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C7H16 : G la rage et je la garde

mis en ligne le 12 novembre 2020 - 3K2N , anonymes , Boris Lamine , Des combattants émeutiers du 93 , Salim

Edito / G LA RAGE ET JE LA GARDE

À l’entrée de l’hiver, les banlieues ont cramé et c’est tant mieux. Parqués dans l’urbanité
du capitalisme, n’ayant plus rien à espérer, à gagner... beaucoup se sont payé quelques
feux de joie
.
Tout semble avoir été dit sur les événements. De l’anthropologie à la phraséologie gauchiste,
des visions de complots aux rengaines fascistes. Pourtant, parmi tout ça, nos voix
ne sont pas passées. Mais la révolte, en acte, elle, était bien parlante. Expression de la
colère, les émeutiers ont pu taper du poing sur la table.Taper fort et au plus près. Des
voitures pour crier sa rage, se faire entendre.Attaquer les bâtiments qui représentent le
quotidien et l’ennui : école, bus, mairie, CAF, Assedic...

Ça a été les hélicoptères autour de nos têtes la nuit, le couvre-feu et pourquoi pas l’armée.
Pour finir la guerre. Ou alors balancer du fric à toute la clique associative, des boulots
de larbins pour faire patienter. Mais l’on ne quémande pas un boulot, c’est la vie
entière que l’on veut bouffer.
Là-dessus, ils font leur petits jeux politiciens, la campagne des présidentielles est déjà
commencée. Rien à foutre, si Sarkozy est détesté, le prochain ministre de l’intérieur le sera aussi.
Maintenant, ils nous bassinent avec leurs sociologues, leurs plans pour civiliser la banlieue.
Certains se la ramènent, à coup de dialogue, de place de citoyen et, encore une fois nous
ramène leur connerie de bulletin de vote. Hey, Joey Starr, t’as fait ta place au soleil à l’époque
des bandes et des embrouilles. Et ça t’a bien servi, alors viens pas nous faire des leçon
aujourd’hui. Lilian Thuram, t’es bien gentil, mais pendant que tu chantes la Marseillaise, nous
on la siffle. Nous on joue au foot sans crampons, et, si on en met, c’est pour mieux éclater
des genoux, OK ?! Aussi, on n’oublie pas les appels au calme, les violences condamnées
et la fatwa contre les émeutes.
Chacun tire la couverture à soi. Et alors, ça fera revenir nos copains butés par la police,
ceux qui croupissent en taule, ceux raflés et foutus dans des avions...?

Notre haine n’est pas négociable, de génération en génération, c’est la même carotte.
Affronter l’Etat et ses représentations, ceux qui se pavanent pendant que l’on galère.Voilà
le sens des émeutiers, de ceux qui ont la rage, de ceux qui ne veulent pas de la vie à
laquelle on est condamné.
Y a rien de nouveau et rien n’est fini, ça ne fait que commencer. Le feu s’est propagé partout.
Et il se propagera, de nouveau, de lui-même, car cette révolte est plus profonde que
tous les mots d’ordre.

Anonyme

Chopé sur le net / LA RÉVOLTE FAIT RAGE...

Trouvé sur un skyblog :

La révolte fait rage, la guérilla urbaine s’est installée dans tous
nos quartiers.
L’injustice sociale et la violence quotidienne, en sont les causes : discrimination, marginalisation, conditions de vie insupportable.
Il est aujourd’hui trop tard pour les grands ducs, d’adopter de
nouvelles mesures, pour établir des conditions de vie supportable
dans nos quartiers, qui de toute façon n’ont jamais été vivables et
ne le seront jamais.
Nous ne voulons plus de dialogue avec le gouvernement, nos pères, nos
familles, ont suffisamment été abusés par les discours. Le dialogue
est définitivement rompu, n’envisagez plus de nous endormir.
NE COMPTEZ PLUS NOUS MANIPULER, ceci même malgré l’utilisation
d’Imams et portes-paroles que vous instrumentalisez, que vous poussez
à diffuser des appels au calme.
Nous n’avons aucune arme de destruction massive, juste quelques
canettes explosives, pas de bombardiers, juste nos poches, mais
tremblez petits barons de Neuilly, nous sommes à vos portes et
organisons l’attaque de vos centres-ville.
La lutte qui s’engage sera longue, et notre combat juste.
La société nous a créés, cela prouve que cette civilisation court à sa perte.
Nous n’avons plus rien à perdre, nous préférons mourir dans le sang que dans le caca.

Des combattants émeutiers du 93

Emeutiers de toutes régions, rédigez vos textes et revendications.

Nouvelle / FONCTIONNAIRES EN DANGER !

Sarcelles - 3 h 30. Sonny.

