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Toute rage dehors Vengeance, attaques, ripostes et autodéfense contre le patriarcat et le monde qui le nourrit

mis en ligne le 8 mars 2020 - anonymes , Toute rage dehors

Sur l ecriture

Une envie de se focaliser sur l’écriture parce qu’on parle et on écrit, on crie, on utilise les mots pour se raconter, pour décrire et disséquer ce qui nous entoure, et le mettre en bouillie ou exprimer nos désirs de liberté. Les mots, les règles d’orthographe et de grammaire participent à élaborer nos réalités.
Ça a l’air de rien, mais c’est encore une chose qui s’ajoute à la toile qui nous maintient dans une vision (entre autre) patriarcale de l’écriture, et ce n’est pas juste de l’encre sur du papier c’est quelque chose qui a des conséquences sur nos moyen de penser, d’apprendre et de (se)comprendre. Il ne s’agit pas « juste » d’arrêter de nier toute une partie de la population en n’appliquant plus la fameuse règle « du masculin l’emporte », ni même de « simplement » féminiser ses textes (ce qui me semble tout de même un minimum).
Il s’agit plus largement de tenter de dégenrer le langage. Que ce soit dans les pronoms utilisés, mais aussi dans ce que les insultes, et un certain humour, porte d’asservissant.
Ca demande un peu de créativité (et d’entrainement !). Mais je vois pas pourquoi on se gênerait pour envoyer chier les règles de l’académie française, inventer des mots, en mixer d’autres, prendre des bouts par çi par là pour ne plus perpétuer ce que ça contient de sexisme, de racisme, d’autorité, de fric, de pouvoir, et de nationalisme.

france 2017-2019

C’est koi ça ?

Des mots sur la vengeance, la revanche, l’autodéfense, l’attaque, la riposte. Une idée qui a émergée il y a deux trois ans. Ca fait long ! Des positions figées sur le papiers mais qui voudrait encore s’élargir, s’approfondir, ou s’affiner.

Ce zine vient de l’envie de partager des expériences contre le patriarcat là où il s’incarne parce que moi ça me fait du bien d’en lire. Un appel à contribution a donc été lancé pour collecter les petites et grandes histoires de nos quotidiens qui parlent de la manière dont on a réussi à ne pas rester seul.e avec ces violences qu’on nous met dans la gueule. Celles qu’on a réussi à renvoyer avec rage et colère. Une envie de visibiliser ces moments pour se rappeler que c’est possible mais aussi et surtout pour se donner des idées, des petits trucs et astuces qu’on a essayé et qui ont marché (plus ou moins bien). Que ce soit pour rendre le crachat au harceleur de rue ou que ce soit par des petites et grandes vengeances faites à un.e personne auteur.e que ce soit dans l’intime, dans "nos milieux" ou dans des espaces plus large. Une manière de faire vivre la riposte et la vengeance comme quelque chose de concret. La proposition s’ancre dans une vision anarchiste-queer-feministe, qui cherche à trouver les solutions en nous-mêmes et avec nos potEs complices et non dans l’appel à une quelconque institution qui existerait pour nous protéger ou qui chercherait à parler en mon nom.

En plus des contributions, tu trouveras une partie sur des communiqués d’action qui ont été publié en france. C’est, par là, une manière de connecter les actions contre les personnes, leurs actes et comportements et l’attaque des structures, leurs discours et leurs projets. Une manière d’appuyer que ce qui ce vit personnellement s’inscrit dans ce qui s’impose à toustes celleux que les normes et les lois enferment.

Ce zine s’ancre aussi dans une vision qui cherche un chemin pour donner de la valeurs aux luttes, insoumission et colères contre toutes les formes de domination. Puisque le patriarcat agit dans le tissage d’un système repressif multiforme (le racisme, le classisme ; l’agisme, le validisme, etc.) qui encourage et contrain toute personnes avide de liberté à suivre la marche absurde de ce monde de mort. Et c’est bien par l’écrasement des un.e.s que règne l’ordre des autres (et nous n’avons pas toustes les mêmes intérêts ni responsabilités en fonction d’où l’on part). Ma rage contre le patriarcat s’inscrit donc dans le refus global de l’autorité dont toutes les expressions sont à détruire. Aucune n’est a minimiser ni a hiérarchiser.

Enfin, c’est aussi simplement écrire et diffuser pour essayer d’avancer dans la merde qui m’englue au quotidien. Soigner des blessures pas refermées. Une envie de participer à ce qu’on puisse s’en sortir et (re)trouver de l’autonomie, de la confiance et une soif de vivre et de se battre pour détruire ce qui nous détruit. Et pour qu’on puisse se redonner de la place pour occuper sa tête avec ce que l’on choisi. Et bien sûr, rien n’est simple et ca demande beaucoup d’endurance et de détermination pour envoyer balader les marques sur le corps et dans la tête. Rester en mouvement.

Petite note sur la forme. Tu trouveras que le zine suinte du lien entre rage et violence, violence et destruction physique et/ou matérielle. Mais ca ne veut pas dire que les seules actions stylées soient celles qui en passent par une certaine image de la violence. A chacun.e avec ce que les tripes en disent et ce qu’on se sent d’en faire. Et je ne voudrais pas que ça vienne invisibiliser ou dévaloriser d’autres formes notamment celles qui mettent en jeu de ouf socialement et « mentalement ». Parce qu’il en faut du courage pour écrire, raconter, décortiquer, s’exposer aux critiques, écrire ; raturer puis recommencer, d’en parler autour de soi/d’ellui pour donner des billes sur des mécanismes de merde, ou pour pousser les gen.tes à ne pas faire l’autruche. Et c’est pas rien de tenter que la personne auteur.e se sentent pas si à l’aise à pouvoir se pavaner dans les espaces en jouant sur un flou qui entoure souvent les histoires d’agressions. Je te souhaite que cette brochure te fasse du bien et te donne des idées... Alors bonne lecture et que crève ce monde !

Pour s’y retrouver ...

DES INDIVIDUS EN LIGNE DE MIRE

  • Extrait de "au suivant" (p6)
  • Hier (p7)
  • Une petite contribution vite fait (p8)
  • La riposte n’a pas fini de me remuer (p9)
  • Je me décide à écrire (p17)
  • Trop souvent la rage dedans (p27)
  • Fière forte et en larmes (p30)
  • Extrait de "sirventes de printemps". Diomedéa (p36)

D’AUTRES TEXTES

  • Tu es avec nous ou tu es contre nous (p37)
  • A propos de vengeance : quelques contours (p43)
  • Face au viol lutter contre le sexisme lutter contre l’éta (p54)
  • Contre le genre et le patriarcat : entre individualités et constructions sociales (p56)

DES INSTITUTIONS A DEMOLIR

  • L’envie de se defaire des logiques de victimisation en créant des amitiés fortes et en attaquant. un empowerment de praxis. (p60)
  • Vengeance (p62)
  • Brest : on tapera plus fort, on tapera encore. (p62)
  • Une action féministe à lyon (p63)
  • Petit retour de baton chez bagelstein (p69)
  • Lille : on répondra a chaque fois qu’on nous attaque (p70)
  • Contre toutes les religions et le patriarcat, solidarité. (p71)
  • La seule église qui…(p72)
  • Besançon tags anarchistes sur la cathédrale st-jean (p73)

DES IMAGES PLEIN LA TETE (romans/zine/émission radio/liens utiles/playlist) (p74)

DES INDIVIDUS EN LIGNE DE MIR

Les prochains textes témoignent de différentes actions que des personnes ont menées contre leurs attaquants ainsi que les reflexions qu’iels en tirent (sauf deux textes quisont des extraits déjà publiés ici et là).

Extrait de "au suivant"

La j’pense aux voisins qui peufra au dessus d’ma tete, mais je suis dans le meme etat pour toutes les violences qu’on se prend dans la gueule, toutes les humiliations du quotidien, ca va de "sale grosse" ; "salope" aux coups de boules aux viols, aux claques et j’en passe, et des meilleures. Tu comprend pas la j’suis a bout, a bout des habitudes, face aux violences physiques ou psychologiques, dont on a rien a carrer, qu’en fonction des cas c’est d’emblee minimise. Ah ouai alors comme ca la violence symbolique c’est parce que tu la vie pas, alors c’est moins hardcore qu’une grosse keucla sur ton corps ? Ah ouais ? assez ! J’en ai assez des petites victoires, des embrouilles de trottoirs, j’en ai assez, je veux du lourd. Pas que du defouloir. Etouffee par ma rage, le souffle haletant d’impuissance, je veux pas etre rassuree ou consolee. A base de dialogue calme ou sense, qu’on arrete de nier, dedramatiser ou surdramatiser pour mieux oublier vite, le reste, l’invisibiliser, qu’on vienne pas parler demesure, c’est mon envie de tuer qu’on ne mesure. Ou a l’usure c’qu’elle deviendra. Oses me dire que ca va s’arranger, que monsieur va feindre de se calmer, demain tout sera zappe, affaire reglee, t’facon yavait pas d’quoi en faire un plat..Toujours encaisser la violence de gars, toujours prendre sur toi, etre raisonnable, compatissante, se rendre compte que j’suis pas d’taille, que l’autre me prend pour keudal, et finir par y croire. Cette limite en moi que l’autre n’a pas, les consequences toujours la dans mon esprit qui me rappellent que si le coup est mal donne c’est dans ma gueule que je vais severe bouffer. Assez ! Mais quand est ce que ca va s’arreter serieux ?? comment ca peut finir ? Concretement ?? et si j’arretais d’appeler mes fantasmes des fantasmes mais plutot des objectifs ?? a force de ne rien faire, a force d’etre trop gentille, a force de ne pas avoir la force, je vais peter les plombs et peter des genoux, porter des coups aux couilles. Serieux, je vais devenir sensee, un jour ce sera un coup de trop, le cri de trop, la larme de trop. Alors, j’arreterais de vivre les trucs cool que j’ai les privileges de pouvoir faire dans ma vie, ouais, je consacrerais mon existence a la vengeance pas bete et mechante, nan, mais bien reflechie et cruelle. J’y passerai toute ma vie s’il le faut, et il le faudra. Et toi tu dis "ce n’est pas une solution !" mais bordel, ya pas de solution. Maintenant la tout de suite y’a que de la vengeance, que d’la haine.
Je te pris de croire, en l’expression de mes sentiments les plus ameres et sinceres.

texte retranscrit d’un numéro du zine "au suivant"

Hier

j’ai frappé un mec dans le tram.
hier.
j’ai fait ce que tant de fois j’avais rêvé.
j’ai frappé un mec et je pensais que ça me soulagerait.
j’ai frappé un mec qui m’a touchée.
atouchée. puis s’est permis de commenter mon allure de dégenrée.
j’ai frappé un mec et je ne l’ai pas raté.
j’ai frappé ce mec et je ne me sens pas soulagée.
je suis fière.
mais j’ai la rage
cette boule de feu
qui monte et descend
du ventre à la gorge
qui ne s’éteint pas.
alors que j’ai frappé.
j’ai fait ce que mille fois j’avais imaginé.

pourtant la situation terminée et l’agresseur dégagé,
je n’arrive pas à me calmer
mon cerveau va exploser
je ne cesse d’imaginer
_marées de sang et dents cassées tout ce qui n’est pas
arrivé.
je n’en ai pas eu assez.
il aurait fallu le tuer. le broyer, le massacrer.

je commence à réaliser
ma rage contre ces connards ne peut être apaisée.
j’ai juste élargi mes façons de riposter.
mais peut-être qu’enfin je finirai
de contre moi la retourner,
cette violence qui fait vriller
et qu’enfin je finirai
de sans cesse me ressasser
si seulement j’avais frappé…

Allez, une petite contribution vite fait :

J’habite Marseille. Dans cette ville, des relous il y en a plein de sortes différentes. J’ai eu trois fois affaire avec ceux que j’appelle les "relous-collants". Ils veulent te suivre jusqu’à chez toi. Je sais pas pourquoi, ils pensent que c’est une manière de "rencontrer des filles". Avec eux, ma stratégie consiste à rester polie et surtout à m’arrêter de marcher. J’ai l’impression qu’ils ont pas trop de suite dans les idées, que juste ils se sont dit "oh une fille, cool, je vais la suivre et essayer de lui parler". Du coup, quand je m’arrête, ils sont un peu dégoutés parce qu’ils peuvent plus me "suivre", il se passe pas ce qu’ils avaient mollement prévu. Là, c’est le moment où j’ai l’impression de reprendre la main. Et là je parle, calmement si possible. J’explique ce qui se passe pour moi : Bonsoir, tu me suis, c’est stressant, j’ai pas envie, c’est désagréable, je veux juste rentrer chez moi, me déplacer d’un point A à un point B, j’ai pas envie que tu m’accompagnes, je vais me débrouiller toute seule, je sais où j’habite, tout va bien se passer pour moi. Merci. Au revoir.

Y’en a deux, ce qui les a fait réagir, c’était de leur dire que c’était désagréable, que ça me faisait pas "plaisir" qu’ils me suivent, c’est ça qui les a fait tilter, et ils se sont excusés. Cela dit l’un d’eux, je sentais bien qu’il allait quand même continuer après (il était tard, je pense qu’il était aussi bourré que moi, donc un peu ralenti dans ses capacités de compréhension). Du coup, avec lui j’ai ajouté que maintenant je voulais qu’il parte dans la direction opposée et je n’ai pas bougé tant que lui n’était pas parti. J’ai répété que je voulais qu’il parte jusqu’a ce qu’il se lasse et qu’il le fasse.

C’était ça ma stratégie la troisième fois où j’ai eu un relou-collant, 18h, sortie de métro. J’étais claquée de ma journée et là je le vois prêt à traverser la route, me regarder bizarre et changer de direction pour me suivre. Il m’avait à peine dit bonjour que je lui ai répondu sèchement Non va-t-en, non va-t-en, non va-t-en. Et je suis resté sur place, à dire en boucle non va-t-en, le bras tendu vers sa direction originale, jusqu’à ce qu’il parte. Je me suis rappelé après que je l’avais déjà croisé dans des soirées et qu’il était relou-collant. Et ça faisait longtemps que j’avais envie de tester la boucle comme stratégie de d’autodéfense. Ben ça a marché.

Pour moi il y a plusieurs choses qui ont fait que j’ai réussi à décoller ces relous. Déjà, ils étaient pas bien méchants, et pas violents. Ils me faisaient pas tant peur qu’ils ne me faisaient chier. C’est moi qui ai pu décider du moment où j’allais m’arrêter et leur faire face. Je leur ai donné la possibilité de partir à peu près dignement. Je me dis que le relou, dans sa construction machiste, est fier. Aussi il se dit que c’est son devoir de raccompagner une pauvre jeune fille esseulée. Et finalement, de lui envoyer le message que le plus grand service qu’il puisse te rendre c’est de te lâcher la grappe, ça le flatte un peu dans son gros ego. Et quand il est persuadé qu’il te protège en te collant au cul, lui dire que c’est lui qui te stresse (j’évite de dire le mot peur), ça l’embête, c’est pas ça qu’il voulait. En gros, je joue sur les injonctions contradictoires du genre masculin, agression/protection. Et je pars du principe que le mec a pas envie de me faire peur et qu’il se rend pas compte que c’est ce qu’il fait, et dans ces cas là, ça a marché. Bon, j’attends quand même d’avoir fermé la porte de mon immeuble pour me dire "héhé, j’ai gagné !".
F.M. 

Voilà ! c’est pas ultra glorieux plein de rage, mais je garde pas forcément de souvenirs positifs des fois où j’ai dû user de l’intimidation, alors je préfère raconter ça.

La riposte n’a pas fini de me remuer

Il est 3h du mat. Je lis "Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce" de Lola LAFON. Je suis fatigué-e ! Mais pas question de dormir. Il faut que j’écrive, ou bien j’en ferai des cauchemars. Tout ça part d’une expérience tellement banale. D’un moment que j’aurais pu enfouir dans ma mémoire, oublié. Comme tant de moments de ma vie, dont je ne me souviendrai jamais.
Au lieu d’oublié, j’ai labouré.
Je me suis retourné les entrailles pour ce connard pendant bien 3 ans. Alors que je crois tout ça fini, ce soir encore, je le laisse empiéter sur mon sommeil. Parce que ça ne sera jamais vraiment fini. Je me suis construit-e avec cette histoire.
Elle fait partie de moi. J’ai envie d’en raconter des bribes.

Dans ma tête le déclic se fait en lisant la brochure "le viol ordinaire".

"Un viol est une relation sexuelle non consentie, avec ou sans pénétration, avec ton/tes compagnons, avec un inconnu, avec ou sans violence physique. Le viol, ce n’est pas seulement l’image stéréotypée d’un gros méchant qui nous poursuit avec une arme dans une rue sombre,mais c’est aussi un moment où on ne n’entend pas notre NON. »

Dans la foulée, j’écris un témoignage. Pour moi-même tout d’abord. Mettre des mots. Trouver mes mots. Retracer le fil de ce que J’avais vécu. De manière subjective. Ecrire au passé simple, pour mettre de la distance j’imagine. Ce ne sont plus ces mots que j’utiliserais aujourd’hui.

Mettre le mot "viol" sur ce que j’avais vécu a été décisif
pour moi.. Si j’avais mis les mots attouchement ou agression
sexuelle je n’aurais peut-être pas riposté. Mais un "viol c’est
grave". La riposte s’est imposée, pour ne pas me sentir
victime. Je n’ai jamais été "victime". Je ne voulais pas de cette
étiquette paralysante, qui me rendait passive. Il me fal ait
reprendre le dessus, me posséder entièrement.

FAIL écrit #1

Le moment de l’histoire dont je me souviens avec le plus d’émotion c’est cette rencontre chez moi, quatre jours avant ses écrits de CAPES. J’ai invité assez largement des connaissances féministes en qui j’ai confiance. Certain-es connaissant A., d’autres non. Certain-es rodé-es à l’action directe, d’autres non. Des anarca, des féministes radicales, des militantes de gauche, des hétéra, des gouines, des queers. Aucun mec cis. On est une quinzaine dans la salon de mon appart, à s’asseoir comme on peut, sur les genoux les un-es des autres. Des amuse-gueules sur la table. Nos portables dans le micro-onde. On discute. Chacun-e connaît au moins une personne. Je suis la seule à toustes les connaître. Alors je leur dit que je suis heureuse qu’on se retrouve à autant. Que je n’ai pas envie de me retrouver au centre de la discussion.

Que le seul enjeux est pour moi de l’empêcher d’obtenir son
CAPES. Que je compte bien sur elleux pour avoir des idées
originales. Et ça ne manque pas ! C’est la préparation d’action la
plus fun que j’ai jamais faite. On passe 2h à rigoler, en proposant
des actions dont on sait qu’on ne les fera pas. Mais avoir l’idée
de les faire nous réjoui. On en profite pour poser chacun-e nos
limites, nos envies, nos craintes. On affine nos idées sur des
actions efficaces qui ne nous mettraient pas en jeu juridiquement,
ou si peu .

Certain-es parlent plus que d’autres. Certain-es doivent partir avant la fin de la discussion. On se donne rdv à 6h du mat 3 jours plus tard. Le plan : Le choper sur le trajet entre chez lui et la gare RER, pour l’asperger de vinaigre, d’huile, de détergent (selon les envies). Objectif : qu’il soit tellement sale qu’il ne puisse pas se rendre à l’examen sans prendre une douche. On abandonne pas mal d’idées plus excitantes par peur de poursuites judiciaire, peur de ses réactions, des réactions des passant-es (lui piquer son portable, obstruer sa serrure, mettre un antivol à son portail pour qu’il ne puisse pas rentrer chez lui, le choper dans le RER …). On sera rapides et efficaces. On est douze de motivé-es pour en être. Perso, je ne suis pas sûre de me sentir de le faire. C’est un soulagement de savoir, qu’avec ou sans moi, ça aura lieu ! Je ne porte pas ça seule. Et ça peut tenir sans moi !

L’euphorie de cette soirée retombe vite. Dans la foulée, j’ai pour la première fois S. au téléphone, une meuf que A. a violé avant moi. Elle n’a pas pu venir ce soir, alors je la tiens au courant du plan qui se profile. Ce plan qui me semble hyper soft, parce que sans contact physique avec lui, lui paraît "trop violent" à elle. J’essaye de m’expliquer. Rien à faire. Elle ne nous soutiendra pas. Je me passerai de son soutien.

Décente raide de l’euphorie, quand les seules deux meufs Du Parti (son parti politique à lui) que j’avais invité me font un coup bas : rapporter tout notre plan le soir-même en réunion skype Du Parti. Mettre des soutiens/ des potes/ des camarades de A. au courant. Nous couper l’herbe sous le pied en somme. Avec pour toute justification, un simple SMS reçu le lendemain "on était là en tant que membre du parti, on a trouvé normal d’en tenir informé le parti". Je tombe de haut. Si je les avais eu devant moi en apprenant cela, je les aurais frappé, pour sûr.

