qui vendent la ville cherchent
des voix. La dernière chose que les partis
gouvernementaux veulent, ce sont des émeutes et
des actions directes qui assombrissent leur
campagne électorale.

Vous voulez vous battre avec nous ? Invitez-nous à des événements d’information, passez nous voir ou faites des actions dans votre propre Kiez et
votre ville. Surveillez les annonces, venez à nos
événements d’information. Soyons créatif.ives,
solidaires, résistant.es et militant.es. Contre la ville
des riches - défendons les projets !

En plus de ces appels à sponti (manif sauvage) les jours
d’expulsion, l’Interkiezionale organise aussi des manifestations
déclarées. L’auto-organisation de ses propres manifs permet une
meilleure préparation de celles-ci. Le trajet est pensé pour permettre
le plus de conflictualité possible, des points de départ en sponti et des
points de dispersion sont planifiés à l’avance, des codes visuels et
sonores sont choisis, un plan B est prévu, les premières lignes sont
pré-établies. Une carte de la manif avec le parcours et les points de
tensions potentiels est rendu publique quelques jours avant les
manifs. Organiser des manifs avec ses propres forces permet aussi de
se sentir plus à l’aise quant à certaines pratiques : tout le monde est
masqué, ganté, vêtu de noir et personne ne viendra vous faire la
morale si vous vous en prenez à la première banque qui passe. Le 1er
Août 2020 a eu lieu une manifestation déclarée, organisée par
l’Interkiezoniale, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes
avec un fort degré d’intensité. Voici un compte rendu par
l’Interkiezionale de cette manif.

(...)

Parallèlement à ces moments de manifs déclarées ou sauvages
il y a eu, pendant notre séjour, beaucoup d’actions directes
réunissant parfois un grand nombre de compagnon.nes et pouvant
être synchronisées dans plusieurs villes/secteurs différentes pour
faire pression contre les expulsions. Nous vous avons traduit
quelques communiqués d’actions en lien avec le mouvement qui ont
eu lieu pendant que nous étions sur place, vous pouvez les retrouver
en allemand pour la plupart sur le site chronik.blackblogs.org :

Couleur et pierres contre la Startup Factory

2 août 2020, Berlin

Le 1er août 2020, une manifestation
organisée à l’échelle nationale sous le slogan
"Sortons de la défensive" a eu lieu à Neukölln.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté
contre les prochaines expulsions du Syndicat, et
d’autres projets menacés tels que la Liebig 34, le
Potse/Droguerie, la Mutinerie et Rigaer94. Du
début à sa dissolution prématurée, la
manifestation a été exceptionnellement puissante
et dynamique.

Plusieurs lieux symboliques de la répression
et de l’embourgeoisement ont été attaqués
pendant la manifestation, et même après la
dissolution, les gens marchaient encore dans les
rues en petits groupes pour exprimer leur colère.
Dans la soirée, une manifestation spontanée a eu
lieu à travers le Prenzlauer Berg. Nous étions très
heureux.ses de cette manifestation, pour laquelle
beaucoup de gens avaient évidemment déjà pensé à des actions décentralisées.

Nous aussi, nous ne voulions pas laisser cette
journée se terminer et nous voulions apporter une
nouvelle contribution à l’Interkiezionale. Dans la
nuit du 1er au 2 août, nous avons visité la startup
Factory de Treptow. Avec beaucoup de gens, nous
avons attaqué le bâtiment avec des pierres et
de la peinture . Certains spectateurs ont
remarqué l’action et ont demandé si nous étions
des Antifa et s’ils
pouvaient
participer. Il est
évident qu’il y a
aussi des personnes
en dehors de nos
structures qui ne
veulent pas
accepter les conditions
qui prévalent et qui
comprennent et
partagent notre langage et notre motivation. Dans
la Factory, la nouvelle classe créative et
enthousiaste de la technologie se réunit et, sous le
patronage de grandes sociétés de technologie et
d’investissement, elle est censée faire vivre son
idée de start-up. Les lieux comme la Factory ont
un effet rétroactif sur le quartier dans lequel ils
s’installent. Depuis des années, Berlin tente de
devenir le nouveau point chaud de la scène des
start-up. Le fait que cela change la ville au
détriment des personnes à faibles revenus est
politiquement calculé et voulu.

Nous continuerons à lutter contre le bradage
de la ville et à empêcher l’expulsion de nos lieux et projets.

Vendredi prochain, le 7 août 2020, le Syndikat,
en tant que premier des projets menacés sera
évacué. Si l’on en arrive là, le jour X sera déclaré.

Nos idées et nos conceptions d’un autre monde ne peuvent pas être effacées !
Sortons de la défensive !