Putain ! Déjà 3 h 30. Ce putain de réveil hurle dans mes oreilles. Il m’arrache d’un
sommeil qui, je le sens, n’a pas été réparateur. Mon doigt engourdi presse le bouton
qui stoppe l’alarme. Ce soir, c’est juré, je me coucherai plus tôt. J’suis défoncé. Hier, j’ai
traîné devant la télé, y’avait le match Suisse-France. Résultat : match trop nul. Faut que je
pense à réclamer le remboursement de ma redevance audiovisuelle. Nathalie dort. J’ai le
bras posé sur sa hanche. Je la serre contre moi comme si j’étais un condamné à mort et
elle ma dernière clope. J’ai vraiment pas envie de me lever. Surtout pour ce taf de
merde. Ça fait déjà longtemps que j’ai envie de poser ma dèm. Je savais depuis le jour de
mon entretien d’embauche que ce boulot de chien ne me plairait pas. Mais, à ce qu’il
paraît, il faut gagner sa vie honnêtement. Si être honnête c’est se faire exploiter par un
type qu’on n’a jamais vu ; se faire harceler par un petit chef incompétent que ça fait bander
d’exercer une autorité bidon sur des gens qu’il considère comme inférieurs ; sacrifier
sa force, sa joie et sa jeunesse pour pouvoir payer l’hospice à nos vieux jours ; alors,
honnêtement, je préfère reprendre le biz. Avant-hier, j’ai eu une dispute avec Nathalie à
ce sujet. Elle m’a dit qu’elle préférait vivre auprès d’un gars qui gagne sa vie comme un
couillon, plutôt que loin d’un taulard à qui il faut envoyer un mandat tous les mois. Je sais
pas dans quel film de vendu elle a piqué cette réplique. Mais bon, j’ai fermé ma gueule
parce qu’elle s’est mise à chialer.
J’ai la rage ! Il faut que je quitte le lit. Le froid s’infiltre dans la chambre par les fenêtres
mal isolées. Dehors, il doit cailler sa race. Mon appart, il fait vingt mètres carrés. Une
chambre, un séjour, une salle d’eau et un coin cuisine.Tout ce luxe dans vingt mètres carrés. Heureusement, j’suis pas clostro. Vingt mètres carrés à cinq cents euros par mois.
Soit, vingt-cinq euros le mètre carré. Putain, c’est que dalle ! Ça me fout les nerfs quand
je pense qu’on a mis un an et demi avant de trouver cette poubelle. En plus, Nathalie avait
dû visiter les lieux sans moi. Ça ne l’aurait pas fait que le proprio voie ma tronche. Il n’aurait pas loué son taudis à un couple mixte. Ces connards de Blancs doivent penser que
les Négros peuvent se contenter d’une case au milieu d’un terrain vague. Après tout ça,
je vais gagner ma vie honnêtement pour permettre à ces enculés de faire plus thunes. Avec ce gen-ar, ils s’achèteront des biens immobiliers qu’ils mettront en location avec la
petite mention « BBR ». Nique sa mère ! J’y vais pas.
- Quoi ! T’es toujours pas prêt ? Tu vas encore être en retard.Allez ! Courage, faut que
t’y ailles.
Nathalie vient de se réveiller. On dirait qu’elle a lu dans mes pensées.
- Habille-toi ! Je te prépare ton thé, elle me dit ça en posant un tendre baiser sur mes lèvres.

Sarcelles - 5 h 02. Malika.

J’ai préparé le petit déjeuner pour les enfants. Je pars à l’Etapotel faire les ménages. Après je
rentrerai m’occuper de la maison.
Sur le palier, je vois Sonny, il a le même âge qu’un de mes fils. Ils sont amis, je l’ai souvent vu
chez moi. Maintenant, il a un appartement ici, et il travaille. Donc on se croise parfois le matin.
- Bonjour Sonny.
- Bonjour madame ...
- Encore tôt ce matin, hein !
- Ah oui...
- Une chance pour moi, l’Etapotel n’est pas trop loin, je peux y aller en bus. Je commence
ce travail fatiguant, surtout trop fatiguant pour mon dos qui semble en avoir trop vu. Se
baisser, frotter, passer l’aspirateur, mettre des draps propres, tout ranger, se baisser
encore...

(...)