Elles me mettent en rage. Convaincue que A. sera mis au courant rapidement, j’annule l’expédition matinale qu’on a passé toute la soirée à préparer. Dépitée. On me donnera des infos plus tard : La veille du CAPES, A. ne dors pas chez lui et se fait escorter par un pote jusqu’àla porte d’examen. Au moins, ça l’aura fait flippé ...

Elles ne le savent pas, mais elles ont piétiné le peu de confiance qui me restait en des militant-es de parti. J’apprends avec amertume, qu’iels seront toujours fidèles à l’organisation, quoi qu’il leur en coûte politiquement. Je leur répond un cinglant SMS, qui leur fera craindre de me croiser en manif pendant quelques temps. Elles se paieront le luxe de me voir comme une agresseuse et elles comme des victimes potentielles. J’en rie. J’expérimente pour la première fois un backlash. J’en avait entendu parler. Je savais qu’il arriverait à un moment. On ne riposte pas à la culture du viol sans retour de bâton. Ce que je ne savais pas encore, c’est que ça peut venir de vraiment partout.

Les potes sont décu-es. On se rattrapera une prochaine fois ! Il a réussi ses écrits. S’en suivent les oraux. Et j’aurai trop peur pour m’y rendre. Certaine qu’on ne peut pas faire le même plan, il s’y attend. Je vais en reconnaissance dans le bâtiment où auront lieu les oraux. Des caméras partout. Un boulevard passant juste devant. Le métro trop loin. Un action coup de poing est à éviter. Je pense à demander au jury à assister à son oral. On me dit qu’il est mal venu pour un candidat de refuser une telle demande. L’idée de me tenir devant lui, à devoir rester tranquillement insoupçonnable juste pour le déranger …C’est trop pour moi. Je ne tiendrais pas. Je croise les doigts pourqu’il n’ai pas les oraux. Il rate son concours. Et je n’y suis pour rien …

pratiques "du passé"

Je passe un weekend dans sa ville d’origine. Ville pépinière de militant-es gauchistes et anarchistes post-CPE. Il est connu là-bas.Je rencontre une ancienne militante trotskyste qui me parle des pratiques de A. de ce temps là. Draguer de jeunes militantes politiques avec son bagage militant. Harceler certaines pendant des mois. Laisser planer le flou entre drague politique et drague sexuelle. ça m’effraie d’apprendre qu’il agit comme ça aussi depuis aussi longtemps. Je me rends compte que je connais d’autres mecs cis qui ont des pratiques de "drague" semblables. Des types avec qui j’ai moi-même des relations intimes. Des types qui m’ont plu a cause de cette méthode de drague flou, de leur assurance politique à toute épreuve qui m’inspirait du respect. Je me souviens de blagues internes à l’UNEF (syndicat étudiant de fRance) quand j’y étais. "Le trotskisme, c’est la seule chose que passe à travers le préservatif" "Un militant castor, c’est un militant qui construit le syndicat avec sa queue". Je me souviens d’une formation nationale de préparation d’élection, où le formateur UNEF blaguait "En préparation des élections, vous contactez toutes les personnes que vousconnaissez sur le campus pour les inviter à voter UNEF. Même vos plans cul ! Et plus vous avez de plan cul, mieux c’est ! ». Comment ai-je fait pour ne pas m’en rendre compte plus tôt ? Les pratiques de A. sont banales. Elles se retrouvent chez bon nombre de mâles militants. Je tombe de haut. Rompt tout contact avec "eux". Je ne fréquente plus de mecs cis hétéro militants. Pendant plusieurs mois, quand j’en croise, je les vois dégouliner de drague ambigue. Ils me dégoutent.

FAIL écrit #2

Un an est passé depuis notre tentative ratée. On ne l’a pas laissé tout à fait tranquille. J’ai appris qu’il se victimisait de l’action manqué qu’il aurait pu/du subir. Un groupe de féministes hystériques lui en veut. Blablabla. Pas de bol, ces féministes hystérique dont il parle sont dans sa fac. Alors on va repeindre une de ses salles de cours. Intervenir en plein séminaire pour le mettre sur lui mettre la fiche. On tague devant chez lui. Le fait chier alors qu’il prend tranquillement un café avec des potes. On est relou et il le vaut bien.

Il s’apprête à repasser le concours du CAPES. Alors je réuni à
nouveau des potes. Un plus petit comité, des personnes de
confiance. On est 5. On prépare notre action avec un peu plus de
sérieux que l’année précédente. On décide de reprendre le même
plan, revisité. L’asperger de liquides sur le chemin entre chez lui et
le RER. On est sûres qu’il y dormira. On passe en revue une
dizaine de scénario possibles, on est au taqué. Bouteil e d’eau, d’huile,
habil ées de noir avec un antivol pour fermer son portail. On
l’attend à la sortie de chez lui depuis 20minutes quand il sort vers
6h du mat .

Il prend une impasse (pas le chemin le plus court, mais le plus discret pour aller au RER), marche vite jusqu’à une voiture. Entre dans la voiture. Surprise ! Il n’étais pas censé avoir de voiture. Moment de panique pour nous, on avait pas pensé à ce scénario ! On a pas le temps de se concerter, la voiture démarre. Je me mets au milieu de la route, lui barre le passage. Il tente une marche arrière, mais se rend compte qu’il est dans une impasse, avance de nouveau vers moi. Tout se passe très vite. Je suis nez au capot. Je pose mes mains dessus. A peine le temps de croiser son regard, et il tape une accélération de ouf. Juste le temps pour moi de faire un roulé-boulé du capot au caniveau. Je me retrouve la tête face au bitume, les genoux défoncés, complètement sonnée. Je reste sur le bitume une bonne minute, tétanisée. Je me repasse les dernières secondes mentalement. Avec un peu moins de réflexe, je passais sous la voiture. Ce connard m’aurait tué. J’ai mal partout. Les potes sont autour de moi, à me réconforter sur le bitume d’une impasse à 6h du matin. So tragique ! J’enrage : Il nous a encore échappé. Le temps de reprendre nos esprits, de checker nos envies respectives et on le suit. On prend le RER jusqu’à Charles de Gaulle. Ses écrits ont lieu à côté. ça fait une trotte, mais l’une de nous avait repéré l’endroit "au cas où". Sur le trajet, on prend le temps de se réconforter. On a la rage, envie de reprendre le dessus, de le faire un peu flipper. De le traquer jusqu’à sa salle d’examen. On doute d’y arriver, le timing est short. Mais on ne peut pas rentrer chez nous en l’état. On peut pas le laisser tranquille
après ça.

On arrive sur un immense parc des expo. Dans le stress, difficile de comprendre la signalisation. On demande notre chemin, en restant à l’affût des caméras et divers vigiles. On l’aperçoit en train de fumer une clope, tranquillement, discutant avec des camarades de promo. Quand il nous voit, il prend peur. Rentre dans le bâtiment. Se dirige vers un vigile à qui il dit quelque chose comme "ces filles là-bas, elles me suivent". Scène comique ; le vigile fronce les sourcils et l’ignore. A. entre en quelques secondes dans la salle d’examen. Il faut être sur les listes pour entrer. On reste dehors. Au moins, ça l’aura fait flippé … On se dit en riant, "si après ça il a son examen...".

Il obtient son exam. Ecrit et oral. Quelques temps après j’obtiens sa version de l’histoire : 10 meufs encagoulées et armées de battes de base-ball l’attendaient devant chez lui au matin du CAPES. Il a juste eu le temps de courir à la voiture de sa copine, s’enfermer dedans. Elles ont frappé sur le capot. Il s’est enfui en leur échappant de justesse. Il a bien cru qu’elles allaient le défoncer. La voiture est au garage pour réparation, en espérant que sa copine ne remarque pas la bosse, faite par la batte sur le capot.
Si seulement j’avais eu une batte ...

Et après ?

A la rentrée suivante il est enseignant stagiaire dans un lycée de banlieue. On me donne le nom du lycée. Je sais qu’il aime « Draguer de jeunes militantes politiques avec son bagage militant". J’ai peur pour les lycéennes, qui verraient en lui celui que je voyais moi-même : un mec admirable. Mieux : un prof admirable. J’imagine la relation d’emprise facile qu’il peut avoir sur ces meufs. Je me sens responsable de ce qui pourrait leur arriver. Ce sera de ma faute si … C’est cette peur qui est un moteur depuis 2 ans. Ce qui me motivais à l’empêcher de passer son CAPES. Je ne voulais pas laisser un mec comme ça de devenir prof à vie. Et maintenant ? Maintenant qu’il l’a son CAPES, je fais quoi ? Il a déménagé avec sa copine, à l’autre bout de l’Ile de France. Pas moyen d’avoir son adresse (il se méfie de beaucoup de monde,à raison). Les potes sont opé pour aller salir son nom sur les trottoirs du lycée. Mais c’est moi qui les freine. ça va aller jusqu’où cette histoire ? Je vais me sentir encore longtemps responsable d’un connard qui m’écraserait sous sa voiture ? Je vais pister ce gars jusqu’à la mort ? Je vais le buter ? Je suis prêt-e à lui donner combien d’année de ma vie ? Risquer combien d’années de taule pour lui ? J’arrête les frais ! Me rappelle de ce que je me disais sans trop en tenir compte jusqu’ici : les mecs cis comme lui sont partout. Le viol est banal. Je ne suis pas responsable du "mien". Ni des futures personnes qu’il agressera/harcèlera. Je ne lui doit rien. La traque s’arrête là. Et un poids tombe de mes épaules. Je n’ai pas la force d’expliquer ça aux potes. Je crois que j’ai peur de leurs réactions. Alors on en parle plus, et ça me va bien.

S. demande de témoigner

Quelques mois plus tard, un certain sentiment d’être « responsable » / « redevable » me revient. Quand S., « la » meuf qu’il a violé avant moi, me contacte pour me demander de témoigner par écrit pour appuyer sa plainte contre A. Elle a besoin de témoignages de personnes à qui A. a parlé de "son" viol. Ironie : Il m’a fait l’honneur de m’en parler juste avant de m’agresser moi. J’ai eu de longues discussions téléphoniques avec S. par le passé, mais on ne s’est jamais rencontré. J’ai tenté de lui expliquer les raisons de mes ripostes. Tenté de lui faire comprendre pourquoi je ne comptais pas m’en remettre à la justice. Tout ça avec la plus grande tranquillité pendant un temps. Mais elle ne comprenait pas. Peut-être ne voulait-elle pas comprendre. Je l’avais tenu au courant un temps des actions menées contre A. Quand je l’avais au téléphone, elle me conseillait avec insistance de porter plainte, d’y réfléchir sérieusement au moins... Alors que c’était tout réfléchi pour moi. Elle avait beau me rappeler qu’un procès pour viol l’empêcherait d’enseigner ; Et que 2 viols c’était plus difficile à nier que un… Rien n’avais pu me convaincre de collaborer avec la justice. Là elle me demande de l’aider elle, mais sans témoigner de ce que j’avais subi. Juste une attestation sur l’honneur, quelques lignes sur un bout de papier pour la rendre plus crédible elle, aux yeux d’une justice dont elle attend quelque chose. Je lui dis oui, d’abord. Par principe. Parce que je veux la soutenir comme j’aurais aimé qu’elle me soutienne, quel que soit son moyen d’action. Mais je n’arrête pas de me dire « au nom de quoi tu ferrais ça ? » « Tu ne lui doit rien » "J’en ai pas envie, en vrai". Jusqu’à ce que je me rende compte, que la seule chose qui nous lie elle et moi,c’est LUI et rien d’autre …

Alors je me rétracte, par SMS. Lui dis que je ne lui demande pas de me comprendre, que nos idées sont trop éloignées. Elle me propose de nous rencontrer pour en discuter. Je sais que ça veux dire « pour essayer de me faire changer d’avis ». J’efface le numéro de téléphone et S.. Et s’en est fini de A. Cette ombre qui me collait à la peau depuis plus de 2 ans s’estompe !
Un soulagement !

Avec la distance

Mettre tout ça par écrit m’apaise et me frustre en même temps. Ce n’est pas qu’une histoire de riposte. C’est une histoire qui fait écho à d’autres, mais qui ne ressemble qu’à elle-même.C’est une histoire de ratés en série. Une histoire d’emprise sur moi qui se resserre, se desserre. Une histoire de refus de la victimisation, de son monde et de ses chaînes. Une histoire sans psy ni police, une histoire qu’on se raconte entre potes. Par bribes, comme ici. Parce que ça brasse des trucs trop difficile à mettre en mots ; Ce n’est pas MON histoire. C’est une histoire que j’ai vécu avec d’autres, qui ont été touché/inspiré différemment par elle ; Une histoire qui m’a remué-e, retourné-e, renforcé-e, vidé-e et rempli-e ; Une histoire qui m’a (pour)suivi dans tous les recoins de ma vie.

Est-ce que ça sert à quelque chose de dire que je ferais ça différemment aujourd’hui, si je pouvais remonter le temps ? C’est en me perdant, en m’écorchant, en me renforçant que j’en suis arrivé là. Mon approche de la riposte n’est pas une théorie, c’est une pratique. J’en ai vu des limites et des ouvertures inattendues pour moi.

Je ressors ce sweat dont j’étais tellement fier-e il y a peu encore. On y lit "castrate all rapists" (*castre tous les violeurs). Un ton mi-humoristique, mi-sentenciel. Tranchant. Sans appel. Le porter me donnait de la force. Je sais que je ne le porterai plus. Il ne me parle plus, mais me fait esquisser un sourire en coin.
J’en ai fait du chemin …
Et pour sûr, la riposte n’a pas fini de me remuer. _ Automne 2017

Je me décide à écrire.
Parce que j’ai lu trop peu d’histoires qui ont ouvert mes imaginaires sur le sujet, j’ai l’envie de partager des bouts de cette expérience…
Je donne des éléments d’une expérience collective. Du coup ce n’est que mon point de vu là dedans et non pas comment mes complices l’ont vécu.

Ce sont plusieurs réflexions et pistes de résolutions en vrac, comme elles me viennent en tête...

Ca faisait un moment que ça me trottais en tête.
J’en avais ras-le-bol que parfois ces sales souvenirs me reviennent en tête. J’avais travaillé dessus, j’en avais causé, je laissais sortir ma rage en plein d’occasions. Ce n’était pas suffisant pour moi.

De plus, j’avais, dans ma vie en general, l’envie d’agir (de facon directe) sur des gens, pas que sur des institutions. J"avais l’envie de defoncer le patriarcat, de m’organiser en non mixiteépour le faire.
Je crois que c’est la difficulté à prendre du plaisir sexuel et les flips permanents d’avoir mon consentement dépassé (qui, a des moments me font même flipper de mes potes qui veulent me prendre dans leurs bras) qui ont finit de me convaincre de démarrer ce processus. (Aussi j’avais d’autres paquets qui arrivaient dans ma vie. Il fallait que je règle celui là, enfin. Puis viendront les autres, chaque chose en son temps.
Passer, symboliquement, dans mes souvenirs, dans ce que je me raconte de moi-même, du statut de victime au statut de… de quoi ? D’autre chose. Je manque de mots mais ça fait vraiment un déclic dans la tête…
Les mots...

Comment nommer ce processus ? Revanche, riposte, vengeance ?
Peut m’importe, juste l’envie de clore cette histoire comme je le désire. On est en juin, je décide d’une temporalité ; l’histoire sera réglée avant en un an. Je trouves rapidement des complices. Je ne demande pas à des mecs-cis-hétéros, j’ai trop peur de la morale qui pourrait être mise sur mes imaginaires de vengeance (« ça c’est trop violent »…). Ils peuvent cependant aider pour du repérage ou des infos quelconque. Mais ils ne sont pas dans le processus. Nous sommes quelques personnes. Je n’ai jamais fais ça. Pas beaucoup plus d’expériences pour mes complices.

Une question se pose rapidement, est-ce que je leur demande du soutien ?

Auquel cas c’est moi qui décide de tout et si ielles sont d’accord, on fait ce que je veux. Ou alors je « donne » cette histoire à des personnes en qui j’ai confiance sur leurs perspectives, et je fais partie du groupe, pas plus importante, pas moins, je n’ai pas plus mon mot à dire sur ce qui sera fait que quelqu’un.e d’autre.
On en cause et finalement, on choisi l’option 2. C’est pas si simple, forcément je suis plus en jeu qu’elleux (sur de la potentielle répression, sur ce que ça ravive en moi qui me pousse à vouloir régler cette histoire au plus vite, etc…) et du coup on oscille entre les deux positions (ce qui n’est pas simple à gérer pour moi et pas toujours nommé).

Je fais des vagues dans ma tete, parfois je suis hyper motivée, je fantasme des choses très violentes, ça me donne plein de force, je suis sure de moi. Parfois je me dis que ce qu’il m’a fait, tellement d’autres personnes le font, partout, tout le temps. Est-ce que c’était si grave que ça mérite des représailles ? Est-ce que j’assumerais toutes les potentielles conséquences que ça pourra avoir sur sa vie ? Aussi, il était gentil, et ça ne se passait mal que quand il était saoul… Pour cela, un truc qui m’a pas mal aidée ; j’ai écris ce qui s’est passé (à la base pour le montrer aux complices avec qui je faisais le choix d’agir, parce que je voulais qu’illes agissent parce qu’illes ont la rage contre cette situation et contre cette personne, et non par soutien pour moi uniquement). J’ai écris une page entière ; c’était quand, c’était quoi notre relation, et plus précisément cette situation, ce fameux soir ou il a été plus loin que d’habitude (ou en tout cas ce fameux soir ou moi j’avais été vraiment décidée à tenir mon non, à ne pas céder comme d’habitude aux pressions et chantages). C’était la première fois que j’écrivais la situation. Les mots, les émotions, les gestes, le ton de la voix…
En le relisant j’ai tout de suite ressentie de la tristesse, du dégoût, et surtout une rage immense ! Si une pote m’avais raconté cela j’aurai eu l’envie d’éclater ce type ! Oui, bizarre, ça a déclenché en moi de l’empathie pour moi-même… !

bon, en tout cas, je n’ai plus eu l’envie de reculer apres ca, et j’ai cesseé de culpabiliser et de me demander si quand meme c’éetait pas un peu exagere ce que je faisais là (y’a bien eu des petits moments de doute, mais minimes). J’étais prête, vraiment. C’était bien que le processus dure longtemps, ça laisse le temps de digérer un peu l’acte futur.

Je sais aussi qu’un des moteurs à agir c’est la culpabilité de ne rien faire alors que lui refait potentiellement la même chose à d’autres meufs. De ne pas arrêter les potentielles violences. J’essaie de me battre contre cela, ce n’est pas de ma responsabilité. Je le sais théoriquement. Je ressens autre chose. J’essaie en tout cas que ce ne soit pas le moteur principal de cet acte. Je veux le visibiliser en tant que violeur et lui nuire. Si ça aide d’autres meufs qui seront au courant, tant mieux. Si ça lui nuie seulement, c’est ok.

D’ailleurs, toujours par rapport aux « autres meufs », j’ai eu besoin de me poser la question de ce que ca allait impliquer pour les personnes autours de lui. Est-ce qu’il est en couple ? Comment elle va vivre ça ? Et sa mère ? Sa sœur ? A-t-il des enfants ? Si on s’attaque à sa maison ou sa voiture, d’autres gent.es vont-illes se sentir menacé.es ?
C’est pour ces raisons que l’on décide qu’il sache que c’est contre lui et pourquoi. Pas avoir de gestes sur lui ou sur ses biens sans explications. Cela pour que les personnes qui l’entourent ne se sentent pas visé.es.
Pour autant, je commence à culpabiliser de laisser d’autres meufs avec ces infos là ; « Truc est un violeur » et c’est tout. Je me dis que tant pis, il faut briser la loi du silence. Illes en feront ce qu’illes voudront.
Moi, à l’époque, quand j’étais en couple avec lui, ça aurait pu m’aider à poser des mots.
J’apprends à me dire que la suite ne m’appartient pas, je ne suis pas responsable. Je ne peux pas imaginer tous les scénarios de ce qui se passera après l’acte. Je me répare moi, c’est la principale raison, j’essaie de ne pas l’oublier. La suite ne m’appartient pas, je n’ai pas de prise la dessus.

Voilà. J’avais l’envie de partager mon processus personnel, parce que ça m’aurait fait du bien de lire cela quand j’étais moi même dans tous ces questionnements.

Ensuite sont venues les questions de l’éthique.
Veut-on punir ? Que souhaite-t-on comme conséquences ? Qu’est-ce qu’on se sent de faire… ? Et à tout cela, je me suis dit que tout était possible. Il s’agit de faire un mixe entre nos envies, besoins, peurs, ce que l’on se sent de faire, nos éthiques et perspectives individuelles etc.