Attaque de pavés sur des voitures
de la société immobilière Vonovia

Réaction militante à l’occupation du Schillerkiez, quartier du squat Syndikat

6 août 2020, Berlin

Nous sommes partis en petit groupe hier soir
pour mettre hors service trois voitures de
l’entreprise Vonovia [1] à trois endroits
différents de la ville. Nous avons utilisé des
pavés pour nous assurer que les voitures seraient
belles et bien hors d’usage le jour suivant.

Cette action est une réaction à l’opération
d’expulsion du Syndikat qui a commencé hier. Le
SPD, la gauche, les Verts et leurs sbires ont décidé
d’occuper le quartier résidentiel environnant deux jours avant l’expulsion de demain pour réprimer les protestations. L’autorité chargée d’accepter ou
non les rassemblements et manifs, qui pendant des
semaines n’a tout simplement pas
réagi à l’enregistrement de la « Longue Nuit » [2] de la Weisestraße, l’a maintenant
interdite en coordination avec les
flics responsables du plan
d’expulsion. Cette stratégie montre
qu’il est définitivement temps de
passer de la protestation à la résistance.

Il existe une longue pratique militante contre
les grandes sociétés immobilières comme Vonovia.
En lançant nos pavés, nous sabotons leurs
opérations et développons nos compétences en
matière de conspiration, qui font tout simplement
partie intégrante de journées comme celle-ci.

Défendons le Syndikat !
Vive la solidarité inter-quartiers !

Destruction d’une bagnole de flics
Une patrouille dispensée

7 août 2020, Berlin Kreuzberg

Bonjour, chers porcs,

A l’occasion de l’expulsion du Syndikat, nous
avons brisé les vitres de l’une de vos
bagnoles devant l’hôpital Urban.
Mais ne vous inquiétez pas, vous pourrez les
retrouver en mille morceaux sur le siège de votre voiture.

Amusez-vous bien à les assembler !

Syndikat Jour J – Barricades enflammées contre l’expulsion

7 août 2020, Berlin

Alors que des centaines de personnes étaient
dans les rues de Schillerkiez, s’opposant aux sbires
du capital, nous avons décidé de saboter
l’expulsion du Syndicat à un autre endroit. Avec
des pneus et quelques litres d’essence, nous
avons barricadé le Britzer Damm [3] à 5h30 du
matin, à la hauteur de l’accès à l’autoroute ,
qui a ensuite été fermée pendant plus d’une heure. Depuis le pont piéton, une banderole a fleuri enmême temps, visible de loin : « Feu et flammes
pour la ville des riches - le Syndikat reste !
 »

Le gouvernement du SPD, des Verts et de la
Gauche a montré une fois de plus comment il
défend les intérêts du capital : avec la violence de
ses tas d’ordures en uniforme. Notre haine est
dirigée envers ceux qui sont au pouvoir, notre
sympathie et notre solidarité vont au peuple qui
lutte pour une ville d’en bas !

P.S. : +++ 21 heures Day-X Sponti Richardplatz +++

Attaque des locaux de Vonovia à la
boule de peinture et portes
scellées à l’est de Leipzig

7 août 2020, Leipzig

Dans la nuit du 6 au 7 août, nous avons laissé
un petit message de solidarité pour le Syndikat du
quartier Schiller de Berlin sur la façade du site de
Vonovia dans la Oststraße.

Si vous nous prenez nos locaux, nous savons
qu’ensuite ils participeront de manière
significative à la planification, à la construction et
à l’obtention de revenus dans les villes des riches - qu’il s’agisse d’une société de boîtes aux lettres ou
d’une société immobilière de plusieurs milliards de dollars.

Une lutte, un combat !

La boutique de serrurerie hors service

7 août 2020, Berlin - Charlottenburg [4]

Le service de serrurerie "Karlheinz Hinz" qui a
été sollicité par l’huissier, ne participera pas au
spectacle de l’expulsion du Syndikat.

Vers 3 h 30 du matin, toutes les vitrines de
son magasin au 93 de la Kaiserin-Augusta-Allee à Charlottenburg ont été détruites. Sa voiture a été aplatie et du hareng fermenté
(une friandise suédoise qui sent mauvais) a été
versée dans la cabine du conducteur.

Chaque expulsion a son prix !

Commentaire : Fenêtres brisées sur la flottwellstraße près de Ziegert
7 août 2020
Pendant la nuit, les fenêtres de deux salles
d’exposition de Ziegert-immobauten dans la
flottwellstraße ont été endommagées.