Boris Lamine & 3K2N

Chopé sur le net / MA CITÉ

Ma cité. Des murs empilés, collés, gris. Le bailleur passe souvent. Cette année qui
n’est pas finie, la porte vitrée a été cassée six fois, l’ascenseur est en panne quasiment
un jour sur deux, les voitures qui garent dans la rue ont été forcées... Rien de grave en
somme.Vue de près, ma cité se résume à un immeuble, le mien. Une dizaine d’étages, des
balcons (qui permettent d’avoir un œil sur les voitures), des portes qui se feraient bouffer
à la première allumette, des escaliers qu’on nettoie par hasard, des lampes et des interrupteurs qui jouent à cache-cache avec les locataires, des bestioles sans armes mais qui attaquent la nuit.... On a fini par faire des statistiques. Personne ne s’étonne d’un bris de
verre.On pare simplement aux problèmes les plus urgents. Une bagnole défoncée ? On
appelle l’assureur. On répare, on paye parfois de sa poche. Bien sûr, on enrage aussi. Mais
jamais longtemps. Face à l’impuissance, la rage ne tient pas. L’an dernier, c’était la même
chose.Tout le monde vous dira que c’est la condition humaine. On aime bien cette expression de « condition humaine » même si on ne sait pas très bien ce qu’elle veut dire. Il
nous arrive souvent de parler pour parler car on ne croit plus vraiment au pouvoir des
mots. On veut des actes. Les mots ont été inventés pour calmer les pauvres, les empêcher
de faire des bêtises. Depuis quelques jours, ma cité est à la une. On est content, c’est normal. Ma cité est passée dans le journal. Mon immeuble aussi. Celui qui habite ici a même
pu reconnaître mon balcon. À la télé, ils parlent des jeunes. Alors oui, je le répète, on est
content. Je dis bien, des « jeunes », pas des Français. Ils oublient qu’on est français avant
d’être jeune. Ils ont honte. On est français pourtant, mais on ne marque pas de but en
Coupe du monde.J’ai 28 ans. Je ne trouve pas de travail. Je ne trouve pas parce que je ne
cherche plus. J’en ai marre de chercher. Mon frère a 40 ans, il est mécanicien à son
compte. Il répare les voitures du quartier. Il n’a pas de local, n’est pas déclaré. L’argent
passe de main à main. Il est honnête comme beaucoup de gens ici. La loi, il connaît plus
ou moins, mais personne ne l’aide, alors il se débrouille. Les policiers connaissent sa situation, mais ils ferment l’œil. Ils savent que c’est un type honnête, mon frère.La loi, c’est un
peu comme la condition humaine. On aime bien le mot, mais on ne sait pas ce que cela
signifie exactement. Normalement, me dit mon frère, la loi c’est fait pour te donner des
limites, mais pas pour t’interdire de bouffer. Si mon frère ne trouvait pas de voiture à réparer, on serait vraiment dans la merde dans la cité. Nous, on est plutôt bien. D’autres restent dans les cages, ils revendent des cigarettes, ou font pire. C’est illégal ? Oui. Mais le
soir, il y a l’assiette. Aujourd’hui, tout le monde s’étonne que ça brûle partout. Moi, non.
On vit dans un vase clos. À l’intérieur, nous et, depuis les premiers bancs de l’école, l’humiliation, le fait qu’on nous dise pendant des années qu’on est inutile, qu’on ne sert à rien,
qu’on ne fait pas partie du même monde. Le vase a gonflé, gonflé, gonflé. Aujourd’hui, il
explose. Je ne dis pas qu’on a tort ou raison. C’était juste inévitable. Le feu, c’est pour ne
pas disparaître.

Salim, Aulnay-sous-Bois

Nouvelle / JUSTE UN GAMIN QUI GRANDIT...

Début des années 1990.

Prendre la rue qui descend. Arrivée vers le gymnase, derrière un peu plus loin, le collège. La putain de moi, qu’est-ce que j’en ai marre de faire ce chemin à la con.Tous les
soirs, depuis que je suis tout petit. En fait depuis le CP, quoi. Tous les soirs je me dis : "J’ai
pas envie d’aller à l’école demain !" Chaque soir cette phrase. Une pensée pour le devoir
que je devais faire et que j’ai pas fait. "On verra ça demain." Un rituel comme ils disent
dans les documentaires animaliers.Trente millions d’amis, mon cul ouais, avec un chien au
nom d’Arabe. Tellement que même pendant les vacances, avant de me coucher, je me dis
ça. Pour me dire ensuite : "Mais non, demain pas d’école, c’est les kancevas !". Pour les
devoirs y pourront se pogner. Même les deux mois d’été, ça me poursuit. Si je quittais
cette asphalte où j’ai l’impression d’être né ; peut être cette phrase me lâcherait ? Je parle
même pas de télétransportation...
Je suis sur le terrain de basket, la sonnerie retentit. On l’entend d’ici. Je suis encore loin
de l’entrée du collège. Encore en retard. Et puis merde, rien à foutre.
Bon, je regarde pas combien j’ai de retard, je frappe à la porte et je rentre.
Toc toc toc.
- Gorka Borroka, encore un accident de bus ?
- Je viens à pied m’sieur. Mais y avait de la circulation.
- Dépêche-toi d’aller à ta place.
Ma place, à gauche de la salle, au fond. Farid est là, à côté ma place est libre.
- Ça va ?
- Heureusement que t’arrives, j’ai pas de feuilles.

(...)

Boris Lamine

CHRONOLOGIE

Des milliers de voitures cramées, les transports, les mairies, les commissariats et autres infrastructures
de l’Etat ou para-étatiques attaqués... Des millions de dégâts... Un coup de gueule comme on en avait
que trop rarement entendu... Et beaucoup de commentaires, surtout de ceux qui ne voient que ce qu’ils veulent voir. Ici, fragments de ce qui s’est passé entre le 27 octobre et le 15 novembre 2005. Fragments puisque ce n’est que ce que l’on a plu glaner, ici et là. Fragments d’une révolte, d’un feu qui couve...