Tout cela, ça se fait avec les complices, avec toujours des places différentes pour chacun.es la dedans. Ce n’est pas toujours simple. De le rechercher par exemple. Le guetter. Je n’aime pas le voir, même dans le noir, de loin. Ca me le remet en tête et je re cauchemarde de viol nuits après nuits. Sur les façons de faire aussi. Je me sens « sale », l’impression d’être keuf quand je mets en place une filature pour retrouver son domicile. Je n’aime pas ça, et pourtant j’y vois profondément du sens. Et après je me sens bien, j’ai confiance dans ce que l’on fait, ensemble. Je sais pourquoi je le fais. Il va payer.

Je sais que ce processus ainsi que l’acte en lui même m’apaise. Je me sens forte. Je choisis. Je reprends le contrôle de cette page de ma vie. Il m’avait imposé une fin que je n’aimais pas. J’ai ré ouvert le livre. Ca ne se terminera pas par mes larmes et mon vomi sur le trottoir. Ca se terminera par sa sale gueule depitee, SA peur. JE choisis la fin de l’histoire.

J’imagine déjà ce que je vais avoir envi de faire pour ces autres histoires qu’on m’a imposée. Mettre un point final. Non pas que ma sexualité deviendra d’un coup simple, ni que ces souvenirs ne viendront plus me ronger dans mes moments d’intimité.

Mais j’aurai toujours un petit sourire quand j’imaginerai sa tete, ce fameux soir ou j’ai mis en acte ces pensees qui trottaient dans ma tete. Ce fameux soir ou J’AI ete plus loin que d’habitude.

………………………....Reprise du texte après l’acte………...………………..……

Je ne veux pas modifier le texte tel que je l’ai écris (avant l’acte de riposte), mais il me semble intéressant d’apporter des éléments en plus, maintenant que cette histoire est derrière moi :)

Comme un bilan pour moi et pour toi si tu comptes proposer ou accompagner un tel processus. Ca parle surtout de 3 endroits qui, pour moi, auraient pu être mieux pensés et de pistes que je voies pour faire autrement.

Soutien emotionnel  : Je n’avais pas en tête que ça allait faire resurgir autant d’émotions . Pour être plus claire, j’ai revécu des cauchemars et j’avais les viols en tête, et lui tout court (la relation que nous avions eu, les proches autours qui n’ont pas réagis…) autours des moments où l’on se voyait pour préparer le moment de riposte. Je revivais aussi la culpabilité (de n’avoir pas su stopper la relation, de n’avoir pas su tenir mon non plus souvent, de n’avoir pas vu plus tôt comment ça m’atteignait, de m’être faite écraser la gueule quoi, normal j’ai l’impression dans ce genre de cas).
Ca n’était pas en boucle en permanence pendant tout ce temps (et heureusement), mais c’était présent dans mes rencontres avec les complices, et ce n’était pas (ou très peu) discuté. Je savais théoriquement ce que ces potesses pensaient de tout cela, et qu’ils me soutenaient, mais nous n’avions pas rediscuté de cela directement, de comment chacun se positionnait dans cette histoire.** Je me souviens d’avoir posé un moment que nos rencontres et discussions tournaient autours du très concret ; quand, comment, quoi, ce que ça peut avoir comme conséquences (répression, conséquences potentielles pour lui,...). Mais je ne crois pas avoir entendu une fois les potes me demander comment j’allais. Je n’ai pas vraiment eu l’espace de raconter les cauchemars, tout ce que ça ravivait. Sachant qu’en parallèle de ce processus est arrivée une autre situation pas simple à dealer pour moi (qui parlait aussi de viol).

J’aurai pu avoir la ressource pour m’aider à dealer mes émotions en dehors de mes complices d’attaque, mais comment le nommer à mes autres proches, celles qui ne sont pas dans la confidence de l’acte ? Pourquoi ce viol là précisément me reviens en tête maintenant et plusieurs fois durant l’année ? Et justement, chaque fois que je voies telles et telles personnes...
Pour ces questions de sécurité, de confidentialité, ce n’est pas forcément simple de délier l’accompagnement matériel et émotionnel.

Alors si aujourd’hui je devais recommencer (et c’est sur que ce sera le cas !) je poserais ça dès le début : est-ce que mes complices m’accompagnent sur le « concret », c’est-à-dire sur l’acte en lui-même, mais je trouves ailleurs des soutiens à mes émotions qui débarquent de façon assez vénère, ou est-ce qu’on prend le temps de ça, ensemble.
En tout cas, le jour où j’ai parlé qu’en fait, émotionnellement, j’avais aussi besoin d’être accompagnée, durant ces moments où l’on brasse ça ensemble, une des personnes à posé qu’elle ne voulait pas m’écouter et me soutenir là dedans (je ne sais plus si c’était une question d’énergie, d’envie, de dispo, de se sentir capable,… ?).

Avec les autres nous avons imaginé un temps où l’on se partagerait mutuellement ce que ça ravive en nous (qui finalement n’a pas eu lieu mais c’était chouette de le penser).

Je pense que chaque personne qui s’engage dans un tel processus devrait prendre conscience de ce que ça implique pour la personne de re brasser autours d’un viol (ou autre), et de choisir de s’attaquer à une personne qu’elle a pu aimer, qui potentiellement est toujours en lien avec des gens qu’elle aime, qui parfois même est encore en lien direct avec cette personne, et que ce n’est pas comme s’attaquer à une structure qui symbolise une oppression que tu vies par exemple. Et aussi d’essayer d’être au clair sur ce que cela va re brasser potentiellement chez chacune, et de poser ses besoins et limites, aussi quand on accompagne.
Après, si je le refaisais, je proposerais des temps bien distincts. Par exemple, on se voit lundi et de 10h à 12h on parle de ce que ça me fait remonter comme émotions (et aussi à mes complices, j’imagine que ça fait ressentir plein de choses…) puis l’après-midi on se met d’accord sur comment ne pas laisser des traces de nos présences ce soir là à cet endroit là.

Donc ayez en tête d’être dispo pour un soutien émotionnel aussi, ou alors de le poser dès le début que y’aura pas la place pour ça, et je trouverais ça intelligent de se renseigner si la personne a ses ressources là par ailleurs, et comment elle peut en parler sans mettre en danger toutes les personnes qui organisent cette attaque.

Je penses que c’est bien de le penser, de le préparer, quitte à ce que finalement il n’y ait pas besoin de ces temps puisque tout le monde est très apaisé par tout cela, et tant mieux, ça fait des pauses piscines :)

Disponibilité, conséquence :

D’abord j’ai changé de complices durant le processus. Avec la première équipe ça n’a pas marché pour plusieurs raisons. On n’avait pas le même niveau de sécurité que l’on souhaitait mettre en place pour cet acte, aussi on s’est pris la tête avec l’une (la vie quoi) mais ce qui, à mon sens, à empêcher qu’on le fasse ensemble, c’est surtout qu’on n’avait pas la même disponibilité dans nos vies pour le préparer/le faire.

Ce sur quoi je veux insister, c’est que, comme dans tout processus, les questions de disponibilité, d’engagement, de fiabilité sont souvent des questions qui provoquent de la frustration, de la rancœur. Que c’est pas facile parfois d’être au clair sur notre réelle disponibilité (qui est différente de la disponibilité qu’on rêverait d’avoir).

Dans mon cas, il y a eu plusieurs moments où y’avait soit disant de la dispo collective… et une date se calait… et puis finalement non (et jamais de mon ressors). Et souvent pour des raisons autres que « finalement je me sens pas de faire ça » (que je trouves parfaitement entendable à n’importe quel moment).
Boarf, ça m’a pas mis bien ce truc. Une fois même j’ai cru que c’était fait, sans moi (ce qui avait été décidé collectivement), et ce n’est que plusieurs semaines après que j’ai su qu’en fait non, parce que telle ou tel avait finalement eu un contre-temps.

Mais quand une action provoque autant de remous psychologiquement, pour moi c’est vraiment important d’être sincère (avec sois-même et avec les autres) pour ne pas provoquer d’attentes. Facile à dire je sais. Peut-être du coup de garder en tête qu’on se retrouve pas pour organiser un concert de violoncelles. Que des annulations, même si c’est important qu’elles puissent se faire n’importe quand par n’importe qui, évidemment, ont des conséquences et peut être au moins ouvrir une porte pour savoir comment sont vécues ces conséquences pour la personne qui lance le processus (au moins).

J’imagine, après l’avoir vécu, que maintenant, plutôt je donnerais ma disponibilité au minimum de ce que je suis certaine de pouvoir donner, comme ça au mieux j’ai plus de temps et au pire ça fait toujours moins de loupés.

Le rôle des complices : soutiens ou tout le monde au même niveau ?

A la finale, comme ça traînait et que j’avais besoin que cette histoire soit derrière moi, j’ai proposé à d’autres personnes de m’aider. En mode « voilà, moi je vais faire ça, telle date, de telle manière, pour telle raison, en utilisant tel matos, j’ai besoin de tant de gens pour tel truc… blabla… est-ce que ça te dis ? ».
Les personnes m’ont dit oui, et en fait, ça m’a fait vraiment du bien que l’on fasse à ma manière, du début à la fin.
On a certes adapté un ou deux petits trucs pour que tout le monde se sente bien et en confiance mais c’est quand même moi qui ait posé le niveau de sécurité que je voulais, la manière dont ça se passerait etc.

Je me dis aujourd’hui que j’aurai l’envie de refaire comme ça. Tout décider, puisque c’est MA riposte, et si mes complices ne se sentent pas de le faire comme ça, alors on en cherche d’autres. Je n’en n’avais pas conscience en commençant, je voulais un processus collectif, ou chacune se répare de ses propres histoire. Moi j’amenais juste une cible sur laquelle on se vengeait tous. Mais avec le recul, nous ne sommes pas au même endroit. Je trouves ça important d’avoir vraiment eu l’impression d’avoir choisis, d’avoir fait ce que j’avais besoin de faire.
Seul toi peut savoir ce que tu as besoin pour te réparer. Les autres peuvent t’aider à poser tes besoins, tes envies, tes limites, te faire part de leurs questionnements, leurs peurs mais en gardant en tête l’objectif que tu dois décider pour toi ce que tu vas faire dans ta riposte. Je crois que maintenant j’aurai envi de penser les choses de cette manière.

(Bon après c’est pas si simple, si on trouve personne qui veut nous accompagner dans ce que l’on veut faire, on peut adapter mais alors on peut au moins nommer et prendre en compte que c’est ça qui se passe)

...Avec le recul...

Ca m’a fait peur, avant et sur le moment. Ce n’est pas rien de s’attaquer à un souvenir qui nous traumatise… J’ai eu peur aussi de la répression, qui ne serait pas que policière mais aussi des proches de ce type que je voies encore parfois. Ca ça m’a fait flippé. Pas par peur de représailles physiques ou quoi (dans ce cas j’y avais même pas trop pensé) mais plus de me voir traiter de menteuse ou d’hystérique, de voir des personnes qui ont comptées dans ma vie me dénigrer, m’insulter, m’en vouloir…
J’avais ça en tête ce soir là. J’essayais de balayer ces projections d’un futur tout pourri.

Puis, sur le moment, j’ai pris mon pied. Mélange d’excitation et de rage qui sort au bon endroit. De confiance en moi aussi, d’être sûre d’être là ou il faut.

Et en repartant, après le stress de la peur d’être chopée en flag, plus je m’éloignais, et plus mes épaules devenaient légères. J’avais envi de rire. J’étais euphorique.

Depuis, je ressens que ça a vraiment changé quelque chose en moi. Ce n’est plus lui, l’histoire qui me revient en tête en priorité quand je pense au viol. Elle a été reléguée au rang de « classée » :)

Bon, ça fait qu’une autre situation a pris la place, mais pas de la même manière. La nouvelle situation, quand elle arrive, elle vient directement avec mes questionnements autours de « comment je vais faire pour le pourrir celui là ? ». _ Vraiment. Ca a ouvert une porte, que je trouves belle et précieuse. Je trouves ça rassurant d’imaginer que si on re blesse mon corps de cette manière, je peux me venger, j’en suis capable, j’ai des complices.
Même si je le fais pas, je pourrais. Et ça, ça change tout :)

Et puis ça m’a fait du bien de ne ressentir aucune culpabilité, mais alors zéro ! Je me dis juste « il a eu de la chance, on aurait pu lui faire bien pire ». (Et je n’exclue pas que si un jour cette histoire revient me hanter, je lui referais encore une petite place dans mes envies de vengeances).
La culpabilité a diminué aussi dans d’autres projections. Je me dis juste « bon si je le tue pas déjà il aura de la chance, il va pas se plaindre non plus », ça a dédramatisé le fait de s’attaquer à une personne dans ma tête. Peut être que ça me fait ça parce que je n’ai plus la sensation d’être sa victime ? Je n’en sais rien, en tout cas ça me fait du bien !

Pour les potes qui ont accompagnés ce soir là, le mieux serait de leur demander, mais je crois qu’elles se sont réparés aussi un peu dans leurs propres histoires.

Merci à ceux qui ont accompagnées, depuis le début, qui ont rendu cela possible et palpable.

Et si c’est à refaire ? Pour « les miens », pour « les vôtres » : sans hésiter !

Trop souvent la rage dedans

2014 ou 2015. On est en italie à bologne. une meuf proche de groupes féministe se réveille un matin nue dans le lit d’un mec. Aucun souvenir, juste celui de la veille au soir ; être dans un bar. En reconstituant un minimum avec des potes non sans difficulté c’est sûr, ce monstre a utilisé la drogue ghb et l’a violée. L’histoire de la violence se partage uniquement entre les groupes féministes ou tpg d’italie, avec son consentement. Elle nous fait aussi savoir qu’on a la marge de manœuvre qu’on veux mais que elle mettra son énergie à survivre et reprendre de la force, loin. rapidement on discute dans les villes où on est, avec certaines belles chauves souris qui font le voyage pour faire les intermédiaires. Toutes les villes ne sont pas dans le coup mais imagine bologne évidemment, rome, turin, milan, certaines d’espagne et d’autriche (et j’en oublie sûrement).

On se retrouve a plus ou moins 50 meufs, gouines, trans.
C’est le soir. on commence à déambuler en mode tags,
autocollants, slogans, megafone et tractage pour raconter
et exprimer la rage et l’envie de meurtre presque qu’on
ressent. L’atmosphère était assez intense, parce que
même si on n’avait pas eu le temps de se parler avant,
toutes étaient attentives à l’autre et chacune faisait les
petites actions pour elles même et pour toutes. Certaines
compagnonnes avaient pu trouver l’adresse du salaud et
avaient préparées des affiches avec sa photo, son nom et
prénom et ce qu’il avait fait subir.

Les flics ne se pointent pas mais on les a vu dans les rues autour et ceux en civils suivent toute la ballade sans s’approcher trop près. Arrivées dans la rue du salaud, on se met à coller l’affiche le plus possible et à taguer tous les murs possibles, on s’est ensuite mise devant l’immeuble et sa fenêtre au 2ème étage était fermée, les voisins étaient au balcon stupéfaits, mais pour nous ils n’existaient pas. Existait seulement la rage dehors individuelle et collective et les hurlements "descends, viens, maintenant". personne ne sait si il était déjà parti ou si il était dedans, j’espère pétrifié. Aucune n’a défoncé la porte de l’immeuble et de sa maison, les flics zieutaient de loin mais zieutaient mais ça se sentait que beaucoup d’entre nous le voulait. La ballade a continuée un peu dans d’autres rues, devant d’autres bar, et quand elle s’est arrêtée presque toutes auraient voulu continuer et ressentait la force et l’envie dure à gérer de vengeance.

Petites questions en conclusion :

Est ce qu’on a bien fait de le faire dans ce mode là ? Ce qui est sûr c’est que pour toutes les fois où on n’a rien fait, ou la situation n’était pas tout à fait claire alors qu’elle l’est... ben cette fois-ci, on s’est bougées en quelques jours à des centaines de kilomètre et on l’a fait. Sans elle, mais avec son consentement.

Est ce qu’on aurait rien du faire de public ? le choper en mode pussy gang... sûrement, j y ai beaucoup pensé. La violence et la vengeance amène des émotions difficile à gérer mais importantes, quelque fois déterminantes, d’autres fois libératrices, d’autres fois seulement des fantasmes qu’il vaut mieux contrôler et inhiber. Malgré l’envie viscérale, peut être s’était mieux qu’il ne descende pas, qu’on aille pas le chercher dans sa piaule, parce que une situation de lynchage de 50 véners contre un, ça fait pas partie de mes pratiques, même pour un salaud, même pour lui. Évidemment, je parle en ne connaissant pas directement la meuf qui a subit. si ça avait été une pote proche, mon petit discours aurait peut être été différent.

A t-il entendu notre rage ? ... sûrement et si pas directement quelqu’un lui a raconté, il n’a plus foutu les pieds à bologne. Peut être pour recommencer ailleurs. peut-être pas. Ce qui est sure c est que ses couilles on aurait du les lui défoncer. trop violent cette phrase...peut être mais le viol est violent. la drogue ghb est violente. Rester pacifique est violent.

Alors merde notre complicité ne doit pas rester que dans les zines aussi importants qu’ils soient, ne doit pas rester de l’ordre du fantasme mais la peur doit se transformer en action, si et quand on la ressent dans le bide. Et cette fois là, la rage n’est pas restée totalement dedans.

feu aux prisons et pussygang

Fière, forte ... et en larme.

Fuck, je les emmerde ! Je suis vénére.

J’ai envie de péter des trucs. J’avais envie d’y rester à cette soirée, mais merde, j’ai plus d’énergie.
Dès que je suis arrivée, c’était fini. Je jette un œil dans la pièce et je déchante. Une assemblée de quarante personne, et moi. Je ne vois pas d’autres meufs trans… je bug. Pourquoi j’avais pas anticipé ça ? Et en plus je suis venue seule ! Merde.

J’avais pourtant hâte à cette journée, et a ce concert. J’avais hâte d’être avec mes nouveaux bas résilles pour leur en mettre plein la vue. La journée avait même commencé de façon marrante… « Au feu ! » Mes voisin.e.s, en tente, qui crient au feu pour tester la solidarité dans le quartier et quand je rapplique en courant avec mon extincteur, j’ai vu une lueur dans leur yeux, en mode « wouah, merci, désolé », émotions forte, on se prend dans les bras, « t’es une vraie » me dira l’un d’entres elleux. Je traine un peu avec elleux. Du coup, je suis en retard et je file me préparer.

Aujourd’hui, j’ai envie d’être belle, forte, fière. J’ai envie d’imposer mon style. Je vais à une discut contre la taule et qui veut parler des TPG en taule.
_ Je m’épile rapidement les sourcils, je me rase, je me maquille : fard à paupière gris scintillant et bordeaux mat, mascara et un rouge à lèvre assorti avec le bordeaux. La veille au soir, j’avais déjà choisi comment m’habiller : d’abord, mes nouveaux bas résilles ! Je les ai chourré il y deux jours, j’aime leur maille fines :) . Je met de grosses chaussettes noires que je remonte jusqu’en dessous des genoux, il caille ! Ma mini jupe noir que j’ai découpé dans une robe, il y a de discrets faux diamants qui scintillent cousu dessus. J’enfile un petit haut sexy, pour moi, une polaire et mon sweet à capuche noir « Vilain Garçon ». Je mets mes chaussures en cuire montante. J’hésite, à cause du froid, puis je sort mon petit blouson noir. Un bonnet, une écharpe et une paire de gants pour compléter ma tenu contre l’hiver, au moins pour le haut du corps ! Je met mon thermos dans mon sac et je file en oubliant de finir ma tasse de sauge.

Je trace en vélo. Je veux pas être trop en retard. J’ai rien dans le ventre mais l’adrénaline du « au feu ! » de tout à l’heure me pousse toujours.

Je doit traverser le centre ville et les regards des hommes cis blancs m’aggressent. L’assortiment mini-jupe/bas résille semble faire skotcher leur yeux sur mon entre jambe. Ouf ! Je suis en vélo, ça me protège, je trace. Je crache quelques molards pour me vider le nez et pour extérioriser ma colère. Ils me mattent. Bien sur, dès que l’on est à moins de cinq à dix mètres, alors que je les fixe dans les yeux, ils finissent toujours par regarder mon visage. Et là, toujours, leur regard de mateur ahuri se transforme en une petite grimace de la bouche, froncement de sourcil en prime. D’un coup, ils ne sont plus sur d’avoir maté un meuf. Je maintien mon regard, fixe, droit dans les yeux, parfois jusqu’à ce qu’on se croise à moins d’un mètre de l’autre. Puis ils finissent toujours pas détourner le regard et regarder par terre. Ça m’énerve tellement et en même temps ça me fait un peu marrer des les voir en déroute face à mon genre. Mais, ça m’use, ça m’énerve. Je doit traverser tout le centre ville et chaque regard à soutenir me pèse.


Je ne veux pas "regarder dans le vide, loin devant" pour
les ignorer. Je veux les mettre face à leur connerie.
Alors je soutien leurs regards, les uns après les autres.