Peinture et verre brisé pour SAGA, un cadeau pour Schenz

8 août 2020, Hambourg

En réponse à l’expulsion du Syndikat, nous
avons décidé d’attaquer un acteur local du
déplacement de
population et de
l’embourgeoisement. Nous, une cellule anti-terroriste autonome, avons été obligés de décorer la façade du bureau de gestion de biens de la
SAGA (Methfesselstraße 37, Eimsbüttel) dans la
nuit du jour J. Avec 10 bombes de peinture, faites de
simples bombes à eau et de peinture murale dissoute
dans l’eau, une pierre et des graffitis , nous avons
reçu la mission de venger l’expulsion du Syndikat !
Le pavé est un beau cadeau et la vitrine est percée
d’un trou de 20 cm de large. Les bombes de
peinture décorent maintenant la façade du
bâtiment en rouge et annonce "Syndi lives" - en signe de solidarité avec le Syndikat
malheureusement expulsé.

SAGA est le premier groupe immobilier de
Hambourg et possède plus de 135 000 appartements
et plus de 1 500 immeubles commerciaux. Cela en
fait l’une des forces les plus puissantes de
l’embourgeoisement de notre ville. (...) Nous
n’accepterons ni ne tolérerons que nos quartiers et
nos espaces ouverts soient encore plus dégradés !
C’est une raison suffisante pour mener à bien une
telle action. ALERTA !

Jour J : La sauvage s’est faite défoncer - Nous avons exprimé notre colère ailleurs

8 août 2020, Berlin

Au cours des dernières semaines, des
émeutes répétées ont eu lieu à Berlin entre des
personnes déter et les flics. Que ce soit parmi les
jeunes qui traînent aux parcs Mauer et
Gleisdreieckspark, de manière spontanée ou lors
de manifestations. (NDA : pendant la crise du
coronavirus des jeunes se réunissaient dans les
parcs cités pour s’attaquer à la police).

Lors de la manifestation de samedi dernier,
plusieurs centaines de flics ont dû manger des
pierres et divers autres objets jetables. En outre,
des bâtiments et des institutions qui, selon nous,
représentent la ville des riches, ont été attaqués.
Un sentiment d’impuissance, qui prévaut souvent
lors des manifestations (berlinoises), a été
collectivement brisé et transformé en une
dynamique offensive.

Après que la sauvage du Jour J ait été arrêtée
et encerclée après 50m la nuit dernière, nous
avons utilisé le courage gagné ces dernières
semaines pour exprimer ailleurs notre colère à
propos de l’expulsion du SyndiKat.
La même nuit, nous avons attaqué le
bureau de la société immobilière Covivo et
martelé ses fenêtres . Covivo est l’une des plus
grandes sociétés immobilières d’Europe et possède
également 40 000 unités résidentielles en Allemagne. Ici, à Berlin, ils font la publicité de la vie branchée dans le centre-ville.

Surtout lorsque
les manifestations se soldent en
défaites, sont arrêtées ou
dispersées, la soirée n’est pas
terminée pour nous, elle ne fait
que commencer !

En solidarité avec le Syndikat et tous les autres projets
menacés ! Flics, chacals de l’immobilier – cassez-vous de nos villes !

Du feu pour le Syndikat

8 août 2020, Berlin

Dans la nuit du 8 au 9 août, nous avons laissé
un camion de l’entreprise de construction
Strabag partir en flammes dans la
Wadowstraße. Après l’expulsion du Syndikat et la
destruction de plusieurs de nos manifs par les flics,
nous tenons notre promesse de rembourser ces
attaques par des dommages matériels.

Prolongez le jour J !

Une pelleteuse Eurovia-Vinci incendiée

9 août 2020, Berlin

Dans la nuit du dimanche 9 août, nous avons
mis le feu à une pelleteuse appartenant au géant
français de la construction Eurovia-Vinci dans la
rue Alexandrinens à Berlin dans le quartier de
Mitte. Ce groupe gagne son argent, entre autres,
grâce au commerce de l’enfermement, sous forme
de projets de construction de prisons, de
construction de camps de détention de sans papiers
ou de sécurisation des frontières. Mais Eurovia-
Vinci est aussi un acteur majeur dans les projets
d’infrastructures tels que les autoroutes et les
aéroports, et est responsable de la destruction
massive de la planète et de la transformation de
notre environnement en désert de béton.

C’est donc une cible appropriée pour exprimer
notre colère face à l’existant et, actuellement, contre
l’évacuation d’espaces collectifs et auto-organisés
tels que le Syndikat vendredi dernier. Mais cette
attaque doit également être comprise comme un
geste de solidarité avec les prisonnier.es et en
particulier avec les accusé.es du procès de Parkbank
à Hambourg [5]. Même si la situation a été un peu plus calme ces derniers
temps, nous ne vous avons certainement pas oublié !
Salutations chaleureuses et beaucoup de force ! (A)

Tous les jours c’est pareil,
on casse les vitres du SPD

10 août 2020, Berlin

Ce que le SPD de Berlin [6] et les flics n’ont pas signalé jusqu’à
aujourd’hui, ce sont les fenêtres brisées du
bureau du SPD de Thomas Isenberg dans le centre
commercial de Hansaplatz, dans le quartier de
Tiergarten à Berlin, avec le slogan "chaque
expulsion a son prix".