Jeudi 27 octobre 2005

Nuit d’émeutes à Clichy-sous-Bois, après la mort de deux gamins coursés par la police ; un centre commercial est attaqué, une école, la poste et la mairie de Clichy-sous-Bois sont caillassées.

Vendredi 28 octobre 2005

Tirs à balles réelles contre un car de CRS à Clichy-sous-Bois.

Samedi 29 octobre 2005

Marche silencieuse à Clichy-sous-Bois, les représentants religieux, associatifs et le maire appellent au clame et à la “dignité”. Le soir, les heurts s’étendent à Montfermeil.

Dimanche 30 octobre 2005

Le garage de la police municipale de Montfermeil est incendié.

Lundi 31 octobre 2005

Vers 21 heures, un cocktail Molotov est lancé en direction du PC des forces de sécurité à Clichy-sous-Bois.

Mardi 1 er novembre 2005

Les affrontements avec les forces de l’ordre se poursuivent à Clichy-sous-Bois et dans les
villes avoisinantes.

Mercredi 2 novembre 2005

Jet de cocktails Molotov sur une grande surface d’ameublement à Bondy, qui part en flammes. Des CRS essuient des tirs à balles réelles à La Courneuve.A Aulnay-sous-Bois, quartier du Gallion, un poste de police de jour est saccagé. Toujours dans ce quartier, la voiture d’une équipe de France 2 est retournée et brûlée. Un concessionnaire Renault est
incendié ainsi que deux classes d’une école primaire. Au Blanc-Mesnil, un gymnase est
incendié, une maison publique et un lycée sont dégradés. Deux cocktails Molotov sont
lancés sur un commissariat à Antony. Le centre commercial Bobigny 2 est vandalisé, une
voiture est incendiée devant la préfecture. Une banque est incendiée à Sevran. A Saint-Denis, les forces de l’ordre essuient un coup de feu. A La Courneuve, un local
d’Eurocopter est la cible de cocktails Molotov. A Pau, un bureau de poste est endommagé.

Jeudi 3 novembre 2005

Un entrepôt de moquette de 15 000 m2 est incendié à Aulnay-sous-Bois dans la zone de
Garonor. Le palais de justice de Bobigny est la cible d’engins incendiaires. Au Bourget, un
entrepôt est incendié. Des CRS sont la cible de tirs au pistolet à grenaille à Neuilly-sur-Marne. A Stains, une salle de classe d’école primaire est incendiée, la voiture du maire PCF
subit une tentative d’incendie pendant qu’il discute avec un groupe de jeunes, au quartier
du Clos Saint-Lazare. A Saint-Ouen, un entrepôt est incendié et un magasin de sport est
pillé. La mairie de Noisy-le-Sec est la cible de cocktails Molotov. L’entrepôt de bus de
Trappes est incendié, détruisant 27 véhicules. A Mantes-la-Jolie, c’est la poste et la Sécurité
sociale qui sont prises pour cible. A Villiers-le-Bel, un supermarché est pillé, alors qu’un
poste de la police municipale est attaqué à La Queue-en-Brie et un centre culturel à
Villetaneuse.

Vendredi 4 novembre 2005

Plusieurs véhicules sont incendiés sur le parking du centre commercial Bobigny 2, véhicules appartenant à des fonctionnaires du tribunal tout proche.Vol du matériel informatique
dans un tribunal d’instance en Seine-Saint-Denis, ce tribunal sera ensuite incendié. Une
école est partiellement détruite à Brétigny-sur-Orge, un espace culturel à Torcy. Un cocktail Molotov est lancé sur le commissariat de la place des Fêtes, Paris 19e.

Samedi 5 novembre 2005

Six véhicules d’EDF sont incendiés dans un dépôt à Roubaix. Une salle pour les jeunes est
incendiée dans l’agglomération de Bordeaux. A Bègles, c’est une voiture municipale et une
autre salle pour les jeunes. Au Mirail (Toulouse), une concession automobile Renault est
endommagée. A Aubervilliers, un entrepôt de textile prend feu, une crèche est incendiée
à La Courneuve ; à Montreuil, c’est un Leader Price et un concessionnaire automobile. Un
bureau de poste est incendié à Villetaneuse. La vitrine et la porte d’entrée de la permanence UMP à Fontenay-sous-Bois sont brisées. Un McDonald’s est défoncé par une voiture-bélier à Corbeil-Essonne. A Nantes, début d’incendie dans une maison de quartier.
Incendie d’un Monoprix à Grigny et d’un centre socio-culturel à Rosny-sous-Bois.