Un, deux… j’ai froid, trois, quatre, je pédale de plus en plus vite, cinq, le froid me glace les genoux, six, sept, huit, j’ai pas envie de m’arrêter a ce feu, je le sent pas, neuf, dix, être immobile me fait me sentir vulnérable, onze, maintenant le froid me brûle les genoux, douze, j’ai hâte d’arriver dans le bar, treize, quatorze, je me dis qu’une fois là-bas ça va être tranquille, une ambiance « alliée », quinze, presque arrivée. Je vois le bar où a lieu la discut’. Je suis stressée, je pensait pas que sortir en bas résille (c’est ma première fois) serait aussi dur. Je descend de mon vélo pour l’attacher. Une personne sort de l’immeuble devant moi… ouf ! Une meuf. Je n’aurais pas un regard de plus à soutenir.

Il n’y a pas que les mecs cis blancs qui me mattent chelou, mais c’est leurs regards les plus insupportable et c’est ceux que je veux affronter le plus pour pas les laisser passer. Je soupire une dernière fois, et me dirige vers le bar à pied. Je vois un pote pédé devant, ça me rassure déjà. Je rentre.

Dans la première salle, seul quelques personnes dont le patron que je regarde à peine, je vais vers la grande salle où il y a la discut. Premier choc : la salle est bondée. Une personne parle pendant que tout le monde écoute. Un type qui est sur le seuil se retourne et me dévisage de la tête au pied. Merde, j’ai pas eu le réflexe de soutenir son regard pour le confronter. J’ai laissé tombé ma garde en rentrant ou quoi ? Je l’ignore. Il se pousse et je prend sa place sur le seuil de la salle. Deuxième choc : il n’y a pas de meufs trans visible dans la salle. Quelques gouines, un peu moins de pédé, pas de folle visible. Merde. Qu’est-ce que je peux être naïve, c’est pas du tout un espace tranquille et j’ai déjà baissé ma garde. La moitié des personne de la salle bug sur ma gueule. Vous savez comment on jette un regard quand une personne rentre dans une pièce ? Et bein là c’est pareille sauf que la moitié des regards restent accroché sur moi, de façon plus ou moins discrète… parce que tout le monde sait que ça se fait pas de dévisager. Ça me fait buguer. Je ne bouge plus et essaye de réfléchir à une solution. « Casse-toi d’ici !!! » me crie une personne dans ma tête et une autre me dit « Emmerde-les ! Prend la place comme si de rien n’était ! ». Ces deux voies contradictoires me font buguer. Je passe en mode pilote automatique « soumission sociale », le regard vide, je vais m’asseoir dans la pièce, sans croiser aucun des regards, je suis dans une bulle, je fixe un point dans le vide en face de moi pour me poser un peu.

Soupire, au moins je suis au chaud. Je fais un tour de la salle avec mes yeux et réalise que ça va être dur de soutenir tout ses regards qui me dévisagent en croyant être discret. Je suis à peine ce que raconte la personne qui parle. Je remarque une autre meuf en bas résille, ça me fait plaisir de pas être la seule. De temps en temps, je trouve la force d’affronter un regard et de mater la personne du regard, à d’autres moments je raccroche à ce que dit la personne qui parle. La plupart du temps je fixe un point dans le vide. Les personnes que j’ai maté du regard n’osent plus me regarder et c’est très bien comme ça.

C’est une vraie lutte de regard qui a lieu mais ça à l’air de n’épuiser que moi.

On va bientôt entendre des témoignages de prisonnières, cis et trans, et ça m’énerve d’avoir à entendre ça en mixité et avec toute cette hostilité autour de moi.Les gent.e.s veulent capter ça veut dire quoi être une meuf trans en prison alors que personne à l’air de capter ça veut dire quoi être une meuf trans dans cette salle ? Commençons par le commencement… J’enrage intérieurement, je passe en mode combat et je soutien tout les regards, c’est incroyable comment la colère me donne cette énergie.

Chaque regard y passe, les uns après les autres. "Fuck you ! Rince-toi l’oeil sur internet si t’as jamais vu de meufs trans ! Connard ! " Mon regard traduit mes pensées.

Je m’épuise. Je m’efforce de rester impassible et de ne pas baisser le regard. Je suis incapable de m’énerver, incapable de partir. Je suis sur qu’il est dur de deviner ce qui se passe pour moi. L’écoute va commencer, la salle se réorganise et une dizaine de nouvelles personnes entre dans la salle.Merde, de nouveaux regards à mater.

Je passe plus rapidement sur la suite, mais c’est la même ambiance, la même galère. Pendant l’écoute sonore je suis en mode bug, à fixer le plafond. L’écoute est finie, vite, il faut que je me casse d’ici. Fuir, ça me fait du mal cette ambiance. Une personne en moi à trop mal pour rester plus longtemps. Mais je n’ai pas l’énergie du bouger du canapé sur lequel je vais finalement rester assise cinq heure. Je ne peux pas montrer mes vulnérabilités, même aux personne que je connais qui sont là, j’ai trop peur de m’effondrer, alors je fait tout pour cacher que je suis trop mal. Aussi, une autre personne en moi veut rester, les emmerder, ne pas fuir et riposter, pousser une gueulante. Entre ces deux tendances en moi, j’alterne entre regarder dans le vide pour me protéger et mater les matteurs.

A chaque fois que de nouvelles personnes arrivent, ça recommence, regards hostiles, riposte par le regards. Mais je m’épuise.

Deux types me dévisagent encore, j’hésite lequel regarder dans les yeux, je sais que je n’aurais pas le temps de mater les deux, j’opte pour le premier qui m’a dévisagé. Il détourne son regard, yes ! J’en peux plus, je dépense toute mon énergie pour ne pas laisser transparaître que je suis à bout., que leur hostilité à de l’effet sur moi. Je fais comme si j’étais invincible. Forte et fière. C’est dur d’être une meuf trans visible. J’essaye de me féliciter en me disant que ma visibilité fera peut-être du bien à une meuf trans, a une fem, à des trans qui s’ignorent et qui sont là… La discut est finit, tout le monde se barre. Je respire un peu. Quel soulagement, il n’y a plus que trois autres personnes dans la pièce, tout le monde est dehors. Je décide de rester pour manger et voir après si je vais au concert ou pas. Mais encore de nouvelle personnes arrivent, j’ai de moins en moins d’énergie…

Je n’arrive plus a affronter les regards, à riposter, je vois une table entière me dévisager et parler de moi. Je me sent comme une merde. J’arrive plus a lutter.

Je lâche l’affaire. Je suis brisée. Je pleure à l’intérieure mais j’arrive à ne pas montrer cette faille à l’extérieur. Je prends le temps de finir soigneusement mon assiette jusqu’à la dernière graine de courge pour ne pas montrer que je part parce que leur regards m’ont atteins. Je suis à bout et hors de question de craquer ici. D’autres personnes arrivent et me dévisagent encore.

Je me résigne à partir, à ne pas aller au concert qui à l’air trop bien, pas la force de tenir plus et d’affronter toujours de nouveaux regards. Et je me dis que je vais aller au bar trans dans un squat pas loin pour débrieffer avec des potes. J’enfile un jogging. Mais sur mon vélo, je me rend compte que je ne vais vraiment pas bien, je suis à bout de force. Je rentre chez moi direct. Ça m’énerve encore plus que cette cis-ambiance de merde m’aie même enlevé l’énergie de voir mes potes trans. Je trace direct chez moi. La nuit me protège des regards.

Chez moi, je bug longtemps, je mange et me fais une infusion tilleul/lavande pour essayer de me calmer. Je refais le fil de la journée dans ma tête et j’enrage ! Je vais pas réussir à dormir. Alors j’écris dans mon cahier tout ce qui s’est passé aujourd’hui pour le sortir de ma tête un peu. J’écris pendant trois heure et demie. J’ai mal au poignet, je me sent soulagée. Je l’écris pour moi, pour pas oublier, et pour vous les copines. Je me dit que je ne devrais jamais retourner dans ce genre de trucs seule et en même temps j’ai pas envie de me mettre des limites, c’est eux le problème ! Je réalise quelle force doivent avoir les meufs trans que je connais qui sont hyper visible quand elles interviennent publiquement de par leur asso ou autre. Je pense à vous. Je ferme les yeux, je réfléchie un peu a ce que j’aurais pu faire de plus, quel coup de gueule j’aurais pu pousser pour au moins visibiliser ma situation à ces fucking cis. Mais ça aurai été au prix de montrer une vulnérabilité et j’avais pas la force. J’ai pas envie que ça m’empêche de remettre mes bas résille.

Je verse encore un peu ma colère dans ce cahier en écrivant ce que j’ai pas eu la force de leur dire, puis je m’effondre en sanglots, en pleurs. Je fond en larmes. Je pleur toutes les larmes de mon corps. Fière, forte et en larmes.

Ces regards je les vit tout les jours, pas tout les jours de façon aussi intense, mais je n’ose pas sortir mes bas résille aussi souvent que j’aimerai. Alors voila comment je riposte à ces regards qui m’agressent, comment ça me rend fière, comment ça me renforce des les voir baisser les yeux et sur comment j’ai un contre coup, après, parce que ça me brise aussi de vivre tout ça. Je rêve d’aller plus loin dans la riposte, verbalement, physiquement, mais c’est dur. C’est dur de gérer ses vulnérabilités. Je regrette rien, au contraire, j’ai fait baisser le regard à une quarantaine de matteurs, j’ai réussi à rester plus de cinq heure dans cette ambiance de merde, wouah, bravo !

"(...) je suis celle qui n’a rien a perdre, qui n’a aucune raison de croire en l’humanite, de croire qu’il y aurait une raison de vouloir faire des efforts pour rentrer dans la ronde, alors que ces regles, ces normes, ces hierarchies, ces reseaux ne m’interessent pas et je ne veux pas les comprendre. Je suis celle qui preferera toujours rester en bas, a se rouler dans la boue comme un joli petit cochon, plutot que de pietiner les autres pour se hisser bien en haut. je suis celle qui aimerait faire de la vie de tous ces monstres un enfer, leur rendre la monnaie de leur piece, leur faire regretter d’avoir essayer de me prendre la vie. Et je suis celle qui assumera toujours chaque coup rendu, parce que rien ne pourra remplacer ce que l’on m’a enleve et ce qu’on continue d’essayer de me prendre. Je suis celle qui hurle "bash back" a pleins poumons, et reve de me venger sur ceux qui m’ont fait du mal et ceux qui les soutiennent, les encouragent. Je suis une survivante, qui leche ses blessures profondes pour essayer de guerir de toutes les violences subies, mais qui sortira les crocs et se battra jusqu’a son dernier souffle s’il le faut ... parce qu’il n’y a rien d’autre a faire que survivre dans ce monde, et que la survie c’est ne pas se laisser enfermer dans un statut de victime, d’inferieur, et c’est devenir une arme face a des violences percues comme normales dans les schemas patriarcaux. Baisser la tete et faire soumission m’empecherait de me supporter moi-meme, de me respecter moi-meme, de continuer a vouloir vivre, et j’ai survecu jusque la a un monde et un milieu peuple d’autoritaires et de laches trop contents de les suivre, et il en sera ainsi tant que je respirerai dans ce vaste univers imbibe de putrefaction."

extrait du texte "sirventes de printemps" sur diomedea.noblogs.org

D’AUTRES TEXTES...

Des contributions et textes trouvés ci et là dans lesquels le developpement "théorique" est plus central.

Tu es avec nous ou tu es contre nous

TW : ce texte dévi aux normes gramatikal et orthografiks

======E=3=======

L3 « tu 3s avec nous ou tu 3s contre nous » 3st un faux dil3mm3. Une réfléxion binair3 qui r3vien à dire « tu es féministe ou tu es antiféministe », racist3/antiracist3, capitalist3/anticapitalist3. Un3 s3nt3nce qui réduit le choix d3s possibl3s à 2. Si tu n’3s pas l’un, tu 3s l’autr3. Si tu 3s critiqu3 vis à vis de l’un, tu 3s l’autre … Il s’agi d’1 argum3nt déf3nsif, qui 3st autoritair3 sous couver d3 radicalité.

Et j’utilisais c3t argum3nt, il y a p3u encor3. La dèrnièr3 fois qu3 je l’ai utilisé, c’3st en jug3ant un3 situation d3 façon extéri3ur. Laiss3-moi t3 la raconté de mon point d3 vu3. Une p3rsonne qu3 j3 n3 connais pa, mais qui évolu3 dans un mili3u proch3 du mi3n 3st mis à jour comme un viol3ur. J3 l’app3ll3rai ici Jean. J3 m3 r3trouve sur un camp, à fréqu3nter Jean 3t des gens que j’identifie comme « sa cliqu3 » p3ndant tout3 une s3main3. Son prénom 3st t3ll3m3nt courant, k3 j3 n3 fais pas le li3n. C s3ul3m3nt à la fin du camp, k’un3 ami3 m’appr3nd k3 C c3 mêm3 typ3 ki 3st un viol3ur. J3 suis dégouté-3 ! Pourquoi 3st-c3 qu’on n3 m’a ri3n dit avant ? Tout3s c3s m3ufs ki fréqu3nt3nt 3ncor3 sa cliqu3, aurai3nt du me prév3nir si elles avai3nt 3u un3 consci3nc3 f3minist3 ! J3 m3 s3ns trompé-3. Mal d’avoir discuté, rigolé av3c lui comm3 si d3 ri3n n’était. Sans rien soupçonn3r. J3 t3rmin3 l3 camp av3c c3tt3 ranco3ur contr3 lui mais surtout contr3 s3s pot3s. J3 n3 l3ur 3n parl3 mêm3 pas. Si i3ls gard3nt ça sous sil3nce, c qu’i3ls l3 souti3nn3 activ3m3nt. J3 n’ai ri3n à l3ur dir3.
Lors d3 discussions féminist3s, j3 crois compr3ndr3 par hasar ki il a violé. Par hasar, psk c3tt3 m3uf n3 l3 dit pas clair3m3nt. On/3lle m3 racont3 comm3nt d3s actions ont été m3né3s contre lui pour l’3xclur3 de li3ux/évén3m3nts. Comm3nt l3 group3 de m3ufs d3 « sa cliqu3 » qu3stionn3nt d3s pratiqu3s féminist3s (et la p3rtin3nc3 d’3xclusions). A qu3l point il 3st bi3n 3ntouré 3t continu3 d3 vivr3 tranquill3m3nt. Alors qu3 3ll3 vit dans la p3ur. J3 n3 sais pas trop dét3rmin3r de koi 3ll3 a p3ur, mais ça pr3nd une plac3 important3 dans sa vi3. Chang3 d3 num3ro régulièr3m3nt. N’3st joignabl3 qu3 par mails. Jean, lui, écrit d3s brochur3s. Il a un3 grand3 notoriété dans son styl3. Il 3n aurait mêm3 publié un3 ki s’app3ll3 « Je ne veux plus être un violeur ». J3 lis c3tt3 brochur3, 3t la g3rb3 m3 mont3 dans la gorg3. Un3 éspèc3 d3 m3a culpa dégoulinant d3 bonn3 volonté, ki offr3 à lir3 d3s d3scription d’agr3ssions s3xu3ll3s d3 son point de vu3. Comm3 s’ul n’y avait pas ass3z de t3xt3s écrits par d3s p3rsonn3s agr3ssé3s s3xu3ll3m3nt, qui décriv3nt 3n détail c3 qu’i3ls ont subi. Lui analys3 s3s act3s av3c froid3ur, comm3 on comm3nt3rait un film. J3 m’3n tap3 kil n3 v3uill3 plus êtr3 un viol3ur. 3n koi 3st-c3 k3 ça pourrait êtr3 intér3ssant pour kiquonqu3 ? J3 pr3nd ça pour un verni proféminist3. 3n att3ndant la copin3, 3ll3, 3n bav3 toujours. 3t n’a ri3n publié sur son vécu.
J3 n3 suis pas très proch3 d’3ll3 p3rsonn3ll3m3nt, mais j3 m3 s3ns proch3 de c3tt3 histoir3. J’ai été violé par un bon militant, cl3an sous tt rapport, antis3xist3 3x3mplair3. Un m3c ki r3gr3tt3 « sincèrement » d’avoir violé plusi3urs personn3s, ki « fait un gros travail » sur lui, mais continu d’êtr3 un connard fini. Dans ma têt3, l3 li3n 3ntre l3s souti3ns d3 Jean 3t l3s souti3ns du m3c ki m’a violé 3st vit3 fait. Dans l’anné3 ki suit, j’évit3 de fréqu3nt3r « sa cliqu3 ». J3 n3 m3 s3ns pas à l’ais3 qd on s3 r3trouv3 sur l3s mêm3s li3ux. Pas moy3n d3 l3ur fair3 confianc3. Mêm3 si on a d3s atom3s crochus, j3 l3s snob. A un3 pot3, ki comm3nc3 à fréquent3r c3tt3 cliqu3, j3 dis mon malais3 3n 1 phras3, tranchant3. 3ll3 coup3 court à la discussion. C3 n’3st pas l3 mom3nt d’3n discut3r. C 2 anné3s après l3 camp, p3ndant un long traj3t 3n voiture qu3 j’abord3 l3 suj3t pour la première fois av3c un-3 autr3 pot3 ki connai la cliqu3. I3l n3 compr3nd pas bi3n c3 k3 j3 v3ux dir3. Alors j3 lui racont3 c3tt3 histoir3, comme j3 vi3ns d3 t3 la racont3r.

La3 pot3 tomb3 d3s nu3s. I3l m3 dit ka priori j3 suis plus informé-3 sur c3tt3 histoir3 que Jean lui-mêm3 et qu3 l3s p3rsonn3s d3 la « cliqu3 ». Qu3 la s3ul chos3 qu3 l3s pot3s d3 Jean ont 3u pour info, c’3st « Jean est un violeur ». Quand i3ls ont d3mandé à 3n savoir plus (pas à avoir d3s pr3uv3s, à 3n SAVOIR plus), c’était sans succès. I3ls ont vu Jean int3rdit d’évén3m3nts/li3ux sans 3n compr3ndr3 r33ll3m3nt l3s 3nj3ux. I3ls n3 savai3nt pas ki était la copin3, ni a ki s’adr3ss3r pour 3ntr3r 3n contact avec 3ll3.

Alor c à mon tour de tomb3r d3s nu3s.
J3 m’imagin3 à l3ur plac3. Un bon pot3 visibilisé comme viol3ur. Aucun moy3n d’3n savoir plus. Pas 3nvie d3 m3ttr3 3n qu3stion c3 ki 3st avancé, mais envi3 d’avoir d’autr3s répons3s k3 l3s si3nnes.
Sa v3rsion à lui comm3 s3ul3 3xplication. Qu’3st-c3 k3 j3 f3rais ?? Comm3nt 3st-c3 k3 j3 d3al3rais av3c ça ? 3St-c3 k3 j3 c3ss3rait d3 l3 fréqu3nt3r ? 3st-c3 qu3 j3 m3ttrait d3 la distanc3 ? 3st-c3 k3 j3 lui d3mand3rais d’écrir3 un truc (un3 brochur3 …) pour m’3xpliqu3r c3 ki l3 travaill3/trav3rs3 ? 3st-c3 k3 s3s m3a culpa dégoulinants d3 bonn3 volonté suffirai3nt à r3st3r 3n confianc3 av3c lui ? 3st-c3 qu3 j3 m3 m3ttrais à l3 haïr du jour au l3nd3main pour c3 kil a fait ? J’3n sais ri3n ! J’3n sais rien !!!! L3s murs d3 m3s c3rtitud3s binair3s s3 fissur3nt. J’avais exigé un positionn3m3nt clair, sans app3l, d3 la part d3s pot3s d3 Jean, alors qu’à l3ur plac3, j3 n’3n aurait pas été capabl3. J3 voyais d3s « soutiens infaillibles » là où il y avait sûr3m3nt d3s personn3s 3n dout3. Ki n’avai3nt pas 3nvi3/pas l3s moy3ns d3 s3 positionn3r dans l3 « tu 3s av3c nous ou tu 3s contr3 nous ». J3 suis r3sté un long mom3nt sans voix, dans la voitur3. La3 pot3 aussi. I3l n3 pouvait pas imagin3r l3 chamboul3m3nt dans ma têt3. D3puis c3tt3 discussion j3 cr3us3 3t cr3us3 c3 faux dil3mm3 pour 3n v3nir à bout. 3n 3sp3rant n3 plus l’impos3r à kiconqu3. 3t n3 plus m3 l’impos3r à moi-mêm3 !