Le même bureau a déjà été la cible de jets de pierres en 2017.

Les lignes de conflit sur le terrain sont restées les
mêmes. Un service de sécurité privé vient d’être
engagé pour patrouiller sur la Hansaplatz afin
d’expulser les sans-abri. 40% des coûts sont payés par le district.

Que les expulsions s’arrêtent maintenant !

De la couleur et des pierres pour le campus EUREF - Chaque expulsion a son prix

11 août 2020, Berlin

Au bord de l’île rouge à Schöneberg, un
"quartier urbain intelligent" [7] se
développe depuis 2008 autour du « gazomètre »
sous le nom de Forum européen de l’énergie, ou
Campus EUREF en abrégé. Des dizaines
d’entreprises font des recherches et développent la
"ville intelligente du futur" sur le site, qui sert de
référence pour la stratégie de la ville intelligente du
Land (NDA : région) de Berlin, au sein d’un
consortium de grandes sociétés établies comme la
Deutsche Bahn, GASAG ou bientôt Tesla et des
start-ups. Un véritable laboratoire pour rendre
Berlin attrayante en tant que site technologique sur
le marché mondial.

Mais à y regarder de plus près, ce qui est
présenté ici sous le couvert de la protection du
climat et de la durabilité se révèle être un
cauchemar cybernétique. Après tout, la ville
intelligente et le réseau global qui l’accompagne
impliquent avant tout un contrôle de grande
envergure. Pour qu’une ville devienne intelligente,
elle a besoin d’une énorme quantité de données, et
chaque mouvement doit donc être enregistré et
évalué afin d’être valorisée puis rentabilisée. Cela
rend le comportement des habitant.es de plus en
plus prévisible et contrôlable, et c’est précisément
l’intérêt des entreprises qui travaillent sans relâche à
la restructuration de la ville à l’aide d’innovations
technologiques. Il est évident qu’il n’y aura pas de
place pour une vie autodéterminée et des espaces
incontrôlés au-delà du recyclage et de la
consommation [8].

Mais attention, là où des visions d’un avenir
effrayant prennent forme, là où les machines sont
censées apprendre à agir et à se déplacer de manière
autonome, les lanceurs de pierres autonomes ne
sont parfois pas loin. Nous aussi, dans la nuit du 11 août, nous avons déclaré que cet endroit était notre
véritable laboratoire et nous nous sommes entraînés
à jeter des pierres et des verres de couleur en tant
que spectateur.trices indésirables. Deux immeubles
de bureaux sur le site sont maintenant bien sales et
la caméra est devenue aveugle grâce à notre
extincteur de peinture. (...) La raison de notre action
est l’expulsion du Syndikat vendredi dernier, qui
nous met sacrément en colère.

(...)

Sur la défense collective et la répression

La question de la répression et la façon de s’organiser face à
celle-ci a été très présente lors de notre passage. Nous avons été
impressionné.es par la volonté de se défendre collectivement. Pour
vous donner une idée, voici une série d’infos partagées sur le blog
de l’Interkiezonale visant à se préparer au mieux à la manifestation du 1er août.

Infos sur l’anti-répression pour la manif du 1er août

La manif aura lieu dans le quartier de Neukölln à
Berlin. Le Nord Neukölln est depuis longtemps un
quartier où vivent des personnes précaires et aux
faibles revenus, et aussi des personnes issues de
l’immigration. Jusqu’il y a quelques années, le
quartier était composé d’appartements et au rez-de-chaussée des kiosques, des bars à chicha, des boulangeries, des épiceries et des petits commerces.
Le secteur s’est de plus en plus gentrifié depuis
quelques temps maintenant. Du coup, des cafés et
magasins hors de prix ainsi qu’une population plus
aisée s’est installée à la place des anciens petits
magasins et locataires. De plus en plus de magasins
ou de grandes entreprises aparaissent sur les places
et dans les rues principales de Neukölln. Ces
dernières années, l’État a notamment contribué à
l’embourgeoisement et au déplacement des
habitant-es. Les grands projets de construction, les
raids réguliers contre les petites entreprises de
migrants et les flics qui criminalisent et expulsent
les gens dans la rue jouent un rôle central dans le
changement qui a lieu à Neukölln. Le quartier abrite également le Syndikat, le bar menacé d’expulsion.

[...]