Samedi 5 novembre 2005

A Evreux, un centre commercial, un bureau de poste et deux écoles sont vandalisés ou
incendiés. Deux écoles sont incendiées à Grigny, ainsi qu’une usine de recyclage de papier.
A Orléans et Montargis, des cocktails Molotov sont envoyés contre des magasins. A
Guenange, un dépôt de bus est incendié, ainsi qu’à Montceau-les-Mines. A Pau, tentative
d’incendie des locaux de l’ANPE. A Laval, un local d’aide sociale du conseil général est
incendié. A Toulouse, quartier du Mirail, une école, un collège et quelques commerces sont
endommagés. A Rouen, une voiture-bélier est lancée contre un commissariat. Jet de cocktails Molotov contre la permanence UMP de Pierre Lellouche dans le 9e arrondissement,
à Paris.

Dimanche 6 novembre 2005

Une annexe de la mairie d’Orléans et une voiture de police sont la cible de jets de pierres, en plein jour. Destruction du gymnase Armand-Desmet à Clichy-sous-Bois. Une journaliste de la chaîne KBS TV (Corée du Sud) est agressée à Aubervilliers. Un McDo est
détruit à la voiture-bélier à Corbeil-Essonnes. Incendie d’un Monoprix à Gagny, d’une
médiathèque à Noisy-le-Sec et d’un centre socio-culturel à Rosny. Incendie et destruction
d’un poste de police à Evreux ainsi que d’une mairie annexe. Tentative d’incendie de
l’ANPE dans le quartier de l’Ousse
des Bois à Pau. Une école maternelle est incendiée à Saint-Etienne.
A Perpignan, une voiture-bélier est
envoyée contre la façade d’un commissariat de jour, dans le quartier du
Moulin à Vent. Un incendie ravage le
studio de
production
télé d’Asnières-sur-Seine, où se trouvait
une partie des décors d’une série
de TF1.

Lundi 7 novembre 2005

Gymnase incendié à Villepinte. Deux
écoles incendiées à Lille et près de
Valenciennes.Une bibliothèque carbonisée à Béthancourt, une boulangerie et un supermarché à Nantes. Des concessions Renault et Toyota incendiées à Brest
et Metz.Véhicule-bélier contre un poste de police à Rouen, tentative d’incendie d’un autre
à Clermont-Ferrand, jet de cocktails Molotov à Beaucaire.

Mardi 8 novembre 2005

A Arras, deux grandes surfaces sont incendiées. Deux journalistes russes molestés. Un
local de Nice Matin endommagé à Grasse. Tentative de pillage d’un supermarché à
Marseille.

Mercredi 9 novembre 2005

Une école maternelle est détruite à Belfort. Incendie d’un transformateur EDF à Vallauris.

Jeudi 10 novembre 2005

Une cantine scolaire subit le sort des flammes à Villeneuve-d’Ascq. Un poste de police,
deux écoles, un collège et une mairie sont la cible d’incendiaires. Des véhicules de police
ont été incendiés dans l’enceinte du palais de justice de Bordeaux. Onze policiers blessés
à Lyon.

Vendredi 11 novembre 2005

A Anderlecht (Bruxelles), tentative d’incendie d’une école. A Pau, quartier de l’Ousse des Bois, un restaurant est dévalisé puis incendié. Incendie d’un transformateur EDF à Angoulême, et un
distributeur de billets est totalement détruit. Coupure d’électricité à Gonesse. Manif pour
condamner les violences sur le champs de Mars (à Paris), à l’appel d’un collectif rassemblant 1 620
associations : 200 personnes dont le comique Dieudonné.

Samedi 12 novembre 2005

Un magasin de hi-fi est incendié dans la zone commerciale de Toulouse-Blagnac. A
Rambouillet, ce sont des magasins de meubles, et une garderie à Savigny-le-Temple. Six
cocktails Molotov sont jetés dans la cour d’un
commissariat à Maisons-Alfort, incendie d’une
école à Rennes, un transformateur neutralisé à
Amiens. Des écoles sont incendiées à Carpentras
et Aix-en-provence. Incendie d’une station-service
dans le 19e arrondissement de Paris.
Nicolas Sarkozy se rend sur les Champs-Elysées en début de soirée ; situation houleuse et tendue,
des jeunes se rassemblent au cri de “Démission !”
Dans le centre-ville de Lyon, des jeunes s’affrontent avec la police place Bellecour.

Dimanche 13 novembre 2005

Une école maternelle est prise pour cible dans le
quartier de la Reynerie à Toulouse. A Carpentras,
une maternelle est endommagée. Une grande surface est incendiée à Blagnac. Incendie d’une école
à Halluin, et d’une salle de sport à Faches-Thumesnil. A Montbéliard, incendie d’un bâtiment
abritant des associations. Cinq policiers blessés
par l’explosion d’une bouteille de gaz à Grenoble.