=====A=4=====
J’écris ce texte en m’4dress4nt à toi, ki ent4illes le p4tri4rc4t. Qui le subi dans t4 ch4ir. Et ki a déjà eu à te positionner, voire a déj4 exiger d’4utres qu’iels se positionnent d4ns le « tu es avec nous ou tu es contre nous ». Je v4is ess4yer de t’expliqué ce ke je pense ici, s4ns me justifé. Je ne cherche pas à te conv4incre. Juste à te permettre de me comprendre un peu, si ç4 te tente. 4ut4nt te dire tout de suite ke je ne tire p4s mes idées d’une théorie/groupe politique. Je les 4i creusé en crois4nt ou en en heurt4nt des actions. Et ces idées n’ont rien de figées. Elles sont critiqu4bles à envi, même s4ns justific4tion (peut-être même ke tu m’entendr4s les critiquer sous peu). Elles ont émergé dans une civilis4tion techno-industrielle et n’ont p4s l4 prétention de parlé d’autres situ4tions ke celles que j’4i 4perçues moi-même ds cette civilis4tion-ci (ke crève l’univers4lisme !).

Les violences oppressives sont p4rtout, on les subit et on les perpétu souvent malgré nous. Je te défi de me dire ke tu n’4s j4m4is outrepassé les limites de qqn-e. ke tu ne t’es jamais rendu compte qu’4près coup de ce ke ç4 4v4it provoquer chez l’4utre. Peut-être même qu’il a f4llut qu’on t’explique. Ke tu n’4rriv4is p4s à comprendre seul-e. (Ou ke tu ne l’4s toujours p4s compris en fait).

C’est l4 r4ison pour l4quelle je ne considère p4s qqn-e sur ce qu’iel a fait, m4is sur ce qu’iel EN f4it. Est-ce qu’iel en prend 4cte, sérieusement. Si je continue à parler à un-e « agresseur-e », et si je mets des guillemet 4utour de ce mot, je ne remets en aucun c4s en c4use ce ke tu 4s pu vivre. Je ne prends p4s p4rtie POUR ellui et CONTRE toi. Je ne lui suis p4s un soutien inf4illible (ni pour l’un-e ni pour l’4utre). Je ne veux p4s DEVOIR cesser de l4e fréquenter et ne plus l4e définir ke p4r qqch qu’iel aur4 f4it à un moment donné de s4 vie. Je continuer4i peut-être de l4e fréquenté si j’observe qu’iel s’est donné/se donne les moyen de travailler sur son comportement. Si iel f4it, ce que j’estime être, le nécess4ire pour qu’une tel situ4tion ne puisse plus se reproduir. Si j’4i l’énergie de br4sser une énième fois tout ç4.
Je ne dis p4s qu’il f4ut « soutenir » tout-e 4gresseur-e d4ns son « cheminement personnel pour CHANGER ». Je ne dis p4s ke je le fer4i. Je te dis ke m4 ré4ction ser4 différente à ch4ke situation. ke je n’4i p4s envie d’4ppliquer un schém4 de pensées/réactions prédéfini et 4pprouvé pour toute situation de violence oppressive. Ce serait f4ire le jeu de l4 justice, et je refuse d’être un-e justicier-e !
Si tu démontes l4 gueule d’une personne à qui je tiens, j’en souffrirai sûrement pour ellui. C4 ne voudr4 p4s nécess4irement dire que je critiquer4i ton 4cte, que je ne le comprendr4i p4.

=====i= !=====

Quand, ya plus !eur annés, j’a ! eu a fa !re face à une agreç !on sexuelle, j’a ! r !posté. Ça a été ma réact !on. Elle s’est !mposé à mo ! pour affronter ça. j’a ! env ! aujourd’hu ! d’avo !r un regar distanc !é sur la ripost, une auto-critique autant qu’une critique.
J’a ! aucun pb , en soi, avec l’ut !l !sat !on de la r !poste/attaque. Je ne la trouve pa moralement bonne ou mauva !se. Souvent, quand j’entens des échos de r !postes/attaques, elles me font chaud au cœur. Me donnent de la force pour en mener mo !-même.
Taguer/ pourr !r/ déf !gurer/ ca !llasser/ br !ser/ casser/ voler/ saccager/ hum !l !er/ incend !er/ crever/ cracher/ menacer/ c !bler une personne/ un groupe de personnes/ du mater !el/ nommément/ de man !ère !nd !scr !m !née/ « gratu !te »/ revend !qué/ anonymement
Tous ça ne me parle pas de la même man !ère en toute c !rconstance. Je ne veux pas part !c !per au fantasme ou a l’érot !sat !on de la r !poste. D !re « no limit » tout est cool. S ! je su !s s !ncère avec moi-même, je ne peux pa savo !r à l’avance, ce qu ! me fera k !ffer. Ça dépendra des s !tuat !ons. Je peux m’ !mag !ner des scénar !os que je trouvera ! bien cool, d’autres franchement
mo !ns. Ma !s même dans ce « franchement moins », ya du pos !t !f pour mo !. Parce ke jusqu’ !c !, je peux d !re d’une r !poste (qu’elle me parle ou non) qu’elle me nourr !. Elle me quest !onne. M’ammène à évalué mes propres l !m !tes. À repousser des poss !bles. Elle ouvre/ferme des portes dans ma tête. Elle m’a !de a me connaître mo !-même.

Je ne prétends pas avo !r le bon moyen de répondre à la v !olence quot !d !enne/systém !ique kon se pren ds la gueule. Je pense ke chak personne k ! souha !te surv !vre trouve ses réact !ons propres. Elles n’ont pas beso !n d’être théor !sées/just !f !ées/lég !t !mées/label !sées pour être sensées.

S ! JE DO ! S CHO ! S ! R ENTRE M ’ ENTA ! LLER LES VEINES ET ENTA ! LLER LE PATR ! ARCAT ;
A UJOURD ’ HU ! JE CHO ! S ! D ’ ENTA ! LLÉ LE PATR ! ARCAT . P ARCE QUE ÇA ME SERA SÛREMENT V ! TAL , NÉCESSA ! RE .
E N R ! POSTANT , MÊME S ! ON NE SE CONNA ! S PAS , TU PEUX ME DONNÉ L ’ ! MPRESS ! ON D ’ ÊTRE COMPL ! CES DE TA ! LLADER LE PATR ! ARCAT . E T C ’ EST UN L ! EN AUQUEL JE T ! ENS . P ARCE QU ’ ! L NE S ’ AG ! T PAS DE D ! SCOURS / PR ! SE DE POS ! T ! ON FAKE . C’ EST DU TANG ! BLE , DU PALPABLE . C’ EST CE DONNER DE LA FORCE À TRAVERS NOS ACTES . Ê TRE COMPL ! CES ET NON PAS « SOUT ! ENS ».

Ce qu ! te prends aux tr !pes quand tu attak/r !poste est une puls !on/env !e toute personnelle. Tu ne peux pas demandé à tous le monde de réag !r d’1 bloc. En « sout !en ». Parce que sa va parler/rebuter/ !nsp !rer chak personne d !fféremment. Alors stp ne me demandes pas de me retrouver dans tout ce ke tu d !s, tous ce ke tu porte. Ne me d !s pas quo ! fa !re pour être un-e « bon-ne sout !en », je ne veux pas de ce label. S ! je ne su !s pas d’accord avec to !, j’a !mera ! pouvo !r te le fa !re savo !r sans cra !ndre d’être taxé-e d’ant !-fém !n !ste ou de « traître-sse à la lutte ». S ! tu n’est prêt-e qu’à entendre la renga !ne « tu es légitime … c’est un-e monstre … tu es victime », ne me demande pas mon av !s. Tu sera déçu-e …

Quand tu te fa !t agressé, ça fa !t mal. Ce qu ! fa !t d’autant plus mal, cé ke ce k ! t’arr !ve est affreusement normal. Ça arr !ve tous les jours dans notre belle c !v !l !sat !on. Mais to ! tu le cr !es, tu fa !s du bru !t. Ya de la casse. C’est beau à vo !r. Ca ne fait pas de cet-te « agresseur-e » un-e monstre. Ca en fa !t qqn de normal. Attaker cette normal !té, ça fa !t de to ! un-e cr !m !nel-le en pu !ssance. La just !ce (état !k, réparatr !ce, révolut !onna !re … qu’ !mporte) !mpose un schéma de normes/règles valables un !versellement. Elle déf !n !t des pun !t !ons/réparat !ons appropr !ées pour ré-éduquer les dév !ant-es. Toute personne dont !l est avéré qu’ !el transgresse ces normes/règles est coupable. Et est amené-e de gré ou de force à retrouver le dro !t chem !n de la morale. S ! tu comptes pun !r. Rendre just !ce… Ca sera sans mo !.

Pour autant je m’ !mag !ne mal me mettre en travers de ton chem !n pour t’en empêcher (mais qui sait...). S ! on se connaît, je pourra !s te proposer d’en d !scuter. S !non tu l !ras peut-être un texte, une lettre k ! tentera de t’expl !quer mon désaccord.

Je n’attends d’aucun-e révolut !onna !re, n ! d’aucun-e fém !n !ste, qu’ !el a !t les mêmes !dées ke mo !. Parce ke ma v !s !on est (personnelle et) sûrement !njust !f !able dans une perspect !ve de transformat !on soc !ale. Depu !s ke j’a ! arrêté de cro !re en la révolution, j’a ! arrêté de croire en la f !n du patr !arcat. Ke ça arr !ve ou pas dans un future lo !nta !n, je m’en bas les gonades. Ca fa !t b !en beau dans les bouqu !ns de SF féministe, où l’utop !e est de m !se.
Depu !s ke le sex !sme ex !ste !l a sûrement toujours été ta !lladé. Depu !s ke l’hétéronome ex !ste elle a sûrement toujours été attaqué. Depu !s que le rac !sme ex !ste, !l a sûrement toujours été scalpé... Même s ! ce n’est pas « vrai », cette !dée me réconforte quand je me sens seul-e, lo !n de toute compl !c !té. Je ne suis pas un soutien inconditionnel.

Je ne suis pas « avec toi » ou « contre toi ». Je ne suis pas « safe ». Tu peu compter sur mwa pour me réjouir de tes méfaits ; leur donner de l’éko et te donner de la force si ça me parle, si j’en ai l’énergie.

Avec amour et rage

A propos de vengeance : quelques contours

Notes préalables à la lecture :
j’ai choisi de féminiser les termes liés aux personnes auteur.es d’agressions afin de sortir de l’évidence de l’hétéronorme et de la binarité homme cis/femme cis. Et aussi pour visibiliser que des violences et donc des désirs de vengeance ne sont pas le seul fait des relations hétéro entre personne cis. Des reflexions spécifiques sont nécessaires a avoir pour prendre en compte les particularités propres aux aggresions hors cadre cis hétéro (ce qui n’est pas développer ici deso). Cependant, toutes les situations qui ont "nourri" la reflexion du texte qui suit s’inscrivent dans le carde de la norme cis hetero et des schémas et violence qu’elle produit.
_ J’utiliserai les termes de vengeances, revanches et ripostes de manière indifférenciée. Parce que je n’ai pas trouvé quelque chose de généralisable et que j’ai l’impression que leurs utilisations sont dépendantes d’un contexte ou liées à des expériences particulières.
Ces réflexions sont le résultats de nombreux échanges avec d’autres, ce qui me fait alterner entre le "je" et le "nous/on".


Ça parle de situations qui sont des réponses à des attaques du patriarcat, mais pourraient tout autant parler d’un rapport général à ce qui nous attaque dans ce monde et de comment on veut y répondre.Il est question ici de vengeance qui parle de conflictualité, d’action directe, du fait de ne pas rester passif.ve et de le faire au regard d’une éthique inspirée par des points de vue et analyses anarchistes et féministes.

Je ne considère pas toutes les raisons de se venger de la même manière car certaines sont des moyens de continuer à asseoir des rapports de merde comme la jalousie, la compétition, l’honneur, la propriété privée, la soif de pouvoir, etc. Par exemple, je n’aurai pas envie de soutenir une personne qui cherche à se venger de son mec infidèle en voulant s’attaquer à sa nouvelle meuf. Car cela parle de la manière dont la propriété privée s’insinue dans nos rapports les plus intime ainsi que de la manière dont la misogynie s’impose comme un réflexe.
Les motivations dont je parle sont en lien avec l’envie de mettre à mal des rapports de pouvoir.

Se venger d’abord pour soi, en dehors de toute volonté de faire de la pédagogie, d’expliquer d’où vient cette colère et quel comportement engendre quoi. Parce qu’on n’a pas ou plus envie. Parce que ça ne marche pas. Parce qu’il est trop tard pour parler ou parce que l’on refuse d’accorder ce temps et cette énergie à l’autre. Parce que l’on veut « juste » rendre les coups pour se faire du bien.
Prendre sa revanche pour ne pas se laisser écraser, pour transformer la colère et les blessures en acte, pour ne plus la diriger contre nous mais bien contre celleux qui nous bousillent.
Prendre sa revanche pour dépasser la culpabilité de s’être fait agresser, pour reprendre de la confiance en soi, pour s’autonomiser en reprenant la main sur une situation qui nous bouffe, pour ne plus être bloqué.e dans un statut de victime qui nous veut passif.ve.
Prendre sa revanche pour cicatriser nos plaies.
Riposter pour réaliser que nos corps ne sont pas seulement de potentielles sources de souffrance mais aussi un moyen, une arme, pour se défendre et attaquer. _ Riposter aussi pour extérioriser la violence vécue et l’empêcher de creuser des cratères en nous.
Attaquer enfin comme moyen de se redonner de la confiance, pour arrêter de se dévaloriser, de s’excuser, de douter de nous, pour prendre la place sans la demander et sans attendre qu’on nous la cède.

Et dans le fait de se venger, même si l’on est la personne au centre du processus (parce que je le fais avant tout pour moi), il reste toujours un rapport à l’autre. Avec plus ou moins d’envie de le faire "pour soi" ou "contre l’autre".
Parce que notre réparation peut passer par le fait de faire du mal à l’autre, pour que ce soit ellui qui soit viser cette fois-ci.
Parce j’ai besoin de faire du mal à l’autre pour ce qu’iel m’a infliger, parce que je le considère responsable de m’avoir pourri la vie. C’est un rapport très personnel.

Rendre les coups...
Pour faire peur à la personne ou l’incapaciter pour qu’elle ne recommence pas. Pour déstabiliser la personne dans ses certitudes, son aisance à faire de la merde. Pour envoyer un message à toustes : les comportements de merde provoquent des conséquences qui peuvent revenir en pleine face.

Quelles capacites a pouvoir se venger ?

L’idée n’est pas de créer une norme sur ce qu’il faudrait faire ou non face à des actes qui nous attaquent. En plus, il ne suffit pas de le vouloir pour que ce soit possible de passer à l’acte.
_ Parce que se venger c’est aussi avoir les moyens, être dans certaines dispositions. Et ça va dépendre vachement de comment on se sent dans nos têtes, du temps qu’il faut pour mettre des mots, identifier pour soi ce qui se passe, oser le partager et savoir quoi en faire. Ça dépend aussi dans quel rapport à la répression on se situe. Ça ne fait pas pareil de savoir que la répression isolerait par exemple un.e mineur.e dont la personne référente se fait arrêter. Ça fait pas pareil non plus si on sait que se retrouver face aux flics va activer un rapport répressif particulier comme cela peut être le cas si t’es une personne racisée, une personne trans ou sans papiers ou encore si tes déjà dans le colimateur de la répression. Ces critères ne définissent pas à priori ce qu’une personne voudrait faire (car il s’agit toujours d’un choix personnel par rapport aux risques que l’on est prêt.e à prendre), mais servent à pouvoir réfléchir aux spécificités d’une situation et comprendre ce qui peut se passer dans d’autres têtes et potentiellement mettre des trucs en place pour faciliter les choses si la personne le désire.
Décider de se venger, ça peut aussi potentiellement recquérir des capacités à se bouger, courir, frapper et c’est bien de pas oublier qu’on n’a pas toustes les mêmes moyens face à ça.
Pouvoir se venger c’est aussi avoir des potes autour. Déjà pour avoir des personnes à qui dire, des personnes qui vont nous croire, et des personnes qui vont bien vouloir soutenir. Et les vents peuvent parfois être violents. Parce que quand on s’en prend à des personnes socialement bien placées, reconnues et/ou appréciées, des personnes qui donnent d’elles-même une image sympathique ou charismatique difficile à casser, il faut s’accrocher derrière. Et il vaut mieux avoir des potEs prêt.es à se bouger. Parce que ça demande aussi de se sentir confiant.e. Il faudra du soutien quand on nous renverra l’image de l’hystérique qui pète un câble parce qu’elle a ses règles. Ou de la chieuse qui créé du sexisme quand elle parle de ses galères. Ou de la personne juste trop venère qui fait un foin pour « presque rien ». Et la liste est longue. C’est assez rapide d’appuyer sur les stéréotypes de genre pour décrédibiliser ou dépolitiser des histoires. "c’est un problème interpersonnel, ou de sensibilité, rien à voir des rapports politiques". Et dans ce cas là, c’est la personne qui a de la prestance, des potes ou une place sociale particulière qui sera crue, entendue, et autour de qui les gen.tes se regrouperont, pour peu qu’ielles se positionnent. Ça demande du courage, de ne pas douter de soi, de ne pas se sentir comme une merde, de ne pas se dire que parce qu’on est la.e seul.e à penser ça, c’est qu’on a tort ou que ce n’est pas vraiment grave.

J’écris tout ça pour désarmer la culpabilité que des discours sur la riposte pourraient provoquer. Car cela pourrait renvoyer que la personne qui ne le fait pas serait juste une merde parce qu’iel a besoin d’autres moyen pour se sortir des violences vécues ou parce qu’iel ne se sent pas de le faire. A plein de moments, ces discours sont utilisés par des personnes qui font de la merde pour renvoyer la responsabilité sur les personnes qui la vive. "t’as qu’à confronter cette personne !", "t’as qu’à lui casser les genoux si ça t’a tant blessé".

La culpabilité peut aussi naître dans ce qui se cacherait derrière l’idée de force/courage, qui est très présente dans les imaginaires. Je trouve ces deux caractéristiques très importantes, et j’ai envie de les développer, mais en modifiant les dires et comportements qui s’y rapporte. Pour moi, la "force" n’est pas qu’une question de capacité physique ou mentale à dépasser toujours vers le haut les problèmes sans questionner vers où l’on va, ni à quel étalon de mesure on se réfère. Pour moi, la force (dans sa signification proche du courage) est l’un des concepts qui est fortement contaminé par le virilisme et le machisme. A savoir que ça valorise des domaines qui sont souvent attribués à la masculinité (vue ici dans ses formes stéréotypées et normatives). "Fort pour se battre", "fort pour se faire respecter par la peur", "fort pour ne pas montrer sa souffrance", "tellement fort qu’il n’a besoin de personne" etc. Et ça renvoi directement à ce qui est interdit aux "petits garçons" : ne pas ressentir ni exprimer ces émotions parce que ce serait vu comme une faiblesse, ne pas parler de ces peurs ni de ces doutes, ne pas reconnaître qu’on a besoin de soutien à des moments, etc. Dans cette vision largement diffuse du patriarcat, la femelle apprendra d’ailleurs à se référer à son mâle pour gérer ces domaines là. J’aimerais casser cette image de la force car elle nous desserre et perpétue une vision patriarcale qui valorise une vision "masculine" qui continue d’invisibiliser les domaines dans lesquels on pourrait parler de force. La force/le courage d’admettre ses erreurs, ses doutes. La force de prendre soin de ses relations. La force de se regarder en face pour connaître ses limites et les poser. La force de soutenir ses proches et d’affronter l’absurdité de se monde. La force de dézinguer ses
constructions pourries. La force d’écouter, de se remettre en question. etc.

Pour moi c’est aussi une tentative de ne pas reproduire du virilisme et de la misogynie (qu’elle soit portée par des mecs ou des meufs ou autres). Je ne veux pas que l’imaginaire de la personne stylée soit celle d’une personne aux caractéristiques masculines (dans sa forme stéréotypée et normative).

Lutter contre le virilisme, c’est aussi ne pas se laisser enfermer dans des mécanismes de mise en concurrence souvent utilisés par des connards et dont les meufs sont parties prenantes. De fait, une manière de faire sa place dans ce monde est de reprendre à son compte les codes des dominants pour pouvoir faire partie de leurs dynamiques et espaces. Cela peut mener à créer de la mysoginie ce qui revient à jouer des rapports de concurrence entre meufs en dénigrant les attributs de la féminité et l’image dégradantye qui va avec. Rien de très original dans cette logique que l’on peut observer aussi dans le rapports de classe où l’on cherche à monter les "pauvres" les un.e contre les autres en créant toujours des sous catégories de personnes pour pouvoir faire partie de celleux qui écrasent et non pas celleux qui sont écrasé.es. Moi je veux qu’on puisse abattre le patriarcat partout où il se trouve. Sans que ça veuille dire que ce soit aux meufs de rattraper le retard de confiance et d’acquis des mecs, mais que c’est bien à chacun.e de quitter les stéréotypes de genre auxquels cette société tente de nous assigner sans cesse. Pour construire quelque chose où masculinité ne rime pas avec domination et féminité avec soumission. (big up aux queer trans pédés gouines et Autres qui réinventent déjà ça !!).