Quelques tactiques des flics de Berlin :

Les flics berlinois ont une tactique anti-insurrectionnelle vieille de dix ans, dont certaines sont spécifiques à Berlin. Les représentations
suivantes sont basées sur des expériences du passé
et ne constituent pas une prédiction de la stratégie
des flics ce jour-là.

Une procédure courante
pour les manifestations
autonomes consiste à
encercler le point de départ
de la manifestation et à
contrôler et fouiller les
personnes qui veulent se
rendre au point de
départ. En outre, mais
moins fréquemment, les flics contrôlent les routes
et les stations de métro à proximité. Il est rare que
les flics contrôlent les points d’accès à Berlin (gare
centrale, Ostkreuz, etc.).

Souvent, les flics essaient de contrôler les manifs en
marchant à proximité ou en se plaçant en rang juste
à côté de la manif. Dans des cas extrêmes, les flics
créent une nasse ambulante, où la manifestation est
accompagnée de près par des flics de tous les côtés.
Les flics de Berlin filment beaucoup et se
concentrent sur des détails tels que les chaussures
ou d’autres caractéristiques des vêtements
(marques, coutures colorées, patchs, etc.). Outre
l’obtention de "preuves", l’objectif est d’identifier les
auteur.trices présumé.es à un stade ultérieur, car les
arrestations n’ont souvent lieu qu’à ce moment-là.

Les flics attendent souvent la dissolution officielle
de la manifestation ou arrêtent même les gens des
heures plus tard dans les rues autour de la manifestation.

Comment vous préparer à la manifestation :

Portez des masques et des gants pour vous protéger
et protéger les autres. Familiarisez-vous à l’avance
avec l’itinéraire et les environs. Réfléchissez à la
façon dont vous pouvez participer à la manif avec
votre ami.e, vos ami.es et/ou votre groupe
affinitaire afin de prendre vous-même des
initiatives. Faites attention aux personnes qui vous
entourent et aux annonces par mégaphone. Si vous
observez des arrestations, signalez-le à l’équipe juridique.

(...)

Ce que vous devez laisser à la maison : téléphone portable privé, stupéfiants, objets pouvant servir d’armes, chiens, vélos.
Ce que vous devez apporter : un masque, des gants.
Ce qui peut être cool d’avoir : la carte d’action imprimée, banderoles, parapluie, veste de pluie ou vêtements de rechange.

Lieux de couchage :

Veuillez envoyer toutes les demandes et offres le plus tôt possible à : interkiezkissen[at]riseup.net.

[...]

La version originale en anglais peut être retrouvée ici :
https://eninterkiezionale.noblogs.org/

mande pour sa gestion anti-émeute basée sur la désescalade,
c’est-à-dire la diminution de la tension entre flics et manifestant.es,
comparée à une police française jugée trop agressive. A certains
moments, nous avons eu l’impression que la police choisissait
effectivement d’éviter de rentrer dans la foule, là ou on aurait bien
imaginé des BRAV charger et matraquer dans le tas. A ces moments
là, les anti-émeutes allemands se contentaient de bloquer la manif
ou de « pousser ». ACAB cependant, et les anti-émeutes allemands
sont aussi bourrins et violents que leurs homologues français. Ils
peuvent décider de disperser la manif, sans gaz, sans flashball, mais
par de longues charges en colonnes, à coups de poings.
L’organisation de la manif prend en compte ce type d’intervention
et souvent les premières lignes pré-organisées, compactes ou
équipées de banderoles, tentent d’empêcher ces incursions. Les
garde-à-vue sont moins longues, mais la détention provisoire plus
fréquente, notamment pour les étranger.es.

Un autre élément qui nous a marqué, c’est une certaine forme de
rigueur dans l’organisation. De ce qu’on a vu, les gens arrivent à
l’heure (quelle que soit l’heure), et quelque soit la météo, ne boivent
pas d’alcool dans les réunions, s’écoutent, viennent sans leurs
portables ou sont capables de se transmettre des messages
rapidement sans passer par les moyens de communication
traditionnels, réalisent leurs tâches à temps et sans qu’on les
relance, ne parlent pas de tout n’importe quand et n’importe où. Et
tous ces éléments relèvent de l’évidence, c’est à dire que les
57 compagnon.nes ne prennent même plus la peine de les préciser. Là
ou parfois en France on a l’impression que ce sont les mêmes
personnes qui galèrent à répéter toujours les mêmes infos ou à
demander de respecter des protocoles de sécurité basiques, sur
place ces questions ne se posaient même pas. C’est peut-être
caractéristique du lieu et des gens que nous avons rencontré, mais
ces pratiques semblaient tout de même répandues.

Pour certain.es d’entre nous, il a semblé lourd de s’organiser
avec autant de rigueur. Pour d’autres cette rigueur était nécessaire à
leur participation aux actions. Dans tous les cas, selon nous, il
manquait parfois un travail d’accompagnement et de care entre les
gens qui pourrait très bien s’articuler avec cette rigueur.