Lundi 14 novembre 2005

A Bourges, incendie d’un local associatif. Des bouteilles d’acide sont jetées sur la mairie de Pont-l’Evêque, un collège est incendié à Grenoble et un
local d’éducation à la santé à Châlons-en-Champagne. Un véhicule est projeté contre un
local de police désaffecté à Romans-sur-Isère.
Garages incendiés à Saint-Fons et Vitry-le-François.
Engins incendiaires lancés contre la trésorerie
principale de Bobigny, un transformateur EDF à
Clichy-sous-Bois, une crèche à Cambrai, l’office du tourisme de Fontenay-sous-Bois et un dépôt d’autobus à Saint-Etienne.

Mardi 15 novembre 2005

A Pointe-à-Pitre, des coups de feu sont tirés sur la police dans le quartier du Carénage
où un barrage avait été érigé.

Extrait d’une nouvelle / IL FERA SI BON MOURIR

Accoudé au comptoir. J’ai
appris ce geste ici. Un truc que l’on faisait jamais. Les bars,
c’était catalogué pour les Français, et les vieux. Les papas, comme on disait. On y mettait jamais les pieds. Et moi non plus.
À Paname, je me suis mis à rentrer dans les cafés. Ceux qui me plaisent, dans lesquels je
traîne, c’est ceux tenus par les Kabyles. Ici, pas besoin de consommer pour être accoudé
et discuter. C’est rare dans ce Paris devenu une immense galerie marchande. Là, je suis à
La Pistache - un petit bar dans un quartier de tricards, avec juste un baby au milieu de
quelques tables - le seul où j’ai pris des attaches. C’est à cause de Kader, le tenancier. Il a
deux sujets de prédilection : le foot et le cinéma. Alors moi, je critique la JSK, juste pour
faire chier. Et je parle ciné, mais que des films que je n’ai pas vus.
– Alors Ndumbé, qu’est-ce tu me racontes aujourd’hui ?
– Qu’est-ce que je pourrais raconter à un vieux comme toi, qui en a déjà trop vu ?
– Ah, tu m’aides pas là, mon fils.
C’est vrai, peut-être dit comme ça, c’est pas sympa. Ce vieux retraité, je le retrouve toujours ici dans ce bar. On a appris à se parler. C’est pas toujours évident. Il est venu ici en
sortant du maquis de Kabylie. Je l’imagine fier et ardent, en traversant la Méditerranée. Venu en France pour trimer. Et pour ça, il a été gâté. Travail à la chaîne, la France produit,
elle a besoin de main-d’œuvre. La France est généreuse en ces temps-là, les milliers de
bras qu’elle a laissés dans ses colonies peuvent venir, se faire exploiter ici. Il y a des routes, des villes à construire. Il y a le fleuron industriel à maintenir.
Mes parents aussi sont venus, de plus au sud que le vieux Massinissa. Pas connu les bidonvilles dans lesquels il a vécu, on a directement logé dans les villes toutes faites que lui et
ses frères de galère ont construites.Alors quand on discute, c’est rarement très clair, mais c’est un peu ces parcours croisés qui se chevauchent.

(...)

Boris Lamine

Extrait d’une nouvelle / AU PIED DU FROMAGER

La matinée venait de s’achever, lorsque je rencontrais un homme vêtu d’un grand
boubou bleu. Il était fin, le teint clair et le front fier. Il avait le crâne rasé, ce qui
signifiait qu’il avait des croyances différentes des miennes. Il se présenta à moi sous
le nom de Samba Fall. C’était un Peul, il allait à Diakoye pour faire du commerce.
Pour s’y rendre, il devait passer par Niankitte, alors il me proposa de faire le chemin ensemble. Mon chien agrippa mon pagne par la gueule pour m’inciter à le suivre, mais, le Peul m’expliquait qu’il y avait un itinéraire plus court que celui que je
voulais prendre. Samba avait beaucoup voyagé, il connaissait les Sérères, les Lébous,
les Mandingues, les Wolofs et surtout les Blancs. Il disait que les Blancs étaient des
hommes fantastiques. Bien sûr, ils avaient des manières curieuses, mais, même si au premier abord ils peuvent sembler grossiers, ils avaient beaucoup à apprendre aux hommes de ce pays. Samba me confiait que même lui, qui avait pourtant énormément sillonné le monde, était médusé devant toutes les belles marchandises que possédait le Blanc. Selon lui, c’était une bénédiction de côtoyer les Toubabs parce que ceux-ci avaient de la richesse et du savoir à nous faire partager. Samba m’apprenait que les Blancs construisaient à travers tout le pays, des maisons dans lesquelles les enfants noirs pourraient apprendre à devenir des enfants blancs, et des demeures dans lesquelles les maux des Noirs pourraient être soignés grâce à la magie du Blanc. En moi-même, je me demandais ce qu’il y avait de si merveilleux à ce que des enfants noirs deviennent blancs, et je doutais que la magie de ces gens-là soit aussi puissante que celle des Noirs, sinon que feraient-ils dans notre pays.