Et l’ethique dans tout ca ?

[je développe ici des pistes de réflexion, résultats de nombreux échanges, qui n’ont pas toutes finies d’être élaborées et qui sont plus un ensemble de question qui nourrisse ma pensée que des réponses implacables. Le propre de l’éthique étant que chacun.e choisisse ce qu’ielle considère comme juste au regard de ses valeurs. Il s’agit donc d’un point de vue partiel et forcément partial.]

Comment mêler l’éthique, à savoir un choix raisonné et rationnel, à la vengeance, qui peut paraître un acte issu de l’émotion. Sentiment qui vient des tripes ? Je crois plutôt que l’un et l’autre s’alimentent et qu’on ne peut pas faire cette différence entre les deux. En effet, la vengeance peut être longuement réfléchie, et l’éthique et les choix qui en découlent sont aussi guidés par des émotions et ressentis. Ce dont j’ai besoin, ce qui me fait du bien ou pas. Je peux choisir de suivre une éthique qui détruira une partie de moi-même que je ne veux pas garder. Ce qui me semble être le parcours de qui cherche à quitter les chemins tracés dans nos têtes, nos corps, nos actes. Dans le fait de vouloir se venger, il y a donc aussi les deux aspects : le rationnel et l’émotionnel. Le second prenant, j’ai l’impression, assez souvent le pas sur l’autre.

L’éthique peut avoir un rôle assez tôt dans le fait même de vouloir suivre une envie de vengeance ou non. Ou quand on suit l’idée de ne pas vouloir faire de la pédagogie. Après, ça intervient dans le fait d’accepter de s’en prendre à des personnes physiques et pas seulement à des biens matériels.

La base pour moi serait que l’action soit motivée par le fait d’être pris dans des rapports structurels de domination qu’on cherche à renverser pour se libérer. Certains actes de vengeance ne me parlent pas. Je peux alors réfléchir à quel positionnement je voudrais adopter concernant des actes de vengeance qui dépasseraient mon éthique.

Mais voici ici quelques idées de choses qui me font sens à prendre en compte dans la vengeance ;

Le rapport a l’autonomie dans la reponse...

Une autonomie par le fait de ne pas vouloir déléguer nos colères et soifs de revanche aux psy pour nous calmer, aux keufs pour enfermer ou à la justice pour juger à travers sa morale. C’est donc refuser de laisser à des prétendus « experts » le pouvoir de régler les choses à ma place. Ça passe par le fait d’identifier ce qui nous le fait pas et sur quel système de valeurs on se base pour ensuite choisir les moyens par lesquels on veut s’en sortir.

La confiscation de l’autonomie peut aussi se jouer dans des rapports très proches. Qu’est ce que cela implique d’intervenir sur une situation qui nous a touchée sans pour autant en avoir été la "cible première" ? Car on peut s’interroger sur la manière dont notre propre réponse peut court-circuiter le plan de la personne cible [1]. On peut aussi se poser la question de la place que l’on occupe ou qu’on renvoi dans un rapport d’oppression pour faire gaffe à ne pas reproduire de la confiscation et prendre en compte l’importance que cela peut avoir pour une personne de pouvoir être acteur.ices de sa riposte.

Décider de prendre sa revanche ca parle aussi d’agir directement sur la personne auteur.e et non pas, dans un rapport médié, de faire mal à l’une pour que par ricochet ca fasse mal à l’autre.

Ne pas faire appel aux journaleux.e pour visibiliser des actions...

Je ne veux pas collaborer avec la presse dominante parce qu’elle se base sur des logiques de merde. Le principe de transformation de l’information en produits de vente pourri à la base toute possibilité de donner une information de qualité parce qu’il faut aller vite, faire court, faire du sensationnel, et être bien dans les cases pour plaire aux publicitaires. Les intérêts politiques du journalisme mainstream sont directement liés à ses modes de financement ce qui enterre toute possibilité critique en dehors du cadre institutionnel et financier. Les médias mainstream sont les organes de diffusion privilégiés des personnes de pouvoirs qu’elles viennent des milieux politiques, industriels, sociaux (psy, sociologue, ...) culturels, etc. Ils se font aussi le relais de toutes les normes de la pensée dominante (qu’iels crèvent !!).

On peut utiliser et développer nos propres moyens pour diffuser de l’information. On peut choisir de ne pas céder à l’illusion de parler "au plus grand nombre" ou "à la masse" (qui n’existe pas), être clair sur nos subjectivités et pouvoir porter nos radicalités sans la crainte de la (auto) censure qu’implique ces médias.

Voir et pratiquer l’entraide et la solidarite comme une arme...

Pour lutter contre les silences et briser l’isolement sans que ça sonne comme une obligation. Et sans que ce soit fait de manière inconditionnelle càd de ne pas tomber dans le travers de laisser ses idées anti-autoritaires de côté pour ne prendre en compte que le prisme du féminisme, et vice versa. par exemple : se dire que si une personne homo est attaquée, je vais avoir envie de riposter à partir de ce seul lien en oubliant qu’une juge même si elle était lesbienne reste une juge et que donc je ne mettrai pas d’énergie à la soutenir. A l’inverse, je ne partirai pas de l’apriori qu’une personne qui porte des idées anarchiste ne puisse pas être auteur.e d’agressions, les laisse faire sans rien dire, protège la personne auteur ou minimise les faits, ...

Se poser la question des moyens et des fins.
L’un n’allant pas sans l’autre...

Refuser d’utiliser des techniques que l’on considère comme autoritaires ou dégueulasses parce qu’elles vont à l’encontre des limites qui me sont propres. C’est donc en venir à se poser la question des moyens que l’on est prêt.e à utiliser. Parce qu’on va devoir vivre avec, et que je veux pouvoir continuer à me regarder dans le miroir. Au-delà de la haine ressentie envers un.e aggresseur.e, pour qu’au final on ne se sente pas toujours mal à cause d’ellui. On peut se poser la question de comment est ce qu’on se sentira si on utilise des moyens liés à l’imaginaire du bourreau ? Ces questions se posent pour ce qui est de la torture, de l’enfermement ou du harcèlement par exemple. Elles se posent parce que je n’ai pas envie de reproduire des choses qui feraient échos à ce contre quoi je lutte par ailleurs. Parfois la limite est floue. Est ce que mettre sous pression une personne c’est la harceler ? Parfois aussi, ça demande de questionner notre rapport à la violence. A comment est ce que des personnes assignées fille vont grandir dans l’idée que la violence c’est pas pour elle (ce n’est d’ailleurs pas qu’un problème de genre, ça fait aussi échos au fait que l’état, la police, etc. sont les personnes "légitimes" à exercer de la violence). A partir de là, trouver son éthique propre dans la violence demande de franchir des interdits. Dans le même temps, c’est aussi apprendre à l’exercer, à notre manière, malgré la tentation de refaire à l’autre ce qu’iel m’a fait "pour qu’iel comprenne ce que ça fait". On est aussi construit sur des bouts autoritaires et pour en sortir ca demande d capter les traces que nos blessures nous laissent. A quels endroits ces blessures nous ferraient dépasser nos limites et nous rendraient mal.

Refuser d’utiliser des paroles qui viendraient appuyer d’autres rapport de domination...

Autour du racisme. Par exemple, si une personne racisée fait du harcèlement de rue, je ne vais pas lui répondre à partir de trucs racistes.

Autour des normes de corps, traiter de petit, maigre, gros, moche parce que c’est le seul truc qu’on trouve à répondre, c’est naze.

Ça peut aussi concerner le rapport à la répression. Se questionner sur la manière dont on va agir et/ou communiquer pour ne pas donner des informations aux flics qui pourraient leur permettre de faire passer la personne par le circuit de la justice. Ça demande de se creuser un peu la tête mais ça fait pas des impossibilités pour autant.

L’idee n’est pas de corriger ou redresser la personne...

Lorsque changer le comportement de quelqu’un.e devient l’objectif premier, c’est pour moi problématique car cela se base sur le fait de penser qu’une action peut être plus ou moins efficace à partir de critère sur lesquels on n’a en fait pas de prise. C’est de toute façon difficile de croire que ça suffira à ce qu’une personne ne recommence pas à faire de la merde. Ça n’empêche pas d’avoir envie d’insuffler l’idée que chaque humiliation a des conséquences. Si la personne qui attaque sait qu’une réponse arrivera en face, peut être que ça lui donnera moins d’aisance à le faire. Surtout si iel sait qu’iel sera moins soutenue et ne pourra pas facilement décrédibiliser les dires d’une personne qui vit des agressions sexistes, transphobes, miso, homophobes... C’est ce qu’on peut appeler une ambiance du « y’a pas moyen ». "y’a pas moyen" que ça se passe dans le silence et l’indifférence, ya pas moyen que les mécanismes classiques qui font taire la personnes cibles se reproduisent. Ya pas moyen que la personne cible reste seul.e avec l’agressions (bon courage !!).

Pour autant le rapport à « vouloir changer » reste de fait une question présente. Par exemple lorsque ce sont des potes qui font du mal. Ça semble alors plus "simple" d’être dans un truc de transformation et donc de pédagogie et/ou d’accompagnement (ce qui demande de se poser la question de la manière dont la personne cible reçoit du soutien de son côté). Mais entre le soutien et le tabassage, il y a un éventail de possibilités (et sûrement beaucoup qu’on doit encore trouver).

Le rapport à la punition

Parce qu’être contre les flics, les taules, l’état et sa justice, ça touche aussi à l’envie de rejeter les méthodes et la morale mise en place par les états dans sa manière de punir. C’est donc aussi une recherche pour ne pas mimer le système coercitif étatique. Cela amène à se questionner sur la punition, qui joue un rôle prédominant dans la société occidentale judéo-chrétienne (sûrement c’est pas la seule) comme pilier de l’autorité. C’est pour cela qu’il est pour moi important de capter ce que l’on attent du rapport "agir sur l’autre" parce qu’il me semble que c’est à partir de là que ça se complique. À quel moment cela dépasse t-il des limites ? lesquelles ? La question de la punition est importante à interroger pour soi afin de ne pas la reproduire par réflexe. Et est ce que la punition sans rapport institutionnel et normatif revient au même ?

Par ailleurs, il me semble que le fait de vouloir se venger ne fait pas directement basculer une action dans le domaine de la punition :

D’abord parce que les valeurs sur lesquelles se base le jugement ne sont pas les mêmes. Parce que dans une riposte anarchaféministe, on n’a pas la société entière qui soutient les valeurs liées à ce système. Au contraire, les institutions, les messages médiatiques, la culture et les habitudes relationnelles sont basées sur la domination masculine/hetero.cis.patriarcale. Parce qu’on ne généralise pas la réponse. Elle n’est pas à chaque acte identique. Sinon ça équivaudrait à faire appliquer un système de valeur à toustes en niant les situations particulières et les individualités. Il y a chaque fois la nécessité de repenser la réponse en fonction du cas particulier. Et ça n’empêche pas qu’il puisse exister un panel de réponses qui donne la possibilité de puiser dedans.

Parce que c’est pas chercher à avoir les mêmes moyens. Ni à déléguer à une milice, ni à la police et autres expert.es de la répression.

Parce que c’est pas se constituer pas institution quand on agit en crew, pour attaquer quelqu’un.e ou quelque chose. Parce que c’est une réponse à un rapport de force et non pas l’exercice de celui-ci. C’est une réponse à celleux qui profitent des rapports d’oppression pour asseoir leur autorité. Et quand on s’attaque à plus fort que soi, forcément on se donne les moyens de prendre le dessus. Je choisi le moment, le lieu et la manière d’agir. Je choisi mon terrain. Et ça n’équilibrera d’ailleurs jamais les torts. Parce que la personne ferra potentiellement encore de la merde ailleurs, parce que telle institution ne s’écroulera pas suite à une ou même des attaques contre elle, c’est d’ailleurs en ça notamment que la réponse sera faite pour soi, parce qu’on n’a pas l’illusion de penser que notre action fera tomber l’état et le patriarcat, mais qu’on se sentira fort.e et fière de lui donner des coups (et tant mieux si ca donne envie à d’autres !).

Le rapport a "l’efficacite"

Pour moi, la question de l’efficacité ne peut pas se poser de manière extérieure ou objective. Je trouve judicieux de réfléchir aux résultats que l’on imaginerais atteindre, et de s’interroger sur le moyen que l’on trouve adapté pour arriver aux objectifs qu’on se fixe. Mais sûrement pas d’élever ce critère comme le premier à prendre en compte, comme celui qui marche d’office et pousse à nier des valeurs au nom d’une pseudo victoire et qui peut mener à des logiques politiciennes quand la fin justifie les moyens. BIG UP aux perdant.es de l’Histoire.

C’est aussi un mode de pensée qui empêche de se poser la question du validisme mentale, aux dispositions dfférentes qu’on a à être a fond tout le temps, et qui alimente la course à qui fait le plus souvent en invisibilisant les personnes qui se débatent dans l’ombre avec elleux-mêmes ou ceulent qui les écrase. Et qui parce que là c’est l’urgence, où le moment où "faut lutter " en viennent à mépriser (plutôt que de s’entraider) celleux qui ont des temporalités et des rythmes différents par choix ou par contrainte quant à nos limites propres.

Le rapport a la "proportionnalite" (cad rendre les coups a la mesure de ce que l’autre a fait)

Avec quel critère on fait bouger le curseur du niveau de violence que l’on veut utiliser ? Sur qui et pourquoi ? Est ce possible d’évaluer la proportionnalité de la réponse que l’on veut donner ? Cela ferait vite échos à un code de conduite qu’il faudrait adopter en rapport à des codes sociaux, à un contexte et non pas à une éthique propre.

Je préfère donc choisir (et ou accepter) le niveau d’intensité de ma réponse par rapport à ce que je suis capable d’assumer derrière comme violence portée. Il n’y a pas de justesse sociale, seulement des actes en lien avec nos valeurs et capacités. _ D’autres part, la question de la proportionnalité vient trop faire échos aux dynamiques genrées qui se mettent en place lors d’agressions (rapport à la folie, confiscation de la violence,…) et nous poussent déjà dans bien trop de cas à nous censurer, à nous écraser.
De même, si on se pose la question d’une réponse mesurée, est ce que l’on répond à ses propres enjeux, ou plutôt à ceux des personnes autour de soi ? Ça parle aussi d’à quel point on est prêt.e à briser la paix sociale ?! Il n’y a pas qu’un type de réponse face aux violences patriarcales !


Parce qu’on bouillonne de rage, Parce que c’est de nos vies qu’on parle, pas d’un boulot, ni d’une image lointaine mais de nos cœur prêts à exploser face à l’étendue de cette merde, face à nos pétages de plomb.
Trouvons des complices, et (re)donnons nous la place d’être une menace.

Face au viol : lutter contre le sexisme, lutter contre l’Etat


Posted on 2016/03/19 by parissoustension

« Si tu te faisais violer tu serais bien contente de pouvoir porter plainte, non ? » Voilà le genre de phrase que j’ai pu entendre à plusieurs reprises dans des discussions où j’expliquais à des mecs que je rêve d’un monde sans flics. Même registre quand parfois j’ai exprimé mon dégoût profond de la prison : « Et qu’est-ce que tu ferais des violeurs alors ? »

Il semblerait que quand il s’agit de justifier ce monde sécuritaire certains commencent subitement à s’intéresser aux oppressions sexistes. S’ils s’étaient vraiment penchés sur la question, peut-être auraient-ils remarqué que les flics n’en ont pas grand-chose à foutre des plaintes pour viol. Que les juges se comportent différemment en fonction du statut social de l’agresseur. Que les flics et la justice, apparemment si nécessaires pour nous protéger, sont les mêmes qui enferment celles qui ont rendu les coups face à un mari violent. Si vraiment les violences faites aux femmes étaient un sujet d’inquiétude pour eux, sûrement auraient-ils remarqué que ce système qui génère des flics et des taules pour « nous protéger des violeurs » est lui-même structurellement sexiste.

Les représentations véhiculées par la pub, les médias, la médecine, l’école, la culture, nous répartissent dans deux identités de genre que nous n’avons pas choisies et auxquelles nous sommes assigné-e-s, dont l’une domine l’autre. Au moment où, nourrissons, on nous a mis un bracelet rose autour du poignet, notre place dans la société a été déterminée comme femmes, séductrices hétérosexuelles et mères attention-nées au service des hommes. Désormais on peut aussi travailler si on veut, pour un salaire presque comparable à celui d’un homme, mais notre rôle principal dans la société reste d’enfanter la relève. Il suffit de s’intéresser aux conditions d’accès à l’avortement ou à la stérilisation pour s’en faire une idée. Ou encore à la stigmatisation de ceux et celles qui ne rentrent pas dans les cases. L’Etat, qui voudrait soi-disant assurer notre sécurité, participe au maintien d’un système hétéro-patriarcal, en gros un monde où les relations entre sexes reposent sur l’hétérosexualité et l’autorité masculine.

En posant la femme comme objet sexuel de l’homme, cette domination générale représente un terreau propice au viol, le rendant même acceptable dans la plupart de ses formes. La majorité des viols et des agressions sexistes est d’ailleurs commise au sein des schémas encouragés par l’Etat : le couple et la famille.

Alors il y a en a vraiment marre en tant que femme d’être instrumentalisée pour justifier des discours et des politiques répressives et sécuritaires. Après avoir été mis en place initialement pour lutter contre les crimes sexuels, le fichage ADN est désormais couramment utilisé dans des procédures judiciaires variées. La RATP fait la pub de ses caméras et agents de sécurité dans une campagne récente contre le harcèlement dans les transports. En Allemagne, des agressions sexuelles commises à Cologne par des migrants sans papiers le soir du nouvel an sont venues alimenter le racisme et justifier les politiques (anti-)migratoires. Là-bas comme ici, le pouvoir ne cherche pas à défendre les femmes des agressions sexistes mais à défendre sa propre souveraineté sur les femmes. Dans notre « civilisation occidentale » comme dans bien d’autres, la femme a toujours été un territoire, un butin de guerre à coloniser par le viol et l’esclavage domestique tout autant qu’à protéger des ennemis.

Alors, non merci, je ne recherche pas la protection de ceux-là même qui font tout pour me maintenir en position de dépendance. Ni celle des machos, ni celle de l’Etat. Et si jamais un jour, forcée par ce monde à choisir entre ma sécurité et mes convictions, je me retrouve à appeler les flics, je sais que je risque de subir en prime leur sexisme et leur répression. Alors je recherche plutôt des moyens de sortir de la dépendance, de reprendre ma vie en main. Je cherche de nouvelles manières de me construire comme individu, de me relationner avec celles et ceux qui m’entourent. Je cherche des allié-e-s, des outils, des connaissances, des savoir-faire pour sortir de l’isolement et être capable de m’auto-défendre, mettre des mots sur ce qui m’oppresse et organiser la riposte. Et quoi qu’il arrive, je ne perdrai pas de vue que combattre le sexisme n’est pas dissociable d’un combat contre toutes les autres dominations portées par l’Etat et le capitalisme. Qu’on ne pourra expérimenter la liberté qu’une fois qu’on se sera débarassé-e-s de toutes les prisons, celles en dur et celles dans nos têtes.

Contre le genre et le patriarcat : entre individualité et constructions sociales

Nous voulons nous en prendre aux manifestations matérielles du patriarcat (entendu comme un ensemble de systèmes de dominations basés sur le genre) dans son aspect normatif dont le couple, les assignations de genre, la famille, l’hétéronormativité sont autant de barreaux à nos fenêtres.

Nous voulons donner de l’importance à ces critiques, souvent reléguées au second plan, parce qu’elles font partie de nos réflexions et que nous avons envie de les reconnecter à des pratiques offensives.

Il existe en nous des décalages entre nos désirs, les possibilités de les réaliser et les modèles cloisonnant qu’on nous impose qui créent des frustrations, du mal être et peut nous conduire à intérioriser et reproduire ces normes qui nous enferme. C’est ce qui nourrit notre rage et nous pousse à agir.

Nous avons conscience qu’aller contre la norme dans différents aspects de nos vies (rapports au corps, à la sexualité, aux relations, à l’esthétique, ...), implique de devoir faire face à la répression physique et morale qui provient tant des institutions, que de l’ environnement proche ou du connard au coin de la rue.

Dans la perspective de lutter contre ces logiques, nous voulons comprendre les imbrications qui peuvent exister entre les rouages de la domination et nos désirs en (re)construction. Nous cherchons à nous construire en tant qu’individu.e. en dehors de toutes les injonctions sans occulter nos responsabilités dans la reproduction des normes.