Malheureusement, c’est peut-être le renseignement et la criminalisation des compagnon.nes qui engendre cette rigueur. En effet, les personnes les plus ciblées par la police ou la justice ne sont pas mises au ban de la lutte, mais c’est l’organisation collective qui s’adapte à leur besoin de sécurité. Par ailleurs, le renseignement allemand, c’est autre chose que chez nous. On a entendu pléthore
d’affaires où les compagnon.nes apprenaient dans leurs dossiers
qu’ielles étaient suivi.es, que leur ADN les avaient trahi.es ou
qu’ielles étaient sur écoute. On nous a même raconté une histoire
où la voiture d’un.e compagnon.ne avait été remplacée par une
reproduction au détail près équipée de micro et de GPS. Les
compagnon.nes s’organisent en prenant sérieusement en compte la
menace du renseignement et attendent que vous fassiez de même.
Penser la possibilité des filatures, des écoutes etc n’est pas considéré
comme une peur exagérée mais comme une nécessité pour éviter de
se faire prendre.

En plus de la répression générale du mouvement, certains
lieux connaissent une répression spécifique ciblée
géographiquement. A Berlin, il existe des « Danger zones », des
zones définies par les keufs où ils peuvent contrôler, fouiller, ou
arrêter les personnes sans motif, pénétrer les logements et
perquisitionner sans avis du juge. Il en existe une par exemple pour
le Gorlitzer Park, réputé pour être une zone de vente de drogue,
mais aussi sur la rue Rigaerstrasse, qui abrite entre autre deux
House Projects anarchistes et combatifs, la Rigaer94 et la Liebig34.
Dans les faits, cela permet aux flics de venir et d’intervenir comme
bon leur semble dans la zone dite dangereuse.

Dans le cas de la Rigaerstrasse, la zone n’est même pas
officiellement délimitée géographiquement, sûrement pour
empêcher une organisation collective contre celle-ci, et les
patrouilles sont incessantes. Il est arrivé que des camions de flics
restent devant la porte des lieux, contrôlent toutes les personnes
qui souhaitent y rentrer et vérifient que leur domiciliation officielle
corresponde. Les flics peuvent même interdire à une personne de
revenir sur la zone pendant 48h. Ils ont également mené un raid
début juillet 2020 contre Rigaer94, occupant une petite partie de
l’immeuble pendant plusieurs semaines après avoir découpé la
porte d’entrée, sans autorisation préalable d’un juge. Pour un
marché ouvert à prix libre ou pour un concert de rap, les flics ont
déjà déboulé et attaqué les compagnon.nes, qui n’ont pas tardé à
riposter à coups de pierres ou de barricades.

Perspectives

Si nous écrivons cette brochure, c’est à la fois pour partager
l’expérience de la lutte berlinoise contre la gentrification et pour
nous inspirer des modes d’organisation des compagnon.nes de
Berlin. Depuis trop longtemps nous faisons le constat d’un
manque de coopération entre les groupes à Paris. Combien de
fois avons-nous renoncé à certaines actions car nous nous
sentions incapables de réunir suffisamment de personnes pour les
réaliser ? Que chaque groupe ait ses propres objectifs politiques
ne doit pas nous empêcher de pouvoir construire notre propre
force autonome par des projets communs.

Nous pensons qu’apprendre à se faire confiance est une
étape indispensable pour nous permettre d’atteindre la portée
d’action et de subversion que nous désirons. Pour gagner en
offensivité, nous devons démocratiser certaines pratiques comme
l’utilisation d’outils de sécurité numérique pour communiquer.
Créer une culture de la défense collective dans la rue, que ce soit
en manif (se changer/masquer/ganter, utiliser des banderoles ou
des parapluies, rester groupé.es en cas d’incursion, tenter de
désarrêter les compagnon.nes, se donner des moments de débrief
collectifs à posteriori) ou en action (repérer les caméras, faire
attention à l’ADN, mettre des guetteurs, débrieffer) nous semble
nécessaire. Cette sécurité est un gage de durabilité de notre
présence politique, permettant de limiter la répression et de
maintenir la capacité d’action des individus et leur confiance
mutuelle le plus longtemps possible.

Pour cela, nous pourrions ouvrir des espaces d’organisation
collective hors de nos cercles affinitaires, coopérer en premier lieu
sur des actions moins risquées juridiquement, et monter
progressivement en intensité au fur et à mesure que la confiance
s’installe. A terme, nous pensons que nous sommes capables
d’imposer notre propre calendrier d’action dans les mouvements
sociaux, ne plus être éternellement dépendant.es des syndicats
mainstreams ou des partis politiques qui au mieux nous trahissent
et au pire nous dénoncent.