Comme il devait prier son Dieu, Samba Fall me proposa de faire une halte. De toute
façon, nous étions à Sindian, tout près de Niankitte. Le Peul s’éloigna de moi et disparut dans la forêt avec sa nappe pour exécuter les rites propres à ses croyances.
Moi, je m’asseyais tout près d’un fromager pour boire et me reposer un peu.
Dioukère vint s’installer près de moi. Tous deux attendions Samba, et celui-ci tardait à revenir. Puisque toutes mes pensées allaient à Maléguène, je commençais à
m’impatienter. Je ramassais ma lance, et, au moment où je m’apprêtais à me lever
pour aller rechercher le Peul, des hommes surgirent de toute part. Ils pointaient
leurs fusils sur moi et ils criaient dans une langue qui m’était inconnue. Je ne réalisais pas ce qui se passait. Les hommes continuaient de crier, ils avaient l’air fou. Ils étaient quinze, habillés de manière étrange. Je venais de m’apercevoir qu’un Blanc était avec eux. Quand ce dernier prit la parole, tous se turent. Puis, l’un des guerriers m’ordonna dans la langue des Sérères de lâcher ma lance. Les guerriers continuaient à me menacer avec leurs fusils. Je n’avais que ma lance, j’étais seul, et pourtant, ils avaient l’air terrifié. Le Sérère répéta son ordre. Me rappelant le serment
que j’avais prononcé de ne jamais faire de mal à un semblable, je devais m’exécuter.
Je lâchai ma lance, l’un des guerriers la ramassa et la jeta au loin. Puis, je leur demandais de m’expliquer les raisons de leurs actes. Le Blanc reprit la parole et le Sérère
paraissait traduire son langage. Le Sérère disait qu’une loi ordonnait aux Noirs de
plus de dix-huit ans d’incorporer l’armée des tirailleurs sénégalais pour combattre
hors du pays pendant la durée de la guerre. Puisque je leur donnais l’impression
d’avoir plus de dix-huit ans, je devais les suivre. J’avais beau tenter de leur expliquer
que je devais me marier et que Maléguène m’attendait, ils ne voulaient rien comprendre et ils me demandaient de me taire. Dans la cohue, Dioukère se précipita
sur l’un de mes assaillants pour le mordre. Ce dernier fit feu, une terrifiante détonation retentit. Le petit chien, pour la première fois, aboya. Dioukère était étendu
par terre, le sang jaillissait de son corps. Je me suis jeté sur le petit chien agonisant, mais, toute ma peine ne pouvait plus l’arracher aux bras de la mort. Les guerriers se ruèrent sur moi avec des chaînes, ils me les attachèrent aux pieds et aux
mains. Lorsque ce fut fait, on me passa autour du coup une sorte de longue fourche à l’aide de laquelle on me forçait à avancer. Je regardait une dernière fois la
dépouille de mon compagnon. Je ne comprenais rien de tout ce qui se passait. Qui
étaient les tirailleurs sénégalais ? Contre qui combattaient-ils ? Quelle était cette
guerre à laquelle on voulait m’obliger à participer ?

J’avançais, captif, jusqu’à la nuit tombée. Lorsque nous arrivâmes dans ce qui devait
être le camp de mes geôliers, on m’enferma dans une cabane de deux pas de côté,
toute en tôle. Une odeur épouvantable de sueur, d’urine et d’excrément régnait à
l’intérieur. Ma nuit fut tourmentée par la disparition de Dioukère, par la pensée que
Maléguène m’attendait, et, par le fait, que je ne pourrais peut-être pas la revoir avant
longtemps. Le jour se leva, la faim s’empara de mon ventre. Le soleil de midi cognait
contre les parois de ma prison et me faisait presque oublier mon inanition. La chaleur extirpait de la sueur par toutes les parcelles de mon corps. La soif se substituait à la faim. Peut être allais-je mourir là. À l’extérieur, j’entendais des cris et des coups de feu, je tapais contre les cloisons mais personne ne m’entendait. Affolé, je réunissais mes dernières forces pour tenter de percer la tôle. Après de maints
efforts, je m’évanouissais.