On ne veut pas se satisfaire de grilles d’analyse stéréotypées. Avec d’une part la vision matérialiste, qui dirait qu’on est uniquement la somme de nos constructions sociales et d’autres part, une vision individualiste, qui dit qu’on serait uniquement le résultat de nos choix et de nos expériences.

Nous voulons pouvoir remettre en question ces grilles d’analyses pour ne pas les appliquer de manière rigide et systématique.

La première, nous amène à voir les situations seulement à travers les rôles sociaux et invisibilise ainsi la complexité, les spécificités et les responsabilités particulières, ce qui néglige d’autres formes de pouvoir et peut conduire à de la victimisation ou de la culpabilité.

La seconde, qui mène à se penser uniquement comme des individu.e.s, nie nos responsabilités dans la production et le maintien de ces mécanismes de domination. On ne pense pas qu’il y aie un niveau de déconstruction à partir duquel on serait vacciner et qui justifierait de se sentir au-dessus de ces critiques, laissant la place à des postures moralisantes, écrasantes, viriles (comportement qui peut exister au-delà des assignations de genres), voire libérale, du style « si tu galères, c’est que ta volonté n’est pas assez forte pour t’en sortir ». Pour nous, il y a un danger à ce que ça crée des tabous qui nous déposséderaient d’outils qui permettent de débusquer nos comportements merdiques incrustés dans les coins les plus secrets de notre intimité.

Lorsque que l’on veut combattre les rapports de pouvoir qui s’expriment par des positions de dominants/dominés, on se rend compte que ces positions se renforcent mutuellement mais qu’on n’a pas le même intérêt ni les même facilités à s’en défaire.

Par ailleurs, on pense que dans une relation on peut aussi bien occuper une place de dominant ou dominé en fonction des différents systèmes d’oppression qui sont en jeu (racisme, sexisme, classisme, validisme, âgisme…).

Nous pensons que les implications ne sont pas les mêmes entre abandonner des privilèges fortement valorisés par le monde dans lequel on vit et les avantages qui y sont liées, et sortir d’un rapport qui veut faire de nous des personnes soumises pour exister en tant qu’individu.e et que tout pousse à se sentir comme des merdes !

En d’autres termes, dans un cas c’est un choix qui est laissé à certain-e-s alors que pour d’autres c’est une nécessité.

En somme, nous voulons sortir des dogmatismes et (re)trouver un équilibre dans des allers-retours constants entre ces deux logiques. Cela ne signifie pas pour nous de faire des compromis mais bien d’essayer d’être au plus proche des différents enjeux qui s’expriment dans une situation et en lien avec nos parcours, nos sensibilités (entendu comme une relation entre affect et éthique), nos tensions, et nos volontés d’émancipation.

Nous voulons mettre en confrontation et/ou en compléments différentes grilles de lectures afin de comprendre autant les spécificités et le contexte particulier d’une situation que les logiques plus larges dans lesquelles elle s’inscrit. Nous voulons que nos prises de positions et nos comportements soient le fruit de cet aller-retour entre l’individuel et le structurel.

Sortons de ces schémas crasseux, attaquons celleux qui veulent nous soumettre. Ielles ont des noms et des adresses, que ce soit des personnes ou des institutions.

Ni pitié Ni indifférence

[indymedianantes publié 21/11/ 2017]

DES INSTITUTIONS A DEMOLIR

J’avais envie de donner de l’échos à des communiqués d’attaques qui ont été menée en france contre le patriarcat pour les faire sortir du flot d’internet. Une manière aussi de montrer les liens entre le patriarcat et les autres formes de dominations.

L’envie de se défaire de la logique de victimisation en créant des amitiés fortes et en attaquant : un empowerment de praxis.

Parce que nous ne voulons pas rester dans la position de victimes dans laquelle la société voudrait nous placer en nous reconnaissant comme meufs. Victimes, parce que nous ne serions pas capable d’être autonomes, de nous défendre, de mener nos vies comme nous l’entendons. Nous serions des individues faibles, trop sensibles, soumises aux humeurs hormonales, dépendantes et fragiles. Nous aurions besoin de figures fortes pour nous en sortir, de médecins pour nous soigner, d’hommes pour nous épauler, d’enfants pour nous épanouir, de flics pour nous protéger. Notre éducation ancre ces foutaises dans nos têtes et nous finissons par les intégrer. Lutter contre le sexisme, pour nous, c’est lutter contre le genre. Et lutter contre le genre, c’est refuser la logique qu’engendre les assignations, sans nier qu’elles nous conditionnent aussi.

Nous ne voulons pas être définies par les particularités de nos corps mais bien par ce qui résulte de nos choix, nos éthiques et nos actes. Même si on aimerait détruire le genre, ça nous fait du bien de se retrouver aussi entre personnes qui partagent les même ressentis, qui vivent dans leur chair ce que signifie d’être assignées meufs, et qui ont la même envie de s’en défaire. Ensemble, on se prouve qu’on est capable de poser des actes sur nos idées, et qu’on a besoin de personne d’autre que nous même pour le faire. On prépare nos revanches pour toutes les fois ou l’on s’est découragées en se persuadant que l’on était pas capables, qu’on avait pas les compétences, pas la force, pas les moyens, pour désamorcer cette logique qui nous fait repousser à toujours plus tard le moment d’exprimer nos colères et nos désirs.

Nous avons concrétisé cette envie de revanche en nous organisant pour attaquer la gendarmerie de Meylan. [ndr : dans la nuit du 25 au 26 octobre 2017]

Pour assurer notre sécurité pendant l’attaque (et pour faire une blague aux pompiers) nous avons cadenassé l’accès voiture de la gendarmerie. On a ensuite passé dix minutes accroupies dans les bois longeant le grillage, mais on s’est rendues compte qu’on ne pourrait pas passer la nuit là, et qu’à un moment, il fallait s’y mettre. Il fallait affronter nos stress et les dépasser.

Alors après un dernier sourire et un câlin, on a coupé le grillage. Avec dix litres d’essence, on s’est – discrètement – lancées à l’assaut du parking.

Nous avons ciblé les voitures privées des flics, au détriment des quelques sérigraphiées, parce qu’on avait envie de s’attaquer plutôt aux individus qui portent les uniformes qu’à leur fonction, plutôt à leurs biens personnels qu’à leurs outils de travail. Nous pensons que les rôles existent parce qu’il y a des personnes pour les remplir. Si derrière l’uniforme il y a un humain, c’est à lui que nous avons cherché à nuire.

Enfin, on a disparues dans un éclat de rire, en se dépêchant quand même...

Sur le chemin du retour, on était euphoriques. On se sentait légères, fortes, soudées, avec le sentiment que rien ne pourrait plus nous arrêter. Ce sentiment de puissance, on n’a pas l’intention de laisser qui que ce soit nous l’ôter, mais bien de le faire grandir.

Ce texte est aussi un message adressé à toutes les personnes qui se retrouvent enfermées dans des rôles de supposées victimes, et qui conflictualisent leur rapport au monde pour en sortir, qui s’envisagent comme des individues, sans nier qu’elles sont marquées par les catégories sociales dont elles viennent. Nous sommes persuadées que nos limites sont à la fois mentales et sociales, qu’en endossant ces rôles, nous sommes nos propres flics. Par l’organisation affinitaire, et par l’attaque, nous repoussons ces limites.

A toutes les personnes dont les actes et positions nous donnent aussi de la force, aux deux personnes incarcérées de l’affaire de la voiture de flics brûlée, aux inculpé.es de Scripta Manent.

Pour qui donne du combustible aux flammes du fond de ses yeux.

Octobre 2017 / repris de indymedia grenoble/ article non modéré

vengeance !

Pendant la manif de nuit non mixte ce soir a toulouse des copines ont été arrétées. On a cramé des bagnoles de bourges et une bagnole d’agence immobilière en représailles.
On s’en fou de savoir si elles sont innocentes ou coupable, nous n’avons rien a attendre de la justice. On sait par contre qu’en mettant en actes des envies de subversion on s’expose à la repression. Et c’est par les actes que nous exprimons notre solidarité envers les personnes qui font ce choix. Notre rage et notre vengeance accompagne notre tristesse.

VANDALE TANT QU’IL LE FAUDRA...
repris de indymedia : Article Global publié le samedi 26 novembre 2016

Brest : On tapera plus fort, on tapera encore !

revendication de l’action du samedi 3 décembre 2016 à Brest.

Alors que commence à apparaître une mobilisation sur les réseaux sociaux acquis à leur cause, nous devons prendre les devants et revendiquer l’action du samedi 3 décembre 2016 à Brest.

Une personne qui exerce de longues dates de multiples pressions religieuses, est aujourd’hui tombé sur une mobilisation militante non mixte antifasciste.
Nous revendiquons donc les coups portés contre ce bastonneur ordinaire qui « conseille » de porter le voile par des gifles, s’instaure police des pratiques et croyances dans nos quartiers brestois.
Soulignons que c’est le même connard qui stigmatise les militant-e-s soutenant la lutte de NDDL / ZAD comme des allié-e-s des blanc-he-s ou des kouffars etc … Le même qui milite contre le choix des femmes en matière d’avortement, de contraception, d’orientation sexuelle. Le même qui a manifesté et continue de manifester / s’organiser avec tous les homophobes de la manif pour tous.

Autodéfense
posté sur attaque le 3 décembre 2016

Une Action Féministe à Lyon

Le samedi 7 Mars, nous étions un groupe d’une trentaine de meufs, trans, gouines, pédés, tousTES féministes. Nous avons interrompus un concert en montant sur scène pour collectivement lire un texte. Pour passer un message féministe et pour faire un coup de pression en étant nombreuses, fortes et déterminéEs.

Ce texte parle de sexisme dans ce qu’on peut appeler le milieu politisé et militant, ainsi que dans les squats. Il a été écrit collectivement suite à un ras-le-bol face aux oppressions et violences sexistes quotidiennes. Cette action a été préparé par plusieurs discussions, elle a suscité questionnements et réflexions.

En tout cas, nous voulions intervenir dans le cadre d’un concert où la virilité est omniprésente tant sur scène que dans le public. C’était saisir une occasion pour s’exprimer devant un grand nombres de personnes. Quelques mecs ont tenté de perturber notre intervention par des « oï-oï », des « morues », des « féministes fascistes », des « suce ma bite », des « On a besoin d’une mère », et autres affirmations de leur virilité et de leur égo bien encré !

Elle nous tenait à coeur cette action, entre autre parce qu’il y avait beaucoup d’enjeux et aussi de l’appréhension. Nous savions que nous ne serions pas accueilli à bras ouverts, que porter le féminisme c’est un effort au quotidien et que dans un espace public c’est un sport de combat ! Et puis ça fait jamais plaisir d’entendre critiquer son propre milieu... Pourtant le texte a été entendu, les personnes du public ont été plutôt attentives et nous étions contentEs d’avoir occuper cet espace le temps d’une demi-heure.

Voici le texte qui a été lu pour saisir l’ampleur politique féministe de notre action. Il a été écrit collectivement, il est construit de multiples voix. C’est avant tout un message politique qui n’est pas à confondre avec des embrouilles du milieu, ni avec des rumeurs. Bonnes réflexions…

DANS TA FACE !

C’est une question de genres, de rôles et de vie collective. Ce texte se base sur des expériences de vie en squat sachant que certaines situations se retrouvent dans toute forme de vie collective, de milieux militants ou pas, et dans notre société. Et pour les sensibles, les propos du texte sont bien moins violents que ce qu’on peut vivre dans notre quotidien ! C’est une question délicate... parce que vivre en squat, c’est pas un choix pour tout le monde. D’une part. Mais qu’alors ceux et celles qui le choisissent, en principe, ont choisi le squat comme espace de déconstruction. D’accord. Mais alors comment ça s’fait qu’en dedans comme dehors, on r’trouve les mêmes problèmes sexistes.Dans « l’milieux », c’est juste plus subtile, plus vicieux.

« Moi j’suis un mec qui déconstruit »

OK. Alors comment s’fait-il que, quotidiennement, ma colère monte ? T’sais, ma colère monte quand t’es pire que l’bourrin du bar du coin, pire que le bourge qui me prend en stop et me fout une main sur la cuisse, pire que l’mec d’la CGT lubrique qui vient m’emmerder pendant une manif, pire que l’macho pur et dur, cash, qui prend pas d’détour pour affirmer que, pour lui, les femmes, c’est d’la viande à bourrer. Comment s’fait-il que ta violence mal placée soit invisible au sein du collectif et m’donne envie, quotidiennement, d’envoyer chier tous les mecs, de « l’instruit-déconstruit » au « pleurnichard-victime-de-lui-même-victime-de-son-éducation-mâle », du « pédé phallocrate » qui se planque derrière ses oppressions pour pas remettre en cause celles qu’il fait subir, au « charmant proféministe » "tant qu’il la foutra" et tant qu’il trouvera des intérêts individuels (valorisation sociale, intérêts affectifs et sexuels) à soutenir les féministes. A quand l’organisation collective entre mecs pour se déconstruire ?

T’as eu un geste mal placé. Quand j’t’en reparle après, tu m’dis que tu t’en souviens pas, même si t’es d’accord que ce que t’as fait est dégueulasse... mais tu t’en souviens pas... mais tu trouves que c’est dégueulasse...mais tu t’en souviens pas. Et moi, j’passe l’éponge, parce que je t’aime... et ça m’fait chier parce qu’une confiance a réellement été cassée, alors comment ça se reconstruit, si ça se reconstruit ? Et d’ou ça vient, que j’te pardonne, aussi facilement ?

Ça s’passe pendant un évènement, y’a pas de sleeping non-mixte. T’es tout gentil, t’es tout mignon, t’es bien vu, tout le monde t’aime bien. À la fin du concert, tu te glisses dans mon sac de couchage. Tu m’pelottes, tu me squattes... j’suis la quinzième à qui tu fais l’coup. Personne te le reprochera, comme d’habitude, ça passera à la trappe. Le jour où ça parlera, le jour où mes potes voudront te péter la gueule à cause de ça, peut-être que tu te calmeras. Mes potes voudront te péter la gueule... vive les supershéros ! On m’baillonera à nouveau, on m’effacera, on m’prendra ma place, on m’ruinera mon pouvoir de régler la question, on voudra m’défendre, avec condescendance... on m’infantilisera.

Pourquoi quand il faut causer, c’est à la nana d’embrayer le sujet, de prendre sur elle pour que ça se passe bien, de choisir les bons mots... On lui reprochera peut-être de ne pas avoir dit les choses au bon moment, de pas avoir assuré : « t’es pas la féministe que je pensais, tu m’as laissé faire, t’as rien dit ». C’est trop facile d’attendre un "non" verbal, alors qu’il y a tellement de manières différentes d’exprimer un "non", mais en tant que déconstruit, tu devrais être assez fin pour capter ça, non ?

Pourquoi quand je rentre dans une pièce où y’a déjà des nanas, tu termines pas ta blague sexiste... parce que dans ta tête tu m’as collé à moi l’étiquette féministe et pas aux autres ... Tu t’surveilles en ma présence, en fonction de qui tu sais que tu vas choquer...Mais à ce moment-là tu méprises touTEs les dominéEs. Et c’est ça qui devrait touTEs nous faire réagir.

Tu comprends, mon copain macho, c’qui nous a donné envie de mettre un coup de pression ?

Parce que tu es en train de reproduire des schémas, des codes... tu veux m’apporter ton soutien pour un truc majeur à tes yeux, tu veux t’filer bonne conscience en prenant ma partie, mais alors tu oublies tes violences quotidiennes à mon égard. Tu oublies que je passe derrière toi et quand j’en ai marre de ramasser ta merde, j’te le signifie, et alors tu fais « Oh pardon, j’suis désolé, j’suis trop laï-laï... ». Et alors j’te pardonne et je devrais me bagarrer avec moi-même contre le fait que je me sens comme une oppresseuse. Tu oublies que j’te réconforte comme une mère, que tu soulignes tes efforts particuliers et que tout le monde les acclame, que j’te fais TA bouffe TON ménage dans la maison (que nous partageons ?) où tu squattes. Tu m’dis que t’es pas comme ça. Désolée. C’est à toi que je pense.

Parce que je n’ai pas de chromosome qui me prédispose à faire la récup’ et la vaisselle, quand toi, tu préserves ton petit territoire de savoir-faire : électricité-bricolage-machin = chasse gardée, territoire conquis. Visibilité du bricoleur, ta fierté gonfle, tu t’sens un homme avec ta p’tite vis dans la main ! Ton marteau en gode, ça t’ouvrirait l’esprit... penses-y.

Le travail invisible, tu connais ? Les petites mains magiques... t’as l’impression de faire plein de trucs, t’as l’impression d’en faire beaucoup. Mon impression, c’est pas la même. Moi, mes critères de l’effort au quotidien, réalises-tu qu’ils sont différents ? On part pas du même point, réalises-tu ? Les efforts que tu tentes de fournir à travers ta déconstruction, j’les fournis quotidiennement et en triple depuis mes sept ans. Les chiottes, ça te dit de penser à les récurer ? Et ferme la porte quand tu pisses... Et encore, on te demande même pas de t’asseoir...

Tu prépares la révolution, tu vas au front, tu t’appropries le totoïsme, tu veux niquer l’fachisme étatique, mettre à terre ce bon vieux système d’oppressions... Et autour d’un verre de vin, te v’là grande gueule, besoin d’valorisation dans « l’milieu » et, désinhibé, tes gardes-fous éclatent, tu r’dégringoles, tu fais une blague sexiste, mais c’est pas grave, « c’est du second degré », et puis d’toute façon, y’a plus important, y’a plus sérieux, « putain les flics on les a bien enculés ! ». Et puis tant qu’on y est, pour ceux qui se permettent de se proclamer antiféministes dans le milieu, tu ferais mieux de t’afficher aussi homophobe et transphobe, au lieu de lancer des vieilles blagues et de t’étouffer comme un imbécile.

C’est vrai que depuis ta position de privilégié-dominant, tu peux t’permettre de déconner sur des trucs qui te semblent moins politiques, des trucs qui te touchent pas, des trucs dont t’es à l’abri de part ta classe sociale.

Le racisme comme le sexisme et le spécisme font partie de mécanismes d’oppression intégrés par nous touTEs, et ça nous fout la beuge ! Quand une nana arabe et d’origine prol est agressée à une soirée, nous n’arrivons pas facilement à admettre qu’il s’agit d’un comportement raciste au sein de notre milieu et développons immédiatement des solidarités blanches. Ça montre bien qu’il existe des inégalités sociales dans le milieu dont le racisme intégré et que nous avons vachement de travail pour le reconnaître et en tirer des conséquences.

Parlant de mécanismes intégrés, on est pas assez connes pour pas voir l’homophobie intériorisée et aussi que y’a une différence entre la pédéphobie et la lesbophobie (dans l’imaginaire masculin, les nanas qui s’embrassent pour exciter les mecs, le culte de la fausse lesbienne). Parce qu’on sait très bien que deux pédés qui s’embrassent, ça rentre pas dans l’imaginaire des fantasmes des mecs hétéros... quand est-ce que tu te rendras compte que ton imaginaire a AUSSI été colonisé, crétin ?

Le meuble agréable à l’oeil, la plante verte sensible, pratique, polie et peu encombrante...

« Et puis d’abord, qu’est-ce qu’ils t’ont fait les hommes ? »

C’est une question de s’faire avoir et d’le réaliser après coup. C’est la différence entre un relou de base et un mec qui s’dit en processus de déconstruction. Quand le mec fait un coup bas, par en dessous, sans réaliser que... C’est avoir l’impression de faire des concessions sur ces violences sexistes, d’en arriver à s’exclure, à s’foutre les boules sous silence, une violence qui n’est pas évacuée au bon moment, mal gérée, qui éclate là où ça faut pas. C’est l’impossibilité d’exprimer sa colère au bon moment, ou bien la réaction du mec qui va pas prendre la colère comme une critique, comme une remise en question de sa connerie, et finir par se retrouver dans la position de la relou d’service. C’est la solitude en embrouilles, la non-reconnaissance de la justesse de sa colère et de son ressenti, jusqu’à ce qu’on nous traite de misandres ou d’hystériques.

C’est la question d’une violence quotidienne qui me renferme, me bouffe, me mène à perdre confiance en moi, dans le collectif et le comportement de certaines personnes.

J’en ai pas contre toi, c’est ton comportement qui m’fait gerber. J’ai pas envie d’taire ma colère. Plus envie d’faire des concessions.

Tu t’plains de ta déconstruction, tu dis que c’est dur, vu que tu dois abandonner tes privilèges... C’est dur, mon cul ! Ta gueule et continue. Et si jamais j’te reprends à vouloir me mettre dans le rôle de l’oppresseuse, permets-moi de douter de la sincérité de ton désir de t’déconstruire. Quand tu m’fais me sentir mal de t’avoir engueulé pour un comportement mal placé de ta part, ça m’fait douter que t’ais envie réellement d’larguer l’Homme en toi.