À Paris, nous avons l’impression que le militantisme est souvent
un passage pour les étudiant.es, qui s’éloignent ensuite
quand iels doivent trouver un travail. Dans le lieu qui nous a
hébergé, nous avons eu l’impression d’une moindre dépendance à
la nécessité de travailler, permettant une plus grande mixité d’âge
dans le milieu autonome allemand, où des très jeunes côtoient des
vieux/vieilles militants.es de la chute du mur. Construire une
force politique autonome doit selon nous aussi passer par prendre
en charge collectivement nos besoins. Nous pensons que squatter
offre des solutions aux problématiques quotidiennes (logement,
nourriture, loisirs) en libérant du temps, nous permet de nous
investir plus durablement.

Cette mixité permet une certaine transmission des savoirs,
évitant de repartir de zéro sur les réflexions et pratiques à chaque
nouveau mouvement social. Nous pensons qu’il est nécessaire
pour cela de réduire au maximum l’écart que nous ressentons
parfois entre les personnes qui ont une certaine expérience dans
ces pratiques et celleux qui n’ont pas les codes de la culture
militante (culture de la sécurité ou de l’action par exemple).

La gentrification implique la pacification de nos espaces de
vies et la marginalisation des éléments gênants à la
marchandisation de la ville : les pauvres, les étranger.es, les
subversif.ves et les révolté.es. Elle aménage une ville rentable,
une métropole verte, policée, surveillée, monotone et sans goût.
Nous avons le sentiment que la lutte contre la gentrification, qui
passe notamment par la réquisition de lieux, pourrait fédérer
assez largement les différents pans du mouvement social : anticapitalistes, féministes, anti-racistes, anti-autoritaires, écologistes.

La capacité des compagnon.nes de Berlin à partir de leur
problématiques (défense de lieux) pour construire des
perspectives plus large de lutte (contre la violence policière,
contre la gentrification) et surtout leur volonté de sortir des
logiques défensives pour proposer d’attaquer frontalement les
dynamiques urbaines actuelles nous ont fortement marqué.

Si nous avons écrit cette brochure, c’est aussi pour donner
envie à nos compagnon.nes de venir à Berlin participer avec nous
à la lutte contre les expulsions, et elle est loin d’être terminée ! Le
prochain projet menacé d’expulsion est la Liebig34, un House
Project anarcha-féministe. Des dates sont d’ores et déjà posées et
nous tenions à vous les transmettre.

Tract d’appel à solidarité contre l’expulsion de la Liebig34

Liebig 34 est occupée depuis 1990 et a été légalisée a posteriori. Quand le collectif Liebig 34 a essayé d’acheter la maison en 2008, Gijora Padovicz a fait
une proposition d’achat supérieure et a donc
acquis la propriété. Il a donné un contrat de
location au collectif qui a pris fin en décembre 2018.

Padovicz possède plus de 200 immeubles dans
Friedrichshain et ses alentours et il est connu pour
l’achat, l’expulsion, et la destruction d’ensembles
de maisons. Pour nous, le collectif Liebig 34,
Padovicz ne nous laisse aucune perspective légale
de rester. Au contraire il a déjà demandé un titre
d’expulsion, mais cela ne nous pousse pas à quitter la maison.

Pour Padovicz notre maison ne représente qu’une
propriété potentiellement rentable de plus. Quant à
nous elle est un refuge contre les injonctions du
capitalisme et du patriarcat. Un endroit où nous
pouvons vivre des alternatives aux formes de
domination loin de la vie quotidienne classiste
raciste cis-sexiste, et de l’état de normalité de
l’exploitation et de la domination. Un lieu de
résistance. Un lieu que nous défendrons à tout prix contre un système que nous voulons détruire ensemble.

Nous nous battrons pour garder Liebig 34. Et nous
avons besoin de votre soutien pour réussir.

Fais une banderole, écris un texte de soutien,
diffuse ces infos. Organise un événement de
soutien, participe aux frais d’avocats et
d’antirépression, écris des lettres en masse à
Padovicz, sois créatif.ve, écris sur tous les murs « Liebig 34 stays ». Organise-toi contre la gentrification le capitalisme l’État et le patriarcat.

Nous nous battrons.
Liebig 34 résiste !

Appel pour une semaine d’action du 7 au 13 septembre 2020 à Berlin

Liebig 34 est menacée d’expulsion. Lorsque l’État,
les flics et le propriétaire voudront procéder à une
expulsion, ils n’auront qu’un désastre sur les bras.