Lorsque je revins à moi, j’étais nu et un homme versait un seau d’eau sur moi. J’étais
couvert de terre, de vomi et d’excréments. L’homme me tendit du savon, puis de
l’eau et des vêtements. Ensuite, il m’emmena dans une baraque, dans laquelle je pus
enfin boire et manger. Après m’être restauré, le Blanc et le Sérère qui m’avaient capturé vinrent s’asseoir face à moi. Le Sérère continuait de traduire ce que disait le
Toubab. Le Blanc s’appelait Ieutounant Manchin, il était désolé de la manière dont
on m’avait traité mais il fallait que je comprenne qu’il n’avait pas le choix. Ieutounant
disait que mon pays était en guerre depuis un an contre un ogre puissant qui voulait la fin du monde. Il prétendait que la patrie c’est comme une mère. Il affirmait
que notre mère à tous s’appelait Lafarance, et, que notre mère, qui veut le bien de
tous ses enfants, nous offre l’immense honneur de pouvoir mourir pour elle. Enfin,
il hurlait qu’il était de mon devoir de prendre les armes pour tuer les guerriers de
l’ogre. Le Sérère devait très mal traduire ce que disait le Toubab parce que je ne
comprenais toujours rien. Alors, je leur répondis ceci :
Ô Ieutounant ! d’une part, quel que soit l’art de tes ancêtres, je pense que tu ne
t’es pas montré digne de lui. Je pardonne le traitement que tu m’as imposé, mais je
te somme de réparer le meurtre de mon chien. D’autre part, j’ai l’impression que
je ne suis pas l’homme que tu cherches. Je me nomme Kadiom, je suis de Sédhiou,
je suis fils de chasseur et chasseur moi-même. Je ne suis pas un guerrier, de plus, j’ai
fait le serment de ne jamais faire de mal à un semblable. Je suis né sur cette terre,
et, si les miens étaient en guerre, je l’aurais su. Ô Ieutounant ! sans vouloir te faire
passer pour un menteur, je n’ai jamais entendu parler de ton ogre, mais ce dont je
suis sûr, c’est que seul Dieu peut décider de la fin du monde. Je ne connais pas non plus ta mère. La mienne s’appelle Alinie, elle m’aime et elle veut mon bonheur. Mais,
contrairement à ta génitrice, ma mère ne saurait accepter qu’un enfant meure avant
ses parents. Ô Ieutounant ! pardonne l’insolence de la vérité qui jaillit de ma bouche, mais ta mère est une femme indigne, et, je crois que pour ton salut et le sien,
tu devrais lui désobéir. Si tu le souhaites, tu peux venir avec moi à Niankitte, ma
fiancée m’y attend et ses parents te donneront l’hospitalité.

Ieutounant se mit à hurler comme un enfant à qui on aurait subitement retiré le
sein. Du sang jaillissait de son visage, était-il vraiment un homme ? Deux guerriers
noirs rentrèrent dans la baraque et me saisirent les bras. Ils me forcèrent à m’asseoir sur une chaise, sur laquelle ils me ligotèrent. Je pensais qu’ils voulaient me battre, mais, ce qu’ils me firent était pire que la violence des coups. D’abord, ils défirent mes tresses et pendant que leurs doigts couraient sur mon crâne, je prononçais les noms de mes tresses en découvrant enfin leurs sens.

Jamais ne fais de mal à ton semblable. Cette tresse était la première, parce que
c’était le premier serment que j’avais fait dans ma vie. Ce serment garantissait que
je ne sois jamais un guerrier. En le respectant, j’avais appris à aimer et à me faire
aimer des autres. En le respectant, j’honorais le nom et l’esprit de mes anciens.
La prise d’un autre n’est pas ta prise. Cette deuxième tresse prenait à présent tout
son sens. J’étais prisonnier d’un homme qui voulait me faire partager ses passions.
Mais quel que soit le bien-fondé de ses raisons, sa prise reste sa prise. Je n’étais pas là lorsqu’il l’a capturée, je ne serai pas là quand il l’achèvera.

Elle t’attend, alors reviens, elle t’attendra alors pars. Cette tresse faisait référence
à celle pour laquelle va mon amour. Peu importe la valeur du trésor que je poursuis, si elle m’attend, je retournerai à elle. Peu importe la douleur qu’engendrera la
séparation, si je dois partir, je partirai parce que je sais qu’elle m’aime et qu’elle
m’attendra.

Sur l’âpre chemin de la dignité, le serment reste fidèle. Malgré les épreuves, les souffrances, les humiliations, lorsqu’un serment est prononcé, il doit être tenu. Si je veux être digne du nom mes ancêtres, je dois rester fidèle à mes serments.

Mes quatre tresses tombèrent une à une. Je comprenais enfin. Que je le veuille ou
non, je devais combattre pour une cause et un camp que j’ignorais. Pour que je rentre dans un uniforme, je devais cesser d’être celui que j’étais. Pour que je me plie
aux règles, on était prêt à tuer les valeurs que mes parents m’avaient enseignées
comme on l’avait fait pour mes cheveux. J’étais face au drame de ma vie. Le destin
me donnait le choix entre deux routes. La première me garderait peut-être en vie,
ce qui m’offrirait d’autres instants de bonheur au pied du fromager avec Maléguène.
Mais ce chemin jetterait le déshonneur sur le nom des miens. La seconde route me
donnerait une mort digne, mais elle me séparerait longtemps de ma bien-aimée. Sur
l’âpre chemin de la dignité, le serment reste fidèle. Puisqu’elle m’attendra, alors je
pouvais mourir. Voilà tout...

3K2N

Un Street-CD accompagnait cette brochure lors de sa parution en 2006. Tous les morceaux peuvent être téléchargés gratuitement ici.

C7H16 / Pas même t’y crois production / 95200 Sarcelles



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