Nous sommes nombreuses à ressentir cette colère. Nous ne sommes pas beaucoup à l’extérioriser ouvertement, en dehors de la non-mixité. Combien d’nanas qui tempèrent, écrasent, ou s’mettent tout simplement du côté des mecs. On parle de comportements... faut te foutre ça dans la tête.

Et quand j’m’énerve et que tu m’dis de m’calmer, quand j’tape dans l’matériel urbain et que tu m’lances : « faut pas s’énerver comme ça ! »... ne m’dis pas de m’calmer, ne me dis surtout pas d’me calmer... dis-moi que ça te choque, que ça te dérange, que ça te peine ou que ça te brusque. « Ouais, la meuf qui défonce le matos, elle est vénère, là, j’sais pas pourquoi... » Tu sais pas pourquoi et d’ailleurs, tu t’en fous, alors ne m’dis pas, en plus, de m’calmer, parce que j’vais avoir envie de t’éclater.

Et ce qui m’énerve encore plus c’est tes solidarités systématiques et mal placées avec d’autres mecs : celles où tu prends la défense d’un pote pendant une embrouille causée par une agression, celles où tu es au courant d’une agression (et un des seuls à l’être) et où tu fermes les yeux, celles où tu mets en place une solidarité avec un violeur ou un oppresseur en disant que c’est pas cool de l’exclure, celles où tu fais semblant de pas voir une personne pendant une discussion, en lui coupant la parole ponctuellement, ou en lui demandant jamais son avis si cette personne ne dit rien ; et si elle ose, si elle casse l’ambiance, « tiens v’là la fouteuse de merde »..., celles où tu ne veux pas entendre les ressentis de ta pote parce que ça va à l’encontre de tes propres intérêts,... et on ne parle pas de toutes les micro-solidarités au quotidien, la liste est trop longue et t’es forcément concerné !

Et quand tu t’retrouves désarmé face à ma colère, t’essaies de retomber sur tes pattes, tu t’justifies, tu te mets à pleurer, tu manipules mots, théorie et réalité, tu t’énerves, tu te sens obligé de t’excuser : " je suis désolé MAIS (tu essaieras toutes les tactiques de MAIS, jusqu’à ce que je m’épuise...) ...". PRENDS SUR TOI, BOUFFON, arrête de dire qu’il y a pire que toi !

Tes batailles de coq, y’en a marre ! Ta grande gueule de bourrin bourré, y’en a marre ! ferme-la, assieds-toi et écoute les autres.

Être tout le temps disponible pour écouter ou baiser, attendre que t’ais compris ou recadrer, y’en a marre ! Grève de la disponibilité ! On débraye ! Nous avons mieux à faire ! Cette action est un appel à la solidarité entre femmes, gouines, trans, pédés féministes, pour que plus rien ne passe !

Petit retour de bâton chez Bagelstein Rennes.

publié le mardi 6 juin 2017 à 14:07 sur indymedia nantes

Cette nuit, comme toutes les nuits, on avait la rage.

Et cette fois, dans la nuit de dimanche à lundi, on a été défoncé les vitrines du Bagelstein.*

Bagelstein, cible parmis d’autres, qui voudrait contrôler avec qui et comment on baise, à quoi devrait ressembler nos corps, qui voudrait que le blanc soit une couleur supérieure, et tant d’autres merdes qui nous enferment au quotidien.

On l’a fait aussi parce que cette marche de la gay pride nous laisse un goût amer, polissé et fade.

Alors ce geste, c’est pour kiffer notre fin de week-end. Pour nous, d’abord, et aussi pour les autres queers, les putes, les pédés, les moches, les travelots, les arabes, les gros.ses, les fous, les noir.es, les gouines, les roms, les pas normal.e.s ... qu’on pas envie de s’intégrer mais de défoncer toutes les cases.

Sortons notre rage du placard !

P.S : Des salons d’ésthéticiennes jusqu’aux églises, des médias aux hôpitaux psy, du connard qui mate dans la rue aux matons... vous êtes dans notre ligne de mire ! 

* Dont le connard de patron, soutenu par ses potes keufs et juge, ont foutu 4 personnes en taule pour avoir collé un autocollant contre le sexisme l’année dernière à Rennes. Un trou, quelques éclats, comme un retours de bâton dans ta face de collabo !

Lille : On répondra A chaque fois qu’on nous attaque

Dans la nuit du samedi 18 juin, le Bagelstein du Vieux-Lille à été redécoré à coup de peinture multicolore et sa serrure a été sabotée en écho à la manif de Rennes et l’action de Nantes qui ont eu lieu le même jour.

EN SOLIDARITE AVEC LES INCARCERES DU BAGELSTEIN DE RENNES

A Rennes le 26 mai, 4 personnes prennent de la prison ferme à la suite d’une altercation avec le gérant du fast-food « le Bagelstein ».

A la suite de dénonciations par des féministes de la « déco » de cette chaîne de restauration rapide comportant de graves propos sexistes et homophobes apposés sur les murs et accessoires du restaurant, quatre étudiants viennent se rendre compte par eux mêmes de cette « décoration » qui va jusqu’à l’appel au viol. Après quelques remarques des étudiants, le gérant les insulte et les menace jusqu’à l’arrivée de la BAC. Les quatre jeunes se font embarquer sans ménagement, direction garde à vue, tribunal, prison.

Le juge les a condamné à des mois de prison ferme pour « violence en réunion lors de manifestation » ( ?!!???!!) en raison de leur implication dans les manifestations contre la loi travail. Le procès ne parle même pas de la raison de leur présence sur les lieux (=dénoncer la communication sexiste et homophobe de « bagelstein »). Une fois de plus, le tribunal de Rennes a donc instruit un procès politique, visant à faire payer à ces quatre étudiants le « malaise », la « déprime », la « lassitude » des commerçants du centre-ville du fait de la mobilisation contre la « Loi Travaille ! », qui dure depuis trois mois.

La « déco » du « Bagelstein » que dénoncent les féministes et les étudiants incarcérés à Rennes c’est :

L’APPEL AU VIOL :
« L’AMOUR C’EST UN SPORT, SURTOUT QUAND L’UN DES DEUX NE VEUT PAS »

LE MACHISME :
« IL EXISTE 3 CATEGORIES DE FEMMES : LES PUTES, LES SALOPES ET LES EMMERDEUSES.
Les putes couchent avec tout le monde, les salopes couchent avec tout le monde sauf avec toi, les emmerdeuses ne couchent qu’avec toi. »

L’HOMOPHOBIE :
« J’EN AI MARRE DE CES GAYS-LA ! »

LIBERTE POUR TOUT.E.S LES INCARCERE.E.S DU MOUVEMENT SOCIAL

A BAS LE PATRIARCAT, A BAS LE CAPITALISME, A BAS L’ETAT, SA JUSTICE BOURGEOISE ET SES CHIENS DE GARDE.

Posted on 21 juin 2016 by Attaque Indymedia Lille / Lundi 20 juin 2016

Contre toutes les religions et le patriarcat, solidarité

publié le mardi 25 avril 2017 à 19:26

nous avons attaqué deux églises à coups de marteaux.
nous crachons sur leur visions de la famille, du couple et de la sexualité.
nous attaquons aussi en solidarité avec Kara et le compagnon incarcéré à fleury pour la voiture brulée et qui a toujours refusé de collaborer avec les flics et la justice. solidarité enragée avec celleux accusées de braquage à aachen.

courage !

des noctembules.

La seule eglise qui ...

C’est avec plaisir que l’on constate que beaucoup de symbôles de l’Etat et du capitalisme sont attaqués en ce moment, que des rages se transforment en actes. Même si leurs origines entrent parfois en contradiction avec nos propres idées, nous savons que nous n’avons pas des allié.e.s partout, c’est toujours beau quand ça crâme dans les villes et les campagnes.

Une pensée pour celleux qui profitent de ces moments pour saccager sans modération et sans revendications. Une autre pour celleux qui n’attendent pas ces occasions pour tout casser.

Nous avons aussi débridé nos rages en incendiant l’église St Jacques à Grenoble. Il nous paraît important de ne pas laisser de côté les autorités morales dans nos analyses et attaques des différentes facettes du pouvoir. Que toutes les personnes qui se sentent blessées par cette attaque prennent la mesure de notre colère et assument les conséquences de leur rôle dans la propagation et le soutien à des idéologies qui visent à contrôler nos vies, nos corps et nos émotions. Si les flammes de l’enfer vous ont réchauffé les orteils en détruisant votre infâme bâtisse c’est pas grave, Dieu vous la rendra au centuple ! Nous ne faisons pas de différence entre l’Eglise et d’autres religions, même si nous avons en tête que nous sommes dans un pays particulièrement complaisant envers l’église chrétienne.
En s’attaquant à un dogme religieux, ou à un de ses symbôles, on veut participer à des réflexions plus larges sur notre propre capacité à créer des dogmes et à sacraliser des concepts, des idées, des attitudes ou des identités.

Une dernière pensée pour les personnes impactées par la répression, qu’elles soient dans son viseur ou en soutien, et qui se retrouveront dans notre acte et dans nos maux.

Des courts-circuits.

Posted on 22 janvier 2019 by Attaque
Indymedia Nantes / mardi 22 janvier 2019

Besançon : Tags anarchistes sur la cathédrale Saint-Jean

La façade de l’édifice religieux a été taguée dans la nuit de mercredi à jeudi. Au grand dam de l’abbé Bruard.
Ces écritures n’ont rien de saintes. « Nos vies, nos corps nous appartiennent », suivi de « à bas la charité, vive la solidarité ». En ce jour de bac de philo, voilà qui pourrait faire office d’énoncé de dissertation, mais il est peu probable que leur auteur soit mû d’un tel esprit éducatif. Un grand « A », peint à deux reprises, notamment sur la porte d’entrée, renvoie par ailleurs à la mouvance anarchiste.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, ces tags ont noirci la façade de la cathédrale Saint-Jean de Besançon, dont la première pierre avait été posée ici même, au pied de la Citadelle, dès le IIIe siècle. L’édifice est classé monument historique. Propriétaire, l’État a porté plainte.

« Ça ne nous laisse pas neutre », réagit le père Bruard, recteur de la cathédrale, « nous sommes attaqués sur des sujets comme la vie et la charité, on a du mal à comprendre. Toute l’œuvre de charité a toujours été mise au service des hommes, c’est l’expression de l’amour de nos frères. L’Église a porté dans son histoire un message dont elle peut être fière. Alors pourquoi attaquer nos bâtiments ? »

C’est le troisième méfait de ce genre visant des édifices chrétiens de Besançon en quelques semaines, après des projections constatées sur l’église Saint-Martin des Chaprais et d’autres tags similaires visant, fin mai, l’église Saint-Joseph. Une enquête de police est menée pour identifier le ou les auteurs.

L’Est Républicain / Jeudi 15 juin 2017 posté le même jour par attaque

DES IMAGES PLEIN LA TETE

Tu trouveras ici quelques ressources des films, des romans, une petite playlist et quelques liens internet vers des textes et ou site que j ai kiffé.

des films :

note : il est difficile de trouver de bons films traitant d’histoires liées aux violences patriarcales et les ripostes (et pourtant j’en ai regardé plein !). Les personnages féminins sont souvent la caricature parfaite des stéréotypes de genre. Mais puisqu’on est à l’ère du féminisme de façade, de nombreux personnage féminins sont à l’affiche. Dans ce cas, c’est soit un faux semblant (ya toujours sont boyfriend juste à côté pour lui apprendre la vie) et c’est juste un peu moins flagrant qu’à l’habitude. Soit elles se rattache compléeemnt à la norme masculine dominante et donc tout ce qu’elles font/disent renient et dénigrent ce qui pourrait être associé à de la "féminité". De beaux exemples de mysoginie. SUPER. C’est d’ailleurs pas étonnant au vu du fait que la grande majorité des films sont réalisés par des mecs cis hétéro qui dépeignent les meufs selon leur vision fantasmée entre femme fatale et bonniche. Enfin bon faudrait quand même pas attendre du grand cinéma d’être subversif, il fait semblant, il récupère, pour pas changer... BREF. Cette liste est donc le résultat d’un écumage subjectif qui tente d’éviter les pires clichés, mais surement pas parfait.

Thelma et Louise
écrit par Callie Khouri et dirigé par Ridley Scott : Les aventures de deux meufs qui se cassent en weekend loin des patrons et mari. film de riposte/vengeance, et surtout un gros gout d’aventure et de liberté. A voir de toute urgence si c’est pas encore fait !

Baise moi
de Virginie despentes et Coralie Trinh thi (warning scène de viol très explicite). Histoires de deux meufs qui se rencontrent et partagent ensemble le gout de pas se laisser emmerder dans la vie, sans être effrayée par la violence de leurs actes.

Les femmes du bus 678
de Mohamed Diab : trois femmes se retrouvent autour du fait de lutter contre des mecs qui harcèlent dans les bus. Le film montre la détermination de trois femmes à lutter contre ces attouchements mais parle aussi de comment des statuts sociaux et les privilèges qui y sont liés influencent les manières de faire et la solidarité qu’elles témoignent. ou pas). Sans trop de surprise, ce sera l’action juridique qui sera valorisée au détriment des actions directes qu’une autre mettra pourtant en oeuvre...

Mustang
de Deniz Gamze Ergüven : Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison. Leurs mariages commencent à s’organiser sans elles. Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées...

Hard candy
de David slade : une meuf traque une personne qu’elle a identifié comme agresseur sur internet. Elle est décidée à régler les choses à sa manière. film lent et qui peut mettre mal à l’aise parce qu’on est dans le flou mais ca vaut le coup d’aller jusq’à la fin du film.

Monster
de Patty Jenkins 2004 : film social trash. Aux états unis, pauvre, deux meufs se rencontrent et commencent une relation empetrée dans des rapports de pouvoir et de dépendance lié à l’amour, la recherche d’argent, la solitude...avec un personnage paumée mais qui n’a pas peur de se défendre et a bien appris à se démerder dans la vie.

Dolores Claiborne :
adapté d’un livre de stephen king. C’est l’histoire d’une meuf qui tue son mari qui la bat.

Jacqueline Sauvage c’était lui ou moi  :
téléfilm sur l’histoire de cette femme qui a tué son mari après 47 années de vie commune et de violences conjugales. c’est l’histoire de son procès, aussi badant que la réalité mais intéressant (et étonnant) pour ce qu’il montre de la justice.

Rebelles de :
juste pour le fun ! et parce que ca fait du bien de voir des meufs déter’ qui se serrent les coudes dans leurs galères.

festen de lars von trier :
trigger : parle des consquence d’ actes d’incestes. Une personne est décidée à briser le silence et la collaboration familiale. beau de part la deter du personnage, mais décevant dans la résolution. Donne la pêche de se confronter à des murs...

Des romans :

Dorothy Alison dont Histoire de bones :
histoire d’une jeune meuf dans les coin pauvres des états unis. De la survie en milieu hostile mais aussi une belle recherche de liberté.

Chloé Mehdi : Rien ne se perd
aborde entre autre les questions de la violence et de la rage suite à l’assasinat d’une de ces personnes par les flics . Ca se passe ne banlieue de paris. Sombre et magique.
(lire aussi : Monstre en cavale racontant les aventures d’un quatuor hors normes qui tentent de s’échapper de leurs prisons et fuir les flics à leur trousse). Deux livres aux histoires assez différentes mais qui toutes les deux donnent à lire des personnages qui démontent les stéréotypes d’âge, de sexe, de validisme mentale, entre autres... Et ca fait trop du bien !

Christiane Rochefort dont La porte du fond :
à travers le récit d’une jeune fille dans sa famille, l’auteure donne un regard sur l’inceste dans toute sa complexité et loin des clichés de la victimisation.

des textes / des brochures / des livres :

Dangerous space. Résistance par la violence. Autodefene et lutte insurrectionnelle contre le genre
Traduit par Joie de vivre éditions. Tout est dit. A préciser que c’est une traduction d’un texte d’amerique du nord bien qu’il soit agrémenté de quelques attaques en france.

Vers la plus queer des insurrections
de fray Baroque et Tegan Eanelli. Traduit par : une anthologie du mouvement BashBack !

Queer ultraviolence :
Ceci est une traduction d’extraits du livre "Queer Ultra Violence : Bash Back ! Anthology" publié en 2011 par Ardent Press aux États-Unis, anthologie du mouvement queer insurrectionnaliste Bash Back !

Jour de fête une histoire vécue par poussy gang theory, toulouse 2011

Ni normal ni extraordinaire, indymedia

Oeillères solidaires, sur infokiosques.net

Ca me donne envie de te présenter mes excuses, infokiosques.net

le journal "L’envol. Pavé anarchiste apériodique"
qui est centré (en tout cas pour ce numéro) autour des questions liées au patriracat. Le numéro 1 est sorti en décembre 2019. Vivement de lire les autres !

des emissions radio

sur radiorageuses.net :
La violence des femmes (émission de "dégenrée")
Dead men don’t rape émission de "ta voisine est feministe"
Le néolibéralisme, c’est trigger ! par "on n’est pas des cadeaux"
Oser faire face : Outils d’autodefens fem do par "ta voisine est féministe"
Bashback par "on n’est pas des cadeaux"

https://dijoncter.info/ : sur la colère et sur la rivalité

quelques liens utiles :

infokiosques.net :
site qui rassemble beaucoup de brochures sur à peu prêt tous les thèmes imaginables.

les sites d’information autogérées comme indymedia nantes, etc.

https://toutesgriffesdehors.noblogs.org/ :
ptit fil d’agitation anarcha-feministe (malheureusement pas actualisé mais peut être que ca (re)donne des envies dans ce sens...

lecinemaestpolitique :
site de critiques de films du point de vue de l’antisexisme et de l’antiracisme principalement.

une petite playlist dans le thême :

Au pied du mur de Gnas/ Pardon Maman de Dyke’s Sbires
sur la compil insurrec’son féministe
Revanche/ Pas toute seule/ Autodefens de "ze revengers"
Respect de Aretha franklin
une sorcière comme les autres/ petit bonhomme de Anne Sylvestre _ Witches de Black Bird Raum
mr big stuff de Betty Wright
Vengeance de Fraude bdx
Plague de Kap Bambino
Not your doll de Ostavka
violeur / cons / cretinophobe de Petra Pied De Biche
Pretty creature de Roxanne Trüde
Nos reves au bord decrever / Comme on peut de NRBC
Grab that gun de The Organ
big girl de Random Recipe
a bon entendeur enregistré lors d’une rencontre en mixité choisie sur feu la zad de nddl
no hai clemencia de La Furia
the game you play de Wax Tailor feat voice
i want to break free de Queen

merci a toutes les personnes qui ont contribuees a ce zine que ce soit par l’envoi de texte ou parce que de pres ou de loin vous m’avez aide dans la realisation par vos commentaires, relecture eclairee, belles idees et j’en passe.
Merci de m’avoir soutenu.e et pousse.e a ne pas lacher l’affaire. J’y serais pas arriver sans vous les potes !!

A celleux qui ne veulent pas integrer ce monde mais le detruire
A celleux qui se donne de la chaleur et de la force
A celleux qui remue leurs merdes
A celleux dedans comme dehors
A celleux pour qui les normes relationnelles, de genre, de sexualite et d’autoritarisme sont des prisons a demolir
A celleux qui s’en remette pas et qui en creve...

Courage, entraide et solidarite

Texte librement inspiré d’un texte de C. rochefort
je’ne serai peut être jamais une voyou. Mais ca pousse, ça se bouscule à l’intérieur. une poule dans une boite à chaussure, une fleur de serre. Je serai une crapule sans foi ni loi. Une brigande toutes griffes dehors, le regard curieux et vacillant. semant la pagaille sur mes pas, commençant tout ne finissant rien et complètement ailleurs la pauvre et poète et boiteux et emmerdant le monde. Et ne reproduisant pas la nature humaine. A détruire ce qui m’attaque, m’attrape et m’encèrent, ce(ux.le) qui cherche à mater a coups de fric, à coups d’ordres et d’humiliation. A détruire ce qui existe autour sans croire qu’il y aura une fin, le happy end où ielles vécurent heureux. C’est dans cette merde que je baigne, avec vous toustes a mes côté. Et tant qu à être là. Je gratte les barreaux de ma cage, je m agite, j’hiberne, me pose pour reflechir ou cuve la dépression. Abimé.e mais vivant.e

touteragedehors@riseup.net

[1cible/auteur.e. De ce que je me souviens de mes lectures, les notions cible/auteur.e sont apparues dans un rapport critique des notions de victime et d’agresseur.e. Notamment parce que ce sont des notions enfermantes qui fige des personnes dans un rôle à tout jamais. cible/auteur marque le lien avec une situation donnée et non pas avec une soit disant "nature existentielle" à être l’un ou l’autre. Ces notions apparaissent aussi pour mettre en avant le fait que ces rôles sont potentiellement interchangeables ; que l’on peut être cible de certaines oppressions et auteur.e d’autres.




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