En tant que house project anarcho-féministe auto-organisé sans mec cis, situé directement sur la place "Dorfplatz" à Friedrichshain, Liebig 34 est un
lieu où des actions de résistance et des moments
collectifs sont décidés et organisés. Un lieu où
l’auto-organisation devient un mot dangereux, où
un projet devient un point de départ de luttes et
pas seulement un espace d’autoréférence et de
divertissement alternatif. Le projet lui-même a
participé à la planification de nombreuses
manifestations, a publié de nombreux appels et
textes et a mené diverses actions radicales. Mais il
est aussi un symbole de radicalisation et
d’empowerment pour la scène antagoniste à Berlin
et en Allemagne, car il montre comment résister par différents moyens.

Liebig34 est un collectif qui s’efforce de surmonter
les structures de plus en plus intériorisées du
capitalisme et du patriarcat. Dans un monde où le
patriarcat constitue l’un des principaux piliers du
système capitaliste, les groupes et collectifs
féministes militants, qui font clairement savoir que
la résistance et la riposte ne sont pas un privilège
des mec cis, sont plus que nécessaires. Dans un
monde patriarcal, où le patriarcat et le capitalisme
sont entremêlés, il est plus que nécessaire de lutter
réellement contre le patriarcat et de ne pas le voir figurer en marge d’un texte. Ne nous laissons pas diviser par l’oppression et luttons ensemble pour une société libérée.

Rejoignez le combat et défendons Liebig34 ! [9]

Appel à venir à Berlin pour la
manif internationale contre l’expulsion des projets menacés le 31 octobre 2020

Le 1er août 2020, une grande manifestation
auto-organisée, fédérant des milliers de personnes
dont des autonomes de plusieurs villes d’Allemagne et d’ailleurs, a parcouru les rues d’un quartier populaire en soutien aux projets
collectifs et auto-organisés menacés d’expulsion. Malgré la violence des flics, cette
manifestation fut considérée par beaucoup de compagnon.nes allemand.es comme une réussite, par sa taille et son offensivité. En
parallèle de cette manifestation, des dizaines
d’attaques nocturnes ont ciblé dans toute
l’Allemagne des entreprises participant aux
expulsions, des symboles du capitalisme moderne ou de la répression.

La lutte contre les expulsions de lieux
collectifs à Berlin s’est structurée depuis plusieurs
mois autour d’une lutte plus générale contre la
gentrification de la ville. « Attaquons la ville des
riches, défendons nos projets » introduit désormais
les tracts et marque les banderoles de tête. Il ne
s’agit plus seulement de défendre la dizaine de
lieux subversifs menacés constamment par les flics et les propriétaires, mais d’attaquer directement les
logiques urbaines contemporaines. La
gentrification, c’est-à-dire l’éviction toujours plus
loin des populations pauvres des centres urbains,
touche avec la même intensité nos quartiers et nos
villes. Les loyers augmentent au fur et à mesure
que les stations de métro s’ouvrent, des éco-quartiers aux prix inabordables surgissent sur les ruines des quartiers populaires ou industriels. La
pression des promoteurs et de leurs alliés flics se
fait toujours plus pressante là ou subsiste encore
quelques espaces solidaires fonctionnant en dehors des logiques marchandes, sexistes et racistes qui structurent l’ensemble de nos sociétés.

Le 31 octobre prochain, les compagnon.nes de
Berlin organisent une nouvelle manifestation dans
le centre ville, une fois encore contre la
gentrification et pour la défense des lieux
autogérés. Les acteurs de la gentrification
berlinoise sont parfois les mêmes qui gentrifient
ici-même et dans tous les cas, les mêmes logiques
sont à l’oeuvre dans toutes nos villes. Nous
relayons leur appel et invitons à se rendre
massivement à cette manifestation, en soutien aux
compagnon-nes en lutte à Berlin, contre la
gentrification. Nous appelons également à
développer partout la lutte contre la gentrification.
Reprenons les slogans allemands ! Attaquons les
promoteurs et les multi-propriétaires, squattons massivement !

Pour plus d’infos sur la manif, RDV sur eninterkiezionale.noblogs.org.

[1NDA : Vonovia est un des plus grands
propriétaires et gestionnaires immobiliers allemands. Cette entreprise figure dans le DAX 30, soit le top 30 des entreprises les plus côtées à la bourse de
Francfort.

[2NDA : Nom donné à la nuit précédant
l’expulsion.

[3NDA : Équivalent du périph’.

[4NDA : Charlottenburg est un quartier de Berlin.

[5NDA : détails sur ce procès sur le site
parkbankprozess.blackblogs.org.

[6NDA : parti social-démocrate.

[7NDA : Smart city.

[9NDA : ce texte est un communiqué de la Liebig34 publié sur le blog de l’Interkiezionale.


)

Krawall Cavale Editions 2020



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- PDF par téléchargement, en cliquant ici (20.2 Mo)